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is it too deep for you ? (gaïa) i'll be fine once i'll get it, i'll be good
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| | Ven 6 Juin - 20:39 | |
| On ne s'était pas revues depuis la dernière fois. L'électricité flottait constamment dans l'air, frictionnait mes nerfs à chaque fois que son visage de porcelaine se dessinait dans les méandres de mon esprit. Des nausées m'ont tordu l'estomac lorsque j'ai appris qu'elle s'était mise en couple. Avec un homme qui plus est. Le paradoxe entre ses mots et ses actes m'a laissé dans une confusion nébuleuse et envahissante que j'ai fini par enterrer sous mon égo. Je me suis certainement retrouvée à genoux, étranglée par une injustice vomitive et une colère obscure. L'impuissance m'avait complètement paralysée et je n'ai rien su faire, à part observer via son profil Facebook ses démonstrations d'affection. Bien incapable d'y faire face en réalité. Des désirs assassins se sont emparés de mes bas instincts. J'aurais voulu l'étriper. Elle, celle qui osait me faire ressentir ce genre d'émotions. J'aurais voulu l'anéantir entre mes phalanges crispées sous la furie. Les premiers jours suite à cette nouvelle ont été orageux et maladifs. Et du plus loin que je me souvienne, jamais personne ne m'avait mise dans cet état. Au bout d'un moment, la déception et la tristesse ont modifié la vision parfaite que je m'étais faite à son sujet. Gaïa a perdu de mon estime et ce sentiment n'a fait que s'accroître lorsque je me rappelais des moments que nous avions partagés et qui, aujourd'hui, ne valaient absolument plus rien pour elle. Durant cet engloutissement, Rome est arrivée dans mon existence un peu étrangement. Son aura presque éteinte sous les essoufflements s'est incrustée dans mes rétines acides et sa présence s'est posée sur mes blessures comme un baume réparateur. Grâce à elle, mes pensées se sont rassemblées et j'ai réussi à dépasser le stade de la colère, de la désillusion et de mon égoïsme. Gaïa se perdait dans le bonheur et la retenir n'aurait fait qu'empirer notre relation, déjà chaotique. J'ai lâché les armes. Sans doute car je n'ai jamais été le genre de femme à me battre pour n'avoir aucun résultat. Aucun intérêt ne découlait de cela. Aucun. J'avais décidé de continuer à vivre ma vie, tout simplement. Mes fiançailles m'ont revitalisé. À présent, je respirais mieux. Beaucoup mieux et la douleur dans le bas de mon ventre avait même fini par disparaître. Salazar est un homme charmant et plus j'en apprenais à son sujet, plus j'en venais à l'apprécier. Pourtant, les esquisses de sa silhouette restaient bloquées en moi, au cœur de mes chimères. Elle vagabondait comme un fantôme à l'intérieur de mes ventricules cardiaques. Et j'avais beau me forcer à la haïr, Gaïa restait tatouée aux particules de ma peau et elle ne cessait de créer en moi un manque funeste et mélancolique. J'en été arrivée à ce point pour elle. Pour elle qui ne le méritait certainement pas. Et je m'en sentais clairement pathétique. Je devenais ce que je haïssais le plus au monde par faiblesse pure et simple. Ma fierté sauvait les apparences, m'empêchait de trop sombrer dans la stupidité sentimentale.
