Tu t’inspectes sous toutes les coutures dans le miroir. Parait. Faut que tu sois parfait. Que tout soit parfait. Après tout c’est la première fois que tu revois ta Dana depuis un moment et faut qu’elle te voit sous ton plus beau jour…enfin on va essayer parce que bon, soyons, honnête, ça éclipsera jamais le dernier souvenir que t’as laissé chez elle. La faire saigner, sérieux Vlad, c’était pas l’idée du siècle. Tu le sais mais tu regrettes pas, encore une fois elle voulait te laisser. Et personne n’abandonne monsieur Vosesviatski. Surtout quand il aime pour la première fois. Et oui, qui l’aurait cru ? T’as profondément aimé cette jeune fille à qui t’as éclaté la gueule. Enfin à ta manière bien sûr. Loin des contes et des merdes américaines à l’eau de rose. L’amour à la russe, violent et dévastateur. Ah ces russes, tous des bourrins. Ta mère aurait franchement dû t’inculquer quelques notions de douceur…enfin tu la voyais mal le faire après que t’aies fait volé votre semblant de famille en éclat. Bravo Vlad, t’as encore une fois tout foutu en l’air. Tu soupires et arranges le col de ta chemise et t’entraînes un moment à l’expression triste que tu lui serviras. Mais bon, entre nous, ça durera pas très longtemps. Impulsif que t’es, t’auras vite fait de détruire le masque, tu sais ce qu’on dit, les habitudes ont la vie dure. Tu retournes dans le salon de luxueux loft qu’aucun jeune normal de ton âge n’aurait pu se payer, les joies d’avoir un paternel supra riche ; tu fous rien et pourtant t’as tout, elle est belle la jeunesse dorée. Tu poses deux verres à vin sur la table et t’assoies, un petit sourire aux lèvres. Comment avait-elle pu croire à ce mensonge franchement ? Y avait vraiment que Dana pour ça. C’est sûrement pour ça que tu l’aimes autant, son innocence et sa douceur t’ont touché. Elle lui ressemble n’est-ce pas ? Tellement que ça été la première chose qui t’a frappé en cette petite brebis qui se jetterait bientôt dans l’entre du loup. D’ailleurs la sonnerie retentit. Ton sourire s’agrandit. T’attends un peu avant d’aller ouvrir, prenant tout ton temps pour te rendre jusqu’à la porte, la sonnerie a le temps de retentir trois fois avant que tu puisses enfin voir son visage poupin. « Bonsoir Dana, content de te voir » tu la laisses entrer.

Nikita avait passé une plutôt bonne journée, rien de spécial. Jusqu’à ce qu’il poste un message sur son mur. Il n’était donc pas partit, elle avait espéré qu’il ne revienne jamais lui parler et pourtant, il était de retour. Pour venir lui parler de Caleb en plus, ce n’était vraiment pas la chose à faire en ce moment. Depuis qu’il était partit tout le monde évitait le sujet devant elle, pour ne pas la rendre plus triste qu’elle ne l’était déjà. Niki s’était attachée à lui en peu de temps, lui avait donné sa virginité et lui avait même parlé de Vlad. Et il s’était envolé sans prévenir, sans donner de nouvelles, plus personne. L’appartement avait été vendu peu de temps après, il ne restait plus aucune trace de lui. Ils avaient disparus tous les deux en même temps, elle aurait préféré que ça soit son petit ami qui réapparaisse et pas son fiancé. Vitaly, comme à son habitude, essayait de la convaincre de revenir avec lui en Russie. Niki n’avait toujours pas changé d’avis, il pouvait partir tout seul, elle ne le suivrait jamais. Pas après tout le mal qu’il lui avait fait. Il avait osé dire qu’il l’aimait, c’était le plus gros mensonge au monde. Elle le connaissait assez pour savoir qu’il n’aimait personne à part lui, les autres faisaient partie d’un plan mystérieux dont seul lui connaissait l’issue. Il ne respectait personne, il se servait des gens, jamais il ne serait amoureux d’elle et c’était pour ça que la blonde le fuyait comme la peste. Il ne lui ferait que du mal, elle était naïve mais pas conne. Nikita pensait l’avoir convaincu de retourner dans leur pays natal, la seule condition du jeune homme était de voir une dernière fois sa fiancée. Elle avait accepté, son innocence la poussant à croire qu’il ne lui ferait pas de mal, qu’il avait peut-être changé pendant son absence. La petite russe s’était fait belle pour lui, elle ne savait même pas pourquoi. Léger maquillage, une jolie robe. Niki s’était retrouvée devant sa porte, son doigt approchant de la sonnette au ralentit. Elle appuya, attendit et attendit. Il était lent en plus de tout ça ? Elle eut le temps de sonner trois fois avant qu’il ne daigne apparaître derrière le morceau de bois. Son visage, lui. Des mois qu’elle ne l’avait pas vu et tous les souvenirs remontèrent en vague. Elle dans ses bras, elle sous ses coups. Des larmes essayèrent de se faire un chemin jusqu’à ses yeux, elle les en empêcha, elle ne pleurerait pas devant lui. Est-ce qu’elle avait envie de pleurer parce qu’il lui avait manqué ? Ou bien parce qu’elle souffrait de devoir le supporter en face d’elle ? « Bonsoir Dana, content de te voir » Elle gardait les bras croisés contre elle, sur la défensive quoi qu’il arrive. Elle n’arrivait pas à répondre à cette phrase, lorsqu’elle était en face de lui tout courage l’abandonnait. Il la fit entrer, ferma le porte derrière eux. Le piège se refermait sur elle, la petite chose fragile ne se doutant de rien.

