17h. Heure du rendez-vous. J'étais en train de faire la queue dans le petit Starbuck du coin de San Francisco. Il y avait pas de monde en fait. Beaucoup de tables étaient prises, des gens riaient, d'autres discutaient gaiement. Y'avait une bonne ambiance quand même. Regardant autour de moi, je ne vis aucune trace de Camil. Il allait pas tarder, du moins j'espérai. Arrivant vers la caisse, je fouillais mon sac à main pour chercher de quoi payer. Terminant par échanger les pièces contre mon cappuccino tall, je me retournai pour aller chercher une place libre. Tiens, il y avait une jolie petite table près de la fenêtre, avec deux petits fauteuils autour. Parfait. Sautillant rapidement vers la table pour éviter qu'elle ne me soit prise au dernier moment, je m'asseyais, posant mon gobelet sur la table, mon sac par terre et j'attrapai mon smartphone pour passer le temps avant l'arrivée du tatoué. Passant mes doigts sur l'écran, j'essayais de me détresser, ne sachant pas vraiment comment allait se passer cette rencontre.

« Bien l’bonjour ! » Surfant sur internet sur mon smartphone, je n'avais même pas entendu Camil arriver. Relevant la tête, je le vis en face de moi, tout sourire. Appuyant rapidement sur le bouton pour bloquer mon téléphone, je le laissais de côté pour le moment. « Salut ! » dis-je, moi même avec un petit sourire. Ca me faisait toujours plaisir de le voir. Même après tout ce qu'il s'était passé. Je me sentais faible, mais bon, c'était ça l'amour non ? Attrapant mon gobelet, posant mes doigts autour, histoire de faire quelque chose pour ne pas montrer mon anxiété, je continuais de regarder Camil, avec ce petit sourire « Tu vas bien ? » demandai-je tout simplement. Bah ouais, autant commencer doucement avant d'arriver à la conversation que j'attendais impatiemment.

« Ça va, comme un dimanche après-midi quoi. Et toi ? » J'hoche également la tête, nonchalante, attrapant mon gobelet et le soulevant pour le porter à mes lèvres avant de répondre « Ça va... » Je reposais mon gobelet, passant mes doigts sur mes lèvres pour enlever la mousse qui était restée quand je buvais. Fixant un moment Camil, je terminai par regarder autour de moi, hésitante. Un silence assez pesant s'intégra entre nous. C'était un peu bizarre de lancer ce genre de conversation, surtout que c'était moi qui avais demandé à ce qu'on en reparle calmement. Sauf que là, mise sur le fait, je ne savais pas trop quoi dire. Pire que quand je me retrouvais devant le juge pour expliquer et défendre les raisons qui avaient poussées mon client à faire une connerie. Baissant mon regard sur mon gobelet, j'enlevai mes doigts de ce dernier pour poser mes mains sur la table. Stable. « Tu... mh... ça te dit vraiment de retourner dans une relation... avec moi ? » Pourriiiiiiiiiiiiiiiiiiiii. Sérieux, je pourrais me donner des baffes, tellement c'était nul. Denver qui perd ses moyens, mais c'est mémorable ce truc.

Bon ça y'est, j'avais lâché au moins un truc. Même si c'était tout bidon, j'avais réussi à engager la conversation, maintenant il n'y avait plus que Camil qui devait continuer et répondre à ma question. Je me sentais sacrément conne à réagir de cette façon. Surtout que je vois pas pourquoi je stresserai vu que c'était lui qui m'avait dit qu'il voulait qu'on se remette ensemble. Bref, je voulais pas chercher à comprendre. Le fixant, j'attendais sa réponse. Lui avait l'air beaucoup plus calme que moi. Et ça tarda pas à tomber. « Je veux qu'on redevienne amis. » « Hein ?! » Ok, alors celle là, je ne l'avais pas vu venir mais loin de là. D'où mon hein, du tac au tac et mon visage se transformant par la surprise. Non mais, wtf. « Qu'est-ce que tu me sors, hier tu voulais qu'on soit ensemble ! » répliquai-je en fronçant les sourcils. Camil était pire qu'une fille, plus compliqué tu meurs.

