Cela faisait 1h30 que Julie était assise sur un banc en train de revoir son cours de graphisme ; ses notes n'étaient pas très lisibles ou structurées de manière logique, néanmoins elle tentait bien que mal à réussir à comprendre ce qu'elle avait fait en cours cet après-midi. Elle n'avait pas beaucoup suivi les cours des heures précédentes, occupée à penser à un problème d'amis. Toutefois, Jules souhaitait ne plus penser à ça, tellement le sujet la mettait mal à l'aise, et la seule chose qui pouvait la distraire était son cours. Alors, elle s'était dirigée à 15h30 dans un vaste parc pour ne pas se sentir seule. Elle ne voulait pas rentrer à la maison car elle était persuadée qu'elle serait vide. Ses parents travaillent et ses frères sont à l'école. Bref, elle décida de ranger ses affaires pour se promener un peu dans le parc. Il y en avait du monde. Tant mieux, elle n'était pas du genre solitaire. Tout en marchant lentement et en regardant autour d'elle, elle aperçut au loin un grand camion, très louche, sur lequel se tenait dessus des gens habillés à la façon gay pride mais en encore plus osé et encore plu fluo. Attendrie, Julie fixait ce camion sans en détacher le regard une seconde, elle avait un peu ralenti son allure, mais elle continuait à avancer. Soudain, elle heurta quelqu'un. Surprise, l'étudiante reporta son attention sur la personne qui venait de faire tomber ses affaires et qui les ramassait, tout en s'excusant. Elle ne savait pas vraiment à qui était la faute, sans doute elle y était pour quelque chose aussi vu qu'elle n'avait plus regardé devant elle depuis une quinzaine de secondes et qu'elle avait tourné sa tête. Enfin bon, Julie était gênée et s'excusa à son tour, elle se baissa pour aider le jeune homme qui paraissait un petit peu pressé. Son visage était imperceptible jusqu'à ce qu'il le relève quelques secondes après. Et là, Julie constata qu'elle se souvenait de ce visage. Enfin, pas à la perfection, elle n'était pas sûre car cela remontait à un ancien souvenir. Il était de sa famille... Comment se prénommait-il encore ? Mark, Mike... Maël ! Voilà, c'était ça. Elle se souvenait de l'avoir vu quelques fois, en famille il y a longtemps. Et depuis, elle n'avait que vu une ou deux photos de lui un peu plus récentes que son grand frère lui avait montré, il les avait trouvés sur Internet... Il avait d'ailleurs trouvé un tas d'autres membres de la famille avec qui elles n'avait pas beaucoup été en contact pour n'importe quelles raisons. Elle pensait à tout ça, alors qu'en fait il était plausible que ce ne fut pas Mael. Cependant, il affichait aussi un visage un peu intrigué. Trop curieuse, Julie se lança à demander si c'était bien la personne à qui elle pensait, tout en se relevant et souriant nerveusement. « Euh... J'ai l'impression de vous connaitre. Si je ne m'abuse, vous êtes Maël ? Un membre de la famille Evans, ou ayant un lien de famille avec ? » Elle ne se souvenait plus du nom de famille du jeune homme malheureusement. Elle espérait vraiment que c'était lui, sinon elle passera pour une cruche mais surtout parce qu'elle voulait entrer en contact avec lui, enfin. Après tout, si elle ne se trompait pas, ils étaient cousins.

Il n'était pas évident de se souvenir des gens qu'on a à peine vu durant son enfance, d'autant plus quand il s'agit de personnes avec lesquelles vos parents ont eu des différents. Quoique, là il s'agissait de Maël, Maël Petterson. Son nom n'évoqua pas grand chose dans ses souvenirs. Elle n'avait retenu que le prénom et son visage. C'était déjà ça. Jamais Julie n'osa demander à ses parents l'affaire qui s'était produit entre la famille Petterson donc, et la famille Evans. Elle savait juste que "ça ne la concernait pas" d'après les dires de sa mère et que "de toute façon, tu ne pourras plus les voir" d'après son père. Il était vrai que ce n'était pas une dispute qui la concernait et c'est pourquoi elle refusait de subir cet éloignement des membres de sa famille. C'était tout bonnement ridicule. Alors là, c'était le moment pour elle de connaitre Maël, et de profiter de l'occasion que ses parents n'étaient pas là pour qu'ils se parlent. A moins qu'il n'était pas disponible ? Il agissait précipitamment à reprendre ses affaires étalées par terre et les siennes, il devait donc être occupé. Julie ne tenait pas à perturber ses projets néanmoins sa curiosité prenait le dessus et elle se risqua à demander s'il avait du temps pour rester encore au parc. « Ah ! Je suis ravie que ce soit vraiment toi, je craignais m'être trompée, je passerai pour une folle sans doute dans ce cas... T'as du temps pour rester un peu là ? » Timide, la jeune Evans prit doucement le cahier, tout en tremblant des mains, que Maël lui tendait. Il lui souriait. Ca lui fit du bien de voir qu'il n'avait pas l'air désintéressé par la situation. Par contre, que c'était ennuyant pour elle de paraitre trop angoissée ! Elle avait peur qu'il croit qu'il la mettait mal à l'aise et qu'il ait de mauvais opinions sur la situation. Jules était contente d'être tombée par hasard sur son cousin. « Je me prénomme Julie, oui. Julie Evans. Tu vois un peu ou... ? Je crois bien qu'on est cousin oui. Enfin, je n'ai pas de preuve à te tendre là maintenant, mais je me souviens de toi, et récemment j'ai découvert des photos de toi récentes avec mon frère, et il m'a dit que tu étais le cousin malheureux... » A parler très vite, Julie avait trop parlé. Elle s'arrêtait sur son dernier mot en le regardant d'un air vide. Elle savait qu'elle venait de faire une boulette. Merde, pourquoi parler de son triste passé avec ses parents, maintenant ? La jeune femme tenta de se rattraper en insinuant qu'elle parlait de la dispute avec leurs parents et rien d'autre. « Euh, désolée, euh non, je voulais dire "malheureux" dans le sens où il y a eu des embrouilles entre notre famille, ce qui t'a éloigné de nous, ou en fait on est malheureux nous aussi, car on a été éloigné de toi... Enfin, bon. » L'expression orale de Julie était maladroit mais la pauvre, elle perdait littéralement ses moyens. Elle se contenta alors de se taire et de le regarder avec un petit sourire très gêné. Elle passait vraiment pour une débile. Elle espérait néanmoins que son cousin aurait le temps de rester un peu pour discuter et qu'il ne serait pas déstabilisé par l'attitude maladroite de la brunette.