- Pourquoi est-ce que.. tu voulais.. me voir ?

Impossible de le regarder dans les yeux, fixer le sol, c’est mieux.

Tu souris, à la fois fier et content. Fier car tu remarques que t’as toujours autant d’emprise sur elle et content de la voir Au fond elle t’a manqué. Enfin tu le reconnaîtras sûrement pas et t’en as pas non plus conscience mais c’est vrai. Son visage poupin manquait atrocement dans ton paysage, ainsi que sa soumission et sa naïveté que tu trouvais adorable. Enfin pas en ces termes bien sûr, Vosesviatski ne connait pas la douceur. Brutalité et violence, voilà ce que tu préfères. Ce que tu maîtrises. Terrains sur lesquels t’as tout le contrôle. Supérieur aux autres, intouchable, invincible, tu balances sur les autres ton intraitable désir de soumission. Bam dans ta gueule. Tu t’écrases ou t’es détruit, ce sont les règles du jeu que t’as inventé, jeu que t’imposes à tout le monde petit con que tu es. Enfant capricieux prisonnier d’un corps d’adulte. Je veux tout et maintenant. Point. Poings. Sang.
Elle attaque directement. C’est vrai ça, pourquoi tu veux la voir ? Elle te manque, c’est vrai mais tu le sais pas. Tu préfères pas le savoir en fait. Elle est ta chose, ton jouet, ta créature et il est normal que tu veuilles qu’elle se ramène de temps à autre. Ton regard se perd sur ses courbes. Toujours aussi désirable, allez, bandante, à la Vlad quoi. Tu te demandes si elle a couché avec cette tapette qui lui servait de mec. Un instant ton visage se crispe à les imaginer ensemble dans le même lit. Tu serres tes dents si fort que t’as l’impression qu’ils vont voler en éclat. Allez, respire. Ce serait con de tout gâcher alors qu’elle se trouve chez toi. Rien qu’à toi ce soir. N’oublies pas le plan petit con. Tu prends discrètement une profonde inspiration. Ouais, voilà c’est mieux. Pas de coups ce soir. Il ne faut pas la faire fuir, pas pour le moment en tout cas. Alors tu lui souris. « t’es pressée ? » tu demandes avec une voix douce, tendre. Comme autrefois. Comme avant que tout dérape. Tu la conduis au salon. « je t’en prie, mets-toi à l’aise » tu dis en lui indiquant une place sur le canapé, toujours aussi aimable. T’as mal à la mâchoire à force de sourire. C’est vrai que t’es pas doué pour ça. « un verre de vin ? » c’est pas vraiment une demande puisque tu t’empares déjà de la bouteille et la sers. Bang. C’est partit.

Dans le fond, Nikita savait parfaitement qu'elle lui appartenait et qu'il ne cesserait de la vouloir pour lui tout seul que lorsqu'il ne respirerait plus. Le meurtre, une pratique courante dans le milieu russe duquel ils venaient. Pourtant, elle ne voulait pas sa mort, loin de là. Quoi qu'elle puisse dire ou faire, elle avait aimé – et aimait surement encore – Vlad. Il avait cette emprise étrange sur elle, peut importait ses actes elle le pardonnait. Sans le savoir elle-même, elle l'avait pardonné de l'avoir battue. C'était plus fort qu'elle, Niki ne pouvait lui en vouloir, pour rien. Elle était consciente d'être assez naïve et de faire trop facilement confiance aux gens, mais lui était à un autre niveau. Elle était devenue sa chose au moment où leurs parents avaient décidé de les fiancer, encore plus lorsqu'elle l'avait vu pour la première fois et était tombée sous le charme immédiatement. Personne ne pouvait lui résister de toute façon. Par sa beauté, son argent ou sa force il avait toujours ce qu'il voulait. Il habite un loft plutôt impressionnant d'ailleurs, elle n'était pas plus étonnée que ça. Elle connaissait déjà assez bien Vlad et ses gouts de luxe. « t’es pressée ? », la blonde leva les yeux vers son fiancé. Cette intonation, elle pensait ne plus jamais l'entendre. Même sa voix l'envoutait, il avait toujours le dessus sur elle. « je t’en prie, mets-toi à l’aise », elle s'était laissée guider dans ce qui semblait être le salon. Nikita alla s'asseoir où il l'avait indiqué, comme la petite chose docile qu'elle était. Il ne cessait de sourire, c'était déroutant puisque vraiment pas dans ses habitudes. « un verre de vin ? » Elle n'eut pas le temps de répondre qu'il lui avait déjà servit un verre, qu'elle prit bien qu'elle n'en voulait pas à la base. Ce que Vlad veut, femme veut. Impossible de faire autrement. Il l'avait vraiment fait venir pour boire un verre ? Non, il voulait surement autre chose mais elle ne pouvait se résoudre à lui inculquer de mauvaises intentions. Niki essayait de se convaincre qu'il ne voulait plus d'elle et qu'il tenait simplement à lui dire au revoir avant de partir. L'espoir fait vivre il paraît. Elle but une petite gorgée pour se donner le courage de lui parler, c'était toujours aussi dur.

- Vita.. dis-moi maintenant..

« Vita », ce surnom qu'elle avait eut l'habitude de lui donner quand il la rendait heureuse. « Vie » en italien, sa vie.