Encore une soirée à passer dehors. Il m'était impossible de rester chez moi, seul, un vendredi soir. Ce n'était pas Caleb ça. Un bon Caleb, fidèle à lui-même, irait s'éclater avec quelques minettes par-ci et là. Et tous les moyens étaient bons pour satisfaire la moindre de mes pulsions. C'est pourquoi, je me rendis ce soir-là, dans une boîte de strip-tease. Bon ok, j'y allais seul et ça gâche un peu le délire, mais bon, ce genre de petit plaisir était tout aussi bien lorsqu'il n'était pas partagé avec d'autres individus. En somme, j'étais posé seul, face à la scène, verre en main, contemplant gentiment ces déesses se déhanchant le long de leur barre de fer. Ce spectacle m'excitait considérablement. J'aimais bien ce genre de fille, prêtes à tout pour séduire, jouant de leurs attributs féminins. Très souvent, je craquais pour l'une d'elle et je finissais avec elle la nuit. Elles étaient toutes expérimentées au lit, donc ces filles sont un très bon choix. D'ailleurs, je cherchais du regard la fille sur laquelle je jetterai mon dévolu pour la soirée. Je parcourais la scène rapidement, sans être certain de mon choix. Bah, après tout, j'avais le temps, je tomberai bien sur une merveille danseuse avant la fin de la soirée. Ce n'était que le début. Et plus les représentations passaient, moins je trouvais de fille à mon goût. Non pas qu'elles étaient laides, bien au contraire, je n'avais juste pas envie d'elle, tout simplement. Presque blasé, j'attendais le prochain numéro, buvant une énième gorgée de ma seconde boisson alcoolisée. Et là, ma patience fut enfin récompensée. Une très jolie rousse fit son entrée, coiffée sauvagement, vêtue d'une lingerie en dentelle –  ma préférée – et le regard coquin. Elle paraissait sûre d'elle sans paraître prétentieuse pour autant. Elle était d'une beauté enivrante. Je souris légèrement, ravi de faire face à une sublime créature. Décidément, j'adorais bien les clubs de strip-tease ! Je restais assis, calme, à regarder la performance de la jolie demoiselle. Malheureusement, je fus trop loin pour examiner minutieusement tous les traits de son visage qui semblait être parfait. Je me contentais donc de regarder son corps danser, subjugué par le spectacle.

Puis, alors que j'étais captivé par la belle rouquine, à mon plus grand contentement, elle s'approcha de moi, pour venir continuer sa démonstration de plus près. Elle avait sans doute remarqué mon regard posant sur elle. Je n'avais pas été très discret, ne l'ayant pas quittée des yeux durant tout son show, mais c'était le but. Je voulais qu'elle me remarque. Et c'était chose faite. Elle vint alors danser au plus près de mon corps. Je fus pris de bouffée de chaleur, sentant l'excitation monter. C'est d'ailleurs pourquoi, après qu'elle se soit mise à me tourner autour pour se poser sur mes jambes, mettant bien en valeur son joli popotin, que je sentis la chose monter. J'étais bien avec cette inconnue, comme souvent par ailleurs. Je me laissais faire, heureux d'être celui qui était gâté, qui recevait. Pour le coup, j'aimais bien qu'on s'occupe de moi, surtout lorsqu'elle était aussi sexy que la demoiselle qui était avec moi à ce moment-même. Je souriais, emballé par un tel professionnalisme. Elle savait comme gérer, elle maîtriser son art. Quoi de plus craquant qu'une femme sûre d'elle ? La demoiselle venait tout juste de me montrer son magnifique soutien-gorge, après avoir ôté son bustier, laissant bien visible sa poitrine généreuse. Je regardais avec intérêt ces jolis formes. Cette femme était absolument parfaite. Elle avait tout. Je levai la tête pour observer de plus près son visage, qui était lui aussi plutôt craquant. Sauf que, en découvrant ce visage de plus près, je fus saisi d'un flash, me replongeant dix ans en arrière. Cette fille m'évoquait quelque chose... Les yeux, le nez, la bouche... un fantôme du passé. Je tentais de m'en souvenir, mais le prénom ne me revenait pas tout de suite. J'étais soudain intrigué. La connaissais-je vraiment ? Le visage imaginé, souvenir d'enfance, paraissait de plus en plus clair, plus net. Il s'agissait de ma seule amie d'Irlande, seul souvenir agréable de mes jeunes années. Mais... Avais-je donc Juliet face à moi ? Estomaqué par cette révélation, je ne fus plus du tout intéressé par la danse de la jeune femme. Elle avait sans doute aperçu mon soudain désintérêt. Cependant, je n'avais pas envie de gâcher le plaisir et de ce fait, je me remis de mes émotions pour apprécier le moment. Je souris et contemplais à nouveau ses jolies formes. Mince. Que foutait-elle là ? Ce n'était pas possible... Et si ce n'était pas elle finalement ? Je me tus, tentant d'ignorer cette découverte. Je posais mes mais sur ses hanches pour les diriger vers ses fesses, les caressant délicatement, satisfait. Mais merde, j'étais quand même sur le cul. C'était comme si ma sœur était en train de me chauffer. Glauque.

