15h. Je sors de la fac sous un putain de soleil. J'ai vite envie de rentrer chez moi et de m'enfoncer dans le lit. Cette journée m'a crevée, car une des premières que je passe sans sécher aucun cours. Grand exploit, je m'étonne moi-même. J'sais pas pourquoi j'ai fait ça d'ailleurs, sûrement pour essayer de penser à autre chose et me ôter des trucs de la tête. Alors je prends ma voiture, lunettes de soleil au nez, avant d'ouvrir une fenêtre, mettre la musique à fond et de rouler jusqu'à chez moi. Évidemment, je pense que le bon dieu ne voulait pas que je rentre aussi rapidement, car au démarrage d'un feu rouge, ma caisse ne voulait plus démarrer. Fallait que ça arrive aujourd'hui. « Putain... » je grogne en essayant plusieurs fois de tourner la clé sur le contact... impossible. Ok, ça m'énerve. Je tape violemment sur le volant qui met le klaxonne en route pour l'occasion. « Fait chier, fait putain de chier ! » je gueule pour moi toute seule, avant d'attraper mon smartphone histoire d'appeler le dépanneur. Puis je patiente, il arrive dans cinq minutes. Je fais quelques doigts d'honneur à des gens qui me klaxonnent. Sérieux, ils croient que c'est mon kiff de rester plantée devant un feu rouge ? Des cons. Jusqu'à que le type se pointe, embarque ma bagnole, et direction le garage. Putain, j'avais que ça à foutre sérieux. Mauvaise humeur bonjour. Descendant de la dépanneuse, je patiente un peu, avant que le type vienne me rejoindre, « Votre voiture est dans le box 6, vous pouvez aller attendre là-bas, y'a un mécanicien qui va pas tarder à la prendre en charge. » Je soupire et sans le remercier, je vais vers ledit box 6. En effet, ma bagnole y est, mais pas le pseudo mécanicien. Trouvant une chaise, je m'y installe, je croise mes jambes, et je sors mon smartphone pour jouer à candy crush. Et dire que je devais être déjà dans mon lit... putain.

Une autre belle journée que je vais passer sous une voiture dans une chaleur pas possible. Ce que je donnerais pas pour pouvoir traîner à la plage, tranquille, le cul dans le sable. Ah, mater les filles en maillot de bain derrière mes lunettes de soleil, bien loin de me prendre un coup de pied dans les couilles pour avoir jeté un coup d’œil à la marchandise. Mais non, mon boss est un tyran sans cœur qui ne craque pas quand je me mets à genoux et que je fais ma tête de chien battu trop mignonne. Fait chier. J'aurais du faire maître-nageur moi, ça c'est un boulot pour moi ! Au lieu de ça je suis mécanicien parce que c'est vraiment la seule chose que j'arrive à faire de mes mains. Je me prend une énorme gifle qui me fait ouvrir les yeux instantanément. « Je dormais pas promis chef ! » C'est la phrase qui sort de mes lèvres avant même que j'ai le temps de voir son visage. Il me dit que j'ai encore de la bave au coins des lèvres, je rêvais encore d'elle, merde. J'ai mal à la joue, mon patron est aussi fou que moi. Sûrement pour ça qu'il m'a toujours pas viré depuis le temps. Je sais bien que sinon je serais en train de me prostituer ou un truc du genre parce qu'il m'aurait foutu à la porte. Il me dit d'aller réparer une voiture qui vient d'arriver, j'ai encore la tête dans le cul. Après vingt minutes de travail je me retrouve déjà torse nu, transpirant et plein de graisse noire sur le corps. Je suis un cliché vivant. Deux heures plus tard j'ai fini et mon collègue arrive déjà pour me redonner du travail. « Box 6, une bombe tu verras ! » Je suis déjà tout excité, ça m'a remonté le moral de savoir ça. J'arrive au box et fait le tour de la voiture pour me retrouver en face d'elle. Nan mais sérieux. C'est quoi cette merde. « Alors comme ça, on casse sa bagnole ? »