Chaque pas qu'elle faisait de plus avec lui m'éloignait d'elle et j'avais cette angoisse, profondément refoulée en moi, qu'un jour il soit trop tard pour notre histoire. Histoire... L'idée même de ce mot me faisait rire ironiquement. Nous n'avions jamais eu d'histoire et nous n'en aurons sans doute jamais. Pourtant, j'étais face à ce bâtiment du SoMa, qui paraissait à l'abandon et éloigné du reste de la ville. Le ventre légèrement en vrac en raison de ce stress que je n'osais pas m'avouer. J'avais presque failli abandonner cette idée, le ridicule coulait dans ma gorge comme un poison. L'effusion de mes pensées tentaient de me convaincre. Au pire des cas, elle n'accepterait pas. Et ça ne serait pas la fin du monde. Je me préparais au pire pour me rassurer alors que les contradictions hurlaient dans ma boîte crânienne. J'attrapais mon paquet de Marlboro light, en sortais une cigarette et la coinçais entre mes lèvres pour l'allumer et inspirais profondément la nicotine. Je l'expirais quelques secondes laissant mes craintes se dissoudre comme la cendre de mon bâton cancérigène. Dos contre le mur, je m'acharnais à réduire les tensions en les dominant. Mes entrailles se déchiraient entre elles et la patience frustrait les cadavres de mes souvenirs. Je finissais ma cigarette après de longues minutes alors qu'elle arrivait enfin. Mes poumons se contractaient furieusement alors que mes prunelles s'enroulaient à nouveau autour de sa silhouette après quelques longues semaines. Elle décide de me regarder à son tour et je lui souris malicieusement alors qu'elle arrive finalement face à moi. Merci d'être venue. C'est avec une voix calme, presque lisse de toutes émotions que je m'adresse à elle. Je me redresse un peu, pour me tenir droite en ouvrant mon sac à main pour en sortir un de mes foulard à la couleur du sang. Je me positionne alors derrière elle afin de lui bander les yeux. J'ai une surprise pour toi. Tu es prête ? L'odeur particulièrement envoûtante de ses cheveux se faufile dans mes narines alors que mon muscle moteur se crispe. Je me déplace pour attraper sa main et enlacer nos phalanges. Son contact me fait frissonner mais je décide d'ignorer ce sentiment. Je vais te guider jusqu'à elle. Il faut que tu me fasses confiance. |
| | | | Dim 8 Juin - 13:22 | |
| Mon cœur, se serrant de plus en plus, il allait bientôt être temps pour moi de quitter mon appartement, pour redécouvrir son visage, qui s'embrumait dans mon esprit. Je venais de me mettre en froid avec Noah, à cause de cette décision que j'avais prise, d'aller la voir, elle. Quelque chose me poussait sans que je le veuille, à m'aventurer, expérimenter à nouveau cette douleur exquise qu'est sa présence. Mes pulsions masochistes venaient de refaire surface avec Svetlana, pourtant j'avais tout fais, pour me protéger, d'elle, de ce tourbillon d'émotions incontrôlables engendrées par un simple regard de sa part, un simple mot prononcé, le son de sa voix qui me faisait vibrer de plaisir lorsqu'on se retrouvait. J'allais me jeter dans la gueule du loup, sans aucun regret. Les battements de mon cœur s'intensifiaient, une anxiété qui m'étouffait, mais à laquelle j'allais probablement aisément m'habituer. Je ne pensais même plus à cette surprise, mais à l'effet que ça allait me faire de la revoir. Surtout suite à ces paroles de Rome, qui m'ont noyé dans un chagrin atroce. Savoir que Svetlana avait souffert, et qu'elle souffrait, venait de rompre le sommeil de ce volcan enfoui en moi. M'aimait-elle réellement? Je ne l'avais jamais entendu me le dire, même avant que je ne me mette avec Noah. Pourtant, il ne fallait pas que je m'en soucie, j'étais heureuse comme ça.. n'est ce pas? Comblée de bonheur avec mon petit ami, mais il y avait toujours cette corde qui m'attachait avec force à cette fille aux cheveux dorés, que j'avais tant adulé, et que j'adulerais probablement pour l'éternité.
Je me hâtai à m'habiller, faisant attention, malgré moi, à mon aspect physique, me maquillant légèrement et portant une robe bleue. Une couleur que Svetlana, appréciait. Tous ces efforts étaient faits, sans que je n'en aie conscience. Je soupirai, avant de prendre la route pour SoMa. Garant ma voiture en face de l'immeuble. Je fis rentrer cet air frais dans mes narines, expirant ensuite, avant de me décider à sortir de mon habitacle, pour aller rejoindre la blonde de mes peintures les plus érotiques, après ces deux mois d'absence, elle était devenue un fantasme que je pouvais contempler de temps à autres à travers mes tableaux, ou ses photos dans le réseau social. J'étais enfin là, juste en face d'elle, je ne sentais plus mes mains, mes jambes, et encore moins cette pompe cardiaque exploitée jusqu'au bout. Merci d'être venue. Je n'osais pas vraiment la regarder, de peur d'être aspirée par cette tension qui nous liait l'une à l'autre. Elle venait de mettre un foulard sur mes yeux, le fixant autour de ma tête, je ne comprenais pas trop ce qu'il se passait, mais j'étais prête à la suivre, pour assouvir ma curiosité, qui me rongeais de l'intérieur depuis plusieurs jours déjà. Je vais te guider jusqu'à elle. Il faut que tu me fasses confiance. Je hochai ma tête, prête à découvrir cette surprise. |
