Je fixe l’immeuble, les fenêtres, celles de l’appartement de Frankie. Je sais pas quelle heure il est, j’m’en fou. J’arrive pas à dormir comme toujours alors j’suis partit marcher dans le quartier la clope au bec. L’air frais est censé faire du bien, ça m’a seulement fait réfléchir encore plus à trop de trucs. Des trucs auxquels j’ai pas super envie de penser généralement. J’ai atterrit là sans trop réfléchir, j’me suis laissé guidé par mes pas surement. Et comme toujours quand je réfléchis pas trop, ça fini par elle. Faut toujours que je me retrouve attiré par elle, vers elle. Je peux pas expliquer pourquoi ni comment, c’est comme ça et j’arrive toujours pas à m’y faire depuis le temps. Meme quand on était ensemble je comprenais pas pourquoi elle me faisait cet effet, pourquoi elle et pas une autre ? C’est con mais c’est comme ça. Y’a qu’elle que j’aime. Et puis, je me dis que c’est peut-être le moment. Gaia ma prend la tête depuis des semaines pour que je lui parle sérieusement, que je lui explique pourquoi je veux pas divorcer et tout le reste. J’suis pas assez courageux pour ça, j’suis capable de rien face à Frankie. Je jette mon mégot par terre et m’avance vers son allée, les mains dans les poches. J’ai encore ma gueule de zombie, c’est pas beau à voir, elle est habituée à me voir comme ça de toute façon. Je monte les escaliers en me demandant si j’ai vraiment envie de faire ça, si j’ai vraiment les couilles de tout lui dire. J’les ai pas mais je me force. Je suis enfin devant sa porte, y’a plus que ça qui nous sépare, avec nos engueulades. Je pense à Katie, je pense au futur bébé. Je prends une grande inspiration, je suis déjà mal alors qu’elle est pas encore là. Aller Khris, sois un homme pour une fois. Plusieurs coups à la porte, j’espère qu’elle est pas là en fait. J’aimerais qu’elle soit partie voir je sais pas qui avec Katie et que je tombe sur ma cousine.

elle sort katie de son bain, qui avant même d’avoir eu le temps de sécher et partie courir dans tous les sens dans l’appartement. sur ce coup, frankie baisse les bras. elle la laisse vaquer à ses occupations. elle rêve d’une cigarette. ou d’autre chose. mais katie est là. elle baisse les yeux vers son ventre qui commence vaguement à s’arrondir. et il y a quelqu’un d’autre… elle regarde l’heure sur son portable. elle remarque alors que gaia n’est pas là, quand elle voit katie qui continue de courir partout en l’appelant. ça la fait sourire. katie s’est vite habituée à gaia et vice versa. frankie était contente d’avoir pu compter sur elle à son retour à san francisco. certes elle était la cousine de khris, mais elle avait toujours sur faire habilement la part des choses. et puis, elle était devenue le lien entre frankie et khris. c’était un rôle difficile, frankie en avait conscience. mais nécessaire. désormais il n’y avait plus que gaia pour les lier. et ce bébé dans le ventre de frankie qui grandissait doucement. elle soupire. pourquoi ils s’étaient enfoncés dans une nouvelle aventure aussi compliquée ? elle était impossible, khris et frankie n’était plus ensemble et ce bébé ne méritait pas ça. parfois, elle regrettait de ne pas avoir avorté. mais jamais elle n’aurait pu. elle avait déjà perdu un bébé de khris, ce qui avait causé leur perte, jamais elle n’aurait accepté d’en perdre une deuxième volontairement.
vers vingt et une heure, elle réussi à coucher katie et souffle un peu. toute seule c’est compliqué… elle se jette sous la douche et en profite pour réfléchir un peu. en sortant elle séche pas ses cheveux, parce qu’elle n’a pas le courage, elle enfile un legging et un débardeur gris clair trop grand. c’est à ce moment là quelqu’un frappe à la porte. elle regarde l’heure. il est presque vingt-trois heures. elle fronce les sourcils, surprise. elle va ouvrir. son cœur lâche. khris. elle pince les lèvres et le regarde. qu’est-ce qu’il fait ici ? elle le laisse entrer et ferme la porte derrière lui. « katie est déjà couchée, désolée. » elle dit.

