Il est environ deux heures du matin. Peut-être plus. Peut-être moins. Quelle importance après tout. En tout cas, ce n’est pas Sergej qui va s’en soucier. De toute façon le blond ne soucie pas de grand-chose. Rien n’attise son intérêt. Les gens sont selon lui démesurément ennuyeux, prisonniers d’un quotidien morne dont ils sont parvenus à se convaincre qu’il leur plaisait. Sergej qualifie ce genre de comportement comme étant de la lâcheté pure. Ils se contentaient seulement de fuir la réalité, l’inutilité de leur présence, l’absurdité de leur existence et préféraient de loin se cloîtrer dans des bulles d’illusions chaleureuses.
Le blond pousse un long soupire et en profite pour s’allumer une clope. Les rues sont désertes. Le froid mordant, pourtant le jeune homme ne porte qu’une chemise, d’ailleurs ouverte. Son sang russe l’a visiblement immunisé contre la fraicheur. Il lève la tête vers le ciel, songeur. Sa main libre s’engouffre dans sa chevelure ébouriffée, qu’il avait depuis longtemps perdu et l’envie et l’espoir de dompter. Il devrait être entrain de travailler avec les autres, régler les derniers détails pour l’opération mais le voilà en route pour la maison d’Ewan. Ses potes n’ont pas supporté plus longtemps sa mauvaise humeur, son expression de lion en cage tournant inlassablement en rond, son air distrait, sa tendance à réagir au quart de tour à la moindre réflexion et tant d’autres choses qui le rendaient encore plus détestable que d’ordinaire. Oui, c’est possible.
Il avance. Allure décontractée. Pas mesuré. Visage fermé. A vrai dire, il ne sait pas vraiment pas pourquoi il y va mais c’est sans doute la seule chose qui peut calmer le volcan en éruption qu’il est présentement. Même s’il ne l’avouera jamais, il a besoin de voir son visage, d’entendre sa voix…de le voir tout simplement. Si ces pensées viennent à passer dans sa conscience, il est certain qu’il se tirera une balle et décorera les murs avec sa cervelle. Néanmoins pour l’heure, nous n’y sommes pas encore. Il balance sa clope et ces théories fumeuses par la même occasion, du moins son inconscient. Sergej Svyatoslav n’a besoin de personne, c’est connu.
Il frappe deux coups à la porte et attend. Le silence. Il réitère le geste. Il sait qu’Ewan ne dort pas. Il est comme lui, il ne lui faut pas tellement d’heures de sommeil. Aucune réponse. Il se défoule sur la porte, se fichant pas mal de réveiller les voisins ou qui que ce soit d’autre. Des bruits de pas, de serrures et le visage du brun apparait. Il n’attend aucune invitation et entre. Impulsif, colérique, agacé et une centaines d’autres adjectifs du même acabit, il attrape brutalement l’objet de ses obsessions pour le plaquer violemment contre le mur. La délicatesse lui est inconnue. Il le fixe un instant. Puis pose ses lèvres sur les siennes avec la même violence, ardeur, brutalité. Ardente passion qui le rendrait presque fou. Un moment plus tard, il se retire et comme si rien ne s’est passé, il dirige vers la cuisine comme s’il s’agissait de sa maison et se sert un verre avec la même nonchalance.
Allongé sur son lit, Ewan fixait le plafond, non pas pour rêvasser comme le ferait la plupart des personnes normales, mais pour échafauder son plan de domination. Ne riez pas, il y croit dur comme fer et y arrivera. Rien d'autre ne l'obsède plus que sa musique, et c'est grâce à elle et à l'invocation de quelques esprits légèrement maléfiques qu'il atteindra son but ultime. Ewan n'est pas le genre de méchants typiques, loin de là, il se montre très patient, et a presque toujours un sourire serein aux lèvres. Il veut juste réussir sa carrière musicale, il n'y a rien de mal à cela après tout. Pour l'instant, il n'avait tué que trois chats, depuis sa venue dans ce nouvel appartement. Il s'est habitué à ce genre d'activité, à ces rituels secrets avec quelques rares autres membres fanatiques de la magie noire. Ce qui l'excitait le plus, c'était lorsque le sacrifice commençait, lorsqu'il pouvait enfin voir ce sang surgir de la plaie, du sang rouge et chaud. Ils n'avaient pas encore eu la "chance" d'amener une fille vierge pour la sacrifier, mais cela ne saurait tarder. Côté musique, tout marche parfaitement pour lui. D'ailleurs il venait tout juste de terminer sa petite tournée à travers les USA.
