J'suis qu'un con, me battre pour une fille qui m'aime même pas. Défendre sa copine, ce genre de trucs ça paraît normal. Défendre le meuf qui est en train de me briser le cœur, j'aurais jamais cru que ma stupidité m'emmènerais aussi loin un jour. Je me suis explosé la main contre le nez d'un connard juste pour ses beaux yeux, elle devrait me remercier. Sauf que j'ai pas envie de me vanter, elle va croire que je fais tout ça pour attirer son attention. Et c'est pas du tout ce que je cherche à faire. Elektra m'attrape la main sans que j'ai le temps de réagir, je peux pas la repousser, j'ai trop mal. « Et genre ta main là, elle se gonfle par magie ? » Je fais oui de la tête, de la pure magie. Elle passe ses doigts sur les jointures gonflées et je laisse sortir un soupir de douleur. Faut pas qu'elle se montre aussi gentille avec moi, je préférerais qu'elle se foute de ma gueule là. « Il te faut un truc froid. » J'enlève doucement ma main de son emprise pour ne pas me faire mal. « C'est bon laisse j'ai pas si mal que ça. » Mensonges, ça fait un mal de chien. Je rebranche quelques trucs sous le capot avec ma main gauche. C'est con, j'avais vraiment presque fini. « Il a mal parlé de toi, c'est partit tout seul. Contente ? » Je savais qu'elle m'aurait pas lâché tant que je lui aurais rien dit.

Je suis en train de réfléchir quel truc froid j'allais pouvoir mettre sur la main de Dante pour la faire dégonfler. Putain, fallait vraiment qu'il se fasse mal à chaque fois celui là. Je crois que y'a pas une fois où je l'ai pas vu se faire mal. Ca me rappelait la dernière fois au parc où il s'était ramassé comme une véritable merde et... merde. Ca me faisait penser quand il m'avait embrassé. Fallait pas que j'y pense. Vraiment pas. Je fronçais un peu les sourcils, sentant la main de Dante glisser sur la mienne, le temps que je tourne mon regard vers lui, « C'est bon laisse j'ai pas si mal que ça. » Ouais et mon cul c'est du poulet ? Je le regarde faire, laissant toujours sa main droite de côté. Faut quand même que je trouve un truc froid ! « Il a mal parlé de toi, c'est partit tout seul. Contente ? » Enlevant un instant la glace de mes pensées, je le regarde. Genre il m'avait défendue ? Je veux même pas imaginer ce que ce porc a pu dire sur moi, mais ouais... j'imagine en fait. J'aurai dû lui foutre un coup dans les boules pendant qu'il était encore temps. Je soupire, observant Dante. Ouais, c'était presque mignon tout ça. « Faut quand même que je trouve un truc froid. » je marmonne, le quittant deux secondes, avant d'aller voir dans un distributeur proche. Je chope un billet dans la poche arrière de mon jean (ouais j'ai tout sur mes fesses) et je le glisse à l'intérieur de la machine. Résultat : une canette de coca bien fraîche ! Je retourne voir Dante, attrapant encore sa main et terminant par poser la cannette dessus, enveloppant mes mains autour pour ne pas qu'elle bouge, « Bon j'ai pas trouvé mieux mais voilà. La prochaine fois, évite de te faire mal quand même, le but c'est que lui souffre, pas toi. » je dis calmement en haussant les épaules.

Je veux pas qu'elle voit que j'aurais démonté la gueule de mon collègue pour ce qu'il avait dit, faut qu'elle se dise qu'un coup de poing m'a suffit. Je sais que mon patron va me les briser pour ce que j'ai fait. Me battre avec ce connard sur mon lieu de travail n'était sûrement pas une bonne idée mais bon, pour le coup j'avais pas réfléchit une seule seconde. Mon boss me virera pas, heureusement. Il sait à quel point ce mec est un pervers et quand je lui aurais expliqué la situation il me donnera probablement raison. Bien sur, je ne dirais pas que je suis amoureux d'Elektra, sinon je peux être sur qu'il va me le rappeler tous les jours au boulot avec ses vannes pourries. Non, je prends pas le risque. « Faut quand même que je trouve un truc froid. » Je soupire, elle laissera jamais tomber. Plus têtue, tu meurs. Je la regarde sortir et je profite de son absence pour évacuer la douleur en sortant n'importe quelle insulte qui me passe dans la tête. Putain, ça faisait longtemps que j'avais pas frappé un gars et je crois que ma main avait oublié comment se mettre pour ne pas souffrir. Trop tard de toute façon. Elektra revient avec une canette de coca dans la main, je voudrais sauter dessus mais je fais comme si je m'en foutais. Fierté masculine toujours. Elle me reprend la main et pose la canette dessus, me la tenant bien pour que je ne m'échappe pas une nouvelle fois. « Bon j'ai pas trouvé mieux mais voilà. La prochaine fois, évite de te faire mal quand même, le but c'est que lui souffre, pas toi. » Je hausses les épaules, je m'en fout de m’être fait mal. C'est pas ça qui est important. « Pourquoi t'as besoin d’être gentille en plus du reste? » C'était la première fois que ma voix n'était pas glaciale depuis qu'elle était arrivée.