Je sais pas ce que j’espère, qu’elle me pardonne surement. Pour tout le mal que je lui ai fait, pas seulement depuis notre séparation mais depuis toujours. J’ai jamais été le copain parfait, ni le père parfait et encore moins un bon mari. Je sais rien faire bien, on sait rien faire bien. Je veux plus qu’elle m’en veuille, je veux qu’elle m’aime comme avant. Je voudrais qu’on revienne à cette période heureuse qu’on avait eu avant qu’elle perde le bébé. On avait réussi à avoir un peu de calme dans nos vies, loin des ennuis de San Francisco. Mais faut croire qu’elle et moi on peut pas vivre sans s’attirer des problèmes. Comme si on avait pas le droit d’être heureux, ou de l’être ensemble du moins. J’aurais peut-être du la laisser se casser avec l’autre Italie à deux balles. La porte s’ouvre, Frankie. Le cœur qui bat plus, le mal de ventre, la gorge sèche. Toujours les mêmes effets quand je me retrouve comme un con devant elle. Elle me laisse entrer et ferme derrière-moi. Je peux plus reculer maintenant. « katie est déjà couchée, désolée. » Je m’y attendais de toute façon, pour ça que je suis venu à une heure aussi tardive. J’aurais moins de mal à tout déballer si notre fille était pas dans les parages. « C’est pas elle que je suis venu voir, c’est toi. » Elle doit surement croire que je suis là pour signer les papiers du divorce, je lui avais bien dit que je les signerais jamais pourtant. « Tu veux bien m’écouter cinq minutes sans péter un câble ou un de tes trucs habituels ? » Si je dis ça c’est parce que je la connais, elle serait capable de tout comprendre de travers et de s’énerver sur ma gueule pour rien. C’est pas ce que j’ai prévu pour ce soir, vraiment pas. J’ai envie de fumer une clope, ça calmerait peut-être mes nerfs, j’ai le ventre en vrac. Je regarde celui de Frankie, le bébé, notre bébé. Je remets mes envies à plus tard et essaye de me calmer comme je peux. « Assis-toi, s’il te plait. » J’ai l’air sérieux pour une fois, je le suis vraiment. Je veux pas tout foirer, pas cette fois.

le voir là remuait son estomac. tellement qu’elle avait envie de vomir. elle était déjà prête à pleurer. putain, frankie t’es vraiment une lavette. elle se ressaissit rapidement. au moins en apparence. il était là. khris était là. dans son appartement. et il ne pouvait y avoir que de raisons pour sa présence : katie mais elle était couchée et elle était persuadée qu’au fond il le savait ou bien les papiers du divorce qu’il s’était décidé à signer. elle voulait déglutir. il allait signer. enfin. enfin ? allez savoir… elle pensa à gaïa et tout ce qu’elle avait pu lui dire à propos de khris. elle savait que la brune avait tout fait pour les rapprocher. vainement. khris et frankie étaient bien trop têtus pour écouter qui que ce soit. même gaïa et sa force de persuasion. et il était là. elle restait silencieuse. « c’est pas elle que je suis venu voir, c’est toi. » sa voix l’électisait. elle ne disait toujours rien. « tu veux bien m’écouter cinq minutes sans péter un câble ou un de tes trucs habituels ? » elle ne pu retenir un petit sourire. il la connaissait vraiment par cœur. elle se contenta de hocher la tête. elle remit ses cheveux en place et restait là sans bouger, sans vraiment le regarder, parce qu’il était lui et que c’était trop dur de le regarder sans qu’il soit à elle. « assis-toi, s’il te plait. » il avait l’air tellement sérieux que sa la perturbait fortement. elle s’exécuta. elle posa une main sur son ventre. elle pensa à ce bébé. leur bébé. leur deuxième chance. frankie approchait doucement de cette période où elle avait fait sa fausse couche. elle flippait. oui. mais silencieusement. sans rien dire à personne. elle se disait que si elle ne disait rien, elle pourrait éloigner le mal. même si khris et elle n’était plus ensemble, ce bébé était le leur. et lui comme elle savait ce que ça représentait. katie était le parfait exemple. et frankie voulait ce deuxième enfant. avec ou sans khris même si ce serait plus dur sans lui. « tu veux boire quelque chose ? » ils étaient cordiaux, c’était tellement étrange. mais il voulait lui parler. elle ne pouvait rien dire. elle avait promis de rester calme.