Sérieux, il me faisait en voir de toutes les couleurs. Pas un jour ne passait sans que Camil me faisait tourner la tête. J'avais l'impression de rêver à chaque fois, ou de cauchemarder même. Ca serait plus logique. Et là, il me répondait... et je tombais des nues, une nouvelle fois. Plusieurs fois j'eus envie de répliquer, de lui dire quelque chose pour le contredire. Mais je n'avais pas l'occasion. Il était tellement lancé dans son discours qu'il m'était impossible d'en placer une. J'ouvrais juste la bouche, pour essayer de répliquer, mais sans succès. « Enfin c'est pas le problème, ça je m'en fiche, je tiens à toi comme tu es. Mais je préfère te garder en tant qu'amie, parce qu'avant tu venais me voir pour te remonter le moral, on déconnait, je t'amenais en soirée et j'adorais le fait de te dépraver... Puis on s'est mis ensemble et on a arrêté ça... et je veux le retrouver. » J'eus un léger rire jaune, levant les yeux au ciel avant de poser mon regard sur lui « Tu te contredis là Camil. Combien de fois tu m'as répété que tu ne voulais pas que j'agisse comme si j'étais ton amie quand on était ensemble ? Que tu préférais largement que je sois calme et que je devais prendre mon rôle de petite amie comme il était, et pas agir comme tes amis ! Arrête de dire n'importe quoi là ! » m'exclamai-je avant de reprendre de plus belle « Je veux pas être ton amie ! En fait, tu sais quoi ? Je préfère faire comme avant, ne pas avoir la moindre relation, plutôt que de faire semblant d'en voir une avec cette pseudo amitié ! » ajoutai-je, sous le coup de l'énervement. Ok, grosse scène de ménage au Starbucks. Mais là, il me prenait vraiment pour une conne. C'était pas lui qui avais réfléchi à tout ça, j'en étais persuadée.

Sa mère sur le dos. Non mais, je comprenais plus rien. Vraiment plus rien. Quelle mouche l'avait piqué ?! Changer d'avis en quelques heures ? C'était pas possible, quelqu'un lui avait retourné le cerveau, je voyais pas une autre possibilité. « C'est ton droit mais... si on peut même pas redevenir ami, alors je pense qu'on devrait vraiment cessé tout contact. Les engueulades, les jalousies , tes textos le soir... je pense pas pouvoir supporter ce genre de truc si tu veux même plus être ma pote. » Je laisse ma bouche entrouverte, sous le choc de ce qu'il m'annonce depuis tout à l'heure. Vite, pincez moi je rêve ! « T'en as vraiment rien à faire... Ca se voit vachement que t'es amoureux de moi. Ca crève les yeux ! » répliquai-je, me levant brusquement de mon fauteuil, attrapant mon gobelet, je ne contrôlais même pas mon geste, tant j'étais blessée et énervée que je lui jetais tout à la figure. Rien à faire que ça soit devant tout le monde, il le méritait amplement. Le fixant un instant, je terminai par le contourner et quitter la table.

« MERDE PUTAIN !!!! » Ok, j'avais jamais voulu faire ça. Dans ma tête, je voulais juste lui faire voir combien ça me blessait ses façons de faire complètement débiles, à me casser à chaque fois que je commençais à retrouver un peu d'espoir pour notre couple. Dans ma tête, je voulais juste le mouiller, lui foutre la honte et qu'il... Bref. J'avais pas du tout calculé que mon café allait être aussi chaud. J'avais pas voulu ça. Je m'étais retournée dans le quart de seconde qui avait suivi le cri de Camil. Même si j'étais énormément blessée, je ne pouvais pas le laisser dans cette situation. J'étais pas comme ça. Soupirant, je revenais sur mes pas, poussant un peu la femme qui avait secouru le tatoué et qui me barrait le passage aussi. « Je m'en charge. » déclarai-je sèchement alors que j'attrapais Camil par le bras, pour le lever et l'accompagner à ma voiture (heureusement que j'étais venue avec d'ailleurs), sortant du maudit Starbucks. Cherchant rapidement les clés, j'ouvrais ma petite Chevrolet, le guidant sur le siège passager, terminant par faire le tour et m'asseoir sur le côté conducteur, démarrant rapidement le moteur, restant silencieuse, me concentrant plus sur la route que Camil à côté de moi.

