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 Finally, that "thing" is still alive...
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Anonymous
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Mar 29 Mar - 0:06


Finally, that "thing" is still alive... 5934091141539_smoosh

In youth did I bleed in death I go home
Never knew lover, never knew whore
My soul has escaped me my spirit is sent
I had never a choice but war from the start



Une fin de semaine comme une autre... aujourd'hui, j'avais accompagné Ange jusqu'à son lieu de travail où elle avait des streap-tease à faire ce soir, mais je ne comptais pas regarder le spectacle. Ca ne me faisait pas plus plaisir que ça de savoir qu'elle se dénudait devant tous ces gens et surtout qu'elle n'y mettait pas vraiment beaucoup de plaisir. Cette fille voulait juste gagner de l'argent pour son frère, pour qu'ils puissent tourner et payer leurs factures... c'était aussi pour cette raison qu'elle se prostituait comme moi, mais tout ça l'empêchait de vivre ses passions et ça me déplaisait. Si j'étais là, c'est parce qu'elle m'avait demandé de venir et rien d'autre. Et puis bon, il y avait toujours une ou deux personnes que je connaissais au Ruby Skye... alors au pire, je pourrais discuter avec eux si je m'ennuyais. Non parce que bon, je ne suis absolument pas touché émotionnellement lorsqu'une jolie fille à la poitrine relevée se frotte à une barre en métal. Ca ne me faisait... rien. Strictement rien. Et c'était normal puis-ce que je ne jouais pas dans la même équipe que les mecs hétéro du coin. Il y avait ça, et aussi le fait que la prostitution banalisait furieusement ma relation vis-à-vis du sexe. J'avais maintenant du mal à éprouver des sentiments quelconques qui ne soient pas le fruit de l'instinct masculin de base pour tout ce qui était d'ordre érotique... et je le vivais très bien. Il n'y avait qu'avec Andrew que la magie opérait à nouveau lorsqu'il plongeait son visage dans mon cou, mais sinon c'était comme une expédition dans le désert du Sahara si on voulait trouver du désir et du fantasme dans ma tête. Point positif; ça anihilait littéralement les riques que je trompe mon copain.

Bref, après avoir commandé une boisson et m'être trouvé une place à une table un peu éloignée du bar, je m'installai pour observer un peu ce qui se passait dans la salle. Il y avait vraiment de tout. Ca allait des jeunes groupes d'amis au quarentenaire seul, en passant par la fille qui venait ici pour la première fois et qui ne savait pas trop comment ça se passait pour obtenir un streap privé. Ah, la coquine! Encore une fille insatisfaite? C'est pas des streap-teaseurs qu'il faut aller voir quand on a ce genre de problèmes, chérie... tu veux que je te donne ma carte?

Mes yeux parcouraient la pièce bien animée jusqu'à ce que j'aie l'impression que quelqu'un était en train de m'observer. Je détestais ça. En tournant le visage un peu plus vers la droite, j'aperçu enfin ce qui me perturbait à l'instant, ou plutôt "celle". Cette femme resplantissante sur ses hauts talons, bâtie comme une pin-up des années cinquante et qui rendait les autres filles du Skye littéralement inexistantes aux yeux des hommes de par son charisme, c'était elle qui me donnait l'impression que je ne devrais même pas être dans ce bar. Des nombreuses fois que je venais ici, j'avais déjà croisé l'épouse du gérant des lieux de temps en temps, et franchement... je ne comprenais pas trop ce que je lui avais fait pour qu'elle prenne le temps de m'épier quand j'avais mon attention focalisée sur mes interlocuteurs. Je savais pas trop à quoi m'en tenir... soit elle savait que j'étais un prostitué parce qu'elle m'avait déjà vu récupérer certaines de ses plus grosses clientes ici-même avant d'aller à l'hotel et ça l'énervait parce que je lui faisait perdre de l'argent, soit elle hésitait à demander mes services bien que je doutais qu'elle ait besoin de ça, soit elle me prenait pour quelqu'un d'autre et il faudrait vraiment que je lui dise un jour d'arrêter de me laisser dans le doute. Ce petit jeu entre nous commençait petit à petit à m'ennuyer et je prévoyais de demander ce soir-même à un employé d'avoir un entretient avec la Dame pour régler cette affaire si ça continuait ainsi.
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Anonymous
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Mar 29 Mar - 18:58

Finally, that "thing" is still alive... 5934091141539_smoosh

Le Ruby Skye était ma maison, et je ne m'en cachais pas. Ce temple de la fête chic, de la danse érotique et sophistiquée convenait tout à fait à mon tempérament entreprenant, à mes attentes de trentenaire business woman. Car après tout, que pouvais-je attendre de la vie ? Une vie de famille, un gosse ou deux, un chien peut-être ? Non. Le monde de la nuit m'offrait bien plus de diversité et d'opportunités. Je suivais ma propre voie, malgré les sentiers houleux que j'avais parfois dû traverser.
Il était là ce soir, et Nikolaï était en déplacement pour affaires, probablement sexuelles d'ailleurs. Mon mari n'allait donc pas pouvoir me soutenir par sa présence. Tant pis. J'avais mon verre, mon regard mystérieux et mon rouge à lèvre. Oui, mon rouge à lèvre rouge coquelicot, réelle signature féminine, qui en disait bien long sur ma personnalité à la fois flamboyante et pointilleuse. Regardez les lèvres d'une femme, et vous saurez bien plus de choses qu'un homme peut extirper un lendemain de soirée sur l'oreiller. Quoi qu'il en était, je le fixait toujours, dissimulant mon trouble dans le verre de Perrier que je sirotais. Ses cheveux blonds, sa carrure longue et fine... rien n'y échappait, et si j'avais été plus sensible j'aurais fondu en larmes. Le moindre grain de peau, chaque cil illustrant son regard... Ce jeune homme ressemblait comme deux gouttes d'eau à Mark, le père de mon fils. Sauf que Mark était aussi et avant toute chose, l'homme qui m'avait violée alors que j'avais 15 ans.