Je suis pas bien là. Vraiment pas bien. Je sens mes mains déjà moites qui commencent à trembler. Le nœud dans mon estomac se resserre et j’ai du mal à déglutir. Mais plus je la regarde plus je me dis que ça en vaut la peine. Je fais pas cet effort pour rien, je le fais pour elle et moi, pour katie, pour le futur bébé. J’ai envie de la serrer contre moi et de ne plus jamais la lâcher. Je veux plus que quelque chose de mal lui arrive. Je me sens coupable de ce qui lui est arrivé et je me pardonnerais jamais de ce que j’ai fait. Je l’ai abandonnée et voilà le résultat. Je veux plus que personne la touche, un client, un mec, un connard qui la prendrait comme proie. Je veux la protéger, protéger notre famille, assumer enfin mon rôle. Père, mari. Je sais pas si j’en suis capable, mais pour elles j’essayerais tout du moment qu’elles sont heureuses. « tu veux boire quelque chose ? » Je fais non de la tête, faut qu’elle arrête de s’agiter comme ça, ça me déconcentre. J’suis clean en plus, je me suis forcé pour ce moment. Faudrait déjà que j’arrive à lui parler. Je regarde le sol un moment, je cherche mes mots. Ca fait des semaines que je cherche mes mots. « Frankie.. » Non ça fait trop sérieux, trop tard. « J’suis qu’un putain de connard, ok ? J’ai merdé plein de fois, trop de fois. » Je me perds dans ce que je dis, c’est n’importe quoi. « J’ai jamais voulu tout ça, qu’on soit séparés, qu’on s’en veuille autant. Je me suis pas marié avec toi pour que ça finisse comme ça. J’t’ai promis de rester avec toi pour toujours Frankie et je le pensais vraiment. » Je lève les yeux vers elle, j’essaye de calmer ma respiration. « J’en peux plus de cette situation… Maintenant je te laisse le choix. » Est-ce que je vais vraiment le dire ? « Je t’aime et si tu veux bien pardonner ma sale gueule alors on se quittera plus jamais. »

frankie n’arrivait pas à savoir ce qu’elle ressentait. elle n’arrivait pas à savoir si ça lui plaisait de savoir khris ici. elle n’avait pas vraiment le temps de réfléchir à tout ça, si on y pensait. il était là, point. elle n’avait plus le choix, aucun échappatoire. bon. elle était prête à l’affronter. vraiment ? elle n’avait pas d’autre option, alors oui. elle s’était assise, sagement, comme une enfant à qui son papa avait demandé d’exécuter quelque chose. « frankie.. » il s’était assis près d’elle. elle leva les yeux vers lui. elle avait promis de se taire. « j’suis qu’un putain de connard, ok ? j’ai merdé plein de fois, trop de fois. » elle cligna des yeux, un peu perdue. ce n’était pas du tout ce à quoi elle s’était attendue, à vrai dire. elle était assez perturbée. « j’ai jamais voulu tout ça, qu’on soit séparés, qu’on s’en veuille autant. je me suis pas marié avec toi pour que ça finisse comme ça. j’t’ai promis de rester avec toi pour toujours frankie et je le pensais vraiment. » frankie déglutit. elle n’arrivait pas à comprendre. ou alors elle n’était pas sure de comprendre ce qu’il fallait. ça semblait être des excuses. mais elle ne s’attendait pas à ça. plus maintenant. « j’en peux plus de cette situation… maintenant je te laisse le choix. » elle ouvrit grand les yeux. quoi ? quel choix ? il était pas sérieux ? « je t’aime et si tu veux bien pardonner ma sale gueule alors on se quittera plus jamais. » sa tête commenca à tourner. ses oreilles bourdonnaient. « je t’aime, je t’aime, je t’aime… » ça résonnait dans sa tête. c’était tout ce qu’elle entendait. elle ne pensait plus entendre ces mots. et il était là. il lui balançait ça comme ça. « t’es pas venu signer les papiers… » souffla-t-elle doucement, comme une constatation. elle détourna les yeux. elle essayait de réfléchir. mais elle n’y arrivait pas. il lui avait dit qu’il l’aimait. khris l’aimait. encore, toujours. et il se pointait comme une fleur pour lui balancer ça. elle tourna doucement la tête vers lui, assis à coté d’elle sur ce canapé. d’un mouvement brusque elle passa a califourchon sur lui et commença à frapper de toutes ses forces sur son torse. ça la défoulait. un flot de larmes envahis alors ses joues. elle frappait sans s’arrêter mais le plus silencieusement possible pour ne pas réveiller katie. une fois épuisée elle laissa ses bras tomber le long de son corps, le visage barbouillé de larmes. elle leva les yeux vers lui. elle était essoufflée. elle n’arrivait à rien dire. elle se contentait de le regarder. lui. il était beau. elle l’aimait.