Et j'attends, j'attends. Je joue à passer mon index sur l'écran tactile pour faire tomber les petits bonbons de candy crush. Je soupire. Putain, fallait vraiment qu'un truc pareil m'arrive. J'suis tellement concentrée dans mon jeu que je n'entends même pas si le mécanicien arrive. Et il a intérêt à se bouger le cul, sinon il va m'entendre. Parce que je suis sûre que cette merde je vais la payer cher, alors autant qu'il court vite jusqu'ici. Je réussis à passer mon niveau, youpi, ça m'arrache même pas un sourire. C'est juste quand j'entends cette voix. Une voix que je ne devrais même pas entendre, « Alors comme ça, on casse sa bagnole ? » Je relève ma tête, oubliant complètement mon jeu en cours. Et c'est là que je tombe nez à nez avec Dante. Putain sérieux. Et le mec à moitié à poil en plus, tout plein de trucs noirs sur son torse musclé. Putain musclé. Ok, là c'est sûr, j'ai bugué. Déjà parce que wtf, qu'est-ce qu'il fout ? Et puis deuxième wtf, pourquoi il est à moitié à poil ! « Qu'est-ce que tu fais là ? » je dis incrédule, alors que c'est une question idiote, je m'en doute de pourquoi il est là.

Je reste planté devant elle sans trop savoir quoi dire. Ça fait longtemps que je lui ai pas parlé, et je l'ai pas revue depuis notre engueulade. J'avais dit que je ne lui parlerais plus, je l'avais fait. Il fallait qu'elle tombe dans le garage ou je travaille pour faire réparer sa voiture. Soit j'avais pas de chance, soit c'était une question de karma. La seule fille qui m'ait jamais vraiment intéressé, que je ne peux pas avoir, faut que je la croise tout le temps. Je commence à croire que je suis maudit. Je me rappelle que je suis torse nu, tant pis, elle m'a déjà vu à poil hein, ne l’oublions pas. « Qu'est-ce que tu fais là ? » Elle se fout de ma gueule ou quoi ? J'ai l'air de faire quoi là, tout de suite ? « J'me fais cuire des pancakes, ça se voit pas ? » J'avais parlé froidement, je m'en rendais bien compte, mais c'était sortit tout seul. Fallait pas qu'elle s'attende à ce que je lui déroule le tapis rouge, j'avais encore trop mal au cœur pour sourire.

Putain, Dieu voulait vraiment me faire chier sur le coup. Pourquoi Dante, pourquoi c'était lui qui devait s'occuper de ma voiture, pourquoi c'était lui ?! Merde. Je repensais à Caleb qui voulait le tuer, et qu'il m'avait dit de m'en aller dès que je le recroiserai. Putain mais là, j'avais pas le choix, y'avait ma voiture au milieu de l'histoire, et pour m'en aller fallait bien qu'elle remarche ! Faux, remarque, je pouvais appeler un taxi ou pire prendre les transports en commun. Mais non, j'allais attendre sagement que ma voiture daigne bien remarcher. Putain... Voyant la tête de Dante, je me doutais bien qu'il avait pas trop apprécié ma question. En même temps... « J'me fais cuire des pancakes, ça se voit pas ? » Ok, il avait été pas sympa sur le coup. Et moi qui restais là, assise, à le regarder sans trop savoir quoi lui dire. Le mec qui me sort qu'il est amoureux de moi, et je sais pas quoi dire ! Bah ouais, c'est perturbant ce genre de truc. Dante est perturbant. Alors je tripote mon smartphone, « C'est bon, je savais pas que tu bossais ici... » je dis ça en guise de réponse.

Je pouvais pas partir, pourtant c'était ce que j'avais envie de faire. Si je disais à un de mes collègues sur ce coup là j'étais sur qu'ils allaient se branler sur elle cette nuit, et ça, je voulais pas. Déjà que je suis pas celui qui lui fait l'amour, je vais pas pousser mes porcs de collègues à rêver d'elle la nuit. Ou la journée, dans mon cas. Elle arrivait à me faire chier même en rêve. Nan mais, je tombe – par malchance – amoureux d'une seule meuf en vingt-cinq ans et faut que je tombe sur elle toutes les cinq minutes ? Je repense à notre conversation, elle sait que je l'aime, j'ai envie de me foutre des baffes. J'aurais jamais du lui dire, merci Magda pour les conseils ! Elektra joue sur son portable, comme si j'étais pas là. « C'est bon, je savais pas que tu bossais ici... » J'avoue que j'y suis allé un peu fort, mais j'étais en colère. Je lui en voulais de ne pas m'aimer, de ne même pas avoir sut quoi dire quand je lui ai avoué. « Tu t'en fous de toute façon... » je marmonne en espérant qu'elle ne m'entende pas et je soulève le capot de sa voiture pour voir ce qu'il s'y passe. J'arrive pas à me concentrer, elle est juste là. C'est pas des bonnes conditions pour travailler, je pense à tout sauf à ce que je suis censé faire là tout de suite. Je me concentre à fond en tripotant l'intérieur de sa voiture mais le silence est trop pesant. « Quoi de nouveau pour madame Elektra Keynes ? » J'avoue que je cherchais la merde.

