Tu fumes nerveusement adossée à ta voiture, t’as senti direct en arrivant dans le quartir que tu faisais tache dans le décor. Toute cette thune exposée à la gueule de monde sans aucune honte. Tu comprends qu’avoir de l’argent c’est cool, t’adores les quelques mois où t’es pas dans la merde financièrement dans l’année, mais tant que t’es pas dans le besoin tout le reste est superflus pour toi. Tu comprendras jamais ta sœur pour ça et de toute façon tu pourrais pas avoir la même vie qu’elle avec ton C.V. merdique. Quatre ans de prison juvénile ça refroidit n’importe quel patron. T’écrases ton mégot par terre et te dirige vers la maison de Nadine. T’sais pas si t’as vraiment envie d’être là, t’es venue sur un coup de tête. La derrière fois que tu lui as parlé sur fb vous vous êtes encore engueulées et t’as pété ton câble comme toujours. Ça te plait pas que ça se passe comme ça mais t’y peux rien et de son côté ta sœur veut pas comprendre et fait tout pour te pousser à bout. Elle a toujours aimé ça tester tes limites, jusqu’à ce qu’elle pige que t’en avais pas. Tu t’arrêtes une seconde devant la grille, t’hésites sur le coup. Tu l’as pas prévenue et ça te foutrait les boules qu’elle te dise de te casser. Pour une fois que t’essayes de pas être la grosse conne dans l’histoire ça serait bien qu’elle fasse un petit effort. Tu te fais pas d’illusions, tu sais que ça va partir en vrille au bout d’un moment parce que vous êtes comme ça l’une avec l’autre. Tu grimpes par-dessus le grillage et te retrouve de l’autre côté. Tu voulais pas sonner à l’interphone au cas où elle fasse semblant de pas être là. Y’a une caméra là-dessus et elle aurai vu ta face, alors que quand elle ouvrira la porte elle sera bien obligée de te parler. Tu sonnes et attends. T’espère que les petits sont là aussi, ça fait un bail que tu les as pas vus.

Nadine, une femme très occupée certes, mais ayant toujours un peu de temps pour ses enfants. Iris, 5 ans et Geoffrey 3 ans, assis dans le salon à déguster leurs pancakes au nutella, la jeune femme quant à elle, était certes, bien présente physiquement, mais occupée à parler au téléphone avec un futur associé pour l'ouverture de son magasin en Philadelphie. Il fallait qu'elle soit apte à saisir les meilleures opportunités pour ne commettre aucune erreur, elle fut cependant interrompu par un petit signal d'alarme, celui de son ordinateur, elle devinait bien qu'il s'agissait de l'une de ses caméras de surveillance. Elle dû raccrocher assez rapidement pour aller y jeter un coup d’œil. Liv, bien sûr. Entrant par effraction dans sa demeure. Elle pu lâcher un rire bref, appelant ses enfants pour qu'ils viennent voir ce que leur tante était entrain de faire. Regardez bien, c'est exactement le genre de choses que font les perdants dans la vie. Il ne faut jamais faire partie de cette catégorie, évitez donc de faire ce que votre tante fait, pour être des gagnants. Elle devinait bien que Geoffrey n'allait pas comprendre grand chose, mais Iris étant déjà très intelligente pour une enfant de 5 ans, allait peut-être suivre les conseils de sa maman. Elle sonna ensuite à la porte, Nadine a pu appeler l'un des gardiens pour lui crier dessus dans un premier temps, lui demandant ensuite d’entraîner Liv à l'extérieur. Elle regardait toujours sa caméra de surveillance pour le voir s'exécuter et reconduire sa soeur à l'extérieur. Nadine jugeait qu'il y avait des règles à respecter dans cette maison, qu'elle n'ouvrirait pas à Liv, tant que celle-ci n'eut pas l'obligeance de faire comme tout le monde, d'attendre simplement qu'on lui ouvre le grillage.

