Pouf. Tombé. Pouf. Encore tombé. Mes affaires tombaient en masse et heurtaient le sol sans faire de dégâts, heureusement. J’étais en train de ranger certaines de mes affaires, nettoyage de printemps oblige, ayant du temps à tuer. Il ne faisait pas très beau à l’extérieur, c’est pourquoi je préférais ne pas m’y aventurer. Et j’étais seule à l’appartement. Sierra était sortie et Dom était à l‘université. Mon petit-ami travaillait comme la plupart de mes amis. Pas conséquent, je devais me débrouiller seule, comme une grande. Alors, je me débarrassais de tout ce qui m’était désormais inutile. Je découvris alors de vieux magazines qui dataient de 2011, des manuels scolaires quasiment tout neuf, des bijoux usés voire même cassés… Une foule d’objets dont je ne m’en servais plus. Je rangeais alors le tout dans un sachet poubelle que j’avais prévu de jeter par la suite à la poubelle. Toutefois, en dépoussiérant mon album photo tenu lors de mes années lycée, je tombais sur des photos qui semblaient être, pour certaines, d’une époque lointaine. Comme sur cette photo où j’étais en compagnie d’une brune, dans mon jardin. Je plissai les yeux et fronçai les sourcils tentant de me remémorer la personne avec moi. Je n’avais plus touché à cet album depuis des années ! Et en regardant attentivement cette jolie brune au grand sourire, je me souvins de son identité. C’était étrange de la revoir ainsi, dans un différent contexte et dans une période bien plus innocente. Le temps avait fait de nous des amies qui s’étaient perdues de vue, surtout pour les habitudes de la demoiselle qui ne m’enchantèrent guère, ce à quoi, j’avais préféré prendre mes distances. Je m’en étais beaucoup voulu de l’avoir abandonné. Je n’avais pas à le faire. Encore moins lorsque Lily-Rose perdit tout, en l’espace de quelques minutes. Quand je repensais aux événements récents de sa vie, j’en eus la chair de poule. Elle avait eu une vie des plus chaotiques ces dernières années, rien n’avait été facile pour elle. Je secouais la tête, un peu en colère contre moi-même. Et soudain, je fus tentée de la retrouver, de la voir, de lui reparler, faire comme avant… Bien que je savais pertinemment que cela était impossible. Je pouvais toutefois aller lui rendre une petite visite, espérant qu’elle serait chez elle et que ma présence lui ferait plaisir. Je lui envoyai alors un sms dans lequel je la prévins de mon passage. J’eus droit à un simple « ok ». C’était bon, j’avais le feu vert. Enfin, c’était ce que je pensais, car une fois arrivée chez elle, au moment où je toquais à sa porte, je n’obtins aucune réponse. Personne ne vint m’ouvrir. Je savais que Maddox ne serait pas à l’appart, il ne devait qu’y avoir Lily. Pourtant, je n’entendis aucun bruit venant de derrière la porte. Je n’aimais pas lorsque je n’avais aucun retour, je m’imaginais toujours le pire. Et vu que Lily n’était pas des plus stables, je redoutais quelque chose d’horrible. Paniquée, je retoquais à sa porte, cette fois-ci, avec plus d’intensité. Toujours rien. Je passais une main dans mes cheveux puis fis retentir la sonnette, angoissée. S’il te plait Lily…
Je ne voulais pas sortir, je ne voulais pas parler avec qui que ce soit, je voulais voir personne, même pas Maddox qui était récemment rentré de mission. Il ne c'était pas fait désirer lorsque je l'avais mis à la porte le matin, il c'était habitué à mon caractère, à ce qu'ils disaient être une maladie et puis il avait des choses à faire, m'avait-il dit. Je n'étais pas partie travailler, bien que tout le monde savaient que j'adorais mon travail. Je n'en avais pas envie. J'étais fatiguée, je me sentais vide. Et personne n'avait le droit d'assister à ma crise. J'avais peur, peur que tout recommence. Je ne voulais pas arriver à un stade ou je devrais me faire internet en hôpital psychiatrique encore une fois. Mais c'était plus fort que moi, elle prenait le dessus, j'avais beau lutter, je perdais toujours. Allonger dans mon lit, dans le noir complet. Je luttais pour ne pas craquer, je dormais, je regardais la télévision. Je me changeais les idées. Mon téléphone sonna, m'annonça la réception d'un message. Je ne lus même pas l'intégralité du contenu, me contentant de répondre un simple « ok. ». La personne comprendra que je n'avais pas envie de parler.
