Plus tôt dans la journée, Arnora m'a annoncé qu'elle avait besoin d'une pause dans notre relation parce qu'elle se sentait dépassée par ses sentiments, sa jalousie et sa possessivité. Je n'allais pas la laisser se sentir mal en la laissant enfermée dans notre relation, alors qu'elle m'aime encore et que moi aussi. Autant dire que j'ai vraiment mal au coeur et que je suis au plus mal depuis cet instant. Les premières choses que j'ai su faire, c'est continuer de lui parler et boire du whisky pur. Et pleurer sans lui dire. J'suis en miette, enfermée dans le noir. J'ai même regardé P.S. I Love You pour m'faire encore plus de mal. Puis j'ai envoyé un message à Blake, parce qu'il est mon meilleur ami, mon troisième frère, vu que Jake est le deuxième et qu'Andrew est mon vrai frère. Mais je n'allais pas faire chier les deux autres, c'était juste impossible pour moi. J'ai fini ma bouteille de Jack, et j'ai entamé la deuxième. Je sais, c'est mal. Mais Blake va arriver, il va m'calmer et m'faire arrêter de boire pendant que j'pleure toutes les larmes de mon corps, surement. J'ai tellement envie d'envoyer un message à Arn' comme quoi j'suis au bout d'ma vie, que je l'aime trop, que j'me sens mal sans elle, mais à quoi ca servirait ? A rien. Blake, bouges toi avant que j'lui envoie ce message, putain ! m'écriais-je seule, avant de rire nerveusement et de pleurer en même temps. Drama Queen du jour.

J'étais vidé, de toute énergie, de toute volonté à faire quoi que ce soit. J'avais passé la nuit à tourner, et à me retourner dans ce lit, chez Nesham, à penser à tout, et à penser à ça, surtout à ça. Sans savoir si c'était réel ou juste le fruit d'une paranoïa que je ne me connaissais pas. On avait abusé de moi, enfin, Adam, un jeune homme que j'avais rencontré dimanche soir, et avec qui apparemment j'aurai fini la nuit. Je ne me reconnaissais pas dans ces actes, car, même si je n'étais plus vraiment avec Yaël à ce moment là, je savais que j'en aurai été incapable. J'avais vu cette poudre blanche, dans mon verre hier, et j'avais peut être comprit. Incertain, ce matin, j'avais été chercher Gayle pour nous rendre à l'hôpital, pour récupérer Jake, taisant mes angoisses. Je les avais laissé quelques instants pour aller faire une prise de sang, je n'aurai les résultats que dans l'après-midi. Durant la journée, j'avais du faire face, me montrer souriant, confiant, comme on a l'habitude de me voir, mais je me sentais sale, brisé. Gayle était parti, et j'avais eu ce coup de fil. La paranoïa s'était tue, laissant place à la certitude. Ils avaient trouvé des GHB dans mon sang, parmis toutes les autres conneries que j'avais ingurgité. J'avais laissé seul Jake sur sa batterie et était parti m'enfermer dans mon bureau. Yaël devait passer, et je devais lui dire. Ce que je fis, laissant mon amant quitter la pièce avec un désir de vengeance dont je redoutais les actes qu'il allait engendré. C'est alors que je me mis à parler avec Gayle, son couple battait de l'aile. Et n'était plus. Je soupirais, et proposait à la jeune femme de la voir. Elle refusait mais quelques heures plus tard, me demandait de passer. Je fis un détour par l'épicerie où j'avais mes habitudes, plus ou moins légales et me présentais devant chez la jeune femme, frappant timidement à la porte attendant qu'elle m'ouvre.

L'abandon est la pire des sensations que j'ai pu connaître à ce jour, et pourtant, je devais faire avec l'abandon d'Arnora. Et encore, elle ne connaissait que la partie extérieure de l'iceberg, pas la partie que je cache à tout le monde depuis quatre ans. Elle ne savait pas que Simcha était mon fils, et pourtant, il fallait que je lui avoue à un moment donné. Simcha, cet enfant que je suis incapable d'assumer seule, même avec Blake. Simcha, cet enfant que je balade souvent sous l'identité d'un petit frère adoptif, et il sait bien pourquoi je fais cela, parce que je lui ai expliqué qu'il ne pouvait pas m'appeler maman en dehors de chez mon père et en dehors de nos sorties avec Jake et Blake. C'est plutôt compliqué, ma vie. Et pourtant, je fais toujours comme si tout était simple. Finalement, j'entendais toquer à ma porte pendant que mes pensées divaguaient devant les conneries que la télé nous fait gober. J'me levais, titubant un peu -beaucoup- jusqu'à ma porte d'entrée pour ouvrir à mon bro. Tu m'empêches de faire des conneries ce soir. dis-je en me décalant de la porte, lui tendant mon téléphone. Il devait bien comprendre ce que j'entendais par là. J'retournais vers mon canapé en faisant en sorte de marcher le plus droit possible, mais c'était assez compliqué.