JE comprend pas se qui se passe, enfin sérieusement il pourrait bien avoir la donation de l'oscar de la meilleure actrice porno juste à côté, je m'en foutrais. Trop de douleur. C'est pas comme si je m'étais déjà brisé des os, fracasser par terre et tout... mais le visage. NEVER ! Avoir le nez fracuré par Alex m'a apprit que je suis pire qu'une fille quand on fait mal à mon petit visage sensible. Et là, il brûle, il fond, il s'incendie, il se liquéfie, il disparait ! Du moins voila mon impression et vu le remue ménage ça doit pas être qu'une impression. Bien que je doute, enfin j'espère, je prie, que ma peau soit pas en train de fondre sur le sol !!! Je m'en charge. Pouffiasse !Tu m'approche je te bute, je te tue, toi aussi je te liquéfie !!! Entrainé dehors sur le coup je suis désorienté voyant pas grand chose, que des zones flou, mon dieu je deviens aveugle !!!!! Sauf que je reconnais son parfum. Bordel c'est lle qui m'amène à sa voiture. Connasse ! Mais pour le coup, je dois aller à l'hôpital , au moins pour entendre une chirurgien plastique me dire que je perdrais rien à ma beauté. Et aussi avoir genre.... pitié un truc contre la douleur, alors que les larmes de douleurs sont juste une souffrance de plus sur la peau. Je grimpe les dents serrés les doigts crispé pour pas continuer de hurler de douleur. Le moteur démarre. Tu vas me le payer ! JE te jure que t'as intérêt de dégager de la ville, de la côte Ouest, dégages du pays même. T'as intérêt à pas me recroiser... Tu m'as défiguré !!! Je crache chaque parole avec colère et douleur alors qu'au moins ça évacue un peu la douleur en effet, me foutant royalement de ses réponses, je l'écoute même pas, ça se trouve elle me répond entre temps mais peu importe. A peine la voiture s'arrête et que je distingue à l'oreille les bruits des ambulance me disant que je suis à bon port, je saute comme je peux dehors, essayant de me diriger seul. Magda avait raison, elle ne m'apporte que des merde. J'ai foiré, j'ai fais pleins de trucs mais ça... bordel ça !!!!!!

« Tu vas me le payer ! JE te jure que t'as intérêt de dégager de la ville, de la côte Ouest, dégages du pays même. T'as intérêt à pas me recroiser... Tu m'as défiguré !!! » Concentre toi sur la route Denver, concentre toi sur la route. Je n'arrêtais pas de me répéter ça dans la tête, essayant de mettre de côtés les cris et les gueulantes de Camil. Bon dieu qu'il me cassait les oreilles, s'il continuait j'allais commencer à gueuler aussi, sinon c'était l'accident assuré ! Bah oui quoi, se concentrer sur la route alors qu'on nous gueule dessus, pas trop facile en fait. « Oui oui... » maugréai-je tout en continuant de rouler direction l'hôpital. Une fois arrivée là-bas, les mecs de l'urgence arrivèrent alors que Camil sortait déjà de la voiture en titubant. Franchement, si on enlevait tout le contexte et que des gens le voyaient tituber comme ça... Bref, je sortais de la voiture, la fermant rapidement pour courir vers Camil. Bah oui, je voulais l'aider quand même, même si en ce moment même, lui voulait me tuer. Un infirmier accourut vers moi et je lui expliquai rapidement ce qu'il s'était passé, laissant l'infirmier prendre Camil pour l'amener faire des examens et le soigner. Je le regardais s'éloigner, n'osant même pas lui dire au revoir, titillant mes mains entre elles, un peu inquiète, quand même.