« Tu t'en fous de toute façon... » il marmonne alors que j'ai entendu. Je relève la tête, voyant qu'il se tourne pour ouvrir le capot, alors je reste là, à le regarder sans vraiment pas quoi savoir dire sur le coup. En même temps il s'attendait à quoi ? Je suis en couple, je suis avec Caleb, je vais pas lui sauter dessus et lui dire que moi aussi je suis amoureuse de lui ! Non, je pouvais pas. Alors bon, il m'en voulait peut être, mais je pouvais pas faire autrement. Et ça me faisait chier, parce qu'à part ça, j'adorais notre relation, c'était vraiment un mec bien en fait. Mais je ne peux pas passer le cap de l'amitié, non, je peux pas... Alors je reste là, assise, à l'observer mais en faisant genre aussi je l'observe pas. Il bidouille l'intérieur de ma caisse, j'espère qu'il sait ce qu'il fait, en même temps, je peux que lui faire confiance, j'y connais rien ! Alors un silence passe, un peu gênant... jusqu'à qu'il l'ouvre. « Quoi de nouveau pour madame Elektra Keynes ? » Mes yeux qui s'étaient arrêtés sur l'heure qu'affichait mon portable, se lèvent automatiquement vers Dante. Il vient de dire quoi là ? Je fronce les sourcils, « Tu viens de dire quoi là ? » je demande, alors que j'ai très bien compris, « Tu le fais exprès ou c'est quoi le délire ? » j'ajoute, en rangeant mon portable dans le sac sans pour autant le quitter des yeux.

J'ai honte et je suis énervé. Honte qu'elle sache mes sentiments pour elle, je peux plus faire comme si j'en avais rien à foutre d'elle, puisqu'elle sait très bien que je l'aime. J'aurais du me taire et faire comme si de rien était. De toute façon Elektra allait me briser le cœur, elle préférait rester avec Caleb parce que c'était de lui qu'elle était amoureuse et pas de moi. Tout ce qu'elle allait faire était me faire souffrir. Et je sais pas pourquoi je m'attendais à autre chose en lui avouant tout, j'avais l’espoir qu'elle me choisisse moi. « Tu viens de dire quoi là ? » J'ai toujours la tête dans sa voiture et je veux pas la relever. « Tu le fais exprès ou c'est quoi le délire ? » Je soupire, j'ai pas envie de lui parler. Je sors ma tête pour la regarder. « Quoi ? C'est pas vrai ? T'es pas amoureuse de lui peut-être ?» J'arrive pas à lui sourire et faire comme si rien ne s'était passé entre nous depuis tout ce temps. Je lâche enfin son regarde pour revenir me concentrer sur sa voiture, qu'elle parte vite.

Ca m'énerve qu'il ait cette attitude envers moi. Ok il m'a sortit qu'il est amoureux de moi, et que je sais pas quoi, et merde, il veut que je fasse quoi ? Ca lui donne le plein pouvoir de dire ça ? Il attend que je casse avec Caleb pour venir me mettre avec lui ? Sûrement. Mais je peux pas faire ça, c'est aussi simple que ça. Malgré qu'on pense que je suis Elektra la pute qui baise tout le monde et qui n'a pas de sentiments, si j'en ai. Et j'ai découvert ça avec Caleb qui plus est. J'ai peut être pas beaucoup de valeurs, mais au moins j'en ai gagné une avec tout ça. Et je compte bien ne pas y renoncer. Je croise mes bras sur ma poitrine, attendant patiemment (voire impatiemment en fait) que Dante daigne relever la tête et me regarder pour répondre à ce que je venais de lui dire. S'il voulait jouer à ce petit jeu avec moi, ça allait pas aller plus loin. Déjà que ça m'énervait toute cette histoire. « Quoi ? C'est pas vrai ? T'es pas amoureuse de lui peut-être ? » Je lui lance un regard noir plissant mes yeux, alors qu'il refout sa tête sous le capot. Non, j'ai pas fini, et je le lui fais savoir en le poussant, mes mains sur son avant bras, pour qu'il vienne me regarder à nouveau. « Ok, j'ai compris que tu m'en veux ! Mais merde quoi Dante, je sais pas ce que tu veux que je fasse ! Dis moi ! » je m'exclame, scrutant son visage.