Son regard vint à moi. Je compris immédiatement cette gêne, celle d'une inconnue épiant froidement sa prochaine victime. Que voulez-vous ? Rien que le fait de voir ce gamin d'une vingtaine d'années éveillait en moi des sentiments bien paradoxaux. J'avais à la fois envie de le serrer dans mes bras comme s'il était mon propre môme, mais d'un autre côté le dégoût et la rancœur me nouaient l'estomac, me prenaient la gorge. C'était un bien beau jeune homme qui était assis là-bas, et malgré l'aversion présente dans mon cœur, je ne pouvais m'empêcher de le contempler. Comme si j'avais loupé quelque chose... Le Ruby Skye semblait se vider de toute présence, les stripteaseuses devenaient de vulgaire potiches, et le temps n'avait plus d'importance. Pourtant, je ne pouvais pas empêcher ma propre employée Angélice d'emmener son ami ici, c'était contraire à mes principes... et malgré la peur qu'il m'apportait inconsciemment, jamais le danger m'avait autant attiré. Mais quel danger ? Des souvenirs trop douloureux et une ressemblance hasardeuse, rien de plus. Finissant d'une traite mon verre, je me levai afin de rejoindre mon bureau et terminer quelques papiers en retard. Mon regard se détourna de sa charmante proie, bien que l'image elle, restait au plus profond de mon esprit.
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Anonymous
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Jeu 31 Mar - 9:37


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C'était assez pénible. De quoi je parle? De ce regard. Ce regard qui vous happe et qui en même temps vous tient à distance. C'était à chaque fois pareil, et de plus en plus, je commençais à me faire des films. Il y avait clairement quelque chose qui clochait dans cette histoire. Pourquoi moi? Au milieu de tout ces gens, pourquoi fallait-il que ce soit moi sur qui cette femme fasse une fixation? Je suis d'accord de dire que je dépasse la majorité des clients d'une tête au moins et que je n'ai pas vraiment un visage particulièrement banal en comparaison d'autres personnes... mais quoi? Cette question m'obsédait régulièrement, et cette fois-ci j'en eu assez de rester là sans la moindre réponse.

Après avoir terminé mon verre, je me levai pour me diriger vers l'un des responsables de la sécurité qui me demanda ce que je voulais. "Voir Mme Viatcheslav". Qui la demande? "Le gamin du fond de la salle". J'avais approximativement une chance sur quatre de passer de cette manière, mais c'est pas grave. Si la façon régulière ne passait pas, j'avais d'autres cartes en main. Il y avait une foule d'employées que je connaissais ici, et je pouvais toujours me servir de ça pour passer. Mon père m'avait apprit tout un tas de techniques pour berner la sécurité avec plus ou moins de facilité, il suffirait donc simplement d'appliquer.

J'attendis une petite minute tandis que le responsable discutait avec quelqu'un au travers de son oreillette, et puis ô miracle, le chemin vers les bureaux s'ouvrit à moi. Pour être honnête, j'avais un peu peur de ce que cette femme voulait parce que je n'arrivais pas à déchiffrer son expression, mais bon... si elle avait voulu obtenir quelque chose de moi, elle me l'aurai demandé depuis longtemps. Raaah, c'était incompréhensible tout ça!

Je longeais un couloir tapissé de moquette rouge tandis que la musique se faisait de moins en moins forte tout en cherchant une porte avec le nom de la gérante inscrit dessus. Il me fallut monter des escaliers pour cela, et une fois devant la plaque dorée qui m'indiquait que j'étais au bon endroit, je m'arrêtai. Je ne sais pas trop pourquoi, mais un sentiment étrange me prit à la gorge. Au fond de moi, je savais qu'une fois dans cette pièce, quelque chose changerait radicalement. C'était bizarre... une sorte de pressentiment. Je passai mes longs doigts sur la porte un instant avant de me décider à toquer quelques secondes plus tard. La poignée finit par s'ouvrir et je me retrouvai face à cette personne que je n'avais jamais vue d'aussi près. En raison de ma taille, je fus obligé de baisser un peu la tête pour la regarder en face. Je ne sais pas si c'était normal de ressentir ça, mais j'étais intimidé malgré ma frustration, et c'est ce qui m'empêcha de parler dans l'immédiat.
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Jeu 31 Mar - 14:04

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Biiip, biiip. A peine deux minutes que j'étais assise à mon bureau que le téléphone de service sonna. La sécurité... un problème ?

- « Madame, quelqu'un vous demande. »

La voix grave du vigile ne me brusqua pas, bien au contraire: j'aimais les voix éraillées et chaleureuse, elle me donnait une impression de sécurité.