Il se releva ensuite, pour aller terminer l'écriture de ses paroles. Chaque mot devait comporter un message implicite qui guiderait ceux qui écouteront sa chanson vers le monde des ténèbres, un monde où Satan règne en maître. Si Ewan y croit ou non? Il s'en fiche, il veut que sa carrière marche et il veut aussi assouvir son désir inavoué de chair et de sang humain ou pas. D'ailleurs en parlant d'actes sadiques, il se mit à regarder de façon assez vicieuse son cher chat, son animal de compagnie terrifiant. Il avait une envie folle de le prendre, il s'imaginait déjà entrain de découper chaque petite parcelle de son petit corps fragile. Il entendit soudainement du bruit, quelqu'un frappait à la porte, il n'attendait aucun visiteur. Lorsqu'il l'ouvrit, il fut surpris de voir Sergej mais ne montra rien, son visage avait cette même expression faciale qui n'inspirait que de la méfiance auprès d'autrui. Le blond le plaqua brutalement contre le mur pour coller ses lèvres aux siennes. Après que ce dernier eut terminé de satisfaire son envie urgente, Ewan, confiant finit par lui adresser un sourire en coin tout en se mordillant légèrement la lèvre inférieure. Il regardait Sergej se diriger vers la cuisine, puis finit par le suivre. Il prit le bras avec lequel le russe tenait son verre, puis finit par le plaquer contre le réfrigérateur, pour lui mordiller légèrement le cou. « Si, ma pute se tient là, juste en face moi. »
Il se sert un verre, tranquillement. Même expression détachée sur le visage. Même allure décontractée. Sergej n’est que nonchalance, ce qui peut être un bon comme un mauvais point. Mauvais sans doute dans son cas puisqu’il se fout de tout. Rien n’a d’importance à ses yeux. Pas même les lois qui régissent le pays si bien que cela l’entraîne souvent à commettre bon d’actes irrépréhensibles mais la taule, il s’en branle. Les amendes aussi. Il considère que cette société arrivera pas à le piéger, à le mener à la baguette comme le fait avec tous les autres. Il est libre. Il se croit libre. Il se dit libre. Il vit libre. Mais jusque quand ? On n’apprécie pas trop ceux qui vivent en marge du système dans le coin. Les envieux et les jaloux peuvent faire tellement de mal. Bon, ok, ce n’est pas vraiment le propos maintenant.
Avant que Sergej n’ait le temps de porté sa boisson à sa bouche, le brun emprisonne son bras dans sa main et le plaque dos contre le frigo, ses lèvres allant se perdre dans le cou du blond. Aucune délicatesse n’est permise dans leur relation. Toujours à celui qui se montrera plus fort que l’autre, qui parviendra à affirmer sa domination sur l’autre et le puissant désir qu’ils ressentent l’un pour l’autre n’arrangent en rien la situation, bien au contraire. Enfin, eux ne se plaignent pas vraiment de la manière dont les choses se passent, ils semblent en être plutôt satisfaits, pas étonnant vu leur trait caractère respectif. Ils se ressemblent plus qu’ils ne veulent l’avouer, un peu trop c’est d’ailleurs pour cette raison que leur relation est aussi bancale penchant sur le tordu. Enfin, ceci est encore un autre point à développer plus tard, n’ayant pas sa place pour le moment.
Le russe se contente d’esquisser un sourire à la réplique du brun, étant habitué aux attaques incessantes de ce dernier. Pour l’heure il sait ce qu’il veut, une bonne baise donc il ne va pas sûrement pas s’embarrasser de remarques aussi inutiles que futiles. Ca avait toujours été comme ça entre eux, s’envoyer des piques, à déterminer si la raison était vraiment de blesser l’autre ou bien c’était un comportement compulsif adopté au fil des années.
« Tu parles trop et n’agis pas assez »
Un sourire impudent et Sergej arrive à échanger les places avec Ewan. Ses lèvres se posent instantanément sur les siennes et qu’est-ce qu’il embrasse bien le brun, enfin ceci est une petite remarque en aparté que l’inconscient du blond s’est faite. Enième remarque à laquelle le russe ne voudra jamais faire face. Ses lèvres descendent plus bas sur sa mâchoire, sa gorge, son cou avant de faire face à l’obstacle majeur qui est le T-shirt de son amant nocturne. Tout sourire, il agrippe ce dernier par le col afin de tirer le tatoué avec lui alors qu’il se rend au salon, ils y seront plus à l’aise. Le dos du brun se retrouve de nouveau en contact avec le mur et le vêtement le gênant toujours, il se contente de le déchirer d’un geste bref, se fichant pas mal que ça ait été de la marque ou non. Son regard expert observe chaque détail du torse de l’objet de ses obsessions d’un air appréciateur, parfait.
