death by cafeine

Le bien être. C’est ce que je ressentais quand je me trouvais aux côtés d’Ariadna. Elle me comprenais mieux que personne, nous avions presque les mêmes gouts, cela dit, nos divergences de caractères mettaient quelque fois le feu à la maison. Trouver une personne qui vous ressemble à ce point sur une planète aussi grande est une chance inouïe. C’est sans aucun doute ma meilleure amie.

Ce jour-là Ariadna m’avait obligée à sortir de mon trou à rat, qu’elle appelait aussi ma chambre. Il est vrai que je ne sort ais plus depuis un petit moment, non pas parce que la météo de San Francisco ne me le permettait pas mais parce que j’était beaucoup trop nostalgique d’un temps révolu. Nostalgique d’un amour perdu. On appelle ça un cœur brisé mais moi, c’est dans tout le corps que j’ai mal. Mais passons, je n’allais pas passer cette après-midi entre filles à pleurnicher sur mon sort, Ariadna m’en voudrait de gâcher ce si bon moment. Cette dernière était partie vers les caisse afin de faire la queue pour récupérer nos cafés glacés tandis que moi, j’occupais une table de peur que la totalité des places assises soient occupées. Le coffee shop était bondé de touriste à la recherche d’un quelconque rafraichissement qui marchaient les uns sur les autres afin d’avoir à leur tour accès à leurs commande. C’était dans le même café que j’avais connu Carter à l’époque. Instinctivement, je relevais les yeux sur la table non occupée face à moi. Je scrutais le vide l’imaginant savourer un frappuccino fraise à la crème de soja, sa boisson préférée quand soudain une légère vibration me sortit de mes pensées. Mes yeux se posèrent sur le téléphone portable de ma meilleure amie posé face à moi sur la table. Il ne vibra qu’une seule fois, visiblement ça semblait être un SMS. Tout en vérifiant qu’Ariadna faisait toujours la queue le dos tourné, je me saisissais de son téléphone, la curiosité me dévorant de l’intérieur. Si ça se trouve mademoiselle avait un nouveau petit copain dont elle aurait voulu me cacher l’existence. Par chance, l’Iphone de cette dernière m’offrait un aperçu du message, inutile de l’ouvrir afin de ma trahir. Je cru d’abord que mon imagination se mit à me jouer des tours mais malgré avoir volontairement cligné des yeux plus d’une dizaine de fois, les mêmes mots apparaissaient, s’imposant à moi comme les violents cauchemars qui berçaient mes nuit. « Carter.J - C’était sympas la dernière fois… ».

Je tenais le portable dans ma main incapable de bouger ou d’exprimer une quelconque réaction. Hébétée je reposais le téléphone à sa place initiale. A ce moment précis, j’aurais voulu avoir une maladie cérébrale qui effacerait mes souvenirs des deux dernières minutes. Je me sentais trahis, j’eu la sensation d’avoir le cœur ouvert. J’étais mal, complètement perdue. Comme si tout avait été bâtit sur un mensonge. Je sentais des larmes d’eau douce monter jusqu’à mes yeux. «Constance, ressaisi-toi ! » m’ordonna ma conscience. Je ferma les yeux tout en inspirant par les narines de grande bouffées d’air pur. L’état végétatif de mon cerveau avait laisser place à une colère noire qui s’emparait de tout mon corps tout entier. J’en perdais totalement le contrôle, si je m’écoutais penser ça s’en était fini. J’aurais bondis sur Ariadna et en aurait fait de la chair à saucisse, je me serais par la suite occupée du cas de Carter. Cette raclure, j’allais lui faire payer. Mais non, jouons bien, jouons intelligemment. Je relevais la tête vers la caisse, au même moment, Ariadna se retourna vers moi. Son tour allait bientôt arriver et je devais me ressaisir avant qu’elle ne suspecte quelque chose. Je la gratifia d’un de mes plus beaux sourires hypocrite afin de l’assurer que par ici, tout allait bien. Elle me rendit la pareille avant de tourner le dos, au même instant, mon sourire factice s’effaça de mon visage laissant place à une mine beaucoup plus palpable. Mon pire défaut à toujours était ma rancune. Je l’ai vraiment tenace. Amusons-nous. Un nouveau sourire illumina soudain mon visage, sincère cette fois, mais sournois.