Je jouais mon allumeuse comme toujours. Je chauffais un homme mais je n'allais pas plus loin. Je ne voulais pas être une prostituée, le patron était au courant et ne m'avait jamais fait changer d'avis. J'offrais juste du spectacle. La seule fois où j'avais couché avec un client c'était avec Gareth Calloway quand je vivais encore à Dublin. J'avais quoi 19 ou 20 ans et à la sortie du travail j'avais retrouvé ce bel homme -bien plus âgé que moi- et nous avions passé une nuit torride. Bref, je faisais mon travail et me plaisais à créer les fantasmes de cette homme. Homme qui me semblait très beau bien que je ne l'avais pas plus regardé par la suite. Je fus contrainte de poser mon regard sur lui, quand, vêtue de mon soutien-gorge et mon string, je m'approchai de lui. Derechef, je remarquai qu'il était ailleurs. Avais-je fait quelque chose de mal ? Ou peut-être il regrettait de se trouver là plutôt que d'être avec sa copine ? Ça arrivait souvent ça. Les mecs se prenaient par les couilles en se sentant capable d'aller dans un club de strip-tease et une fois qu'ils commençaient à être trop chauffés dans le boxer, ils faisaient marche arrière. Bande de mauviettes.

Je ne m'arrêtai pas pour autant.

J'avais d'ailleurs très envie qu'il glisse un billet dans mon string. Je continuais alors ma petite danse quand je le sentis m'attraper les hanches. J'étais à nouveau proche de lui, et je devais baisser la tête pour l'observer. Ses mains caressèrent mes fesses nues, tandis que moi je dégageai ses mèches devant les yeux.

Nom d'un... !

Immédiatement il me rappela lui. Je me dégageai de ses cuisse, gardant mon sang froid et mon sourire coquin. « Viens. » Je ne pouvais pas lui demander si c'était bien lui là, juste devant le bar. Il nous fallait de l'intimité pour qu'on ne capte pas que je n'étais plus en train de me dandiner contre un homme. Je pris sa main, et le forçai à me suivre vers les chambres. Je croisai une fille « Tiens donc Jules, t'as franchi le cap. » Je lui répondis par un haussement d'épaules et je nous trouvai rapidement une chambre vide. Je fermais la porte à clef derrière moi et m'y appuyais contre -comme si j'avais peur qu'il s'échappe -. J'avais perdu mon regard et mon sourire de tigresse, de fille qui veut chauffer pour un petit sourire gênée. « O'Connely ? Le cirque de Patrick O'Connely ? » Mon père adoptif à l'époque d'où mon ancien nom Juliet O'Connely. Je rêvais qu'il me dise qu'il connaissait ce cirque, car ça voudrait dire que c'est Caleb. Mon meilleur ami d'enfance, mon amoureux d'enfance -mais ça personne le sait à part moi- et je crois que c'est la plus belle chose qui pourrait m'arriver: retrouver un ancien proche.

