Lateesha s’était invitée chez moi et à vrai dire, je me demandais encore comment cela se faisait. Elle m’avait sorti une excuse complètement bidon, mais j’ai décidé de passer outre, après tout, aucun homme ne refusait la compagnie d’une femme aussi belle que ma secrétaire. A l’avoir sans cesse à mes côtés, je comprenais fort mieux pourquoi la plupart des hommes d’affaire entamait des relations extraconjugales avec leur bras droit, plus souvent mieux gaulée que leur épouse qui les attendait à la maison, les reproches et la fatigue d’élever les enfants seules en guise d’accueil. Ils pouvaient avoir mieux auprès de leur employé avec qui il n’y avait le plus souvent aucun engagement sentimental, ni responsabilité de lui avoir passé la bague au doigt, alors pourquoi se priver ? En outre, j’étais loin d’être maquée, bon certes, mon cœur appartenait toujours à une autre, mais heureusement, mon corps était toujours libre de ses agissements et si mademoiselle Carlson continuait à remuer ses fesses de la sorte, je risquais fort bien d’en faire mon quatre-heure…plusieurs fois, cela ne me dérangerait pas le moins du monde. Je m’emparai de deux verres à vin ainsi que la bouteille précédemment ouverte avant de nous servir. Un cru datant de 1960 dont j’avais toujours voulu goûter la saveur, mais pas seul cependant, avec une jolie créature, cela allait tout de suite mieux. Tiens, en parlant de jolie créature, mon invité mettait du temps à revenir de la salle de bain, nul doute qu’elle avait dû se perdre dans une toute autre pièce que je devinais comme étant mon bureau. Un sourire amusé fendit mon visage, pensait-elle sérieusement que je conservais des preuves chez moi ? Je déposais ce que je tenais sur la table basse et alla chercher la demoiselle…enfin lui indiquer le bon chemin. Comme convenu, je la trouvais dans mon bureau et m’empressant de revêtir une expression soupçonneuse, je m’éclaircis la gorge. « Je peux t’aider peut-être ? »

Je tentai de dissimuler mon amusement sous mon expression douteuse qui devint de plus en plus dubitative. J’étais tout de même surpris, voire quelque peu déçu que l’on m’ait envoyé pareil agent, avouons-le, elle ne semblait pas tellement expérimentée, nul doute que l’on avait tout misé sur mon goût des belles créatures, à raison sûrement. Détrompez-vous, je n’étais pas le genre à me laisser facilement embobiner par une femme, surtout les plus belles qui mettent le plus souvent en avant leur atout physique, comptant sur leur pouvoir de séduction pour obtenir ce qu’elles veulent des hommes. C’étaient définitivement les plus dangereuses. Elles parvenaient à endormir la méfiance des hommes, vous savez, un peu comme Samson qui s’était laissé ensorcelé par la vile Dalida, au point d’en perdre sa force. Le point positif avec cette histoire c’était qu’elle avait permis aux hommes comme moi de savoir où ils mettaient les pieds avec ce type de créature. « Ah oui ? » dis-je simplement, prenant soin d’y mettre le soupçon de perplexité nécessaire. « J’aurais pourtant juré t’avoir vu farfouiller un peu partout… » Le doute et un peu de sévérité, je me demandais jusqu’où elle était capable d’aller. Quelles armes elle déciderait d’employer, enfin, je savais ce qu’il en était mais vu toutes les occasions qu’elle m’avait laissé miroité, il était peut-être temps de goûter au fruit défendu non ? Elle ne semblait pas fille à avoir froid aux yeux et son regard franc me le confirmait. Mes prunelles balayent un peu la pièce de droite à gauche, de haut en bas comme pour confirmer mes propos, paraissant rechercher des traces de son éventuel passage. « Cela étant, nous serons plus confortables au salon, d’autant plus que nos verres nous y attendent » ajoutai-je le plus calme possible, bien légèrement froid, comme s’exprimerait un homme coupable qui aurait surpris l’inspecteur en couverture entrain de traîner dangereusement autour d’affaires qu’il préférerait sûrement garder sous scellées. Je me retournai en direction de la sortie avant de m’arrêter un instant de biais « Tu viens ? »