- « I l dit être "le gamin du fond de la salle" . »

- « Très bien, faites le monter. »

Je n'eus pas le temps de réfléchir à ma réponse mais dès que je reposai le combiné du téléphone, je sus que c'était la bonne. Un jeunot ne pouvait me faire du mal, seuls mes souvenirs le pouvaient. Mais que voulait-il ? Probablement mettre au clair les regards que je lui lançais perpétuellement, et il y avait de quoi. Mentir, jouer franc jeu ? Je réfléchissais sans doute trop, mais dans le silence de mon bureau, je devais préparer le terrain avant sa venue. Toc, toc, toc. Ma solitude se rompit par ce simple onomatopée. Du haut de mes Louboutin vertigineux je m'avançai vers la porte, prise d'une assurance à la fois tenace et fiévreuse. Ma main pâle pressa la poignée, la porte s'ouvrit. Nos regards se rencontrèrent et la proximités entre eux rendirent l'atmosphère tendue. La moindre de ses courbes ne pouvait m'échapper, et je crus, le temps d'une seconde, revenir vingt ans en arrière.

- « Je vous en prie, entrez jeune homme. »

Désignant un fauteuil de la main droite, je m'approchai de ma commode afin de prendre mon paquet de vogue posé là. Je ne laissais rien filtrer à travers mon visage, mais il m'intimidait autant que je devais moi-même l'intimider. Le calme plat avant la tempête ? Quoi qu'il en était, nous restâmes une dizaine de secondes là, l'un épiant l'autre étrangement... et pour ma part, comme une impression de déjà vu.

- « Une cigarette ? A moins que vous ne préfériez boire quelque chose ? »

Mettre le locuteur à l'aise, mettre le locuteur à l'aise. Je me répétais intérieurement que ce blondinet n'était qu'un jeune charmant qui avait attiré mon regard, rien de plus. Si, il y avait plus. C'était Mark devant moi, un peu plus grand peut-être. Ce pouvait-il que... ? Le paradoxe était installé dans mon esprit. Je refusais de croire que cet homme pouvait être mon enfant, et pourtant au fond, je sentais que quelque chose clochait. Il m'attirait, m'inspirait, m'inquiétait, suscitant dans mon cœur une bouillie de sentiments incompatibles. Haine, rancœur, nostalgie, amour... espoir.



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Jeu 31 Mar - 16:01


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In youth did I bleed in death I go home
Never knew lover, never knew whore
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Entrer. D'accord. J'adressai un bref sourire à la Dame avant de passer le seuil de la pièce pour me diriger jusqu'au siège qu'elle m'avait indiqué et m'asseoir en croisant automatiquement les jambes. Je sais que beaucoup d'homme avaient tendance à ne jamais faire ça pour diverses raisons (dont celle que si on ne sait pas comment s'y prendre, ça fait mal), mais j'en connaissais beaucoup qui avaient la même tendance que moi. De ce que j'ai pu observer, c'était très souvent des garçons assez sophistiqués et plutôt classe... enfin bref. Tandis que la belle brune refermait la porte, je pris le temps d'observer la décoration de la pièce qui me paraissait très impersonnelle. Pas de photos de la famille ou de proches sur le bureau... Une cigarette ? A moins que vous ne préfériez boire quelque chose ?

Je relevai la tête calmement pour accepter une boisson de ma petite voix, puis me replongeai dans mes pensées. Il fallait que j'entame la conversation puis-ce que c'était moi qui avait demandé de la voir, et donc de lui parler. Je ne savais pas exactement quoi dire, quelle question poser. "Pourquoi me regardez-vous tout le temps?", "Que me voulez-vous?", " Qu'est-ce que je vous ai fait?"...

Il y avait toute une foule d'interrogations qui se bousculaient dans mon esprit, mais je n'arrivais pas à m'arrêter sur la bonne. C'était comme de jouer à la machine à sous au casino... on tire le levier et on attend que les icones qui défilent ralentissent jusqu'à s'arrêter sur l'image définitive. Après avoir remercié mon hôtesse de m'avoir servit un verre, je tendis le bras pour le saisir et trempais mes lèvres dans l'alcool en attendant d'avoir mon interlocutrice assise face à moi. Allez Robbyn, respire, tu sais très bien gérer les situations lourdes pour mettre les gens à l'aise, fais un effort. C'est ton métier de faire ça, après tout...

Mes yeux hésitants changèrent d'expression en une fraction de secondes alors que je fixais la trentenaire avec intérêt. L'assurance reprit le dessus, un sourire étira le coin de mes lèvres, et je me détendis tranquillement. Horrible, j'étais en train d'agir comme avec mes clientes lors du premier rendez-vous lorsqu'il s'agissait de leur montrer que je n'étais pas juste là pour assouvir leurs besoins sexuels, mais surtout pour leur rappeller qu'il y a quelqu'un qui se préoccupe d'elles. Si j'avais été au courant de l'indentité de la personne à qui je faisais mon jeu de "charme" en ce moment, je crois que je serais allé me faire violence tout de suite.

« Excusez-moi... je ne saisis pas pourquoi vous portez un tel intérêt à un client parmi d'autres. Est-ce que nous nous connaissons? »
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Ven 1 Avr - 20:03

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« Excusez-moi... je ne saisis pas pourquoi vous portez un tel intérêt à un client parmi d'autres. Est-ce que nous nous connaissons? »

Je ne pus m'empêcher de sourire, alors que le silence remplissait la pièce. Je tirais sur ma longue cigarette vogue sans vraiment savoir quoi répondre. La délicate fumée serpentait entre le jeune homme et moi, symbole de la barrière qui était entre nous... mais une barrière aisément franchissable.

