Le tas de paperasse sur le bureau ne cessait de grandir à vue d’œil et le travail s’ajoutait encore et encore. Ma bonne humeur rasait les tiges d’herbe et mes nerfs lâchaient. Et plus le temps passait, plus mon impatience grandissait. J’étouffais. Il fallait que je sorte de là, j’allais craquer. Tout ce bordel, toute cette merde, c’était de trop. J’arrivais à entretenir une petite vie parfaitement bien rangée, j’arrivais à me contrôler, mais là, à ce moment même, c’était au-dessus de mes moyens. Mon boss me hurlait dessus et je m’en prenais plein la gueule depuis plusieurs jours. Il fallait que ça s’arrête. C’était ça où j’allais finir par péter un câble. Je sortis en trombe de mon bureau et laissa un sms à ma collègue pour qu’elle me couvre. J’étais sûre qu’elle le ferait. Elle ne penserait pas que j’allais me déchirer. Cela ne me ressemblait tellement pas. Comme quoi, on peut côtoyer une personne tous les jours sans même savoir qui elle était vraiment. Le monde n’est devenu qu’apparences.
Arrivant devant mon appart, je rentra précipitamment et dans un claquement de porte, je fila à la cuisine chercher la bouteille de whisky qui traînait dans le fond du placard. Je glissai le goulot à mes lèvres et n’arrêta de boire que quand elle fut vide. J’avais la gorge en feu et la tête qui tournait de cette folle agitation. Je devais me calmer. Mon patron me foutait les nerfs en pelote, mais je ne devais pas tomber dans son jeu minable. Je devais montrer que j’étais plus forte que lui et que, qu’importe les merdes qu’il me ferait faire, je resterai dans sa putain d’agence. Boss de merde, dans un soufflement, je retirai mes vêtements et passa sous la douche froide. Quelques minutes plus tard, je sortis et entreprit de choisir une tenue adéquate. Ce soir, c’était tourné des bars. Il fallait que je décompresse. Bien que j’avais dit que j’arrêterai toutes ces merdes ; l’alcool, la drogue, les joins… J’avais besoin d’une échappatoire et, mise-à-part un bon coup de jambes en l’air, je ne voyais d’autres options. Etant donné que j’avais un répertoire très restreint d’hommes dans mon portable, il ne me restait plus qu’une solution.
Une petite heure plus tard, vêtue d’une mini robe rouge glamour et un maquillage plutôt extravagant, je me rendais à la boîte de nuit assez connue par ici, Ruby Skye. Apparemment, c’était une de ces boites de nuit pleine d’alcool et de sexe non-stop toute la nuit. Je n’en savais pas plus, mais cela m’allait très bien. Alors, dans un excès de folie, je signai mon arrêt de mort et m’engouffra dans le club. Bonsoir mauvaise fille, me chuchotai-je, dans mon français d’origine.
Scrutant la foule, je filai jusqu’au bar et héla le barman. Une tequila s’il vous plait, commandai-je. Attendant ma commande, je me retournai et posa les coudes sur le bar. Ce soir, ça allait être une grande soirée, et je n’étais pas prête de faire les choses à moitié.
J'avais une certaine réputation à San Francisco, notamment grâce à mon statut de DJ mondialement connus dans un premier temps, mais surtout pour la réouverture du Ruby Skye, je gérais cette boite d'une main de maître apparemment et depuis la mort de l'ancienne propriétaire les affaires n'avais jamais aussi bien marché. J'en étais fier, je n'allais pas le cacher, je tentais de rester professionnel quoiqu'il arrive ou tous du moins de rester discret si je dérapais. Il est arrivés d'abuser de mon statut de DJ à l'époque en faisant entré les gentes demoiselle dans le carré VIP et en les sautant dans l'arrière salle ou en me tapant ma boss de temps à autres. En tant que propriétaire je n'allais pas aussi loin enfin seulement quand ma petite amie, enfin ex, passait me voir à l'improviste. Je restais toujours dans la séduction, en flattant et en flirtant avec la clientèle féminine, mais je n'avais jamais dépassé les limites, business is business comme on dit et ça avait au moins le mérite de les fidéliser à la boite.