Pris de court, je m'interrogeais sur l'identité de cette ravissante strip-teaseuse. Elle ressemblait à Juliet, celle de mon enfance, mais en même temps, je ne comprenais pas ce qu'elle pouvait bien foutre là. J'avais toujours été protecteur envers elle, agissant tel un grand frère, alors, la retrouver ici en train de chauffer n'importe quel type d'homme, dont moi, ne me plaisait guère. C'est pourquoi, pendant un instant, je ne réagissais plus, encore choqué par cette éventuelle révélation. Mais très rapidement, je repris mes esprits pour ne rien laisser paraître. Or, elle avait du sentir quelque chose. Elle m'emmena dans une salle privée, dans laquelle seuls nous deux s'y trouvaient. Avait-elle elle aussi compris ? Ou bien avait-elle perçu mon hésitation et voulait tenter de se rattraper, bien que ce n'était pas de sa faute ? Quoi qu'il en soit, elle agissait bizarrement, en verrouillant la porte et en s'adossant contre celle-ci. Elle avait changé d'expression du visage, prenant une mine embarrassée, ce qui la rendait davantage mignonne. Et, grâce à son sourire gêné, je n'eus plus aucun doute. Il s'agissait bien de la petite Jules que j'avais connue autrefois, celle avec qui je partageais tout, celle qui me comprenait et me soutenait tout le long de mon enfance. Elle-même avait découvert mon identité et venait de me citer le cirque O'Connely. C'était donc elle. J'eus un rire nerveux, encore abasourdi par cette découverte. Putain de merde. C'était plutôt délicat comme situation en plus. Et dire qu'on aurait pu coucher ensemble, si nous étions encore en train de nous exciter mutuellement quelques instants plus tôt. Je passais une main dans  mes cheveux, encore sous le choc. J'étais persuadé de ne plus jamais la retrouver et pourtant, le sort s'était bien moqué de nous, en nous réunissant ici, dans ces conditions. « Ouais. Ouais, effectivement. On vient tous les deux de là. Juliet. » Je ne pus cacher ma joie en prononçant son prénom, souriant timidement, mais en la regardant avec grand intérêt. Elle n'avait pas beaucoup changé si on regardait bien. Elle était devenue encore plus jolie. Et elle était devenue une femme. Ce qui changeait tout. Je m'assis sur le lit, ne la quittant pas des yeux pour m'adresser de nouveau à elle. « Je ne m'attendais pas à ce que l'on se retrouve. Encore moins dans une boîte de strip-tease. » Je ris, encore étonné par ce qui se produisait. Je voulais la prendre dans mes bras, la câliner, heureux de l'avoir à nouveau dans ma vie, mais étrangement, je sentais un certain blocage. Je n'arrivais plus à la toucher, comme si je venais de découvrir que la fille que je chauffais à l'instant était en réalité ma sœur.  

Je restai contre la porte à l'observer. Attendant sa réponse. Intérieurement, je croisai les doigts pour que ce soit lui, le Caleb que j'ai connu en Irlande. Il ouvrit la bouche et me répondit. Je n'en croyais pas mes oreilles, c'était bel et bien lui ! Je ne savais pas comment exprimer ma joie. J'étais terriblement gênée et perdue avec les sensations que j'éprouvais à cet instant. Moi, qui était froide et peu tactile, j'avais envie de lui sauter dans les bras. C'était sans doute l'ancienne Juliet, l'enfant admiratrice de ce garçon qui pensait cela. Quant à la Juliet femme... Elle resta contre la porte en s'y collant un peu plus. Mettant mes bras contre ma poitrine. Et dire qu'il y a quelques minutes, je me frottais à lui mon Dieu ! Je décidai enfin à bouger. Je me contentai de d'abord retirer mes escarpins. Caleb s'installa alors sur le lit et sa phrase me fit un peu sourire. Dire que je n'aurais même pas dû être là ce soir. « Dis toi que normalement j'aurais du être chez moi et pas ici, ce soir. » Je longeai le mur sur la droite pour y découvrir une petite armoire. Lui faisant dos, j'ajoutai.« Le hasard fait bien les choses. » J'ouvris le meuble et découvris un tas de trucs colorés. Des menottes roses, des sextoys bien étranges mais ce qui m'intéressait là c'était la sorte de robe de chambre en soie rouge. Histoire que je me couvre un peu. Je commençai à avoir un peu froid, moi ! Je nouais la ficelle autour de ma taille et timidement vins rejoindre Caleb sur le lit -qui devait bien avoir servi. Ne sachant plus quoi faire ou quoi dire étant proche de lui, je me contentais de retirer mes bas pour que mes jambes retrouvent un peu de liberté, ainsi que mes pieds. Fallait vraiment que je trouve un truc à faire ou à dire. Vite. « Je suis désolée pour tout à l'heure. De... De m'être frottée contre toi. » Je me sentais idiote. J'en avais plus ou moins rêvée quand j'étais adolescente. Oui, j'avais rêvé de lui provoquer une érection pour qu'on fasse l'amour pour la première fois. Et maintenant, voilà la situation. J'étais affreusement gênée. « Tu vas bien sinon ? » Dis-je avec hésitation, en restant encore assez loin de lui sur le lit.