Qu'est-ce qu'elle voulait que je fasse d'autre ? Que je continue à lui parler normalement comme si de rien était ? Que je sourie à chaque fois qu'elle me parler de Caleb ? Qu'on soit tout simplement amis ? J'en étais incapable. Je ne pouvais pas faire l'hypocrite et agir comme si rien n'avait changé entre nous, je n'étais même plus capable de jouer notre jeu habituel. Parce que pour moi ça a fini d’être drôle au moment où je me suis rendu compte qu'elle était plus que ça. Plus qu'une distraction et plus qu'une file parmi tant d'autres. Elle était celle que je voulais et j'avais mit beaucoup de temps à le comprendre. La main d'Elektra s'accroche à mon bras et je la repousse immédiatement – et doucement quand même. J'ai pas super envie qu'elle me touche alors je lève les yeux dans sa direction. « Ok, j'ai compris que tu m'en veux ! Mais merde quoi Dante, je sais pas ce que tu veux que je fasse ! Dis moi ! » Putain, si j'étais pas un mec je me serais mit à chialer toutes les larmes de mon corps. Je sais pas ce que je veux, elle, mais à part ça ? Je suis plus capable de réfléchir à cause d'elle et ça me fait chier. « Putain mais je veux que tu me laisse tranquille ! Va voir ton connard de mec et laisse-moi vivre ma vie tranquille, tout allait très bien avant que tu viennes tout gâcher. » Et ça me faisait dire des conneries aussi.

Cette tension encore palpable entre Dante et moi. Avant y'avait une toute autre tension, celle de l'interdit, celle dont je ne devais pas céder, celle qui faisait que j'aimais lui interdire de me toucher ou quoi que ce soit. Mais ce petit jeu était terminé entre nous. C'était beaucoup plus sérieux maintenant, beaucoup plus... distant, froid. Et franchement, je trouvais ça nul. J'aimais bien notre relation d'avant, on s'entendait bien malgré tout ça. Et là je le sentais vachement énervé, froid. Il avait même rapidement enlevé ma main de son bras, c'est pour dire. « Putain mais je veux que tu me laisse tranquille ! Va voir ton connard de mec et laisse-moi vivre ma vie tranquille, tout allait très bien avant que tu viennes tout gâcher. » Ok, vraiment vraiment vraiment vénère. Et ça me laisse bouche bée tout ce qu'il vient de me débiter. Je reste là, à me mordre la langue, en soutenant son regard. « Avant que je vienne tout gâcher... Wow... » je répète dans un souffle, avant de reculer d'un pas, « Je suis une putain de pétasse alors. » je dis froidement en conclusion avant de me retourner pour aller m'asseoir sur la chaise de tout à l'heure, le laissant tranquille. Je retire néanmoins le surplus sur moi, me laissant en petit débardeur léger, parce que ouais, ça m'a donné chaud tout ça et si je dois attendre qu'il termine d'arranger ma voiture, j'ai le droit d'être à l'aise.

Ça me fait chier de devoir lui faire la gueule, elle et moi on s'entendait tellement bien. Notre jeu m'amusait et j'aurais voulu que ça ne s’arrête pas. Mais fallait que j'aille trop loin, comme toujours. J'ai pas pu tenir face à elle, je suis trop attiré pour garder mes mains loin d'elle. C'est un truc qui s'explique pas, je suis aimanté par elle. Puis je me suis rendu compte du pourquoi du comment, si j'avais tellement envie d'elle c'était pas seulement la faute de son physique. J'avais fini par apprendre à la connaître et je me suis attaché comme un idiot. Je savais bien qu'elle était en couple et qu'elle se foutait de ma gueule, qu'elle s'amusait à jouer avec moi. C'est facile quand c'est juste une attirance, ça a tout de suite été plus dur quand mes sentiments sont rentrés en jeu. « Avant que je vienne tout gâcher... Wow... » Je crois que je l'ai vexé, j'en ai marre. Je veux me sortir de cette situation, nous sortir de cette merde. « Je suis une putain de pétasse alors. » Elle s'en va pour s’asseoir et enlever sa veste. Je m’appuie sur le rebord de la voiture, l'évitant du regard. « C'est pas ce que j'ai dit. Je sais que c'est ma faute si c'est la merde. » Ouais, je m'excusais un peu.