J'avais confié mon club durant quelques jours à mon associé, enfin associé le mec qui possédais une grosse partie du Ruby Skye et que je n'avais pas le choix de supporter il avait au moins le mérite d'être très professionnel et c'était tout à son avantage. Préférant m'éloigner du monde de la nuit pendant quelques jours suite à ma rupture, le jeune homme avait accepter d'être présent au club durant mon absence. Ce soir je faisais mon grand retour, Elyes m'expliquais deux trois détails qu'il c'était passé durant ces derniers jours. La soirée battais son plein quand je me décidais à aller saluer les plus fidèle, quelques filles venaient se frotter à moi tandis que les mec venait me réclamer des réduction exceptionnelle, rien n'avais changer et j'étais bien heureux de revenir dans mon monde.
Je discutais quelques instant avec ma barmaid, quand une jeune blonde vint lui commander une boisson, ma barmaid me fis un petit signe de tête du genre « elle est mignonne celle là » je lui souriais et me rapprochais de la demoiselle. Je m’adressais à la barmaid avec un petit signe.
Jaxton ; C'est pour moi ! Je me penchais pour parler à la petite blonde. Tu es nouvelle ici je me trompe ?
« The way you grab me must wanna get nasty go ahead, get at me » ► ROBIN THICKE
En attendant sa boisson, la jeune femme regardait distraitement les hommes se frayer un passage dans la foule. Certains bien entourés, d'autres plutôt seuls. Quand le barman revint avec son verre, elle le remercia d'un signe de tête et repartit dans sa contemplation, sirotant sa tequila. Tandis qu'elle se disait qu'elle devrait songer à trouver un partenaire pour la nuit, un inconnu s'approche d'elle et lâche quelques mots à l'intention du mec derrière le comptoir. La jeune femme sortant de ses pensées ne discerna pas très bien le sens de sa phrase. Cependant, elle n'eut le temps de méditer ces paroles que le jeune homme lui posa une question. Cela l'interloqua et lui ôtait les mots de la bouche. Jour de chance, elle avait toujours son verre porté à ses lèvres, ce qui lui donnait quelques secondes de plus pour réfléchir à une éventuelle réponse. Elle n'allait pas souvent dans ce genre de soirées et ne connaissait que très peu tous ses mystères et ses secrets. Après tout, le but était de ramener un homme dans son lit, alors pourquoi pas celui-ci ? Suffisait de l'accrocher, et pour cela, elle avait quelques réserves dans son sac. Le tout était de jouer sur l'attitude, histoire de faire croire à ce beau jeune homme qu'elle était une adepte des boîtes de nuit. En bref, ce n'était pas gagné. Prenant bien son temps, elle détacha le verre de ses lèvres et fit un léger mouvement de tête histoire de faire virevolter quelque peu sa chevelure tout en plantant son regard pistache dans ceux de l'inconnu. Elle lui répondit tranquillement, tout en laissant ressortir son accent français. S'il était joueur, une énigme de plus à découvrir lui a été offerte. « Effectivement. Tu dois être un habitué pour reconnaître ainsi les nouveaux, je me trompe ? » Elle lui décrocha un léger sourire et trempa de nouveau ses lèvres dans l'alcool fort. Elle se sentait plus légère à chaque gorgée, plus zen. Cette nuit, elle n'était qu'à elle. Et quitte à se brûler les ailes, elle comptait bien sortir de sa carapace d'ange et tenter les plus dangereux démons. Cette nuit, elle se sentait forte comme jamais. Comme si son enfance n'était plus qu'un mauvais souvenir et non un cauchemar qui la hantait chaque nuit.
La française ne se gêna pas de déshabiller son interlocuteur du regard, tout en attendant sa réponse. Il fallait quand même avouer qu'il était plutôt beau garçon. Et quelque chose lui disait que sous les fringues, c'était pas mal non plus. Une chose était sûre, si elle se le tapait, elle aurait choppé le gros lot. Et qui dit que ça ne la droguera pas aux boîtes ?
Accueil