Les minutes passèrent, se faisant longue, de plus en plus longue. Je ne tenais plus en place. Je voulais sortir, mais j'avais sans arrêt l'impression qu'on me voulait du mal ou bien, je dépensais de l'argent que je n'avais pas. Mes crises se ressemblaient, une routine passagère qui m’effrayait. Je savais tant bien que mal qu'il me suffisait de prendre mes médicaments pour que tout s'arrange, pour que je me calme. Mais je n'étais pas malade, je n'avais pas besoin de médicament. Je n'ai pas de cancer, je n'ai pas une maladie qui me conduira à la mort. Je me sens juste mal et aucun médicament ne peut faire disparaître ce mal être. Quelqu'un toqua à la porte, je ne pus m'empêcher de ronchonner. Avais-je fait quelque chose de mal pour qu'on vienne toujours m'embêter lorsque je demande simplement à être tranquille ? On toqua une seconde fois, je claqua mes bras sur les matelas. Puis la sonnette se fis retentir. S'en été trop.
Complètement énervé à l'idée d'être dérangé, je descends les escaliers tout en les claquant assez fort pour évacuer la colère, ce qui ne fonctionna pas. Je me cacha derrière ma fenêtre, bougeant le rideaux pour pouvoir voir qui est la personne qui venait gâcher ma tranquillité. Julie. Mais que me voulait-elle ? Elle ne pouvait pas passer plus tard ? Je relâcha le rideaux lorsque qu'elle tourna son regard sur la fenêtre. Avec un peu de chance, elle n'a rien vue et elle ne tardera pas à s'en aller.
Devant la porte de la maison de Lily-Rose, je patientais tranquillement jusqu'à ce qu'elle m'ouvre la porte. Or, rapidement, je me rendis compte qu'il ne se passait rien. Pourtant elle devait être là, elle ne m'aurait pas posé un lapin. Alors, très vite, cette perplexité se transforma en inquiétude. Je connaissais Lily et ses crises. Etait-elle en pleine crise, là maintenant ? Si c'était le cas, je ne savais pas s'il était plutôt bon ou mal que je sois là. Hésitante, je voulus toquer à nouveau à la porte lorsque quelque chose bougea près de la porte. Le rideau avait bougé. Je ne vus pas de qui il s'agissait, mais quoi qu'il en soit, cela voulait dire que quelqu'un était présent dans la maison. Je sentais donc que la demoiselle, car ça ne pouvait être qu'elle, voulait se cacher de moi, ne pas me voir. Je ne comprenais pas. Elle ne s'était pas opposé à ma visite pourtant... J'ignorais quoi faire. La laisser seule et partir ou bien tenter de rentrer pour rester avec elle ? Si elle était en pleine crise, je pourrais l'accompagner durant celle-ci, enfin, si elle le voulait. Et la connaissant, e savais pertinemment qu'elle refuserait. Bon, je pris ma décision. Je respirai un bon coup et appuya sur la sonnette. Tant pis si je l'énervais, mais, je ne savais pas de quoi Lily était capable en pleine crise et cela m'effraya considérablement.
« Lily, s'il te plait ! Je sais que tu es là. »
Qu'est-ce que je pouvais être chiante en fait. J'espérais que Lily puisse m'ouvrir. Je voulais vraiment lui parler et la voir, et en plus, cela me semblait être important de la soutenir si elle avait besoin d'aide. Malgré sa fierté, je me risquai à vouloir l'aider. En vain, peut-être... Cependant, je ne voulais pas la brusquer et attendis à nouveau qu'elle réagisse.
Une fois de plus, la sonnette retentît dans l'enceinte de la maison. Elle n'avait pas l'intention de partir, de me laisse tranquille. Ce qui ne m'étonnait pas de Julie, en quelque sorte. « Lily, s'il te plait ! Je sais que tu es là. », je fermais les yeux, recherchant une certaine sérénité que je trouve pas. Peut-être devrais-je lui ouvrir, elle repartira aussitôt voyant qu'il n'y a rien à signaler. Je me dirige alors vers la porte, que j'ouvris le plus lentement possible, pour bien lui montrer mon agacement. J'avais beau aimé Julie, la remercier d'avoir été à la mort de mon fils, aujourd'hui elle me paraissait être la personne agaçante au monde. Un peu peau de colle. Je n'aimais pas ça. Je voulais me sentir libre, me sentir forte. Je voulais affronter mes démons seule, comme toujours. Mais peut-être en vérité avais-je besoin d'être accompagné ? Je veux dire, comment font-ils, les autres ? J'enlevais rapidement cette idée de ma tête, ouvrant la porte tout en lançant un regard à Julie. « Qu'est-ce qui t'arrive ? », c'était plutôt ironique vue la situation. Lui demander ce qui lui arriver était une question des plus idiotes. Elle et son copain c'était récemment quitté. Etant donné que je lui avais proposé de passer dés qu'elle avait envie de parler. Elle avait peut-être simplement envie de parler à une amie, une amie qui la laisse devant la porte, tout à fait.