Déjà que j'avais les nerfs à cause de ma caisse qui tombe en panne soudainement, maintenant il fallait que j'ai les nerfs à cause de Dante. Me dire que je lui avais gâché sa vie, ça me foutait un coup quand même. Genre j'avais fait exprès qu'il tombe amoureux de moi, jamais j'aurai envisagé qu'il se passe ça. Je me rappelle encore la première fois qu'il est venu me parler, en me disant limite qu'il se branlait sur mes photos. Jamais j'aurai cru que ça pouvait prendre des proportions énormes. D'habitude j'en ai rien à foutre de ce qu'ils peuvent penser de moi, qu'ils peuvent m'insulter, ça me passe au dessus. Mais là ouais, j'étais vexée. J'appréciais Dante malgré tout ça, et qu'il me balance tout ça à la gueule, c'était gonflé. Alors je reste là, croisant mes jambes, observant mes ongles pour ne pas le regarder. « C'est pas ce que j'ai dit. Je sais que c'est ma faute si c'est la merde. » Je relève le regard. Il regarde ailleurs lui, je reste un moment à le regarder, terminant par soupirer avant de reporter mon regard sur mes ongles, « On a rien prévu. C'est tombé comme ça. Je sais ce que c'est. » je dis machinalement, « Je comprends que tu veuilles plus me voir... alors termine d'arranger ma voiture et je t'assure que tu me reverras plus jamais. » j'ajoute... presque à contre coeur.

Putain j'ai rien demandé de tout ça moi, j'étais tranquille à me faire n'importe quel meuf et maintenant j'en veux qu'une seule. J'arrive même plus à sortir dans les bars pour me trouver une fille potable pour la soirée, parce que je fais que penser à Elektra. J'ai limite même plus envie de me faire Jordan. C'est arrivé si vite, j'ai pas eu le temps de dire « merde » que je me rendais compte que j'étais amoureux d'elle. Je pensais pas que ça se passait comme ça, je pensais que ça venait avec le temps. Pas vite comme un poignard dans le cœur. « On a rien prévu. C'est tombé comme ça. Je sais ce que c'est. » Ouais, je sais qu'elle sait, justement. « Je comprends que tu veuilles plus me voir... alors termine d'arranger ma voiture et je t'assure que tu me reverras plus jamais. » Je soupire et replonge mon attention dans sa voiture. « C'est pas que je veux plus te voir, c'est que je peux plus. » Je continue à arranger des trucs du coté du moteur en me disant que c'est la dernière fois que je la vois, et ça me fait chier.

Ca m'énerve. On dirait une rupture, alors que c'est loin d'en être une. Pourquoi il avait fallu qu'il me dise ça et qu'il m'embrasse ? Je pourrais plus agir comme avant avec lui, et ça me faisait chier. Ouais, ça me faisait chier. C'était un des seuls mecs avec qui j'étais amie et dont je n'avais jamais couché avec ou je n'avais eu quoi que ce soit, et il fallait qu'il me sorte qu'il me kiffe. J'allais péter un câble, c'était pas pour moi tous ces genres d'émotions. Fallait que je me reprenne, que je fasse la méchante Lektra qui n'en avait rien à foutre et qui passait au delà de tout ça, mais j'y arrivais pas. Et je crois que c'est ça qui m'énervait le plus, mon comportement. « C'est pas que je veux plus te voir, c'est que je peux plus. » Je ne réponds pas, je lui jette un coup d'oeil alors qu'il refout sa tête dans le capot de ma caisse. Bordel. Mes yeux glissent sur son torse nu où je m'y arrête quelques secondes. Quoi, n'importe quelle fille l'aurait fait. Puis je soupire, me retrouvant à regarder ailleurs pour mon bien personnel, « Caleb a failli venir te tuer. » je dis d'un coup en croisant mes jambes, « Il voulait vraiment te casser la gueule. Mais j'ai réussi à l'en dissuader. » j'ajoute.

Je me dis que je vais me remettre à coucher avec n'importe qui, encore plus qu'avant sûrement. Je sais pas quoi faire d'autre pour ne pas penser à elle. Je veux pas rester chez moi à déprimer, c'est pas la fin du monde non plus. C'est juste la première fille dont je tombe amoureux, et sûrement pas la dernière. Un jour je serais marié et j'aurais des gosses et je penserais même plus à elle. Je l'oublierais pas non, ça s'oublie pas ce genre de choses y paraît, mais j'aurais plus un pincement au cœur en voyant son visage quand je ferme les yeux. « Caleb a failli venir te tuer. » Je lâche un petit rire, j'en avais purement rien à foutre et j'avais pas peur de lui. « Il voulait vraiment te casser la gueule. Mais j'ai réussi à l'en dissuader. » Je m’arrêtes une seconde dans on travail pour relever la tête vers elle. « T'es fière de toi ? Tu t'attends à ce que je te remercie là ? » Tu soupires en te cachant une nouvelle fois. « T'aurais du le laisser me péter les dents, ptètre que j'aurais arrêté de penser à toi. » Tu l'avais marmonner, t’espérais qu'elle avait pas entendu.