Le moins que l’on puisse dire à son sujet, c’était qu’elle était d’une délicieuse insolence. En outre, elle ne se laissait pas facilement démonter, tout ce qu’il y avait de plaisant chez une femme. Ce jeu me plaisait plus que je ne l’aurais cru et malgré moi, j’avais envie de voir jusqu’où elle était prête à aller pour mener sa mission à bien, quelles armes utiliseraient-elle. Se contenterait simplement de ses courbes à la fois généreuses et ô combien attrayantes, ou bien, de malice et de manipulation. J’en trépignais déjà d’impatience, de tels jeux avaient toujours su me plaire. « Nous avons tous notre jardin secret que l’on n’aimerait pas voir être bafouée de la sorte » dis-je simplement en attendant qu’elle passe devant moi. Dans l’absolu, personne n’aimait que l’on vienne fouiller chez soi, d’autant plus dans son bureau personnel, que l’on ait quelques choses à dissimuler ou non. C’était une simple question de politesse et de savoir-vivre. Savoir-vivre qui prenait des proportions inconsidérées quand la personne en question avait véritablement des secrets, heureusement pour moi, le fait d’être à l’origine de plusieurs trahisons après avoir en essuyer une m’avait rendu nettement plus prudent. Comme William le disait si bien, nous avions sans doute dépassé le stade de la prudence, j’en venais à me méfier de tout et de tout le monde, nous n’étions jamais trop prudents et n’en déplaise à certains, mon but premier n’était pas de retourner en taule…oh que non. J’allais m’installer à ses côtés, m’emparant du dossier qu’elle avait déposé sur la table et le parcourut brièvement, prenant en compte les annotations de la jeune femme, les commentaires. « Ca me semble bien, même très bien » dis-je en tournant les pages, allant au bout de ma lecture « De toute façon, je te fais confiance pour faire du bon boulot, comme d’habitude » Je ne niais pas qu’elle avait été d’une aide précieuse pour le Ruby Skye que je ne me voyais pas gérer en l’absence de Jaxton, plus par manque de temps que par manque d’envie. J’avais déjà assez à faire avec le Genesis, le foyer et mes autres activités sans me rajouter du travail en plus. En outre, le Ruby me servait surtout pour quelques signatures, pas de quoi y passer plus de temps que nécessaire. « D’ailleurs, je ne te remercierai jamais assez d’avoir pris la relève du Ruby, tu ne peux pas savoir à quel point ça m’aide ! » Niveau flatterie je savais également y faire, cela ne m’empêchait néanmoins pas d’être sincère avec elle. « Et si nous trinquions à cette belle collaboration ? » proposai-je en levant mon verre dans les airs, attendant qu’elle en fasse de même.

Tout en Lateesha n’était que séduction et flatterie, et dire qu’Elyes détestait ça ne serait que mensonge éhonté. Il était un homme, en plus d’être doté d’une vanité donc cela ne pouvait qu’être plaisant de se retrouver ainsi courtiser par une belle femme dont les courbes généreuses suffisaient à rendre fou plus d’un homme sur cette fichu planète, il en était certain. Lui-même n’y faisait pas exception. Certes, savait-il ce qu’elle faisait à ses côtés, ce qu’elle recherchait, cela ne l’empêchait néanmoins pas d’y prendre un certain plaisir. Ah, la vanité des hommes, s’il n’était pas prudent, elle risquait fort bien d’avoir sa peau dans cette histoire. L’affirmation selon laquelle le point faible de tout homme est une femme, n’était en aucun cas erronée. Encore une fois, il suffisait de jeter un petit coup d’œil au mythe de Samson et Dalida pour s’en rendre compte. Heureusement pour son propre bien qu’il était très méfiant, à la limite de la paranoïa, c’était sans nul doute ce qui lui avait sauvé la mise et tenu éloigné de toute éventuelle trahison. « Je n’en doute pas » dit-il pour confirmer sa promesse de ne pas le décevoir. Son affirmation était clairement polysémique, l’on pouvait se dire qu’il avait une confiance aveugle en les capacités de la jeune femme ou bien que jamais elle ne parviendrait à ses fins puisqu’il avait déjà pris ses dispositions ou bien encore…il fut légèrement perturbé lorsque la main de celle-ci vint se poser sur sa cuisse, eh, il n’était qu’un homme et regard dans celui de Lateesha, il avala une autre gorgée de son crû, un sourire indéchiffrable au coin des lèvres. Alors que la main de la jeune femme remontait lentement, Elyes prit cela pour une invitation, pour rapprocher son visage de celui de Lateesha et de poser ses lèvres sur les siennes. Il était prêt à revoir sa politique qui consistait à ne pas mélanger affaires et plaisir, mais avec une telle créature qui lui faisait inlassablement du gringue, l’on ne peut pas dire que le choix lui était laissé. « Maintenant que le travail est fait, si on passait au plaisir ? » proposa-t-il d’une voix basse,