Je remarquais que Juliet était bien embarrassée. Ce qui était absolument normal. La pauvre, c'était quand même elle qui était à moitié à poil et qui dansait sensuellement, quelques minutes plus tôt, devant moi. Moi-même j'étais encore un peu gêné. Cette fille représentait tellement de choses pour moi. En effet, elle me rappelait mon enfance, ma liberté, mon innocence, mon bonheur... Elle était celle avec qui je traversais toutes les épreuves alors que j'étais gamin. Malheureusement, nos chemins se sont séparés par lui suite. J'ai quitté le cirque et perdis contact avec elle. Cela me peinait de devoir faire comme si elle n'existait plus mais bon, je devais me soumettre à cette malheureuse idée. Tendu, je passais ma main sur ma nuque. Jules venait de me répondre, ce à quoi je rétorquai aussitôt : « Ah ouais ? Tu ne bosses pas vraiment ici ? » J'espérais vraiment de tout coeur qu'elle ne travaillais pas là en permanence, qu'elle devait juste assurer la fonction d'une des filles ici, et que c'était une procédure d'urgence ou que sais-je. C'était pas très plausible et pourtant, dans ma tête, ça tenait la route. Quant au fait que le hasard fasse bien les choses, je souris en acquiesçant. « Effectivement. C'est peut-être carrément le destin là. » La demoiselle s'était couverte un petit peu puis m'avait rejoint sur le lit. Elle était bien timide, s'excusant pour les événements passés juste avant. « Bah, t'as fait ton job, on ne peut pas t'en vouloir. Et puis, c'est pas comme si t'étais pas douée en plus. » Je la regardais avec malice en prononçant la fin de ma phrase. Je venais de lui lancer un compliment, et pas des moindres. La Jules jeune que j'avais connue n'avait plus rien à voir avec la Jules qui se tenait face à moi. Elle était beaucoup plus attirante et diablement plus sexy, ce qui était bien normal. En outre, elle me demanda si j'allais bien. Cette question était étrange soudainement. La sortir à ce moment, dans ces circonstances rendait cette rencontre encore plus gênante. « Hmm ouais ? Je viens juste e retrouver ma meilleure amie d'enfance dans une boîte en train de me chauffer haha. Donc ouais, ça va bien. Et toi ? Tu me sembles embarrassée. Ne le sois pas. On est pas entre inconnus après tout. » Le pire, c'était que je me sentais vraiment bien. La découverte de Juliet était une si belle chose en soi, notamment par cette manière. Puis, je voulais également la rassurer, qu'elle se sente bien. Je ne supporterais pas de la voir mal à l'aise trop longtemps, ça me fendrait le coeur en fait.

Caleb, curieux, me demande plus sur mon job de strip-teaseuse puisque j'avais insinué que je ne bossais plus ici. « J'ai arrêté de bosser ici depuis presque deux mois, en fait. Je suis juste de remplacement ce soir. » Je ne dis pas plus sur ma vie professionnelle. Souvent, ça pouvait choquer les gens que je travaille dans la mort et je n'avais aucunement envie de faire fuir mon ancien meilleur ami alors que je venais de le retrouver après plus de dix ans d'absence. Discrète et calme, j'écoutais le brun en l'observant. Il était tellement beau. Il me  fit d'ailleurs un compliment sur mon petit show comme quoi j'étais douée. Je souris. Ce n'est pas comme si j'étais novice. Je faisais ça depuis mes dix-neuf ans quand même. « Merci. » OK ma question à savoir s'il allait bien était un peu débile, c'est vrai. J'eus un petit rire gênée. Oh oui j'étais gênée ! Je passais une main dans ma chevelure rousse d'abord. Je ne savais pas trop quoi faire à vrai dire. J'étais comme paralysée bien qu'au fond de moi, la jeune Juliet que j'avais été voulait se manifester. Et elle réussie. Je glissai sur le lit afin de me rapprocher de lui, ensuite je passai un bras contre son dos et mon deuxième bras enlaça son torse. Mon corps svelte entra alors en contact du sien. J'étais en train d'enlacer Caleb. Mon visage était enfoui dans le creux de son cou, humant son doux parfum. J'étais intérieurement paniquée par ce que j'étais en train de faire. A qui avais-je fait un câlin la dernière fois ? Je ne comptais pas bien sûr les fois où Eireen reposait entre mes bras. Je cherchais, je cherchais. Bon sang, je ne voyais pas. Je n'avais jamais enlacé d'amants, ni même Keith qui m'avait tant aidé. Peut-être qu'au final... Caleb était le dernier que j'avais enlacé quand nous étions encore en Irlande. Un sentiment de béatitude me submergea brusquement. J'étais bien dans ses bras, jusqu'à que...

