Ce soir c’est le grand soir. C’es excité comme une nana à son bal de promo, bon pas vraiment mais j’aime bien me donner ces airs, c’est marrant.  Je cours partout, faisant chier Charlotte au passage mais c’est trop drôle. Je vérifie mes cheveux, mes fringues, mes chaussures, mes dents ce serait con d’avoir un truc coincé entre les dents. C’est mon premier rendez-vous avec un mec et j’avoue que je suis un peu…nerveux, à nouveau c’est pas vrai mais c’est drôle de se donner cet air et surtout de le partager avec ma jolie colocataire. Je me demande bien si Gwen va suivre mes directives, il est rare qu’il n’accède pas à mes caprices, même les plus farfelus et je viens bien reconnaitre que j’exagère parfois, seulement parfois. Bon, peut-être un peu trop mais c’est fun de tester jusqu’où il est prêt à aller pour me satisfaire et même si le plus souvent je ne suis pas sérieux sur mes demandes, si j’obtiens ce que je veux, c’est encore mieux, une pierre deux coups comme on dit. Une voiture klaxonne deux fois et je saute sur mes pieds, c’est lui. J’avais bien sûr exigé qu’il vienne me chercher en voiture, comme une princesse, et une princesse ça ne marche pas, jamais. « J’y vaiiis ! Bonne soirée ! » que je dis à Charlotte avant de sortir en trombe, dévalant les marches jusqu’à la voiture de Gwen. J’attends quelques secondes avant d’aller m’installer à l’avant. « Je pensais que t’allais m’ouvrir la portière… »

"Je veux un rencard." Toi on t'as toujours demandé à dire j'aimerais, à ne pas réclamer, à ne pas vouloir la lune. Mais toi t'as été élevé à travers les terres, à travers les routes et travers un autre univers. Ton frère et toi, un système solaire entier vous sépare. Vous éloigne. Tu as appris la sincérité, la sobriété, la neutralité. Il a choisis l’extrême, le paraître, le sarcasme et l'humour. Il a toujours tout eut, de toi c'est certain. Un seul mot de reproche et la culpabilité prenait le dessus. Tel un père absent, tel une mère trop sévère. Tel un frère qui ne l'est guère. Tu ne sais pas y faire. Être proche n'est guère dans tes cordes, tu sais l'être de tout le monde, tu aimes tout le monde, tu partages avec tous. Tu sais que Sidoine aimerait être le seul à être au dessus, tel la diva qu'il veut être. Tu le connais, mais y'a des choses que tu ne peux pas être. Alors pour compenser encore une fois, tu cèdes. Tu cèdes souvent. Tu cèdes trop. Même tes parents, en manque de ta présence, te le reprochent, et alors ? Ton frère, c'est ta vie. Mais ça t'es incapable de le montrer, toi tu peux juste... t'en sais rien. C'est comme ça. Tu peux pas être présent tout le temps, tu peux pas. T'as essayé, t'as faillis en sombrer l'année passée.
Quand la portière s'ouvre tu sors de tes pensées tournant le regard vers ton jeune frère si expressif. La voiture est à Nama, tu lui as emprunté, toi les voitures c'est pas encore ça. Tu n'apprécies pas le fait d'en avoir une à ton nom, il faut trouver une place pour se garer, il faut trouver ou la ranger. Trop compliquer. Je pensais que t’allais m’ouvrir la portière… En tournant la tête tu vires tes mèches de cheveux qui se sont éloigné de ton élastique. Tu as su reprocher maintes et maintes fois quand tu étais en fauteuil que tu en avais raz le bol qu'on te fasse tous... Lui faisant comprendre que ses airs de diva sont toujours aléatoires. Bon c'est surtout que bon c'est Sidoine, pas une fille, faut savoir. Tu veux que je te traite comme une nana toute la soirée ? Tu répliques en démarrant t'éloignant de son appartement en allant sur la route, te concentrant sur la circulation. Tu as fais un effort vestimentaire, tu lui as dis que tu respecterais au moins ses "principes" de rencard alors voilà. Chaussures vernis, jean cintré et chemise repassé. Non port du chapeau pour la soirée. Alors ton retour à SF ? Oui tu fais même la conversation, parce que c'est vrai tu t'intéresses à sa vie quand même.

Je suis chieur et capricieux, croyez-moi, j’en ai parfaitement conscience et je m’en tape comme de l’an trente-cinq. Je me plais comme ça et vous savez quoi ? Je suis très heureux. Ca m’amuse plus qu’autre chose, repousser les limites pour savoir où ce jeu est possible d’aller, tester les limites pour pouvoir se situer, c’est toujours mieux n’est-ce pas ? J’aime avoir toutes les cartes en main, quel meilleur moyen pour ça que de savoir ce que les autres sont capables ? « Dis-toi que je suis une jolie nana dans ce beau costume ! » que je lui dis avec un grand sourire, visiblement fier de moi. Je suis très souvent fier de moi-même dans les situations les plus improbables et les plus désespérées. « N’oublie pas, c’est un rencard, il faut que tu me traites comme la cinquième merveille du monde, la nana que tu aimes à la folie et à qui tu veux à tout prix faire plaisir » Exigeant ? Que nenni ! J’aime les belles et les bonnes choses, bon peut-être que je pousse un peu, juste un peu mais c’est pour la bonne cause. Laquelle ? Je ne sais pas encore, nous trouverons cela sur le chemin. Allez, je plaisante…promis. « Tu es beau comme ça » dis-je, oui, ça lui va nettement mieux que ses accoutrements habituels et je sais qu’il va comprendre mon discours implicite. Dire que nous avions des styles diamétralement opposés ne serait pas assez, mais un homme, un vrai se doit d’être classe et je pense que je le suis, peut-être pas les dimanches aprem ou bien dans mes paroles mais la plupart du temps si. « Ca va, c’est cool, j’essaie de retrouver mes marques, on dirait que j’ai passé un siècle au bout du monde, c’est un peu le cas » je ris un petit peu, comme un con, pas sûr que ce soit drôle mais je me comprends. « Et toi ? Tu penses que tu vas pouvoir t’y faire ? » Sujet tabou, oups.