On allait faire que s'engueuler. Je le savais. Il était furieux que je ne ressente pas la même chose, et moi tout ce truc m'énervait. Alors évidemment, quand y'a deux bombes qui se rencontrent, ça termine par exploser. Et j'avais quand même l'impression que ça finira par nous détruire, l'un comme l'autre, et que finalement on allait vraiment plus jamais se voir. De toute façon c'était la meilleure chose à faire... sans aucun doute. Je doutais pas une seconde qu'il se trouverait une autre fille à draguer, à aimer. Y'avait pas que moi sur Terre non plus... je chassais ces pensées de ma tête, parce qu'à vrai dire, j'avais pas vraiment envie de me mettre à penser à Dante avec une autre. J'attendais plutôt la réaction de Dante vis à vis de ce que je venais de dire, et ça ne tardait pas à venir, comme une bombe. Encore. « T'es fière de toi ? Tu t'attends à ce que je te remercie là ? » je fronce les sourcils, me pinçant les lèvres alors que j'essaye de me calmer mentalement pour ne pas exploser face à sa façon de me répondre. J'avais ramé de long en large pour empêcher Caleb de partir défoncer Dante, et c'est comme ça qu'il me renvoyait la chose ? Vraiment sympa. Le voyant remettre sa tête à l'intérieur, je l'entendis marmonner, mais rien n'en résulta, à part « penser à toi. » Mais rien à foutre, je ne pouvais pas la fermer, « T'es con. T'es vraiment qu'un putain de con Dante. » je dis froidement en le pointant de mon index. Ouais là, la colère je pouvais pas la laisser de côté. « J'en ai plus que ma claque que tu me prennes de haut juste parce que je peux pas quitter Caleb pour toi ! » j'ajoute en haussant le ton.

J'avais juste envie qu'elle parte, qu'elle me laisse tranquille. J'en pouvais plus de l'avoir devant moi alors que mon connard ce cœur arrêtait pas de battre trop fort et trop vite. Et moi, j’arrêtais pas de la chercher, de lui parler mal. Parce que je savais que si je commençais à être gentil, comme avant, j'allais pas pouvoir m’empêcher de lui dire que je l'aimais. Qu'elle serait mieux avec moi qu'avec l'autre, que même sa meilleure amie me l'avait dit. Que dans cette histoire j'étais la victime et qu'il fallait qu'elle arrête de me crier dessus pour rien. Mais j'allais la fermer parce que de toute façon ça ne servait à rien, elle ne changerait pas d'avis pour autant. De toute façon, je savais même pas si j'étais prêt à me mettre en couple avec quelqu'un. Comme je l'avais dit à Gaia, je n'ai été en couple qu'une seule fois et j'ai fini par la tromper sur un coup de tête. Je suis pas très doué pour refréner mes pulsions et je veux pas faire du mal à Elektra en allant voir ailleurs au bout de quelques jours. Surtout que, si elle me quittait à cause de ça, je m'en remettrais sûrement pas. Amoureux d'elle et j'aurais tout foiré. Pourquoi je pense à ça ? Elle sera jamais avec moi de toute façon, je suis pas son bad boy de pacotille. « T'es con. T'es vraiment qu'un putain de con Dante. » Je pose mes outils et je me relèves pour la regarder, je sens qu'elle a pas fini. « J'en ai plus que ma claque que tu me prennes de haut juste parce que je peux pas quitter Caleb pour toi ! » Parce qu'elle peux pas ? Ça veut rien dire, bien sur qu'elle peut. « Non non, c'est juste que t'en as pas envie et tu continues à faire la gentille avec moi, c'est ça qui me prend la tête. Sois honnête pour une fois et avoue que tu t'en fous complètement de ce que je pense de toi. »