Quand je relevais de nouveau le regard vers Ariadna, elle récupérait enfin nos cafés tout en se faisant dévorer des yeux par le serveur. Je n’y prêtait même plus attention, c’était devenu la routine, sortir avec Ariadna revenait à la regarder se faire allumer par la quasi-totalité de la gente masculine qui vous entoure. Il faut l’avouer elle est vraiment très jolie, cela dit, elle avait la fâcheuse habitude à toucher à tout et n’importe quoi, surtout à ce qui ne l’appartenais pas.

Elle revenait vers moi d’un pas nonchalant, café glacé dans chaque mains. Elle les posa sur la table puis s’installa face à moi avant de m’interroger d’un ton naturel. J’attirais mon café face à moi avant de lever mes yeux sur Ariadna. Elle me toisait avec curiosité se doutant surement que quelque chose ne tournait pas rond. Afin de ne pas faire accroitre ses soupçons, je lui adressais un léger sourire avant de lui répondre d’un ton calme.

- Tu sais, j’ai pas vraiment eu le temps de m’ennuyer.

Je le te fais pas dire. Je saisissais doucement mon café. Glacé, comme je les aimes puis porta la paille entre mes lèvres avant d’en extraire le délicieux contenu. Depuis ma plus tendre enfance j’ai du jouer la comédie. Faire semblant que tout allait bien, que je n’étais pas traumatisée, que je n’avais pas de séquelles. Faux. Mes cauchemars continuaient, même ici, à San Francisco. J’avais finis par apprendre qu’un jour où l’autre, le passé finissait toujours par vous rattraper. C’est ce que je comptais faire comprendre à ma meilleure amie aujourd’hui. Qu’elle ne pouvait pas me mentir trahir ainsi sans répercutions. Je fis appels à mes talents de comédienne avant de fermer les yeux quelque instants et de me faire silencieuse de nouveau. Quand je les rouvraient, ils étaient devenu rouge sang comme si je n’avais pas arrêté de pleurer pendant deux semaines, ce qui n’était pas tout à fait faux. Je pris la main de ma meilleure amie tout en plantant mon regard humidifié par les larmes d’eau douces dans le sien.

- Si tu savais comme il me manque. Je sais qu’au fond de toi tu penses que c’est un garçon comme les autres mais tu te trompes. Quand il était à mes côtés, je ne pleurais plus, je ne me réveillais plus en hurlant toutes les nuits. J’avais enfin la tête de hors de l’eau, hors des ténèbres dans lesquels j'errais depuis mes 10 ans. Il me rendait heureuse, tu comprends ça ? Heureuse. Sais-tu depuis combien de temps je n'ai pas ressentis ce sentiment ? Je te dis ça à toi car tu me comprends mieux que personne. J’ai conscience de te casser les pieds en étant si fleur bleu mais… mais j’ai besoin de lui. Rien ne va plus, regarde par toi-même. Depuis notre rencontre je n’ai jamais fondu en larmes avant maintenant, tu le sais. Je veux qu’il revienne. Je veux que tu te dise qu'il a de l’importance pour moi. Respecte au moins ça.

Soyons honnête, je méritais l’oscar de la meilleure actrice dans un rôle principal à la cérémonie des oscars. Malgré mes larmes, mon récit était véridique, j’avais besoin de lui, c’était un fait. Voyons comment Ariadna réagira face à ça. J’espérais au plus profond de moi qu’elle soit rongée par la culpabilité. Car selon moi, c’est le pire des sentiments. Je sais de quoi je parle, je l'affronte tout les jours.