- « Disons que je pensais vous connaître... d'ailleurs, je ne me suis pas présentée. Eva Wells. »

Je tendis ma main vers ce jeune homme sans savoir s'il allait la serrer ou non. Je me devais de lui parler comme à un client, bien qu'il représentait bien plus pour moi. Comment un étranger peut-il en un regard compter encore plus que certains amis de longue date ? Difficile à décrire, encore bien plus à vivre. Mais ma confusion devait rester secrète. Ce n'était qu'un gosse, un putain de gosse de vingt piges ! Ce regard, cette carrure, cette prestance... je tentais de nier l'évidence. Ma gorge était serrée et j'avais une affreuse envie de pleurer, hurler même ! Mais j'ai toujours eu le contrôle de mes émotions, même dans un cas pareil. Alors souvenir ou non, je devais endurer la souffrance.
Mais lui, quel était son nom ? Je n'avais jamais pensé à cela en vérité. Il avait toujours été l'inconnu du Ruby ou encore le pote d'Angelice à mes yeux. Le mystérieux et grand blondinet. J'attendais une réponse à mes présentation, redoutant alors la suite de notre conversation. Je tirais à nouveau sur ma cigarette que j'avais calé entre les phalanges de mes longs doigts fins. Paranoïa, vérité ? Je n'avais jamais été aussi confrontée à mes propres démons... Il était temps pour moi de me réconcilier avec mon passé pour mieux l'oublier. Mais si ce bel homme face à moi était celui que j'imaginais... celui dont je rêvais depuis plus de vingt ans... pourrais-je alors sauver mon âme déjà brulée à vif ?
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Dim 3 Avr - 15:39


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Une main tendue. Je me redressai pour la serrer avec intérêt, puis me rassis un peu dans mon siège en allongeant une gorgée du scotch que Mme Wells m’avait servi. Alors c’était ça… je lui rappelai quelqu’un. C’était toujours une situation bizarre de se dire « tiens, mais qui suis-je pour cette personne en face de moi en sachant que je lui rappelle quelqu’un? ». Vu l’intérêt que m’avait porté cette femme, j’imaginais que l’homme à qui je lui faisais penser provenait du passé. Assurément… et puis-ce qu’elle n’avait pas vraiment osé m’aborder jusqu’à maintenant, leur relation devait être compliquée. Oui oui, je réfléchis beaucoup lorsqu’il s’agit de faire des raisonnements pour comprendre des situations.

Quoi qu’il en soit, il fallait que je me présente à mon tour, et cela me fit marquer un temps de pause. Ah… mon nom. Combien d’enfants sur cette terre étaient dans mon cas, à devoir se donner eux-mêmes une identité car ils n’avaient pas de papiers sur lesquels était inscrit leur prénom et leur date de naissance? Pas beaucoup j’imagine…

« Robbyn Thompson… ravi de vous connaître. »

Et maintenant quoi ? On avait fait le tour du sujet, n’est-ce pas ? Je baissai la tête pour fixer le fond de mon verre d’un air pensif.

« J’ai vu des choses étrange dans votre regard lorsque vous m’observiez, madame… je ne voudrais pas paraître indiscret ou quoi que ce soit, mais qui est cette personne que vous voyiez à ma place? »


On ne se connaissait pas, il n’y avait donc pas de raisons qu’elle m’en parle, mais bon. Selon mon point de vue à moi, on a moins de risques à parler de choses difficiles avec des inconnus qu’avec nos proches car ces gens s’en fichent un peu de notre vie, techniquement. C’est vrai, quoi. Qu’est-ce que vous vouliez qu’Eva fasse si je lui disait que j’ai vécu à la rue pendant près de dix ans ? Bah rien, ça ne la regardait pas. Imaginez que je raconte ça à Evelyn par exemple ; elle se poserait plein de questions à mon sujet après et ça me mettrait mal à l’aise.

« Comprenez que c’est gênant pour moi. »

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Dim 3 Avr - 17:51

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Mon interlocuteur me serra la main, ce qui me fit sourire. C'était le premier contact physique que j'avais avec lui, et cela m'intriguait. Bon sang, était-il seulement le jeune homme du Ruby Skye ?

- « Robbyn Thompson… ravi de vous connaître. »

Cela ne voulait rien dire à mes yeux. Qu'était-ce, après tout ? Quelques lettres assemblées ensemble, pas la réelle identité de son détenteur. Ce n'était qu'arbitraire. La fumée blanche s'échappant de ma cigarette donnait à la scène une ambiance à la fois mafieuse et intime. Étrange pour une conversation entre deux inconnus ! Et pourtant...

- « J’ai vu des choses étrange dans votre regard lorsque vous m’observiez, madame… je ne voudrais pas paraître indiscret ou quoi que ce soit, mais qui est cette personne que vous voyiez à ma place? »

- « Vous savez Robbyn, on voit toujours un peu des autres en chacun. Mais je reconnais que pour vous, c'est... troublant.»

Je l'avais avoué, et en quête de rédemption je tirais une nouvelle fois sur ma cigarette, rejetant la fine fumée blanche de ma bouche de parme. Devais-je jouer franc jeu, ou bien y aller par étape ? Le dilemme qui s'offrait à moi m'inquiétait. Que devais-je faire, bon dieu ?! Ah, ce foutu Dieu ! S'il avait un quelconque rôle à jouer sur cette terre, qu'il entre en scène. Son absence n'avait semé que chaos et désastres dans ma vie, et je ne pouvais m'en remettre à lui aujourd'hui. Voilà bien longtemps que je ne croyais plus en son pouvoir.

- « Comprenez que c’est gênant pour moi. »

- « Comprenez que ça l'est pour moi aussi. Vous ressemblez au père de mon enfant. »

Je l'avais dit. Après tout, peut-être n'était-il pas le mien, mais uniquement celui de Mark. Impossible. Peut-être était-il l'enfant de personne ? Impossible. Peut-être que, peut-être que... mais une mère sent ses choses là, c'était indéniable. J'avais à la fois la folle envie de le serrer dans mes bas, comme si il pouvait remplir brusquement l'absence d'un fils, et à la fois le renvoyer loin, me laissant à mes songes nostalgiques et mes manques maternels.