La peur au ventre je me dis que je vais crever sur place. C’est pas la première fois que je fais une déclaration du genre à Frankie, c’est loin d’être la première fois même. Mais c’est pas ça qui change les choses, je garde toujours la même appréhension qu’elle me dise qu’elle veut pas de moi, plus de moi. J’me souviens encore de la première fois que je lui ai dit « Je t’aime », j’avais aussi cru mourir sur le coup. Elle me fixe pendant tout mon monologue, j’arrive pas à la regarder. Elle est belle, trop belle pour que je la prenne pas dans mes bras. Trop elle pour que je lui lance pas des « ne me quitte pas » et des « je serais l’ombre de ton ombre, l’ombre de ton chien ». J’attends qu’elle réagisse, qu’elle dise quelque chose. Qu’au moins elle ne reste pas plantée là, les yeux sur moi. « t’es pas venu signer les papiers… » Je fronce les sourcils, choqué. C’est tout ce qu’elle trouve à dire après ça ? Je viens pas de lui dire un truc banal. Je viens de m’excuser comme une merde et de lui avouer que je l’aime toujours. Je m’attendais au moins à ce qu’elle se mette à me hurler dessus, ça me surprend qu’elle réagisse comme ça. Je lève les yeux vers Frankie, elle a l’air perdue, comme si elle y croyait pas trop. J’avoue que j’y aurais pas cru non plus, j’me serais foutu un coup de poing à sa place. Sans que j’ai le temps de faire quoi que ce soit elle se retrouve sur moi, ses petits poings me donnent des coups un peu partout sur le torse. C’est qu’elle frappait fort malgré tout. J’me laisse faire, faut dire que je le mérite. Je vois qu’elle pleure, je supporte pas de la voir comme ça. Je supporte pas le fait qu’elle pleure par ma faute et pourtant je compte plus le nombre de fois où c’est arrivé. Elle finit par s’arrêter, à bout de souffle, les joues inondées. Je reste silencieux face à elle, mes yeux dans les siens et j’essuie doucement ses larmes. « Si tu veux plus de moi.. j’comprendrais, tu sais. » Si elle voulait plus de moi j’irais me pendre, c’est ça la vérité. J’ai la gorge sèche et ma voix tremble, j’ai envie de la serrer contre moi pour me rassurer mais je me doute que j’ai pas le droit. « Réponds-moi maintenant, j’ai besoin de savoir… » Je veux pas lâcher son regard, je peux pas de toute façon. Elle peut pas me dire qu’elle me veut plus, j’y survivrais pas, pas cette fois.