Ca y'est c'était parti. J'avais commencé à exploser. En même temps, comment rester calme avec Dante qui fait tout pour que je pète un câble. J'étais loin d'être la définition même de la maîtrise de soi. Non, je pouvais pas faire genre ça m'atteignait pas toutes ses remarques, alors que si, carrément. Je l'avais presque défendu aux yeux de Caleb, c'était quand même quelque chose ! Si j'avais vraiment voulu que sa gueule soit pétée et massacrée, j'aurais laissé le champ libre à mon copain pour ça ! Mais non merde, je voulais pas. Alors oui, j'avais haussé le ton, oui je m'énervais. Et c'était légitime. Parce que tout ce qu'il se passait en ce moment, ça ne blessait pas que Dante. Non. Je suis prête à me lever, prête à aller le pousser rien que pour lui prouver que tout ça me met vraiment hors de moi. Mais il répond avant. L'air plutôt sûr de lui. « Non non, c'est juste que t'en as pas envie et tu continues à faire la gentille avec moi, c'est ça qui me prend la tête. Sois honnête pour une fois et avoue que tu t'en fous complètement de ce que je pense de toi. » Bloquée. Je reste complètement bloquée par ce qu'il vient de me sortir. Je soutiens quand même son regard pour ne pas paraître perturbée. Parce que c'est faux, totalement faux. Et je ne sais même pas pourquoi. « Tu peux aller te faire foutre. Et bien profondément. » je réponds juste, avant de me lever, pour aller prendre l'air. Ouais, j'ai pas du tout répondu à son truc. Et j'espère avoir bien esquivé.

Je veux pas lui faire la gueule, je veux pas qu'on se dispute encore. J'aurais préféré qu'on se quitte en bons termes, parce que malgré tout je l'avais considéré comme une amie avant de me rendre compte qu'elle était beaucoup plus à mes yeux. J'aurais voulu ne pas la perdre mais c'est sûrement trop tard. Parce que l'annonce de mes sentiments avait fait l'effet d'une bombe entre nous et elle nos avait projeté chacun d'un coté, elle nous avait éloignés. J'en ai marre qu'on finisse toujours par hausser le ton et se déchirer encore et encore. Si seulement j'avais fermé ma gueule, on serait encore amis. « Tu peux aller te faire foutre. Et bien profondément. » Comme d'habitude elle évite de me répondre, en m'insultant une nouvelle fois. Ça me fait pas mal parce que ce ne sont que des insultes, rien de plus, pas une attaque personnelle. Elle disparaît, sûrement dehors et je me retrouve seul avec sa voiture. Mon patron rentre pour me demander d’arrêter de crier, il croit que je me dispute avec moi-même sur le coup parce que je suis tout seul. Je la ferme, toujours énervé, et je continu mon travail. J'ai à peu près fini mais je décide de faire une pause parce qu'elle m'a fatigué avec tous ses cris. Je m’assois sur la chaise et en deux secondes je somnole comme un porc.

Une fois dehors, je plonge ma main dans la poche de mon jean arrière, en ressortant mon paquet de clope, que j'ouvre avant d'en coincer une entre mes lèvres. Attrapant mon briquet, j'allume la clope avant d'inspirer une bonne dose de nicotine. Espérons que ça m'apaise. Remettant mon paquet et le briquet sur mon cul, je commence à fumer tranquillement, regardant les alentours. Une dépanneuse arrive, avec une autre voiture complètement morte. Ils doivent se faire du fric ici dis donc. Ouais, j'essaye de me distraire et de ne plus penser à Dante qui doit continuer à bricoler à l'intérieur. Quelle histoire. Soufflant la fumée au dessus moi, je vois un type arriver, en mode torse nu aussi. C'est la mode ici ou quoi ? Je le reluque même pas, il a l'air dégueu, et en plus il se poste devant moi, « On s'occupe de vous mademoiselle ? » J'hoche la tête, sans chercher à faire ami-ami avec lui, « Je peux faire que ça aille plus vite si vous voulez, j'ai de l'expérience. » Trop cool. J'hausse les épaules, toujours muette. « Qui s'occupe de vous ? », « Dante. » je marmonne, en tirant une latte, avant que je le vois me faire un sourire, avant d'aller dans la salle où Dante se trouve, alors que je continue de fumer tranquillement, me calmant un peu.

« Hey ducon. » Merde je me suis vraiment endormi. J'ouvre les yeux pour me retrouver avec ce sale porc en face de moi. De tous mes collègues c'est le pire, le seul avec qui j'ai jamais réussi à m'entendre. Je compte plus le nombre de fois où je l'ai vu draguer les clientes. « La fille dehors, elle te connaît. » Je me lève, haussant les épaules, on s'en fout au pire. Je me rapproche de la voiture pour me remettre au boulot et je me retourne immédiatement en voyant qu'il me suit. « Qu'est-ce que tu veux en fait ? » J'attends qu'il me donne une explication, évitent son corps du regard, faut vraiment qu'il arrête de se mettre torse nu sinon je vais vomir un de ces quatre. « Elle est super bonne franchement, je le prendrais bien contre le capot de sa voiture. » Je le regarde, il a pas sérieusement dit ça ? Je fais comme si j'avais rien entendu et je me remets au travail, faisant comme s'il n'était pas là. Pourvu qu'il soit partit avant qu'Elektra ne revienne. J'ai toujours le nez sous le capot quand il pose une main sur mon dos. Me touche pas. « J'aime bien les petites putes dans son genre, j'suis sure que c'est une cochonne. » La phrase de trop, il a pas le temps de comprendre que mon poing est déjà partit en plein dans son visage. Eh merde. Il se tient le nez à une main, criant qu'il va avertir le patron mais qu'avant il va aller dire à « cette fille » que j'ai une petite bite. Je lui souris, elle sait très bien que j'en ai pas une petite.