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Dim 3 Avr - 18:40


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La fumée formait un fin voile entre nous, mais cela ne m’empêchait en rien de voir clairement le visage de mon interlocutrice. Je me sentais dans la confidence, et sans vraiment m’en rendre compte, j’avais fini par me redresser à nouveau sur mon siège en l’écoutant parler. Je ne saurais pas trop dire de quoi il s’agissait, mais il y avait des signaux invisibles qui émanaient de cette femme et j’avais tout autant envie de m’approcher d’elle que de quitter la pièce au plus vite avant qu’elle me le demande. Le père de son enfant. Hein ? Elle avait un enfant ? J’étais surpris, pour le coup. Et si je n’avais pas décelé cette expression étrange au fond de ses yeux, j’aurais pu insister… mais cela ne se fit pas.

Pendant plusieurs longues secondes, je laissai un silence s’installer. D’habitude, j’avais toujours quelque chose à dire pour éviter de laisser des blancs, mais là, il y avait une foule de choses qui se passaient à l’intérieur. Arrêtez de me regarder comme ça, s’il vous plaît… c’est insupportable…

Mon bras s’allongea pour reposer le verre sur le bureau, et sans que rien ne soit dit, je crois que je compris ce qui se passait. Dieu sait combien j’avais de chances de me tromper… tout cela me semblait totalement improbable, mais avec tout ce qui était arrivé dans ma vie jusqu’à présent, j’étais prêt à croire à tout et n’importe quoi. Quand vous avez un père terroriste, que vous avez un second travail comme le mien, que votre copain est dealer malgré son extrême gentillesse, que vos amis sont atteints de soucis de santé rares et que vous venez de nulle part, alors ce mot, là, « impossible », il n’existe pas. Ma gorge m’étrangla presque et je repliai mon bras vers moi lentement. Mes yeux brûlaient, ce qui m’obligea à les fermer un instant. Lorsque je rouvris les paupières, je sentis des larmes s’échapper, mais mon visage ne changea presque pas d’expression parce qu’il y avait trop de choses qui s’abattaient sur moi d’un seul coup pour que je trouve une réaction adaptée. Cet état de choc ne dura pas plus de quelques secondes, cependant. J’avais trouvé. J’avais trouvé. Ce que j’avais cherché pendant vingt ans, je venais de le trouver. C’était juste là pendant tout ce temps.

Je finis par baisser la tête et me cacher entre mes mains avant de perdre toute contenance face à cette dame qui représentait pour tout le monde le symbole de la réussite professionnelle dans cette ville. L’homme qui s’était présenté devant Eva venait de disparaître à l’instant même, laissant place à un enfant totalement désarmé face à la situation.


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Dim 3 Avr - 19:05

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Je n'en pouvais plus. J'avais juste envie de partir et claquer la porte, prendre ma bagnole, retourner à Vegas comme il y avait plus de dix ans. Tout quitter, tout oublier. Mais j'avais appris à travers toutes ces années que fuir ne faisait qu'empirer les choses. Mes mains tremblaient et laissaient tomber sur le sol les quelques cendres de ma cigarettes presque terminée. Ma gorge se nouait, mes yeux me piquaient... non, ils me brulaient, et c'était comme si toute la tristesse de mes trente cinq ans d'existence souhaitait sortir d'un coup, tel un brasier ardent. Mais ces flammes là m'avaient déjà consumées de l'intérieur, et cette coquille artificielle que j'étais n'abritait qu'un immense creux, où même la perle semblait fade.

- « Je suis désolée, je... je n'aurais pas pas du. »

Robbyn ferma les yeux et lorsqu'il les rouvrit, je sentis comme une détonation dans ma poitrine. Des larmes perlaient son regard, et c'est à ce moment précis que je ne pus réfuter la vérité. Ce regard là, c'était le mien. Et mes yeux s'humidifièrent à leur tour. Et mes lèvres se pincèrent en signe de résistance. Et... tout semblait vaciller. Le paradoxe de mes sentiments atteignait son point culminant. Il semblait comprendre, Robbyn lui même n'arrivait pas à réfuter ma silencieuse hypothèse ! Était-ce probable ? Je me levai rapidement vers mon bureau, mais ne pus y prendre place. Je restais alors face au mur, tournant le dos à mon interlocuteur. Ses mains cachaient son visage, mais la vue d'une telle détresse m'était trop difficile à soutenir. Je voulais le prendre dans mes bras, mais c'était bien trop dur. Mes paupières se fermèrent, laissant alors une rondelette larme couler le long de ma joue. Je n'avais pas la force de la stopper, ni même de l'écraser. Qu'elle demeure, roule, et tombe. C'était un engrenage que je ne voulais et ne pouvais arrêter. C'était la simple et brutale vérité.

Le silence durait, mais comment pouvait-on le briser ? Nous étions là, sans savoir qoi dire. Vingt et un ans ne pouvaient se rattraper aussi facilement. Mais malgré la douleur au fond de mon cœur, je me sentais incroyablement sereine. Comme si chaque bouffée d'air que j'expirais me purifiait encore et encore. Comme si j'étais un champ de ruine où un nouvel empire devait être reconstruit. Encore bien des péripéties et des souffrances allaient poindre avant sa finalisation, mais un nouveau chapitre pouvait commencer, même s'il s'agissait de la même histoire.




