| Jeu 24 Avr - 1:38 | |
| Dans le silence de l'appartement, l'obscurité devient ma perfusion. J'écoute la trotteuse de l'horloge crisser dans le désert qui m'entoure étrangement. Il est tard et mes paupières ne sont toujours pas fermées. Je laisse l'ennui saccager ma sérénité et les impossibles naviguent au creux de mes néants. Le temps m'absorbe dans sa monotonie jusqu'à ce que je décide de mettre ma veste et d'aller faire un tour dehors, sous la lumière diffuse des lampadaires écorchés. Les routes sont sinueuses et la fatigue transperce doucement mes veines. C'est un peu sans le savoir que je roule jusqu'à chez Utz. Mon ombre. Ma peur. Mon plus grand frisson. Dans notre noirceur, nos émotions hallucinées berçaient notre passion. Je m'étais livrée, complètement abandonnée à ses murmures étrangers pour finir enterrée sous la masse opaque de son atrocité. Les vibrations qui nous reliaient portaient en elles des secrets muets et invisibles pour les autres. Nous étions les seuls à connaître les méandres abîmés qui parsemaient notre histoire. Je m'arrêtais devant chez lui, immergée par une totale confusion et marchais jusqu'à sa porte comme une funambule sur son fil fragile et tremblant. J'appuyais sur la sonnette et patientais. Toutes pensées éteintes, toutes envies détruites. Vide ou engloutie par le néant. |
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| Sam 26 Avr - 11:51 | |
| il rôde, tu le sais. tu peux le sentir. il grogne. il réclame et tu devrais agir. il attend. il s’impatiente. tu fermes les yeux un instant et prends une profonde inspiration. non, tu as promis. tu ne ferais plus de mal. la fenêtre libère une puissante brise qui vient brièvement te remettre les idées en place. l’espace d’une demi-seconde. plus de conneries que tu t’es dit, plus de conneries. on fait plus de mal. tu t’en souviens pas. tu sais pas, tu sais plus. t’es paumé, merde. enfant du diable qu irecherche la redemption, pas sur que tu l’obtiennes. t’es pas sur de la vouloir. merde, tu sais plus. tes pensées se perdent dans un imbroglio que tu controles plus. les synapses de ton cerveau sont déconnectés. on sonne. t’attends personne. peut-être meme qu’il y a personne. la sonnerie retentit encore une fois. t’ouvres les yeux. et sans même en prendre conscience, t’es à la porte. svetlana. le vide se fait dans ton esprit. tes entrailles hurlent d’un plaisir lancinant. tu l’aggripes par le bras et la fait entrer et refermant la porte derrière elle, tu la plaques sur celle-ci. tu t’enivres de sa fragrance, te perds dans les méandres de sa chevelure et de la douceur de son cou où une veine palpite violemment. « tu voulais te replonger dans le passé, je crois bien… » le prédateur est de sortie. |
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| Sam 26 Avr - 22:31 | |
| Devant sa porte, je fais face à des années tordues de silence. Avec le cœur au bord des lèvres et l'envie fiévreuse de faire machine arrière. Lorsqu'ensemble, nous étions le feu et qu'un incendie irradiait le moindre creux de nos carcasses humaines. Ma mémoire en carrousel me donne des vertiges, trouble ma vue et modifie mes sens. Je perds le fil des réalités. Il m'ouvre, m'agrippe et me plaque contre la matière rigide du bois. Je me laisse faire telle la gamine fragile que j'étais autrefois. Entre ses mains, mon être devient l'argile qu'il peut modeler selon ses désirs. Je lui appartiens et le reste n'a plus d'importance. Retour violent du passé. Tout a commencé avec lui. Contre lui. L'effluve du danger, l'adrénaline intoxiquée de nos jeux irascibles et cette perdition qu'on a aimé, dans laquelle on a fini par étouffer. À présent, la brûlure de son souffle s'attache à l'étendue orpheline de mon cou en reprenant ses droits sur ce corps qu'il a touché et transpercé en premier alors que moi, je sens l'intérieur de mes entrailles bouillonner d'éréthisme. Le cœur et le sang s'affolent ; leurs vibrations créent des bourdonnements cacophoniques dans mon cerveau et l'air se diffusant dans ma trachée accélère son rythme. C'est dur de résister à l'appel. Je murmure, en laissant l'agressivité des frissons provoqués me dévorer l'échine. Ensuite, vient le désir de son corps contre le mien. De simplement le toucher, de le laisser s'infiltrer au plus profond de moi-même. Comme une maladie virale, impossible à freiner. Les quelques centimètres séparant nos visages m'enlisent dans l'attraction animale qui nous relie l'un à l'autre comme une évidence. Mon regard enlace le sien et entre mes reins grandit la peur. La peur de sa violence, de ses morsures et des fractures qu'il peut causer si aisément en l'espace d'un battement de cil. Pourtant, le tremblement de mes mains ne les empêche pas de se glisser sous son haut, de le rapprocher toujours un peu plus de mon corps affamé. Je maudis cette emprise autant que je l'adule. Je le maudis, lui et tout son être, capable de me faire ressentir ces vagues libidineuses en quelques secondes, à peine. Sans oublier cette sensation impossible à décrire, que je croyais à jamais disparue. Je l'embrasse, avec une violence décharnée. La collision caressante entre nos langues ne fait qu'aggraver l'addiction alors que mes ongles s'enfoncent doucement dans sa chair. Son regard est toujours aussi lourd mais je le soutiens sans vraiment savoir comment. À l'intérieur, j'y vois des monstres et des cauchemars, je sens mon muscle moteur se paralyser sous la terreur qu'ils enfoncent dans ma gorge. Un peu haletante, je coupe l'embrasement de nos lèvres pour violenter les siennes de morsures subversives. Tu y résistes, toi ? Le regard toujours enfoncé dans le sien, mes ongles continuent leur trajet dessinant avec une fausse douceur, l'esquisse de futures entailles. |
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