| | | | Lun 9 Juin - 15:54 | |
| La revoir, sentir sa main dans la mienne après avoir enduré l'enfer de son absence infligeait à mon cœur la morsure violente des remords. Intérieurement, je suffoquais face à la force puissante et étouffante de mes sentiments envers sa personne. J'aurais voulu capturer ce moment dans l'éternité. Ne plus jamais me détacher de sa présence et faire taire toutes les voix qui nous éloignaient l'une de l'autre. Autrefois, j'aurais craché sur les saignements délicieux qu'elle provoque en moi constamment mais aujourd'hui, j'apprends à aimer cette douleur car elle me rappelle que moi aussi, je suis un humaine. Un cœur qui souffre et un cœur qui bat. Et dans ce cataclysme émotionnel, Gaïa me faisait grandir. Le temps des mensonges était fini. Du moins, pour moi et même si elle n'en avait pas encore conscience et qu'elle refoulait l'ardeur de passion qui ronge nos entrailles, je m'appliquais à lui faire comprendre que oui, je l'aime. Que cette armure d'acier qu'est ma peau fond sous ses caresses et qu'il ne suffit que de son regard plongé dans le mien pour que le désir me consume littéralement. Nous ne faisions pas partie de ces contes de fées. Bercés par les illusions d'un amour sans blessures et éternel. La souffrance définissait notre solidité et ce sont toutes les guerres vécues qui me poussent à l'aimer toujours un peu plus. Encore et encore. Jusqu'à ce que mon souffle disparaisse. Peu importe la douleur, tant qu'elle ne m'oublie pas. Tant qu'elle garde en elle, les constellations de notre idylle imparfaite. Raturée et abîmée au possible mais tellement sincère que ça m'a explosé à la figure plus d'une fois. Il paraît qu'on ne vit ce genre d'amour qu'une fois.
Mes sentiments sont dissimulés, cachés derrière un épais brouillard de confusion auquel Gaïa croyait dur comme fer. Ma froideur habituelle et mon indifférence apparente ne lui donnaient pas la possibilité de prendre conscience des tremblements de terre qu'elle provoquait dans mon monde. Elle déstabilisait mes plus grandes murailles d'un battement de cil. Elle avait le pouvoir de pulvériser mon cœur si elle le désirait mais la pureté de son innocence et l'odeur addictive de sa sincérité l'en empêchaient. Un pincement au cœur faisait ralentir ma respiration alors que l'angoisse soulevait de nouvelles vagues immenses au creux de mon estomac. En silence, j'inspirais profondément l'entraînant à l'intérieur du bâtiment pour la faire entrer à l'intérieur de l'ascenseur. J'appuyais ensuite sur le bouton du dernier étage, ne troublant aucunement la lourdeur du silence partagé avec l'artiste. Elle n'avait pas encore prononcé un seul mot alors je fouillais dans ma mémoire afin d'y trouver les éclats de son rire, la douceur de sa voix au réveil. J'en venais alors à repenser aux derniers mots qu'elle m'avait dit lorsqu'on s'était vu chez elle. Les phrases se rejouaient dans ma tête, tournaient comme dans un manège. Je décidais de lâcher sa main lors de l'ascension, me mettant dos contre la surface de l'habitacle. Je la fixais alors qu'elle se tenait droite, au centre. Mes prunelles voyageaient sur ses courbes pour remonter le long de sa colonne vertébrale. Elle portait une robe bleue. C'était une couleur dans laquelle j'aimais me perdre et qui me rappelait celle de ses iris. À défaut de la toucher, mon regard la dévorait entièrement. Je retenais mes gestes. Uniquement par respect.
Lorsque l'ascenseur s'arrêta, je reprenais mes esprits. Soupirant légèrement face aux émotions qui traversaient ma chair affamée. Je reprenais sa main tendrement, caressant légèrement de mon pouce la surface accessible de cette dernière puis j'entrais à l'intérieur du loft. J'avançais encore sur quelques mètres pour qu'on se retrouve finalement au centre du lieu. Je me rapprochais à nouveau d'elle, ne laissant que quelques petits centimètres entre nos deux visages, je retirais ensuite le foulard pour qu'elle puisse observer tout autour d'elle. Voilà. Si tu le souhaites, tout ceci t'appartient. Je dis d'une voix claire et sûre. J'ai juste besoin de quelques signatures. Les papiers sont sur cette table. Terminant ma phrase, je lui montrais du doigt l'endroit où se trouvait les documents.