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Mar 5 Avr - 16:45


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In youth did I bleed in death I go home
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Il n'y avait pas moyen de briser le silence. Pas maintenant. Je crois que la seule et unique bonne raison à cela était que nous n'étions pas préparés à ce qu'un événement pareil se produise. Après tout, qui aurait pu le prédire? Je me suis toujours dit que lorsque les retrouvailles arriveraient, si elles arrivaient, je saurais quoi dire. J'avais une liste de questions toute prêtes dans ma tête depuis des années... mais là j'avais oublié à peu près tout ce que je devais demander à cette femme. Alors que cette dernière se levai pour me tourner le dos, le la suivis du regard avec une attention toute particulière. On n'est jamais préparé à faire face à certaines personnes... au moins, c'est très clair dans ma tête à présent. Même si en nous le calme n'était pas revenu, en apparence, nous cherchions à reprendre contenance... ce qui se fit assez rapidement chez moi puis-ce que je relevai la tête après quelques secondes. Bien.

Après m'être relevé car je ne pouvais plus rester assit dans cette pièce, je me dirigeai vers la porte de sortie dans le but de m'en aller. Partir d'ici, quitter un lieu où la présence de Mme Wells était trop forte pour être supportable. Je ne savais pas exactement qui j'avais envie de voir dans l'immédiat. Mon père? Non, pas mon père. Ca me confronterait à "deux réalités" d'avoir une conversation avec lui ce soir alors que je venais de rencontrer ma mère biologique. Le mieux à faire était de rentrer à la maison tout de suite et d'inciter Andrew à me changer les idées de la manière la plus radicale qui soit; au lit.

J'avais donc posé une main sur la poignée de la porte et ouvris celle-ci d'un seul geste avant de me raviser d'un seul coup en la refermant lentement. Je ne pouvais pas partir ainsi comme un voleur même si j'en avais très envie. Allez... ce n'était qu'une question.

« Mon prénom... comment est-ce que je m'appelle? »

Je pense que personne ne peut comprendre l'importance que ça avait pour moi. Mon identité, c'est ce après quoi je courais depuis longtemps. Certains s'en fichent de leur passé, mais moi j'ai toujours voulu savoir d'où je venais pour me convaincre que j'étais autre chose qu'un remake d'Oliver Twist, que ces toxico qui se sont occupé de moi pendant mes premières années ne sont pas ma réelle origine sociale, que je vaux mieux que ce que je pense. En comprenant qu'Eva composait la moitié de ce que je suis, ma honte s'est un peu dissipée. Je ne m'attendais pas à ça... pas à ce qu'une personne pareillement imposante soit ma mère, mais ça me rendait fier, quelque part.



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Mar 5 Avr - 19:20

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Et les minutes défilaient, longues, mornes, pleines de... oui, de vide. L'oxymore correspondait parfaitement à la situation. Mère et fils séparés contrains à la séparation, et maintenant étrangers liés par les aléas du destin. Je sentais sa présence, comme si j'étais attirée par le sang coulant dans ses veines, mon sang, en fin de compte... Il s'était levé, je le savais, je le sentais, une fois de plus. Je ravalais alors silencieusement mes larmes, bien qu'une seule avait réussi à s'échapper de sa cage moléculaire. Ses pas s'éloignaient de moi, comme si on me l'enlevait de moi une nouvelle fois, mais cette fois ci, c'était son choix. Robbyn n'était plus le bambin d'il y a une vingtaine d'années. Il était devenu un beau jeune homme dont la jeunesse apaisait mon cœur autant qu'elle le mouvementait. Le bruit de la poignée de porte qu'on ouvre fut comme une détonation qui manqua de me faire sursauter. Je n'étais rien pour lui, probablement. Un bout de chair pâle et fardé, peut-être, une femme d'un rang salutaire, mais une mère ? Pourtant, la porte se referma, et ma respiration reprit normalement. Je me tournai alors vers mon interlocuteur, le regard d'une profondeur sans fond.

« Mon prénom... comment est-ce que je m'appelle? »

La première chose qui me frappa fut sa sincérité, et sa croyance en la mienne. Oui, il pensait sincèrement à mes dires et ms hypothèses quant à notre probable lien familial. Sentait-il cette connivence, lui aussi ?

« Tu t'appelles et t'appelleras toujours Robbyn, quoi qu'il arrive. »

Ma réponse n'allait peut-être pas lui convenir, mais elle était riche de sens. Tout d'abord, et bien que cela ne fut pas de ma volonté, Robbyn se forgea tout seul. Comment pouvais-je lui enlever ce si long travail que la recherche de soi ? Lui, il n'avait rien trouvé et avec de la poussière, il avait tout rebattis. Devais-je pourtant lui dire que dans chacun de mes rêves, l'enfant que j'appelais avait un nom ? La vérité l'emporta sur la raison.

« Mais pour moi, ton prénom est... était Kean. »

Une fois de plus, mon regard se planta dans le sien. Oui, deux étrangers. Robbyn avait la balle dans son camp, à lui de voir ce qu'il devait en faire. Mes intentions pacifiques semblaient avoir été dévoilée rien que par mes regards envers lui durant tout ce temps. Oui, c'était à lui d'aviser.
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Mer 20 Avr - 17:19


Finally, that "thing" is still alive... 5934091141539_smoosh

In youth did I bleed in death I go home
Never knew lover, never knew whore
My soul has escaped me my spirit is sent
I had never a choice but war from the start



Mon prénom ne changerait pas. J'avais d'ailleurs demandé à Andrew de ne jamais m'appeller autrement que de la manière dont je m'étais présenté à lui la première fois que nous nous sommes rencontrés, et je savais que ce que j'avais forgé durant toutes ces années m'appartenait, c'était mon "moi". Puis il y a eu Sonic qui m'a empêché de me perdre comme l'ont fait les jeunes qui trainaient avec moi à l'époque et sont aujourd'hui tous soit à la rue, soit décédés... mais tout ça n'a jamais répondu aux milles et une questions que je me suis toujours posé sur mon passé. J'ai toujours eu un besoin de savoir d'où je venais, de savoir qui étaient mes parents, de savoir s'ils m'aimaient et si cette vie de lutte qu'on m'a offerte était réellement un choix de leur part... ou alors une erreur involontaire. Face à cette femme qui me regardait d'une manière impossible à qualifier, je sentais qu'il y avait un énorme malentendu derrière toute cette histoire.