T’attends derrière la porte, t’attends et tu commences à trouver l’temps long. Le pire c’est que t’entends du bruit à l’intérieur, des voix surtout. Alors t’attends en te disant que p’tètre qu’au bout d’un moment elle en aura marre. C’est pas ta sœur qui sort pour t’accueillir gentiment mais un agent de sécurité. Tu fronces les sourcils, tu t’attendais pas trop à ça on va dire. Il commence à t’dire que tu dois foutre le camp et sonner au grillage sinon tu rentres pas, ordre de la patronne. T’es pas une victime qui se laisse faire alors t’essayes de courir vers la porte mais l’autre con de deux mètres douze t’attrapes et te soulève. Tu balances des coups dans tous les sens, t’sais pas trop où tu frappes mais tu l’insultes sans aucune gêne. Tu fais comme tu peux pour t’en sortir mais tu pèses quarante kilos tout mouillés. Il est pas décidé à t’lâcher et te traine de l’autre côté de de la grille. T’es essoufflée, décoiffée et t’as les nerfs. C’est pas une bonne combinaison quand on est comme toi. Il finit par se barrer et tu fais le tour de la propriété en courant. L’adrénaline est déjà montée à ton cerveau et t’es plus tellement maitre de c’que tu fais. Derrière y’a un jardin et une grande baie vitrée. Tu mets un moment à grimper un mur mais t’arrives de l’autre côté et tu regardes autour de toi. Quelques pierres décoratives de ta sœur finissent contre les vitres. Cette merde casse pas mais au moins t’as fait de belles fissures. Si elle vient pas t’ouvrir avec ça tu devrais lancer une chaise de jardin ou un truc comme ça. P’ètre même qu’elle a des nains, ça doit peser lourd un nain. Tu t’approches de la maison et t’attends qu’elle vienne en donnant des coups de pieds dans la baie-vitrée et en insultant le vide, nan t’es pas calmée.

Avoir une sœur aussi.. Comment pourrait-on la décrire? Aussi névrosée? Aliénée? Nadine était capable de lui trouver une centaine d'adjectifs décrivant l'impulsivité de Liv. Une vraie petite bombe à retardement dont il était impossible d'arrêter le déclenchement. Elle avait bien entendu connaissance de son caractère, sa tendance vers la destruction, vers le néant tout simplement. Liv n'avait aucune limite, son aînée en avait conscience, mais elle la testait malgré tout, constamment. Sans aucune relâche. Elle n'avait pas peur de ses réactions exagérées, de son agressivité, tout n'étant qu'un simple jeu selon elle. Elle observait avec un certain dédain les enregistrements de ses caméras de surveillance, faisant preuve d'un calme et d'une froideur déconcertante, face aux images qu'elle regardait. Sa sœur était donc bien décidée à entrer. Liv lui adressa un faux sourire à travers la vitre, attirant ses enfants vers elle, ne tenant bien entendu pas à ce qu'ils se fassent mal. Elle finit par prendre son téléphone, faisant appel à la police, ensuite à l'agent de sécurité pour qu'il puisse l'attraper en attendant. Histoire de la neutraliser, pour qu'elle ne puisse pas se faire du mal surtout, parce que oui Nadine aime sa sœur un minimum tout de même. Arborant un sourire satisfait, ses prunelles se délectaient de cette vue. Les deux agents de sécurité l'ayant attrapé, Nadine ordonna à ses deux enfants de monter dans leurs chambres, avant de partir ouvrir la porte, pour regarder Liv prise de chaque bras par un agent. Elle resta loin d'elle, par pure précaution, son épaule posée contre le bord de la porte d'entrée. Gardant toujours son calme, elle finit par s'adresser à sa sœur. " La police ne va pas tarder à arriver. Tu sais bien qu'il est interdit de rentrer chez quelqu'un par effraction. Les enfants te saluent au passage. "