Mes deux mains sur celle de Dante, j'observe attentivement la canette, la passant un peu de long en large histoire que le froid se répartisse sur toute sa peau. Je sais même pas pourquoi je lui fais ça. A n'importe quel autre mec, je l'aurai laissé se démmerder avec sa main gonflée, même s'il avait pu me défendre. J'évite le regard de Dante, et je sais qu'il est sur moi. Je suis bête aussi de lui prêter toute cette attention alors qu'il... ouais, je suis bête. « Pourquoi t'as besoin d’être gentille en plus du reste? » je me mords un peu la lèvre. Bonne question. Elektra la meuf qui en a rien à taper de la gentillesse, et voilà que j'étais limite le secours populaire pour Dante en ce moment. Je reste silencieuse un moment, évitant son regard... puis bon, fallait pas que je l'évite autant, sinon ça allait être louche. Alors je termine par relever mes yeux vers lui, en haussant un peu les épaules, « C'est normal, si tu me défends, je te rends l'appareil non ? » je réponds, le fixant un peu. Fallait que je m'éloigne de lui, au plus vite, on était un peu trop proches là et il fallait pas. Mais j'étais obligée de tenir cette foutue cannette, alors merde, fallait que je trouve un truc pour me dégager de là !

Ça me tue littéralement qu'elle se comporte comme ça avec moi. Elektra avait toujours méchante depuis notre première conversation, ce qu'elle adorait c'était de me torturer par tous les moyens possibles – et légaux au passage. Et là ? Elle s'occupe de moi. Elle est gentille, attentionnée. J'aurais jamais cru la voir comme ça un jour, surtout pas envers moi. C'était pas le bon moment pour faire dans la gentillesse, la distance physique entre elle et moi s'était réduite et j'avais peur de faire le con. Je baisse les yeux vers ma main pour ne pas fixer ses lèvres, c'est pas une bonne idée. Faut qu'elle s'écarte, j'ai pas envie de faire une connerie de plus, ça suffit pour cette fois je pense. Elektra relève les yeux vers moi et je me dis que je vais faire pareil, faut pas que j'ai l'air bizarre. « C'est normal, si tu me défends, je te rends l'appareil non ? » Je hausse les épaules, j'ai pas fait ça pour avoir quelque chose en retour, je l'ai fait parce que c'est normal. Je pousse les mains ses mains pour tenir la canette moi-même et m'éloigner d'elle. Faisant semblant de me ré-intéresser à sa voiture. « Retourne t'asseoir, je vais finir ça et te laisser tranquille. » J'arrive plus à la regarder à ça me les brise.

Certains pouvaient penser que j'étais en train de me foutre de sa gueule, à le pouponner comme ça, juste pour une main boursouflée. Mais non. Je trouvais ça juste normal de faire ça. Il s'était fait mal, c'était mon ami, c'est bon on allait pas en faire tout un plat non plus. J'embrassais pas sa main, je lui foutais juste de la glace. Merde. Sauf que là, il pousse mes mains et s'écarte de moi. Je fronce un peu les sourcils, l'observant faire alors qu'il s'intéresse une nouvelle fois à ma caisse. « Retourne t'asseoir, je vais finir ça et te laisser tranquille. » Je reste un peu béat par ce qu'il me dit. Ok, il veut vraiment pas me voir, et préfère que je parte vite. Je passe mes mains entre elles pour les sécher de l'eau qui est resté dessus, avant de soupirer un peu, « Oui, comme ça je disparais plus vite de ta vue. » je dis en maugréant un peu, retournant donc m'asseoir sur le chaise, croisant mes jambes, et observant un peu tout autour de moi.

Putain si seulement elle m’avait remballé clairement dès le début, si elle avait pas mis ce petit jeu en place entre nous. A cette heure-ci je serais surement pas amoureux d’elle, j’en aurais même rien à foutre, elle serait juste une pote. Si Elektra avait accepté de coucher avec moi dès la première fois où j’ai essayé, on en serait pas là aujourd’hui. Enfin, cette histoire c’est surtout un problème pour moi, ça change rien à sa vie à elle. Elle a son copain, ses potes, tranquille. Savoir que je suis tombé amoureux comme un con n’a pas bouleversé son monde comme ça l’a fait de mon côté. « Oui, comme ça je disparais plus vite de ta vue. » Je soupire, c’est pas ça que j’ai voulu dire mais tant pis. Je travaille tant bien que mal avec ma main engourdie mais j’arrive à faire ce qu’il faut. En quelques minutes je pense avoir fini et je retourne vers elle. « Je peux avoir les clés ? Pour voir si c’est bon. » Et encore une fois je regarde ailleurs plutôt de la regarder dans les yeux.