« Jules ! » On frappa à la porte. Je sursautai et m'échappai rapidement des bras de Caleb. « Excuse-moi, je reviens. Bouge pas hein. » Comme s'il pouvait aller quelque part -> Je me hâtai de sortir de la chambre et refermer la porte derrière moi. C'était mon patron. « Je pensais que tu baisais pas avec les clients ! » « Je... Non mais je fais rien. » J'étais encore un peu secouée par la présence de Caleb, il fallait que je reprenne du poil de la bête. « Tu fais rien ? Ecoute je ne t'ai pas demandé pour jouer la psychologue avec des hommes ou faire connaissance, on n'est pas sur Meetic ici. Tu trouveras l'homme de ta vie, ailleurs. » Rageait-il. Ça y est, je sentais la moutarde me monter au nez. « Donc soit tu t'occupes du mec dans la chambre sexuellement parlant, ou tu vas bouger ton petit cul sur scène. » « Ou je me casse. C'est vrai quoi, je venais juste dépanner une fille qui était malade mais j'ai rien signé après tout. » Immédiatement, le visage de mon interlocuteur se vida de toute expression. « Non, on a besoin de toi ce soir Jules. » « Ouais et bien moi j'aime pas qu'on me gueule dessus comme une merde. Donc, j'me casse et démerde-toi. T'as qu'à aller bouger toi-même ton cul sur scène. » Ah j'avais repris du poil de la bête. Je fis un sourire d'hypocrisie, et repartis dans la chambre, laissant mon patron con et seul.

Je m'avançai vers Caleb et lui lançai: « Tu n'as rien de prévu ce soir ? Je peux te rejoindre devant la boîte dans dix minutes, si tu veux... » Moi je voulais en tout cas. Voyant que ça ne lui posait pas de problème, je continuai: « Je me dépêche d'aller me changer dans ce cas ! A toute de suite. » Je m'étais à nouveau calmée et lui lançai un grand sourire digne d'une gamine excitée. Ni une, ni deux, je quittai la pièce.

Les choses prirent une tournure à laquelle je ne m'attendais pas. Quoique... Je mentirais si je disais que je n'avais pas imaginé une seule seconde être aussi proche de Juliet qu'elle le serait en venant s'enlacer à moi. Juste avant ça, elle me rassura en disant qu'elle ne travaillait plus du tout dans cette boîte mais lorsque je réalisai qu'elle le faisait auparavant, je me sentais si mal. Mal pour elle et en même temps je m'accusais d'être un peu le responsable. C'était gros de dire ça mais je voulais dire que, si j'étais resté avec elle, au cirque, et qu'on avait ensemble migré aux USA, elle n'aurait peut-être pas à travailler en tant que strip-teaseuse, dans le sen où je l'en aurais protégée, j'aurais fais en sorte qu'elle ne fasse pas ce job, beaucoup trop inquiet qu'il lui arrive quelque chose de grave à cause de ça. Mais bon, elle avait du décider de devenir reine de show coquin de son plein gré, comme une grande fille, sans dépendre de l'avis de quelqu'un d'autre. Et ça, je trouvais que c'était parfaitement courageux et malin. J'étais donc finalement fier de ce qu'était devenue ma meilleure amie d'enfance mais inquiet dans le même temps. Après tout, elle était innocente, elle. Elle ne transgressait pas la loi sans arrêt comme l'abruti que j'étais devenu. Le pire dans tout ça, c'était que je n'en avais pas particulièrement honte, hmm. Je la regardais donc après avoir donné sa réponse, tout en hochant la tête. Je n'osais pas lui demander ce qu'elle faisait actuellement. Et si elle était devenue prostituée en fait ? Haha, je ris intérieurement. Je savais bien que ça ne lui ressemblait pas. Elle ne pratiquerait pas ce genre d'activité, elle n'avait pas besoin de ça.