En fait, je me fais chier. Là, plantée en plein milieu d'un garage qui pue la testostérone. Enfin surtout la transpiration dégueulasse en fait. Bref, j'essaye de vite terminer ma clope et j'espère que dès que je re-rentrerai dans la salle, Dante en aura terminé avec caisse et je pourrais enfin quitter cet endroit et... ne plus le revoir. Je bug un peu en pensant à ça, alors que je finis par tirer ma dernière latte et de souffler, jetant ma clope par terre (je sais pas, c'est pas écolo, mais je m'en tape un peu) et de l'écraser avec ma chaussure. Je suis prête à faire volte face, quand j'entends la porte s'ouvrir et que je vois le type dégueu de tout à l'heure en sortir avec sa main dans son pif, et qui dégouline un peu de sang. « La prochaine fois, venez me voir, il fait du mauvais travail. » il me lance avant de partir vers la direction des chiottes. Ok, là j'ai rien suivi. Je termine par rentrer à nouveau dans la salle, retrouvant à nouveau Dante, tête dans le capot, comme je l'avais quitté, « Il s'est passé quoi ? » je demande, m'avançant un peu vers ma caisse.

Je pouvais pas laisser ce connard parler comme ça d'Elektra, ça aurait été pareil pour n'importe quelle de mes amies. Pas de chance, c'était pire puisque c'était elle. Il croyait vraiment que j'allais lui dire : vas-y mon pote, elle aime les gros porcs transpirants et plein de graisse, t'es pile son genre. Nan mais sérieux, il s'est passé quoi dans sa tête, ses deux neurones se sont fighté ? Je me tiens le poing parce que, merde, ça fait mal. Il a le crane dur le con. J'entends quelqu'un qui arrive et je fais semblant de travailler. En fait c'est elle, alors je fais encore plus semblant de travailler. « Il s'est passé quoi ? » J'ai pas envie de lui dire que je viens de frapper un mec pour elle mais putain j'ai trop mal à la main. Je la vois et elle commence à gonfler. Tant pis, je vais faire comme si ça allait. « Rien rien, c'est bon. » Je sais pas si elle a croisé l'autre con pour avoir comprit que quelque chose était arrivé où si elle l'avait entendu crier après mon coup. « J'ai bientôt fini t'inquiètes. » T'inquiètes je disparaît bientôt de ta vie, c'est plutôt ça que ça voulait dire. Je continue à travailler, essayant d'utiliser le moins possible ma main droite.

Obligé qu'il se soit passé un truc. Le mec rentre normal (enfin gros, moche, et puant) et il en ressort avec le pif défoncé. Le pauvre limite c'était son seul truc potable son pif en fait. Ils se sont fightés ou quoi ? Ou alors il est tellement con qu'il s'est pris le capot ou le mur ? Non, impossible. Ou alors j'sais pas pourquoi il était né le pauvre type. Sauf que je comprenais pas pourquoi ils en seraient venus aux mains en fait. Non, je comprends pas. D'où ma question à Dante. « Rien rien, c'est bon. » Genre de réponse qui me fait grave chier. Réponse dans le genre... INUTILE. Genre il s'est rien passé ! Il me prend vraiment pour une conne. Mais je me la ferme, et je ravale mes insultes, l'observant plutôt travailler et regarder où il fout ses mains... « J'ai bientôt fini t'inquiètes. » Je ne prête même pas attention à ce qu'il dit parce que je suis plutôt concentrée sur sa main droite qui semble soudainement être au chômage technique. Je fronce mes sourcils, et sans crier gare, j'attrape cette même main (pas trop brusquement quand même). Elle a gonflé. Et nettement en plus. « Et genre ta main là, elle se gonfle par magie ? » je dis, en passant mes doigts doucement dessus, « Il te faut un truc froid. » j'ajoute, terminant par regarder autour de moi.