Cela faisait presque deux mois que j'avais pris la décision d'offrir ceci à Gaïa. J'ai donc entièrement retapé ce loft pour le transformer en atelier artistique, même si l'endroit pouvait aussi être utilisé comme domicile vu qu'il était équipé d'une cuisine, d'une salle d'eau et qu'une chambre se trouvait à côté de celle-ci. J'avais choisi cet endroit car il était extrêmement spacieux et incroyablement lumineux. Je l'ai nettoyé, meublé et même plus ou moins décoré selon ce que je pensais de Gaïa et comment je la percevais. Tout l'endroit avait été aménagé en fonction de ce qu'elle est. Le coin atelier emplissait la globalité de l'endroit. J'ai fait appel à un ami peintre afin d'acheter les toiles encore vierges et la fourniture nécessaire pour que la brune puisse créer à son aise. La création de cet endroit m'avait permis de compenser le vide qu'elle avait laissé derrière elle pour moi après qu'elle se soit mise en couple avec son petit ami. Il m'avait aussi permis de ne pas détruire son image et de me donner le courage de me battre pour elle, même lorsque je n'en avais plus vraiment la force. Je sais que tu louais un petit atelier et que tu as décidé de partir à Los Angeles afin d'en avoir un plus grand. Je sais que tu t'en vas pour avoir plus d'opportunités aussi mais je tenais vraiment à t'offrir cet endroit malgré tout. Je reste un peu silencieuse avant de reprendre. Je me suis beaucoup impliquée dans sa création. C'était un endroit abandonné et vide à la base. Le créer m'a aidé... Après que tu te sois mise en couple, je veux dire. Je voulais aussi te prouver ma sincérité en te l'offrant. Je n'avais pas l'habitude de m'exposer de cette façon mais il fallait vraiment qu'elle comprenne à quel point c'était important. Mais je comprendrais si tu décides de refuser. C'était peut-être la première fois que je me montrais vulnérable face à elle. Je détournais le regard pour fixer un mur, ce mur, sur lequel j'avais collé des polaroids qu'on avait pris ensemble, elle et moi, lorsqu'on se fréquentait encore. Je souris instinctivement car cette vision me rassure et je pointe mon doigt vers les photos. Je t'ai même laissé un souvenir de moi, au cas où tu m'oublierais. Je lui dis en riant doucement. |
| | | | Lun 9 Juin - 20:48 | |
| Un amour meurtri par nos ressentiments, les miens et probablement ceux de Svet. Je me considérais maudite, je maudissais mon existence, ma naissance, et surtout le fait de me retrouver dans une telle impasse. Bloquée entre deux murs, aucune issue possible. Alors peu importe, ce qui pourrait arriver, ce que le futur nous réservait à toutes les deux, j'allais profiter de ces rares instants, où l'on était que toutes les deux, où plus rien ne semblait réellement compter. Chacune avait déjà sa vie, mais j'ai toujours su que je serais son esclave, mon esprit a décidé de se soumettre sans que je ne le veuille, et ce depuis notre premier échange, notre première rencontre, nos discussions approfondies sur la vie, ce qu'elle aimait, ce que j'aimais, et cette alchimie inexpliquée qui me retenait toujours prisonnière, avec ce sentiment de nostalgie bien encré en moi. Je m'imprégnais de ce contact, de son odeur, espérant pouvoir me remémorer ces détails lorsque je me sentirais suffoquer, par peur de ne plus jamais la revoir encore une fois.
Je serrai un peu sa main, ces petits gestes inconscients, survenaient, sans que je ne le veuille. Un silence pesant entre nous dans l'ascenseur, on avait l'habitude de se parler, de communiquer, de rire, je n'aurais jamais pensé qu'il était possible pour toutes les deux, de nous retrouver dans une telle situation. Savoir qu'elle était fiancée, m'empêchait de me fondre dans ces rêveries, mon engagement avec Noah aussi. Je lui avais fait cette promesse, et il fallait que je m'y tienne. Peut-être qu'il valait mieux chasser toutes ces chimères de ma conscience, peut-être qu'il valait mieux ne plus la revoir aussi. Pour éviter de faiblir, et de trahir mon petit ami. Je sentais son souffle chaud se poser sur mes lèvres, les caressant, j'avais peur qu'elle m'embrasse, je n'avais aucune idée de ce que pouvait être cette fameuse surprise. Je n'essayais même pas deviner, sinon j'allais avoir une crise d'angoisse. Je profitais simplement de sa présence, tant que je le pouvais. Le foulard venait de quitter mes yeux, alors je m'étais pourtant habituée à cette noirceur qui avait enveloppé tout mon champ de vision. Mes iris s'excitaient, se dirigeant vers chaque recoin de la pièce, je m'attardais sur chaque détail, je devinais qu'il s'agissait d'un atelier, un très bel atelier, luxueux, voire même un loft. Le silence se rompt. Voilà. Si tu le souhaites, tout ceci t'appartient. Mon regard se figea vers elle. Mes yeux auraient pu sortir de leur orbite si cela était techniquement possible. Je sentais mon souffle se saccader, je ne pouvais prononcer aucun mot. J'ai juste besoin de quelques signatures. Les papiers sont sur cette table. Son index pointant vers les documents en question. Je ne comprenais pas. Je n'y arrivais pas.