Contre moi, la jeune femme me faisait un petit effet. Je me sentais tout drôle, mais si bien. Cette proximité me faisait réellement du bien. J'avais envie de la serrer fort à mon tour, mais je me contentai simplement de poser ma main sur son bras contre mon torse et de sourire en déposant un baiser sur sa tête, ou plutôt ses cheveux. J'étais un peu gêné d'être aussi proche d'elle vu sa tenue et le lieu mais je m'enfoutais royalement au final. Juliet restait la petite enfant avec qui je traînais chaque jour de ma vie de gamin. Je n'allais donc plus jouer les timides, ça suffisait. Malheureusement, cette étreinte ne pu se prolonger davantage car la demoiselle fut appelée par quelqu'un qui toqua à la porte. Je levais soudainement la tête et fronçais les sourcils, légèrement remonté contre la personne qui venait de nous déranger. Elle m'avertit qu'elle allait revenir et que je ne devais pas bouger. Je ris. « Ne t'en fais pas, je ne pourrai pas t'abandonner. Pas dans cet état haha. » Je sentais que Juliet était la seule personne pour qui je ressentais un fort sentiment d'affection. Bien sûr, il y avait Lera, mais ce n'était pas la même nature de relation. Avec Juliet, c'est une sorte de relation fraternelle mais si fusionnelle. Ce type de lien m'avait tellement manqué !

La jeune femme revint au bout de quelques secondes, prête à quitter les lieux. Je me demandais bien qui était le perturbateur et ce qu'il voulait. Je me levai donc du lit, mains dans les poches. « C'était qui ? Et il voulait ? » Elle m'avait proposé de rester ensemble pour la soirée si j'étais disponible. Evidemment que je l'étais et même si ce n'était pas le cas, j'aurais annulé ce que j'avais de prévu. « Bien sûr ! Ca me ferait grandement plaisir même. » Je fis un grand sourire en la regardant quitter la pièce pour aller chercher ses affaires. A mon tour, je sortis de la chambre pour attendre tranquillement dehors que la belle rouquine vienne me retrouver. Je ne savais pas du tout ce que nous allions bien faire, et je m'en contrefichais à vrai dire. Tant que nous étions ensemble, c'était le plus important. On jouerait peut-être comme les gamins que nous étions à l'époque haha ? Un retour en enfance était sans doute possible ce soir. A moins que ce ne soit tout l'inverse... ?

En revenant dans la chambre, Caleb s'était empressé de me demander qui était l'homme avec qui je parlais et que me voulait-il. « Oh, c'est rien. C'était juste mon patron. Enfin ex-patron. Il rageait parce que je n'étais ni sur scène, ni en train de te... M'occuper de toi. » Avais-je dit un peu agacée par la comédie qu'il venait de me faire. Par la suite, vu que plus rien ne me retenait aussi, j'avais proposé à Caleb de m'attendre dehors histoire que j'aille me changer. Du moins, m'habiller plus chaudement. Il avait l'air totalement d'accord pour m'attendre d'ailleurs. Parfait, c'était absolument parfait. Récupérant mes talons au passage, j'avais vite fait de disparaître de la chambre pour retourner aux vestiaires.

Je fus obligée de passer vers le bar pour rejoindre les vestiaires, et je ne pus m'empêcher de lancer un bref regard mesquin à mon patron. Je n'aimais pas qu'on me provoque et ce qu'il avait fait. La prochaine fois, s'il avait besoin de moi ça ne serait même pas la peine de m'appeler puisque je ne répondrais même pas au téléphone. Petit merdeux, va. Je gagnai le vestiaire qui était par chance vide. Comme ça personne allait m'emmerder. Je retirais mes bas et porte-jarretelles pour enfiler un collant opaque noir à la place. Par dessous mon soutien-gorge, je mis une robe prune assez sobre. Fallait que je fasse bonne impression à Caleb. Heureusement que je n'étais pas venue avec des vêtements trop moches. L'apparence toujours. J'y faisais très attention, même trop. Je terminai par enfiler mes bottines compensées avant de passer rapidement devant le miroir. Un coup de brosse dans mes cheveux, un nouvelle petite couche de rouge à lèvres et le tour est joué. J'enfilai mon manteau et pris mon sac à main avant de quitter la salle.

J'espérais que Caleb n'avait pas attendu pas trop longtemps. Les filles c'est toujours long à se préparer. J'avais fait aussi vite que possible. Sortant de l'établissement, je jetai un coup d'oeil à droit et à gauche, puis le vis un peu plus loin. Souriante, j'allais à sa rencontre. « Me voilà ! J'espère que tu n'as pas trop attendu... » Je regardai un peu autour de nous avant d'ajouter:  « Tu veux faire quoi ? »