T'avais enfilée un jeans short et un simple débardeur large. On pourrait croire que t'aller à la plage, mais non. Toi, Appoline, t'avais décidée de sortir, d'aller faire la fête comme tout le monde. T'étais seule, tu voulais tâter le terrain avant de te lancer sur une pante trop glissante.  Tu voulais pas que tes amies aient honte de toi, puisque tu serais trop prude, pour changer. T’accélères le pas, t'avais entendu dire qu'il y avait un bar assez cool dans le coin. Tu pensais pas que tu te retrouverais dans un quartier paumé avec des gens bizarres à tout les coins de rues. Tu comprends alors rapidement que tu t'es tout simplement perdu. Tu te retiens d'éclater en larmes, mais qu'est-ce qu'il t'a prit de vouloir sortir seule ? T'étais même pas capable de te rendre à un bar sans te perdre. Gamine. Et le pompon dans tout ça, c'est que t'avais froid, comme jamais. Tu t'arrêtes deux secondes, tu cherches quelqu'un qui te met en confiance, rien que physiquement. Quelqu'un qui pourrait t'aider, te donner l'adresser, t'indiquer le chemin. Tu vois personne comme ça. Tu te retiens maintenant de lâcher un cris, mais tu te ressaisis. Ça sert à rien, tu t'attireras encore plus d'ennui si tu fais ça. Tu reprends ta route, sortant de la poche de short l'adresse du bar tout en regardant le nom de la rue. En tout cas, t'es sûr qu'il ne se trouve pas ici maintenant, mais il ne doit pas être très loin, tu supposes. Tête baissé, tu fonces dans une ruelle sombre et puis, tu regrettes aussitôt d'y avoir mis les pieds. Deux grands gars faces à toi, tu sais que c'est des mecs à leur voix, ils t'appellent. Tu n'iras pas les voir, non, surtout pas. Après avoir prit une grande inspiration, tu continues ton chemin, comme si de rien n'était, jusqu'à ce que l'un des deux attrape ton poignet. « Qu'est-ce qu'une jolie fille comme toi viens faire dans une ruelle, le soir ? », tu réponds pas. T'as la boule à la gorge, le sang glacé par la peur. Tu dis rien, t'as pas assez de cran pour l'envoyer chier. T'es qu'une gamine qui veut se faire passer pour tout le contraire. Tête baisé, t’espère en vain qu'il te lâche. Qu'il se casse, lui et son pote.

Tu le regardais, lui, cet homme que tu ne connaissais même pas. Lui, qui venait à ton secours. Tu dis rien, une fois tes poignets dégagés des mains d'un des gars. Tu te caches presque derrière lui, t'as peur, t'as encore le cœur qui bat à cent à l'heure. Tu croyais être fichu, terminé. Tu pensais que t'allais te faire violer, toi, Appoline. Tu t'étais imaginé une centaine de films, plus fous les uns que les autres. Ils partent, ils prennent la fuite. Tu soupires longuement, de soulagement. T'es soulagé, t'es presque contente, tu t'en es sortie. Mais tu te dis encore une fois que c'est uniquement de ta faute, si tu n'aurais pas voulue jouer ta grande, jamais ce serait arrivé. Que ça te serve de leçon, tu ne dois pas sortir seule. L'homme te fait face, sa main sur ta joue. Tu te dis que si tu serais pas dans un endroit sombre, il pourrait te voir rougir jusqu'aux oreilles, et à cette pensée tu rougis encore plus. Bon dieu. Si tu pouvais changer en un claquement doigt, tu serais bien heureuse. Tu n'aurais pas eu besoin d'aide, tu aurais envoyé ses gars balader en deux secondes. Et puis peut-être même que tu ne te serais pas retrouver là, rouge comme une tomate face à un inconnu. Faut croire que ça devenait une habitude chez toi, rougir devant des gars que tu connais à peine. Sidoine, maintenant lui. Sidoine.. tu te perds dans tes pensées, à cause de lui. C'est la même routine depuis qu'il est parti. Depuis que tu l'as laissé prendre ce qu'il avait de plus cher chez toi, ta virginité. Tu réalises toujours pas que tu fais tout ça juste pour lui plaire. T'essayes d'être plus ouverte, plus folle, plus libre. Moins dépendante. Toi, la gamine. Tu remets les pieds sur terre, relevant ton regard. « ça va.. je suppose. » Et puis tu dis plus rien. La timidité prend le dessus, et le fait que tu ne connaisses rien de lui joue la dessus. T'es pas du genre très sociable, à t'ouvrir à tout le monde. T'es limite un mur. Un gentil mur, ça compte ? « Merci.. Merci de m'avoir aidé. Je sais pas ce que j'aurais fait.. sinon. » Rien. Non t'aurais rien fait justement, tu te serais laissé faire, tel une gamine. Parce que c'est ce que t'es, une gamine qui essaye de prendre dix ans dans le crâne en une soirée.