Je sais que tu louais un petit atelier et que tu as décidé de partir à Los Angeles afin d'en avoir un plus grand. Je sais que tu t'en vas pour avoir plus d'opportunités aussi mais je tenais vraiment à t'offrir cet endroit malgré tout. Je restais pensive, me demandant s'il ne s'agissait pas d'un rêve, si tout ceci était réel. Je ne pouvais plus rien bouger, chaque parcelle de mon corps était immobile, incapable de m'exprimer, de dire quelque chose, d'interpréter ce geste.. Rome aurait donc raison? Svet avait des sentiments pour moi. Ils venaient de se concrétiser plus que jamais, à travers cette surprise. Je n'ai jamais eu l'occasion de lui prouver réellement à mon tour. Je me suis beaucoup impliquée dans sa création. C'était un endroit abandonné et vide à la base. Le créer m'a aidé... Après que tu te sois mise en couple, je veux dire. Je voulais aussi te prouver ma sincérité en te l'offrant. Je ne me sentais pas digne d'un tel amour, j'avais cette forte envie de l'enlacer, de la remercier, de pleurer dans ses bras, mais au lieu de ça, je restai figée sur place, à essayer de réaliser ce qui venait d'arriver. Mais je comprendrais si tu décides de refuser. Je remarquai avec stupeur, nos polaroids à toutes les deux, ces images représentatives de notre passé, de ce lien, que j'ai détruis avec mes doutes. Je m'approchais de ces photos, la main tremblante, pour les contempler, avant de me tourner vers Svet, les yeux brillants. Je voulais retenir ces larmes, mais peut-être n'allais-je pas y arriver. Je.. Svet.. vraiment? Je posai la paume de ma main sur mon front, un battement de cils, et mes joues se mouillent à cause de mes larmes. Râclant ma gorge, je ne savais pas quoi dire, mais je voulais lui épargner tout ce stresse. Je.. je ne mérite pas ça. Que..que tu fasses autant d'effort pour moi.. Je m'empressais ensuite de prendre sa main, pour la rassurer. Je ne voulais pas qu'elle souffre d'avantage. Merci Svetlana. Mais.. je ne sais pas si je peux accepter. Je ne peux pas refuser non plus, je ne veux pas que tous ces efforts soient vains, je suis juste trop troublée, pour décider quoique ce soit. J'ai du mal à réaliser.. tu comprends? |
| | | | Jeu 12 Juin - 0:59 | |
| Les brisures évadées de ma sincérité imprègnent les murs, le sol et toutes les choses emplissant cet espace. L'amalgame de mes émotions caressait l'air que Gaïa respirait à l'instant même. Ici, je me suis perdue et abandonnée ; prise par la brutalité fatale d'un destin impérieux. Mes empreintes sulfureuses et salées se sont enfoncées dans les méandres imperceptibles des draps, sur l’épaisseur des toiles vides d'imaginaire. Dans un silence assassin, j'ai modelé les creux et les ai concrétisé avec cette vérité effarante que je n'arrivais pas totalement à accepter. L'impact irrépressible de cette femme sur mon existence. Les cadences aliénées de nos émotions unifiées. Notre chaos, aussi obscur et brûlant soit-il, pouvait avoir la beauté d'un ciel étoilé et la douceur d'un Éden inaccessible, parsemé d'oxymores et de paradoxes sentimentaux. La magnificence s'ajustait pour nous et se faisait engloutir par les flammes inassouvies de nos plaies béantes. Vivre les maux, s'écorcher l'âme sous la brise de souvenirs écrasés par le présent... Le vide comblé par ces meurtrissures que je n'avouerais jamais à voix haute. J'aurais voulu qu'elle voit, toutes ces journées vécues sans elle à mes côtés. Tous les secrets imbibés d'artifices que j'avais gardé dans mes entrailles pour préserver son sourire et son bonheur nouveau. Face à tout ce que j'avais ressenti en ces lieux, je ne pouvais rester que muette. L'aphonie, purement et simplement car elle ne sait pas. Elle ne saura certainement jamais.
