| | Mer 23 Fév - 21:36 | |
| 17h35. Comme toujours, Gabriel attendait la dernière minute pour aller faire ses courses. Il avait horreur de ça, tourner dans les rayons, faire le plein de son chariot, poiroter des heures à la caisse. Mais tôt ou tard, il fallait bien se ravitailler. Mais là, ce n'était pas indispensable. Le réfrigérateur n'était pas plein mais il n'était pas vide non plus, tout comme les placards. Ce qui était vide c'était sa réserve d'alcool. Et puis, n'étant pas riche, c'était quand même moins coûteux d'acheter quelques bouteilles en grande surface que d'aller se bourrer la gueule dans un bar.
Depuis quelques temps, Gabriel culpabilisait, repensant sans cesse à Lilye et à ce qui s'était passé entre eux. Leur histoire, enfin plutôt leur amourette de vacances, remontait à longtemps. Ils étaient tous les deux trés jeunes. Malgré ça, il s'était rencontrés, appréciés, et quelque chose de spécial était tout de suite passé entre eux. Au fond, ce n'était pas grand chose, mais c'était des enfants à l'époque, et à cet âge-là, c'est le genre de chose qui compte. Mais aujourd'hui, ils n'étaient plus des enfants, et ce petit lien spécial qui les unissait avait évolué et laissé place à des sentiments. C'était trés étrange et totalement imprévu. Gabriel ne s'attendait pas à ça. Et il s'en voulait. Aprés la mort d'Elena, il avait décidé de ne plus jamais éprouver ce genre de choses pour une femme, déjà parce que quand on perd quelqu'un qu'on aime c'est trop douloureux, il ne voulait pas revivre ça, et en plus, Elena avait beau être décédée depuis environ 3 ans, le jeune homme ne pouvait pas s'empêcher de considérer ces sentiments pour Lilye comme une trahison. Il avait peut-être peur d'oublier Elena et ce qu'ils avaient vécu ensemble, allez savoir. Bref, il s'en voulait énormément. Pourtant, il avait déjà couché avec un tas de filles depuis cette tragédie, mais ça avait toujours été exclusivement sexuel. Mais là, avec Lilye, il avait ressenti quelque chose. D'un côté il avait envie de la revoir, d'un autre côté il préférait que ça ne se reproduise plus. C'est pour cette raison qu'il ne répondait pas à ses appels, ni à ses messages. Ça faisait plus de trois jours maintenant, elle allait finir par se poser des questions. Il ne voulait pas lui faire de peine, ni qu'elle s'imagine qu'il avait eu ce qu'il voulait et que du coup maintenant il ne s'intéressait plus à elle. Mais il ne voulait pas non plus laisser une chance à ses sentiments pour elle de se développer. C'était compliqué. Déjà que d'une façon générale il n'était pas trés en forme, mais alors là, ça n'arrangeait pas les choses.
Le jeune homme passa directement au rayon des boissons alcoolisés. Il mit dans son panier deux bouteilles de whisky et un pack de bières. C'était de circonstance. Avec Lilye et toute cette histoire qui lui prenait la tête, il valait mieux prévoir de quoi boire. Ça y est, ses courses était faite. Sans vraiment d'entrain, il se dirigea vers une caisse, regardant le sol d'un air vide et blasé. Et forcément, quand on ne regarde pas devant soi, il y a des risques de heurter quelqu'un. Ce qui arriva. Gabriel releva la tête et la vit. Il secoua la tête un instant, clignant des yeux, commençant à se dire que cette histoire l'obsédait tellement qu'il voyait Lilye partout. Il était temps d'arrêter de picoler vu les hallucinations que ça engendrait. Mais non, il la regardait fixement, et c'était toujours elle. Ce n'était pas une hallucination, c'était Lilye. Zut... Lui qui cherchait à l'éviter depuis trois jours, voilà qu'elle était là. Elle allait sûrement lui demander pourquoi il n'avait pas répondu à ses appels, et il allait falloir qu'il trouve une explication. Il n'était pas doué pour improviser des bobards, du moins pas quand il était à jeun...
- Heu... Salut, finit-il par lâcher, l'air embêté de la voir là.
Elle l'avait pris de court. Il ne savait pas trop quoi lui dire à part salut. A la limite, il aurait pu se contenter de ça. Il aurait pu la saluer, lui adresser un petit sourire, le plus naturellement du monde, comme de vieilles connaissances qui se croisent et passer son chemin. Mais c'était trop tard, il aurait fallu pour ça qu'il ne reste pas là devant elle, à bugguer pendant bien deux bonnes longues minutes. Il ne pouvait pas se barrer maintenant comme ça, elle allait trouver ça bizarre. Remarque, au moins comme ça, elle ne lui poserait pas de questions. |
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