Je me recule de l'encadrement de la porte, la laissant alors entrer dans la maison tout en fermant la porte après elle. Sans rien dire de plus, sans rien ajouter, je rejoignis mon salon dans lequel je m'assois sur le canapé tout en restant silencieuse. Je n'avais rien à dire, je ne pensais à rien. Alors si elle voulait échanger le moindre dialogue avec moi, elle devra trouver un sujet de discussion. Il y avait ce silence dans la pièce qui pourrait vous glacés les eaux. Je devais lui faire peur, à Julie. Je ne pense pas qu'elle m'ait déjà vue dans ce genre de situation. Situation passagère, puisque tout cela sera bientôt terminé.
L'absence de réponse de la part de Lily me laissait perplexe. Voulait-elle m'éviter ? Etait-elle occupée ? Une voix à l'intérieur de mon esprit me conseillait de m'en aller sur le champ pour ne pas agacer la brunette, et pourtant, il y avait une autre voix en moi qui insistait pour que je reste. Après tout, il se passait peut-être quelque chose d'anormal et je devais être aux côtés de Lily. C'était ainsi que je m'étais convaincue de rester là où j'étais, devant sa porte. J'avais un peu l'air d'une cruche dans cette situation, m'enfin. Au bout de quelques minutes, elle daigna enfin m'ouvrir la porte. J'avais envie de lui balancer "ce n'est pas trop tôt" pour blaguer mais vu la mine qu'elle affichait, je préférais m'abstenir de toute remarque. Je l'avais visiblement froissée avec mon arrivée. Je me sentais coupable sur le coup, d'autant plus lorsqu'elle me demanda ce qui m'arrivait. Je ne savais pas du tout quoi répondre, me sentant si bête. C'était elle qui n'était pas bien et pourtant l'attention était portée sur moi. Ok j'avais besoin de parler à Lily, toutefois, son état de santé me préoccupait avant tout. Je pinçais alors les lèvres, la regardant, interdite. D'une voix brisée, je réussis à articuler ces quelques mots :
« Je... Je suis désolée. Je ne voulais pas t'embêter... Je voulais te voir et savoir comment tu allais en même temps... »
Elle me laissa entrer, rejoignant par la suite le salon pour se poser sur son canapé. Je fis de même, tout en gardant le silence. C'était étrange. Ce silence était posant et dérangeant. Je sentais que c'était à moi d'intervenir en première, mais c'était délicat, je devais faire attention à ce que j'allais dire. Je posais à nouveau mon regard sur la jolie brune, avec un petit sourire.
« J'ai apporté d'anciennes photos de nous avec moi. Je suis tombée dessus aujourd'hui et j'avais envie de les partager avec toi. »
Je sortis les photos de mon sac et me penchai pour les donner à Lily. Je me disais que ça lui ferait du bien de penser à une époque où tout était simple, agréable et plutôt innocente. Mais, en même temps, je redoutais que ça la refasse plonger dans une crise, étant donné que cette période peut raviver en elle de biens mauvais souvenirs. Je tentai alors de dévier légèrement le sujet. Je souris puis ris en repensant à nos looks d'il y a quelques années.
« C'est fou comme nous ressemblions à de vraies gamines, nos tenues vestimentaires craignaient un peu quand même. »
Le silence était lourd. Pesant. Pourtant, il me paraissait être plus rassurant en l'instant présent de rester silencieuse que de lancer un dialogue avec Julie. Je savais très bien qu'elle s'inquiétait pour moi. Ils avaient tous le dons de s'inquiéter pour moi. Comme si j'étais une enfant. Vingt-cinq ans, j'ai vingt cinq ans bordel. Je pouvais très bien m'occuper de moi seule. Elle s'installe à mes côtés, ne me quittant pas du regard comme si j'étais une bête de foire. Je la regardais du coin de l'oeil, sans rien dire. Seule notre respiration emplissait la pièce de bruit. Et puis, c'était comme si notre respiration était dérangeante. Je venais à pensé que tout cela était de ma faute. Tout cela était à cause de cette pseudo maladie. Bon sang, est-ce qu'un jour, je pourrais me sentir normale ? Sans avoir sans arrêt la peur d'avoir une crise ? Est-ce que c'est possible. « J'ai apporté d'anciennes photos de nous avec moi. Je suis tombée dessus aujourd'hui et j'avais envie de les partager avec toi. » Elle sortie de son sac une petite pile de photos qu'elle me donne alors. Je reste un court instant à regarder la pile sans rien dire, je les pris de ses mains d'un revers de ma main. Non de façon nonchalente, mais presque.