Tu n'aimes pas conduire dans ce trafic monstre, mais tu n'en dis rien suivant la route indiqué sur le GPS de la voiture. Le reste tu n'y prête guère attention, après tout tu as promis à ton frère ce repas, alors tu honores ta promesse. Même si oui, tu trouves ça des plus étrange. Mais bon c'est Sidoine, tu as cessé de le comprendre il y a bien des années, maintenant tu essayes juste de garder une bonne relation avec lui. Il y aurait matière à critiquer ses actes, sa superficialité, son arrogance ou même sa manipulation. C'est certain, mais c'est Sidoine, alors tu te tais. Et tu te contentes de plus ou moins accepter ses caprices, dans le seul but d'être proche de ton seul frère. Dis-toi que je suis une jolie nana dans ce beau costume ! Tu souries vaguement en imaginant la chose. Non, Sidoine en version féminine deviendrait une petite princesse blonde et stupide qui serait risible. Il ne doit sa crédibilité qu'à son sexe, tu en conviens. Bref. Je me demande d'où tu sors tes réponses parfois... Tu te contentes de répondre en mettant ton clignotant, défilant sur la route un moment en ralentissant avec les voitures. N’oublie pas, c’est un rencard, il faut que tu me traites comme la cinquième merveille du monde, la nana que tu aimes à la folie et à qui tu veux à tout prix faire plaisir Tu ries à ses paroles. C'est certain ton frère à ses dires pourrait passer pour un crétin retardé. Le pire ? C'est que cela n'est qu'apparences, tu le sais. Les filles que j'aime et que je côtoie, ne sont pas des princesses qui réclament monts et merveilles, et donc quand je cherche à leur faire plaisir, je reste naturel. Tu réponds avec sincérité et amusement. Il est vrai que oui, pour l'anniversaire de Lola où des évènements importants tu as déjà sortit le grand jeu, mais seulement de ton libre arbitre, pas parce qu'une fille te le demandait tel Sidoine. Mais encore une fois... c'est de Sidoine dont l'on parle ! Tu es beau comme ça Doux clin d’œil ? Des plus explicite. Tu lui jettes un regard nullement vexé de se qu'il insinue. Tes vêtements tu veux être bien dedans et garder un certain style c'est vrai, mais en rien tu veux passer pour ce que tu n'es pas. C'est à dire passer pour plus important que tu ne l'es. Tu avais dis "rencard" j'ai sortit la tenu d'occasion.. Tu annonces, en ne t'aventurant pas dans le reste. Tu cherches une places, concentré sur cela tes yeux observant les alentours avant de te garer. Tu profites de ta manœuvre pour le questionner sur son retour à SF. Ca va, c’est cool, j’essaie de retrouver mes marques, on dirait que j’ai passé un siècle au bout du monde, c’est un peu le cas...Et toi ? Tu penses que tu vas pouvoir t’y faire ? Il rit et toi tu souries vaguement. Tu ne veux pas dramatiser, mais ces derniers mois tu sais qu'il ne les a pas bien passé. Si vous avez quitté SF ensemble après son accident, sa condition -dans son fauteuil- et les soins demandés, l'ont vite fixé à une ville. Et sa manière de vivre les choses était assez spécial. Mais au moins, tu espères que revenir à SF lui fait du bien. Tu coupes le moteur sortant de la voiture en faisant le tour. "Et toi ?" Rude question. Toi... toi tu sais pas. Accepter l'offre de Nama était alléchant, mais plus le temps passe plus tu ne sais où tout cela t'amène. Lola ne cesse de te pousser à revenir sur les routes avec elle. Son manque t'affecte. Mais la présence de beaucoup de personne dans cette ville continue de te retenir. Tu ne pensais pas cela possible. Et parfois tu te rends compte à quel point c'est horrible d'avoir envie de les laisser derrière toi de nouveau pour vivre ta vie. Tu ouvres la portière de ton frère avec un sourire malin lui faisant un signe galant de la main pour qu'il sorte. Grand jeu. Tu n'aimes pas ça mais bon, c'est pour déconner. Beaucoup de chose me retiennent ici alors...voilà. Tu répliques de manière évasive en refermant l'habitacle et t dirigeant vers le restaurant avec lui. Tu as repris les cours ? Changement de sujet pour arriver dans le restaurant.