Tu vois bien dans ses yeux que t’es qu’une pauvre merde, le plus bas niveau humain qui puisse exister. Elle te met dans la case des fous, des gens incapables de se contrôler et obligés de faire de la merde parce que leur cerveau leur ordonne. Tu supportes pas ce regard hautain qu’elle te lance depuis toujours, t’es rien à côté d’elle, t’es rien à côté de tout le monde. Tu t’en balance de ce que les gens croient et pensent sur toi, sauf elle. Elle c’est ta famille, t’as abandonné l’idée que tes darons te pardonne un jour pour tout ce que t’as fait. Nadine c’est pas pareil, t’as été horrible avec elle mais c’était réciproque au moins. C’est ce qui te laisse penser que ça pourrait être différent avec ta sœur, que peut-être un jour elle pourrait t’accepter comme t’es. Les petits te regardent bizarrement, ça te bousille encore plus d’être comme ça devant eux. Elle les éloigne comme si t’étais une menace pour eux, t’as jamais fait mal à plus faible que toi-même dans tes pires états. T’arrives pas à t’épuiser, tu continues d’insulter le vide jusqu’à ce que les gars de la sécu te sautent dessus. Tu te débats, de toutes tes forces et ils te soulèvent tellement tu gigotes. Tes pieds donnent des coups et ne touchent rien. T’as la haine, t’es pas un chien qu’on peut foutre dehors quand il fait trop de bruit. Elle te sourit, tu craches sur la vitre. Elle finit par se retrouver plus proche de toi, t’essayes de t’échapper des gros bras pour lui en foutre une bonne, mission impossible. « La police ne va pas tarder à arriver. Tu sais bien qu'il est interdit de rentrer chez quelqu'un par effraction. Les enfants te saluent au passage. » Tu t’arrêtes net, elle a bien dit ce que tu penses ? T’as envie de lui exploser le visage contre un mur, t’as envie de lui péter un bras, qu’elle la ferme. « T’as pas honte de faire ça à ta propre sœur ?! Égoïste de merde, va crever. » Tu cris, tu peux pas faire autrement.

Un soupir las sort de ces lèvres charnues. Nadine était fatiguée, lassée de ce spectacle, elle aurait bien évidemment rêvé d'avoir une soeur moins... malade? Elle a toujours eu du mal à la décrire. Ses enfants désormais montés à l'étage, la psychopathe qui rodaient autour de la maison, neutralisée. Elle s'était finalement permise de sortir de sa demeure, après avoir appelé la police bien entendu. « T’as pas honte de faire ça à ta propre sœur ?! Égoïste de merde, va crever. » Un autre soupire. Elle pouvait soupirer toute la journée, en la présence de Liv. Les bras croisés, elle ne se sentait aucunement désolée pour elle. La pitié, un sentiment qu'elle n'a jamais voulu lui offrir. Nadine refusait aussi de penser que Liv avait un quelconque déséquilibre. Elle était peut-être malade mais, si elle le voulait vraiment, elle était capable de se contrôler. C'est pour cette raison qu'elle l'a toujours poussé à bout. Qu'elle s'épuise, qu'elle puisse enfin se calmer. Ses efforts semblaient malheureusement vains. « Tu apprendras à sonner la prochaine fois. Tu éviteras aussi de jeter des pierres sur les fenêtres de la maison. Nous vivons au 21ème siècle, ce genre d'agissements n'est plus tolérable. » Sereine, calme mais surtout ferme dans chacune de ces paroles prononcées.

Une voiture de police apparu après plusieurs minutes d'attente. Des agents finirent par en sortir, arrêtant Liv pour l'emmener avec eux au poste. Nadine ne pu réellement voir ce spectacle. Elle regarda ailleurs, avant que l'on embarque sa sœur. Elle ne pouvait plus faire machine arrière de toute façon, déranger la police pour rien lui coûterait certainement plus cher.