Je regarde alors les photos. C'est fou comme, cette époque, la vie me paraissait plus vite. C'était tellement mieux. Je n'avais pas encore ces foutus problème de bipolarité. J'étais normale. Entière, j'étais humaine, j'étais Lily-Rose, la vrai. Les photos m'arrachèrent un sentiment de culpabilité. Où avais-je échoué ? Il devait bien avoir un élément déclencheur ? J'étais nostalgique, je sentais mon coeur se serrait dans ma poitrine. Tout était tellement bien. Tellement facile. Bon sang, que m'était-il arrivé ? « C'est fou comme nous ressemblions à de vraies gamines, nos tenues vestimentaires craignaient un peu quand même. » Elle réussit à me faire échapper un rire d'entre mes lèvres. Ce n'était pas faux. On se fringuait comme.. il n'y avait aucune description pour nous décrire. Je reposa tout de même rapidement les photos sur ses genoux, peut-être n'étais-je pas encore prête pour replonger dans ces souvenirs ? Je n'étais pas assez forte. De toute façon, je n'avais jamais été assez forte. Je tournais mon visage face à celui de Julie, reprenant mon sérieux, mon sourire effacé de mon visage. « C'était le passé. Le passé se doit de rester à sa place. », mes mots trahissaient mes pensées. Je ne contrôlais pas mes paroles. J'étais froide depuis son arrivé et je n'arrivais pas à casser se mur qui nous séparer. « Tu es venue pour me montrer des photos ? », repris-je alors, gardant toujours la même froideur dans ma voix.
Ouch... Je sentais que j'étais vraiment de trop dans la pièce. Toute gênée, je me mordais la lèvre, évitant de croiser le regard de Lily-Rose. Ca m'énervait, je voulais l'aider mais tout ce que je faisais dérapait et faisant empirer les choses. Je n'étais sans nul doute pas douée pour contrôler les crises de bipolarité. Il n'empêche que la brunette se débrouillait plutôt bien. Elle n'avait pas été vulgaire ou méchante avec moi. Ok, elle était désagréable mais bon, il ne fallait pas oublier que c'était moi qui venais de m'incruster chez elle, donc bon. Elle prit les photos pour les regarder un temps puis me les remis sur mes genoux. Maintenant, j'osais à peine la regarder. Et pourtant, tel un défi, je la fixais à nouveau, répondant à sa question et à sa froide remarque.
« Ca fait toujours du bien de repenser au passé, on sait ainsi où l'on va. Et non, je suis venue pour te voir, avant tout. »
J'ignorais si je devais faire en sorte qu'elle comprenne que je resterai et qu'elle devait lutter face à sa maladie ou bien si je devais la laisser seule pour gérer ça. Je savais juste qu'il ne fallait pas que la maladie prenne le dessus. Lily était capable de vaincre ses crises. Puis, je venais de penser qu'avec les photos datant de nos jeunes années, le fait de replonger dans le passé l'aiderait à aller de l'avant, à tenter de se battre contre ses problèmes dus à sa bipolarité. Ok, je n'étais ni médecin, ni thérapeute, mais ça m'aidait moi quelques fois alors qui sait, peut-être ça l'aiderait elle aussi ? Je contemplais les photos une nouvelle fois pour trouver celle qui serait le plus utile à Lily. Bingo, au bout de la troisième, je tombai sur celle que je voulais. La photo représentait mon amie assise à une table, entourée de sa famille pour son anniversaire. J'étais près d'elle, regardant l'énorme gâteau d'anniversaire. Lily, quant à elle, souriait à l'appareil et semblait tellement heureuse. Cela me faisait beaucoup de bien de la revoir ainsi, pleine de vie. Pas qu'elle ne l'était plus de nos jours, mais disons, qu'elle l'était moins qu'avant.
« Regarde. Tu étais si bien. Tu étais entourée. Par ta famille, pas tes amis. Il se pourrait alors que tu aies besoin d'avoir tes proches autour de toi pour espérer aller mieux et vaincre la maladie. Peut-être pas totalement, mais d'un peu ? »
Je me trouvais un peu pathétique à faire mon diagnostic pourri comme si j'y comprenais quelque chose, pourtant, quelque chose en moi me convainquait de dire vrai en parti. Toutefois, je redoutais la réaction de la jolie brune qui exprimait très clairement sur son visage un sentiment bien loin de la douceur. Mince, je venais peut-être de la mettre davantage en colère...