Elle est complètement figée, complètement pétrifiée alors que le désordre qui s'abat à l'intérieur de mon ventre ne fait que s'agrandir au fur et à mesure. Mon cœur vibre contre mes tempes alors que mon esprit s'éprend de vertiges impossibles, de faiblesses abîmées par ces heures trop longues passées à l'aimer malgré moi. J'aurais voulu la dissiper à jamais, l’enfouir au plus profond de la terre à l'intérieur du cercueil contenant mon muscle moteur. Mais tout ceci n'existait pas. Les divagations qui m'emportaient ne sont que rêveries et affreuses fantaisies. La réalité a planté ses crocs dans mes poumons, tâchant l'ivoire de ses canines de mon vermillon sanguin. Mon rire déstabilisé finit par se perdre en échos troublés par mes nerfs qui s'affolent furieusement. Elle se met à bouger, avançant jusqu'au mur entièrement recouvert de ces photographies nostalgiques et pleines de mélancolie indéchiffrable. Les disposer, une après une, m'a fait comprendre à quel point nous n'étions pas inconnues, à quel point elle avait traversé mon existence comme un ouragan. J'aurais voulu pouvoir lui dire ces choses, la folie démente qui me tient liée à elle. Sans que je ne l'ai jamais décidé réellement, sans que je ne puisse jamais m'en défaire. Nos molécules s'étaient mélangées et en partant, elle avait arraché une part de moi.
C'était cette vérité que je refusais de révéler. Cette ignoble vérité qui me faisait perdre l'équilibre instable dans lequel je me complaisais. Aujourd'hui, j'ai perdu mon chemin. Égarée dans des reflets qui m'appartiennent mais que je ne comprends absolument plus. Gaïa a tout saccagé et m'a retiré le contrôle parfait que je m'étais appliquée à entretenir durant de longues années. Mon impassibilité frissonnait face aux brises d'émotions exacerbées. Je me sentais au bord de l'overdose. À mi-chemin, entre la fin et le début d'une ère que j'ai toujours refusé d'atteindre. Finalement, après de longues minutes silencieuses, quelques mots maladroits franchissent le seuil de ses lèvres. Mes sourcils se fronçaient légèrement alors que des larmes apparaissaient, recouvrant alors la pâleur de ses joues. La suite de son discours me laissait perplexe. Lors de notre dernier appel téléphonique, elle m'avait bien fait comprendre qu'elle ne croyait absolument pas à son importance pour moi. Ce loft était ma façon de lui prouver le contraire. Il a été crée dans dans ce seul et unique but. Elle revint vers moi, tremblante et confuse, puis s'empara de ma main pour la garder dans la sienne. Elle termine de s'exprimer et je soupire légèrement, en reprenant un peu plus confiance en moi. Je comprends parfaitement. Prends les papiers avec toi lorsque tu partiras. Tu as le temps de réfléchir. Rien ne presse. Je dis d'un ton calme. Mon regard la fixe longuement jusqu'à ce que je finisse par me rapprocher d'elle à nouveau. Je reprend ma main avant de poser les deux sur son visage, essuyant à l'aide de caresses ces larmes que je déteste tant. Cesse de pleurer, tu veux ? Ma sincérité me trouble. Je me sens vaciller à travers tout ce que l'on peut se faire subir au quotidien.