elle était essoufflée. l’impression d’avoir couru un marathon. ou deux même. c’était l’effet khris. elle s’y était habituée. elle se contentait de subir ses boyaux qui se tordaient quand il était là. son souffle qui devenait irrégulier quand il la touchait. son cœur qui s’arrêtait quand il la regardait. elle ne pouvait rien faire. elle l’aimait et malgré tout, malgré toutes les galères, elle l’aimerait jusqu’à la fin. elle le savait. lera le savait. gaia le savait. toutes les deux lui avaient dit. frankie avait essayé de faire la sourde oreille. de faire comme si khris n’existait plus. mais elle n’avait pas réussi. elle aurait aimé retrouver quelqu’un, oublier khris avec un autre. mais aucun n’était assez bien, aucun n’était ‘lui’. et puis elle s’était fait violer et elle avait été incapable de laisser qui que ce soit la toucher. personne, à part lui. lui qui avait réussi une nouvelle fois à faire grandir en elle un symbole de l’amour qu’ils se portaient malgré tout. comme si c’était le destin. khris essuya ses joues noyées de larmes. « si tu veux plus de moi.. j’comprendrais, tu sais. » elle ne disait rien, elle se contenta de baisser les yeux. elle n’y croyait pas. « réponds-moi maintenant, j’ai besoin de savoir… » frankie releva ses yeux qui se retrouvèrent noyés dans les siens. son cœur, comme à son habitude, rata un battement. elle ne pouvait pas résister à ça. résister à khris. khris en train de lui dire qu’il l’aimait. c’était tout ce qu’elle demandait. elle restait silencieuse, une minute. peut-être plus, peut-être moins. elle ne savait pas. le temps n’existait plus. ses yeux plongés dans les siens, elle oubliait tout le reste. d’un geste rapide, pour pas qu’il ait le temps de s’en rendre compte et pour pas qu’elle ait le temps de regretter, elle entoura son visage de ses mains et plaqua de toutes ses forces ses lèvres contre les siennes. elle ne pleurait pas, pour une fois. elle ferma les yeux assez fort pour voir à l’intérieur de ses paupières des taches blanches. elle embrassait khris comme si elle allait mourir la seconde d’après. elle ne se souvenait pas l’avoir embrassé comme ça depuis des mois. elle sentait la chaleur, qu’elle avait perdu à leur rupture, envahir à nouveau son ventre. frankie serra les bras autour du cou de khris. « me laisse plus… » dit-elle d’un ton suppliant.

Est-ce qu’elle allait me pardonner toutes mes conneries ? Toutes ces fois où je l’ai déçue, où je l’ai laissée tomer parce que j’étais pas assez courageux. Je peux que prendre mes jambes à mon cou face au bonheur, je sais pas faire autrement. Parce que j’ai trop peur qu’on m’enlève ce qui me rend heureux, ce qui me tient encore en vie. Fuir et mettre fin aux choses en premier c’est toujours plus facile que d’affronter la réalité et rester sans trembler. Mais moi je tremble trop vite. Je demande pas grand-chose, je veux juste qu’elle m’aime. C’est égoïste mais c’est comme ça. Je pourrais jamais supporter de la voir avec un autre que moi. Frankie et moi on s’appartient, pour toujours, dans ma tête du moins. J’ai l’impression que les secondes durent des heureux et je me dis que je préfèrerais rester bloqué à cet instant pendant des années. Frankie sur moi, toute proche, même si elle pleure. Rester dans ce moment d’incertitude où elle ne m’a pas encore dit qu’elle et moi c’est fini pour de bon. Ses yeux rougies et ses joues mouillées, comment j’ai fait pour qu’elle soit un jour amoureuse de moi ? Cette fille parfaite mais torturée, à moi. J’avais réussi à lui faire arrêter ses conneries juste pour mes beaux yeux, elle avait même accepté de m’épouser. Alors pourquoi on en est arrivés là, ça aurait du bien se passer. J’attends toujours qu’elle me répond, j’ose toujours pas la regarder, j’ai peur de lire sa réponse dans ses yeux. Ses mains se posent sur mes joues et en une fraction de seconde ses lèvres s’écrase contre les miennes et je me sens revivre. Mes bras font le tour de son dos pour la serrer de toutes mes forces contre moi. J’ai l’impression qu’on s’est jamais embrassés avant, que tout ce qui appartient au passé est moins fort que ce que je ressens pour elle à cet instant. Frankie recule son visage et je fais de même à contrecœur. C’est pas possible d’aimer quelqu’un aussi fort. « me laisse plus… » Je lève timidement les yeux vers elle. « Promis. » Frankie et moi, enfin réunis. Je pourrais crever de bonheur si c’était physiquement possible. Je la prends dans mes bras encore une fois, mon visage se retrouve étouffé dans ses cheveux et son odeur me fait tourner la tête. « T’oublie pas de me dire un truc ? » Je sais que c’est con mais je lui ai dit je t’aime, je veux ma réponse.