Savait-elle seulement à quel point ce qu'elle me racontait était important à mes yeux? J'ai passé tout mon temps à me demander comment je m'appelais. C'est une question qui me revient en tête non-stop, celle qui me décroche du moment présent lorsque je pars dans mes pensées. Juste... Kean. C'était simple. "Fighter". Oh, madame, vous rendez-vous simplement compte à quel point ce prénom convient à la personne qui se tient près de vous?

Un sourire s'afficha sur mon visage et je baissai les yeux en me passant une main tremblante dans la mèche qui barrait mon front. Il y avait cette boule dans ma gorge qui m'empêchait de parler, mais je me sentais bien. Vraiment... alors mes longues jambes me tirèrent un peu plus près de la trentenaire au fond du bureau et je me redressai finalement une fois arrivé à deux mètres d'elle, un intérêt des plus importants miroitant dans mon regard.

« ...ça fait vingt ans que je vous cherche »

Pour le moment, je ne savais pas trop quoi faire de la situation. Je voulais avant tout en apprendre le plus possible au sujet de la "vérité" qui me concernait. Et j'avais envie de lui raconter tout ce qu'elle avait manqué. Moi qui ne m'ouvrais réellement qu'à mon petit-ami au sujet de mes ressentis sur tout et n'importe quoi, et bien là j'étais prêt à sortir toute ma biographie jusqu'à passé minuit. Mais ce n'était pas si simple que ça. Malgré mon côté sociable et affectueux, je n'étais pas en présence d'une amie en ce moment-même. Il s'agissait de ma mère. Je ne connais pas le rôle que doit avoir une mère puis-ce que je n'en ai jamais eu. Le seul qui se rapprochait à peu près de ce statut, c'était le compagnon qu'avait eu Sonic pendant quelques temps... je crois que sans lui je ne serais jamais devenu aussi posé, calme et diplomate que je le suis aujourd'hui, mais bref.

Un léger sourire s'afficha sur mes lèvres et je me détendis un peu en penchant la tête sur le côté et en relâchant mon attitude droite au profit de quelque chose de plus naturel. Je ne me retenais que face à mes clients où à des étrangers de ce côté-ci. Pour les autres, je considérais que dissimuler mon maintien légèrement éfféminé n'était pas une nécessité vitale.

« Votre enfant va bien. Il a un travail et une relation amoureuse stable, ne se drogue pas, n'est pas en surcis financier et n'a pas raté sa vie. »

Si j'avais un rictus amusé sur le visage, c'est parce que je savais pertinemment qu'Eva se serait posé le genre de questions auxquelles je venais de répondre tout seul à un moment ou à un autre. J'aurais pu lui préciser que je n'étais pas débile, aussi, malgré que je n'aie jamais fait d'études, mais je pense qu'elle l'avait remarqué à travers mon tact naturel dont j'étais plutôt fier.
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Mer 20 Avr - 19:38

Finally, that "thing" is still alive... 5934091141539_smoosh


Il y eu un nouveau blanc dans notre conversation. Mon regard se fixa au sien. Il était magnifique et cela m'irritait et me réjouissait à la fois. Il avait la beauté de son géniteur, voilà ce qui m'agaçait et me brutalisait au fond de moi. Et d'un autre côté il y avait ce regard indescriptible, cette présence. Peut-être le nez aussi. Oh, bon sang ! J'avais si envie de toucher son visage, le palper, le caresser... mais il y avait toujours un fossé entre lui et moi.

« ...ça fait vingt ans que je vous cherche »

« Ça fait vingt ans que je te rêve. »

Tutoyer, vouvoyer ? Tant pis, il fallait bien se lancer sur l'une des deux voies.
Qu'aurais-je pu faire ? Mes parents me l'avaient arraché dès sa naissance, me répliquant avec amertume que cet immondice serait bien mieux avec d'autres parents. Qu'aurais-je pu faire ? Mais qu'aurais-je pu faire ?! Je n'avais que quinze ans et même si j'avais eu la possibilité de le garder, il n'aurait pu être heureux. Une gamine seule, voilà ce que j'étais.

« Et tes parents adoptifs étaient... enfin... aimants ? Présents ? Tu en as eu rapidement au moins ? »

Si un jour je devais les rencontrer, je ne pouvais savoir quel sentiment prédominera. La jalousie, la reconnaissance ? Probablement ce second. Bon sang, qu'est-ce que Robbyn était beau dans la lueur verdoyante de mon bureau. Un vif jeune homme face à une trentenaire face à son passé. Étais-je terrifiante ? Immonde ? Et si il avait une mauvaise image de moi ? Après tout, je suis une danseuse, certes, mais aussi une stripteaseuse et patronne d'une boîte réputée pour ses shows burlesques.
Au bout de quelques secondes, il sourit. Je ne pus réprimer à mon tour un sourire, tout en sentant mes yeux s'humidifier une nouvelle fois. Il souriait. Il me souriait.