Non, je ne m'attendais pas aux miracles. Non, je refusais ces faux espoirs sucrés qui ne feraient que me lacérer un peu plus. Je refusais de croire qu'un jour, nous pourrions être ce que nous étions lorsque les photos du mur ont été prises. Tout ceci était loin dernière nous et Gaïa vivait sa vie en étant heureuse et satisfaite. Je voulais juste lui faire comprendre qu'elle n'était pas un néant à yeux. Qu'elle aurait pu devenir le monde si elle le désirait et que moi aussi, j'aurais été capable de la rendre heureuse malgré ma personnalité acide. Mais elle en avait décidé autrement et je me devais de le respecter. Je m'avance encore un peu, me perdant dans son regard magnifique et finit par poser mes lèvres sur son front avant de me détacher, coupant alors notre brève étreinte, ne me laissant qu'une sensation d'oppression intense. Viens. Il faut que je te montre une dernière chose. Laissant apparaître un sourire enjoué sur mes lèvres, je marche jusqu'à la grande baie vitré pour tirer les rideaux de mousseline afin de l'ouvrir. Je passe le seuil alors que Gaïa me suit, toujours silencieuse et troublée. Je tenais absolument lui montrer la terrasse installée sur le toit de l'immeuble, ainsi que la vue merveilleuse. Regarde un peu le ciel, ça t'apaisera. Et ça m'apaisera très certainement aussi. Mes prunelles se perdent dans les nuances orangées du soleil couchant, elles caressent le coton des nuages et la brûlure de mes sensations diminue. Je suis bien ici et je suis heureuse qu'elle puisse partager ce moment avec moi. Tu me manques beaucoup Gaïa.. Mon regard est toujours perdu dans les esquisses célestes alors que ma voix me paraît lointaine à nouveau. Elle transpirait la vérité, pour une fois. |
| | | | Jeu 19 Juin - 1:10 | |
| Je la regardais elle, seulement elle à ce moment là. Mes pupilles sûrement dilatées jusqu'à leur limite, ma vue embrumée par cette buée qu'avait créé mes larmes. Ma gorge serrée, m'empêchait de respirer normalement, ces visions de nous deux s’enchaînaient dans ma tête à un rythme effréné. Sa présence avec moi, me semblait si irréelle, pourtant je sentais bien ses mains froides, nos yeux arrivaient toujours si aisément à communiquer entre eux. Un langage que personne d'autre ne pouvait comprendre. Je me haïssais à la faire autant souffrir, à être si égoïste, pourtant je ne pouvais faire autrement. Nous étions toutes les deux dans différentes cages, une muraille invisible nous séparait, et je pouvais simplement tenter de la faire vivre dans mon esprit, grâce à mon imagination qui ne s'épuisait jamais, calquée sur mes nombreuses toiles. Aller à Los Angeles était alors la meilleure décision à prendre, nous avions toujours ce besoin constant de nous fuir, d'être éloignées, de souffrir. Pour s'en vouloir ensuite, et sentir cette tempête émotionnelle planer sur nous. Notre amour était et sera toujours notre plus grande fatalité. Nous n'étions pas faites pour être ensemble, et elle en a eu conscience bien plus tôt que moi, lorsque je m'acharnais toujours à vouloir la garder pour moi, lorsque j'étais encore prête à me battre corps et âme pour la conquérir. Cette seule phrase, a eu pour effet de tout briser en moi, cette seule phrase avait tailladé chaque petite lueur d'espoir qui illuminait mes pensées.
Je comprends parfaitement. Prends les papiers avec toi lorsque tu partiras. Tu as le temps de réfléchir. Rien ne presse. Mes yeux rivés sur nos polaroids, je n'avais pu réellement m'en défaire. Je m'imprégnais de ce moment comme je le pouvais, j'avais bien conscience que cela ne reproduira sûrement plus jamais, chose qui me lacérait violemment le cœur. Peut-être que j'aurais dû abréger ses souffrances et les miennes aussi, mais je n'y parvenais pas et peut-être que je n'y parviendrais jamais. Ses mains glacées posées sur mes joues, m'apaisaient. J'eus ensuite droit à un baiser assez bref sur mon front, avant d'entendre sa voix à nouveau. Viens. Il faut que je te montre une dernière chose. Elle laissait apparaître sa denture si parfaite, ce sourire pour lequel j'aurais pu tout faire, mais le destin en a voulu autrement, pour une raison qui m'étais encore inconnue. J'étais curieuse de voir sa dernière surprise. Elle ne faisait jamais rien à moitié, j'aurais aimé la prendre dans mes bras, mais les circonstances ne le permettaient pas, ce serait bien trop déplacé peut-être. Pourtant, j'en mourrais d'envie. Regarde un peu le ciel, ça t'apaisera. Nous nous étions retrouvées dans cette terrasse, mais, à vrai dire, je ne pouvais réellement me concentrer, parce qu'elle était là. Je ne faisais que profiter de sa présence, tant que je le pouvais. Je fixais le ciel, soupirant légèrement. Cette injustice que nous vivions devenait de plus en plus palpable à ce moment là, un carnage sentimental nous liait désormais, et cette situation resterait sûrement inchangée. Tu me manques beaucoup Gaïa.. J'osai finalement poser mes yeux sur elle, pour de bon, l'espace de quelques secondes avant de reporter mon attention vers ce ciel un peu grisonnant. Tu.. me manques aussi Svet. Beaucoup. Enfin.. tu le sais. Je prenais mes aises dans cet endroit, contemplant quelques fleurs. Donc.. hm, pourquoi une telle surprise? pourquoi ce loft? c'est un très gros investissement que tu m'offres.. et je ne pense pas le mériter.. pas après ce que je t'ai fais Svet. |
