L'attente. L'ennui. Je n'aimais pas ça, oh non pas du tout. L'hôpital était devenu ma deuxième maison et j'avais l'impression de devenir folle. Je voulais vraiment me tirer d'ici et retrouver le douillet de mon lit auprès de mon mec. Il me manquait d'ailleurs, bien qu'il passe me voir quotidiennement. Et notre fille, notre petite Louisa. Qui ne pouvait pas encore respirer toute seule. Dès que l'on me l'autorisait, je passais la voir, glissant ma main dans sa bulle en plastique pour caresser sa minuscule main. Je pourrais rester des heures à la contempler, je pense que c'était aussi le cas pour son papa. J'avais hâte de pouvoir la porter contre moi et surtout de la ramener à la maison et d'enfin commencer une vie à trois. J'avais réagi tellement égoïstement avec Saul, ces derniers jours ou du moins comme une gamine capricieuse. Ne tenant pas en place, j'avais tenté de le convaincre de sortir plus tôt que prévu de l'hôpital. Il n'avait pas voulu, il a refusé à ce que je vienne le rejoindre chez nous et sur le moment ça m'a saoulé. En prenant du recul, je savais très bien que j'avais agis comme une imbécile. J'avais failli mourir et rien que d'y penser, ça me fichait une trouille immense au fond de l'estomac. J'avais été à deux doigts de l'abandonner, de le laisser seul et ce n'est pas ce que j'aurais voulu. Le blesser à cause de ma perte -et t en parlant d'égoïsme, il y avait encore une personne qui me fallait remercier de m'avoir sauvé quasi la vie...

J'avais donc décidé de mettre de côté ma rancœur contre les hôpitaux, d'ignorer les malheurs de ma colocataire de chambre qu'elle me racontait à longueur de journée et penser au moment présent. Comme avant. L'histoire s'était bien terminée... Du moins, je m'obstinais à penser que Louisa ne risquait rien et qu'elle était entre de bonnes mains. Je ne restais pas à l'écart d'une certaine inquiétude concernant sa santé. Je ne dépendais désormais plus d'anti-douleurs pour me ventre ou de cachets étranges pour me redonner de l'énergie et/ou du fer (à vrai dire je n'avais rien compris, je faisais juste confiance aux professionnels, un peu les yeux fermés sur ce coup-là). Profitant de l'éclaircie de cette matinée de fin d'hiver, je m'étais installée dans la grande cafétéria véranda de l'hôpital.  Un peu dans la lune, je mâchouillai mon crayon à papier en observant les quelques présents autour de moi. C'était marrant des fois, d'imaginer leurs vies. Parfois, il m'arrivait aussi d'écrire sur mon petit cahier qui reposait devant moi sur la table.<.blockquote>