❝ Des cris résonnent, une femme s’endort, puis des pleures qui la réveillent, elle a déjà l’instinct maternel bien heureusement. Le docteur sort de la salle et traverse le couloir. Il se dirige vers un homme d’un bon mètre quatre vingt dix, il a les cheveux noir coupés très courts et il endosse sa tenue de travail, une combinaison de militaire.
« Bonsoir monsieur ! Toutes mes félicitations, votre garçon se porte à merveille… » Le militaire se décontracte d’un seul coup, comme si tout le poids du monde venait soudain de s’envoler. Il attrape la main du docteur et se met à la serrer. Il la serre comme s’il voulait faire passer toute sa gratitude par ce contact physique, les larmes pointent aux coins de ses yeux, mais c’est un militaire, il ne peut pas pleurer, du moins pas maintenant.
« Merci ! Merci beaucoup Docteur. » C’est donc à ce moment là que ma vie a commencé. Et pour tout vous dire, j’étais bien heureux d’être tombé dans cette famille. Certes être fils de militaire n’est pas le meilleur des statuts, mais comme tous « fils de… » Ça a ses avantages et ses inconvénients.
Juin 1990 « PAPAAAAA, RAAATATATATTAAAAAA, A TERRE ! » Comme tout petit garçon qui se respect, j’aimais jouer à la guerre. Et cela aurait paru étrange que je n’aime pas ce jeu en ayant moi-même un père militaire. En réalité il n’était pas un simple militaire, non c’était un Général. J’admirais mon père. Et je savais déjà, à a peine sept ans, que je voulais devenir comme lui.
« Papa, je veux devenir comme toi. Plus tard, quand je serais grand, je serais Général ! Et j’irai faire la guerre pour défendre mon pays et… » Mon père s’était redressé, perdant tout sourire, je ne comprenais pas sa réaction. Il vint se poster devant moi et me prit par le col de mon tee-shirt :
« Jamais ! Jamais, tu m’entends Maddox, Jamais tu ne feras le même métier que moi ! Tu ne feras pas militaire. Et ma décision ne se discute pas. » C’est ainsi que mon admiration pour mon père a prit fin. Jamais je n’ai compris pourquoi il m’interdisait de faire comme lui. Il aurait dû être fier que je veuille prendre exemple sur lui. Bien au contraire, cela l’avait mis dans une colère noire. Et depuis ce jour, les relations entre mon père et moi furent plus que tendues.
Décembre 1999J’avais seize ans à peine le jour où s’est arrivé. Et pour tout vous dire, ça a bouleversé ma vie, ça la ruiné, piétiné, achevé.
On toqua à notre porte un matin de décembre. Durant la nuit la neige était tombée en quantité et avait recouvert les routes, les maisons, tout. On ne voyait plus la couleur de rien, la ville était blanche, même l’océan était blanc. Mon père, ou plutôt, comme je l’appelais, Mon Général alla ouvrir la porte. Derrière cette dernière se trouvait deux hommes, tout de noir vêtus. Mon compris aussitôt, mais pas moi, je devais être trop jeune pour savoir ce que signifiait la visite de deux hommes aussi pâle que la mort …
« Monsieur Ainsworth ? » La voix de l’homme avait la tonalité d’un orgue, rien de bien joyeux. Mon père répondit à sa question par un signe affirmatif de la tête.
« Monsieur, nous sommes désolés… mais votre femme a eu un accident … » Il n’en fallait pas plus. Ils n’avaient pas besoin de dire les mots tels qu’ils étaient. Ma mère, venait d’avoir un accident, elle n’en était pas ressortie vivante. Point. Car si elle était vivante elle serait à l’hôpital – son lieu de travail – et on nous aurait appelé de là-bas, personne ne se serait déplacés.
Après que les deux hommes soient partis, ma vie s’effondra. Mon père demeura statique, une statue de marbre. Il était livide, ne respirait pratiquement plus, ne bougeait encore moins. Mais moi, moi je bouillonnais, alors dans un accès de colère je me jetais sur lui, martelant son torse de coups de poings de plus en plus forts. Je me mis à hurler :
« Tout ça c’est de ta faute. Je te hais ! Si tu l’avais emmené au boulot toi, elle aurait pas eu d’accident. C’est de ta faute. T’es qu’un égoïste ! JE TE DETESTE. C’est à cause de toi que maman est morte … c’est de ta faute… » Mars 2001 L’année deux milles un fut l’une de mes plus belles année. C’était l’année de mes dix huit ans. Je déménagé, seul, et vint habiter à NY.
Ce fut en mars que je me fis convoquer à la base militaire de la ville. J’avais juste envoyé une lettre, avec toute la paperasse demandée, mais je ne pensais pas avoir une réponse si vite. Peut-être mon nom avait-il joué en ma faveur. Ce fut la première que je tenais un véritable flingue entre mes doigts. Une sensation de plénitude m’envahit, comme si en tenant cette arme j’étais enfin moi. Mais je savais qu’il me manquait quelque chose. Une partie de mon être était vide. En réalité je me sentais affreusement seul. Non j’eu besoin de compagnie, j’étais plutôt un loup solitaire, mais j’avais peut-être besoin de quelqu’un …
La base m’engagea, je n’étais qu’un petit soldat. J’enchainais exercices sur exercices. Mes supérieurs étaient fiers de moi et ne regrettais pas de m’avoir pris. Ils ne cessaient de répéter que j’étais comme mon père, plein de vitalité, fort et fougueux. J’avais envie de réussir, voilà pourquoi j’étais comme ça. Je ne laissais personne me marcher sur les pieds, et bien que je ne sois pas mauvais perdant, je ne supportais pas d’être le dernier lors des exercices de rapidité. Et ne parlons pas des combats. J’apprenais vite. Et c’est ainsi que j’appris plusieurs techniques de combats et plusieurs arts martiaux.