Mon pied commence à battre nerveusement. Ca me fait trop chier cette situation. Toujours à être presque en froid, je sais même plus comment agir face à ça. Faut que je garde mes distances certes, mais c'est pas mon style. Je suis pas comme ça à la base. Puis ça m'énerve, surtout parce qu'avec Dante j'ai toujours bien rigolé, je m'entendais bien avec lui, et maintenant ça changeait tout. Bref, relou quoi. J'attends donc qu'il termine de réparer ma caisse une bonne fois pour toutes, histoire de vite me casser d'ici selon ses désirs. Je l'entends soupirer, je lui jette juste un coup d'oeil avant de retourner à mon exploration visuelle du garage. Je pourrais jamais travailler dans ce truc. « Je peux avoir les clés ? Pour voir si c’est bon. » il me réveille de mes pensées, alors que je tourne mon visage vers lui, voyant bien qu'il évite mon regard. Je soupire, fouillant dans mon sac, avant de me lever pour marcher vers lui, « Tu sais que c'est pas poli de pas regarder les gens dans les yeux quand on leur parle. » je dis, avant de sortir les clés et de me poster devant lui, « Tiens. » j'ajoute en soupirant une nouvelle fois, lui tendant mon trousseau de clés.

J’aimerais bien qu’un jour les choses aillent mieux entre elle et moi, qu’on puisse être amis peut-être. Je me suis toujours bien entendu avec elle, elle me faisait rire à toujours m’insulter avec ses histoires de troisième couilles. Mais je sais qu’avant qu’on arrive à une relation comme ça il faudra que je ne ressente plus rien pour elle. Ça m’est jamais arrivé avant, je sais pas combien de temps ça peut prendre ce genre de choses. J’ai pas envie de penser à tout ça, maintenant j’ai juste envie qu’elle disparaisse pendant un moment. C’est trop dur pour moi de la voir et de savoir que je ne suis qu’un pote à ses yeux. Que j’ai jamais été rien d’autre pour elle alors qu’elle est beaucoup plus pour moi. Elektra fouille dans son sac pour en sortir ses clés et me les apporter. Je veux toujours pas la regarder, quel con je suis. « Tu sais que c'est pas poli de pas regarder les gens dans les yeux quand on leur parle. » Immédiatement je lève les yeux, juste pour lui prouver qu’elle à tord, je prend les clés qu’elle me tend. Je vais m’installer dans sa voiture sans attendre une minute de plus, faut qu’elle démarre sinon on en sortira jamais. Bingo, je suis un bon mécanicien apparemment, sa voiture est prete à partir. Je retourne devant elle pour lui rendre ses clés. « Voilà, j’ai fini, tu peux partir et m’éviter tu veux. »

J'essaye de rester calme face à tout ça. Putain de situation. Fallait vraiment qu'on se retrouve dans des situations pareilles. Je devais l'éviter, ne pas lui parler, et paf, je tombe sur lui alors que ma voiture fait des siennes. A croire que le gros monsieur là haut y est pour quelque chose. Je croise son regard, alors que je reste ferme et je ne laisse rien entrevoir dans mes yeux. Quoi, fallait bien que je joue le jeu de toute façon. Je pouvais pas faire autrement. Je me pousse un peu pour le laisser passer alors qu'il monte côté conducteur... et miracle, la voiture remarche. Au moins une bonne chose. Je soupire de soulagement alors qu'il ressort, « Voilà, j’ai fini, tu peux partir et m’éviter tu veux. » j'attrape mes clés qu'il me tend, avant de soupirer un peu, cherchant mon porte monnaie dans mon sac, « Arrête... j'te dois combien ? » je demande, avant de trouver ce que je cherchais, sortant une liasse de billets entre mes doigts. Ouais, mon boulot, ça paye bien.

J’en peux plus de l’avoir en face de moi, c’est trop douloureux et j’ai l’impression que je peux pas m’empêcher de faire le con quand elle est là. La preuve avec ma main encore douloureuse du coup que j’avais envoyé à l’autre porc. Je suis fatigué de devoir etre froid avec elle pour que tout ça passe. Si seulement elle apparaissait pas toujours là où je suis, des fois je me dis qu’elle me suit. Et ensuite je me rappelle qu’elle a aucune raison de le faire. « Arrête... j'te dois combien ? » Elle sort une liasse de billets comme si c’était normal, j’ai jamais autant d’argent dans mon portefeuille moi. Je sais même pas où elle le trouve son fric, mais je veux pas savoir en fait. « C’est bon, te casse pas la tête. » J’allais pas la faire payer alors que j’avais surement ruiné sa journée avec tout ça. « Bon allez, à plus. » Je la regarde une dernière fois et je me tire comme un lâche.