| | | | Lun 23 Juin - 17:23 | |
| Ces poussières de moments volés étaient tout ce qui nous étaient autorisé. Mes iris confuses absorbaient les lueurs chaudes du soleil mourant et en silence, ma réalité s'effondrait sous la chaleur des souvenirs suaves que nous nous étions échangés. Tout cela me paraissait si loin à présent. Insaisissable et utopique. L'usure de mon corps ne cessait de s'accroître sous le poids des derniers événements. N'était-ce pas ironique ? Moi, la fille impassible, à l'indifférence acérée n'était plus qu'un tas de lambeaux pathétiques. Les cris s'étouffaient à l'intérieur de mes poumons. Ma seule fierté était de ne rien laisser paraître, de garder la tête haute, même si elle n'était qu'à deux doigts de s'enfoncer dans les abîmes d'un océan brutal et marmoréen. D'épaisses racines entourant mes chevilles, me tirant toujours un peu plus vers le fond de quelque chose qui n'a jamais été concret. Était-ce vraiment moi ? Lorsque mes pupilles blessées se posaient sur la silhouette fine de Gaïa, tous nos maux s'engouffraient à l'intérieur de ma trachée. Jusqu'à m'en couper le souffle. Jusqu'à défigurer tous les espoirs imaginés ; tristes chimères d'une histoire que l'on ne pourra jamais vivre ensemble mais qui reste malgré tout accrochée à nos lèvres, sur le bout de nos langues inassouvies. Alors où allons-nous vraiment si ce n'est que vers la fin ? Depuis quelques semaines à présent, je n'ai fait qu'essayer d'effacer. De diluer les illusions torrentielles auxquelles j'ai bien failli succomber. Gaïa ne m'avait pas laissé le temps. Son impatience et mon hésitation nous ont toutes les deux entraîné dans une situation impossible à résoudre et à présent, nos mains autrefois perdues l'une dans l'autre perdaient de leur consistance. Notre ensemble devenait transparent, laissant place à d'autres personnes. Deux nouveaux visages qui comblaient l'absence et les plaies béantes. On s'oublie.
Nos sentiments devenaient secrets. S'efforcer à s'arracher. S'obstiner à nous éreinter. Mourir par crainte d'une histoire trop grande. Trop tout. Peut-être était-ce notre seul crime. Je me sentais dépassée, par nos jeux incessants et blessants. Les prises auxquelles je m'accrochais auparavant ne semblaient plus suffisantes. À présent, je restais coincée dans un entre-deux atroce, que je ne pouvais pas supporter. Ni émotionnellement, ni corporellement. La lassitude égrène mes fragilités et plus le temps passait, plus l'idée d'arrêter s'incrustait à l'intérieur de mon esprit. Les notes frêles de sa voix rattrapaient mon attention. Je tournais légèrement la tête, laissant un regard subjectif parcourir son corps de haut en bas. J'étais censée le savoir... Oui mais ce n'était pas le cas. Je doutais sincèrement de l'importance de mon absence dans sa vie. À présent, je n'arrivais plus à la croire mais je décidais de ne pas soulever sa phrase. Je te l'ai dit. Son regard tourné vers les fleurs, je m'autorisais à fixer les traits de son visage lointain. Un léger silence nous entourait à nouveau. Le genre de silence que je n'aurais jamais cru possible entre nous. La fraîcheur de nos rires, notre complicité chaleureuse étaient belles et bien mortes à cet instant. Pourtant, je la trouvais toujours aussi belle et élégante, entourée d'un charme énigmatique et sibyllin. J'aurais voulu la serrer contre moi, éteindre tous les creux que le temps parsemait à l'intérieur de nos âmes mais à quoi bon ? Je voulais que tu saches que tu es... Notre présent ? Non, nous appartenions au passé. Elle me l'a bien fait comprendre. Que tu étais importante. Je voulais que tu le saches avant qu'on disparaisse. Je tentais de me rassurer, de me dire que ce n'était qu'une question de temps, qu'un jour la douleur ne sera qu'un mauvais souvenir et que mes regrets s'en iront comme ils sont venus. Et puis je sais à quel point l'art est essentiel à ta vie. Je sais que tu t'y accroches et qu'il t'apaise, peut-être mieux que les gens. |
| | | | | | | | is it too deep for you ? (gaïa) | |
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