« Votre enfant va bien. Il a un travail et une relation amoureuse stable, ne se drogue pas, n'est pas en surcis financier et n'a pas raté sa vie. »

Bien vu, jeune homme. C'était exactement le genre de choses qu'une mère se posait, surtout après vingt ans d'absence. Mon sourire s'intensifia. Je me sentais si petite et ridicule, moi qui avais toujours eu l'habitude des regards, de la prestance, de la sécurité et de la confiance. Ce jeune blondinet était clairement mon point faible... celui que j'attendais depuis si longtemps. Celui que j'attendais afin de donner une vague de renouveau à mon existence.

« Pour faire court, ta mère ne s'est jamais sentie aussi bien qu'en ce moment précis. »

Mon visage fut bien moins crispé que quelques minutes auparavant. J'avais joué cartes sur tables. J'avais envie de lui dire que cet abandon n'était pas de mon propre chef, que je ne passais pas une journée sans penser à lui, envie aussi de lui raconter mes périples d'Irlande à San Francisco, de Las Vegas aussi, et de M. Viatcheslav, mon époux. Mais je ne pouvais pas, et pourrais-je y arriver un jour ? Parler de tout ça signifiait reparler du moment fatidique, de son père. De mon viol.

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Mer 20 Avr - 23:54

[Désolé, mon cerveau était éteint quand j'ai écris XD]


Finally, that "thing" is still alive... 5934091141539_smoosh

In youth did I bleed in death I go home
Never knew lover, never knew whore
My soul has escaped me my spirit is sent
I had never a choice but war from the start





Il est impossible de décrire ce qu'on ressent en apprenant que quelqu'un... au moins une personne a pensé à vous pendant tout ce temps. J'ai toujours été un solitaire dans l'âme, je ne supporte pas être en présence de trop de monde trop longtemps, et j'ai absolument besoin d'un espace vital suffisant pour ne pas devenir agressif... mais malgré ça, je ne supporte pas l'abandon non plus. L'idée qu'on ait pu se demander comment j'allais jusqu'à maintenant me réchauffait de l'intérieur, vraiment.

« Et tes parents adoptifs étaient... enfin... aimants ? Présents ? Tu en as eu rapidement au moins ? »

Je gardai le silence durant quelques secondes en pesant mes mots. Je ne pouvais pas tout raconter maintenant, c'était trop tôt. Peut-être lors d'une autre rencontre...

« J'ai un père... un homme très loyal envers ses propres principes. »


Et c'est vrai. Sonic a toujours séparé ses activités de mon éducation, il m'a laissé me développer à mon rythme et me poussant comme il faut vers l'avant. Pour ce qui est de mon enfance, je ne pouvais pas en parler. Mes premiers "parents" ont disparu du jour au lendemain alors que je n'avait que 3 ou 4 ans, et après ça ce sont des squatteurs qui m'ont acceuilli parmi eux. Je n'étais pas fier de cette partie de mon histoire...

« Pour faire court, ta mère ne s'est jamais sentie aussi bien qu'en ce moment précis. »

Elle disait la vérité, je le voyais dans ses yeux, et je ne pouvais pas laisser les choses ainsi. Ma nature tactile me tira automatiquement vers Eva, et je posai la tête sur l'une de ses épaules en silence tout en respectant son espace personnel sans trop la toucher.

« ...j'suis là »

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Anonymous
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Jeu 21 Avr - 20:27

Finally, that "thing" is still alive... 5934091141539_smoosh
« J'ai un père... un homme très loyal envers ses propres principes. »

Ma gorge se noua dans un premier temps, mais comment pouvais-je blâmer l'homme qui avait élevé Robbyn ? Même seul, il restait quelqu'un de chairs et d'os ayant donné une vraie base à son enfant. Alors que moi malgré la présence d'un couple parental, je n'avais rien eu, et eux, étaient blâmables. Il y avait à la fois quelque chose de sauvage et de raffiné chez ce jeune homme me faisant face. Un paradoxe... que de paradoxes ! La situation s'y prêtait et m'étouffait presque. Même si je m'efforçais à y arriver, gérer sa plus grande crainte qui était à la fois sa plus grande envie était d'une complexité incalculable.
Ce qui m'achevai presque mentalement fut le geste de Robbyn à mon égard. Aurais-je dû me taire ? Trop de questions Eva, trop de questions...

« ...j'suis là »

Même si j'étais humaine, j'étais aussi quelqu'un de fier, ce qui repoussa mes larmes au plus profond de moi même. Il me prenait presque dans ses bras, mais d'une retenue contrôlée alors que moi je ne sourcillais pas.

« Mais moi je ne l'ai pas été. »

Ma réplique avait peut-être été froide, mais elle voulait tout dire. Culpabilité, regrets mais aussi le fait d'avoir subi des choix qu'on m'avait interdite de prendre. Si un jour il acceptait de me revoir, allait-il croire à mon histoire folle ? Allait-il réussir à accepter la vérité sur son père ? J'avais appris qu'un bon mensonge à la bonne personne vallait mieux qu'une vérité brutale à la mauvaise.
Ce paradoxe en moi allait-il s'éclipser ? Était le fantôme de son père ou le fait d'avoir un fils qui m'effrayait ?

« Je pense que nous devrions nous revoir après avoir réfléchir à tout cela, afin d'en discuter. » dis-je le plus calmement possible malgré mon cœur battant la chamade. « En réalité j'aimerai que nous nous revoyions, e contraire me serait insupportable. »
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