En septembre 2002, L’université s’offrit à moi. La véritable vie, du moins la liberté. J’étais plutôt un bon élève, j’aimais bosser, et bien que mon père soit contre mes projets pour mon avenir, j’avais l’intention de bosser dur comme fer pour avoir la meilleure vie possible. Cela faisait à présent trois ans que ma mère n’était plus de ce monde, elle me manquait chaque jours, mais je savais qu’elle avait toujours été de mon côté. Certes elle avait – car je continuais de croire qu’elle était toujours avec moi – peur pour moi, mais je savais qu’elle me soutenait.
Et un jour où j’étais tranquillement installé à la cafet’ de l’université, je vis cette parfaite créature. Elle était gracieuse et rayonnait. Je fus immédiatement attirait par elle. Elle réveillait en moi quelque chose que je ne connaissais pas, et j’avais cet irrépressible besoin de la connaitre et d’être à ses côtés. Comme si elle était vitale pour moi. Vous savez, cette sensation que vous avez d’avoir toujours connu cette personne, vous savez qui elle est, et votre âme l’a reconnue, on appelle ça les âmes sœurs, et bien j’étais sur et certain que cette fille était mon âme sœur. Et tout se détermina lorsqu’elle posa son regard sur moi.
Après avoir vécu une année de véritable bonheur, j’étais enfin comblé. J’étais moi, complètement moi. Lou m’apportait tout ce dont j’avais besoin. Elle était tout ce que j’avais toujours désiré. Tout chez elle me rendait accro. En à peine une petite année elle était devenue ma raison de vivre. N’ayant plus de contact avec ma famille, elle était celle à qui je me raccrochais.
Et alors qu’elle avait loupé son année, et que son visa allait expirer, je lui fis ma demande en mariage, à l’aéroport, juste avant qu’elle parte. Je ne voulais pas la perdre. Elle était moi, j’étais elle. Je savais que la distance n’allait pas nous tuer, mais je voulais qu’elle soit mienne. J’étais américain, si elle m’épousait elle le serait aussi. Mais elle dû rentrer tout de même. Et c’est à partir de ce moment là que ma vie se morcela.
Savez-vous ce que c’est que d’avoir le cœur brisé ? Hé bien je ne le souhaite à personne. Pendant près de huit mois je restais achevé, ne sachant plus quoi faire, j’étais déboussolé, perdu et seul. Lou ne me donna plus jamais de nouvelles. J’avais beau essayer de la contacter, jamais je ne réussis à l’avoir. Elle ne voulait plus de moi. Je n’avais été qu’une passade dans sa vie. Un amour de jeunesse.
Pour tenter d’oublier toute cette histoire qui me retournait le cœur, me tuait de l’intérieur, je demandais à partir en mission.
Puis un jour, alors que j’étais en repos pendant plus de cinq mois à NY, je fis la connaissance de Rosamund. Elle était charmante, plus jeune que moi, et bizarrement elle me rappelait cette blonde qui m’avait arraché le cœur, mais qu’au fond je n’arrivais pas à effacer de mon âme.
Au début, Rosamund et moi n’étions qu’amis, nous nous voyons toutes les semaines, nous allions boire des cafés et parler. Elle me racontait sa vie, et je tentais de lui raconter la mienne du mieux que possible. Je lui parlais de cette fille que j’avais aimé comme il n’était pas permis, mais qui était partie sans me donner de nouvelles alors que je l’avais demandé en mariage.
Puis tout s’accéléra avec Rosamund. Elle m’apportait ce dont je manquais. Certes pas de la même façon que Lou, mais à sa façon à elle, elle apaisait mes maux. Notre relation devint un peu plus sérieuse et nous commençâmes à sortir ensembles. J’étais régulièrement envoyé en mission, mais elle n’y trouvait pas d’inconvénients.
Puis un jour elle voulu déménager, Liverpool, Angleterre, Rosamund souhaitait se rapprocher de ses grands parents. Que pouvais-je faire ? Rien. Elle avait de la famille, pas moi.
Mais alors que je revenais d'une mission qui avait duré plus de six mois, en rentrant chez moi, je tombais sur un homme. Un homme qui sortait de ma maison. Lorsque j'entrais à l'intérieur de cette dernière, mes craintes se révélèrent être fondées : Rosamund me trompait pendant que j'étais entrain de me faire massacrer. Je partis. Je l'abandonnais sans même un regard en arrière. Elle venait de me piétiner le coeur et j'avais envie qu'elle goutte un peu à cette douleur...
C'est donc comme ça que j'ai atterri à San Francisco, il y a de cela cinq années. Je n'ai plus jamais eu de nouvelles de Rosamund et encore moins de Lou. Le bonheur ... c'est illusoir
Le bonheur … c’est illusoire, c’est funeste et insaisissable. J’ai été heureux deux fois dans ma vie, j’ai goutté deux fois au véritable bonheur, celui qui fait battre le cœur, qui vous rend tout bizarre, les papillons dans le ventre, tout ça … et à chaque fois ça n’a duré qu’un temps, un court lapse de temps et après, la douleur. Le malheur, lui, reste bien plus longtemps, il s’installe et vous grignote de l’intérieur. Alors à présent je me demande vraiment si un jour je connaitrais de nouveau le bonheur. Mais qu’est-ce-qui me rend vraiment heureux au final ?