« Ce sera plus pratique comme ça. »
Et il se jette de nouveau sur sa bouche pour un baiser à la fois passionné et brutal, à l'image de leur relation.
Après ce baiser quelque peu furtif mais tout de même brutal, le blond n'avait pas manqué de faire comprendre à Ewan qu'il n'agissait pas assez. Le rockeur ne pu donc que constater que son amant souffrait d'un manque terrible, et qu'il avait envie d'être satisfait. Seulement voyez vous, comme je l'ai cité auparavant, ce dont le Grecque avait besoin, c'était de voir du sang, car juste avant que le Russe ne toque à sa porte, il avait déjà commencé à avoir de sacrés envies de meurtres envers son cher chat Uriel, mais on dirait bien que Serge avait fait une bonne action sans le savoir, en venant chez lui à ce moment précis. Pour tout avouer, depuis qu'il a goûté à ses lèvres, le brun a bien du mal à penser à autre chose qu'à assouvir sa nouvelle envie : coucher avec sa proie du soir. Celle-ci l'avait d'ailleurs entraîné avec lui au salon, et n'avait pas hésité à déchirer le t-shirt d'Ewan, pour parsemer son corps de baiser. Avant de lui donner un baiser aussi fougueux, passionné et violent que le premier. Le Grecque se laissait faire, il a normalement l'habitude de dominer, mais il pouvait laisser à sa salope Russe préférée ce plaisir pour quelques instants. Il finit ensuite par inverser les rôles, en plaquant cette fois-ci Serge sur le mur, prenant soin de lui arracher cette vêtements, il finit par parcourir tout le torse du Russe délicatement avec sa langue, pour lui jeter ensuite un regard pervers, malicieux et terrifiant. « Tout ceci m'a l'air.. assez appétissant. » Et c'était le moins qu'il pouvait dire, car le corps du russe était absolument parfait, il n'y avait absolument rien à redire. Ewan ne se gênait pas pour profiter de cette vue d'ailleurs, mais sans trop tarder, car connaissant son interlocuteur, il était facile de penser qu'il allait commencer à se sentir un brin trop narcissique. Uriel, le chat d'Ewan, fit ensuite son entrée en salon, son chat marchait majestueusement, normal, il était chez lui après tout. « Uriel aimerait se joindre à nous on dirait.. »
Le regard d’Ewan sur son corps n’a pas échappé à Sergej et il en aurait pris la grosse tête s’il n’avait pas autre chose plus urgent à accomplir. Son désir pour le brun est sans cesse croissant et tellement brulant qu’il avait l’impression de se consumer. Enfin pas exactement, ce genre de réflexion ne sied pas au russe. Il se contente d’agir instinctivement, à l’image des animaux. S’il veut quelque chose, il le prend. C’est comme ça. Il ne se demande pas pourquoi il veut plus un truc qu’un autre, à l’occurrence, qu’il veut plus Ewan que quelqu’un d’autre. Non, non, il ne se pose pas de questions, après tout c’est un truc de nana. Seul subsiste l’instinct animal. Je te désire, je te prends. Aussi simple que bonjour. Et c’est le grecque qu’il veut par-dessus tout, sentiment qui n’a fait que s’accentuer ces derniers temps pour une raison qu’il ne s’explique et qu’il n’a pas cherché, bien entendu. Au fond il ne veut pas le savoir. Peur de ce qu’il y trouvera ? Mhh, difficile à dire. Sergej Svyatoslav n’a jamais peur. Tout comme il ne craint personne. Ce qui revient un peu au même. En somme les sentiments ne sont pas son terrain de jeu et en bon sociopathe qui se respecte, il n’en a pas. Enfin…presque. Bref, ce n’est pas vraiment le moment pour cela.
Où j’en étais moi déjà…Ah oui, Serge brûle littéralement de désir pour le musicien qui prend un malin plaisir à ralentir le cours des choses, s’arrêtant sur le détail de son chat alors que le blond n’en a franchement rien à foutre. La police ou bien les pompiers auraient même débarqué, qu’il s’en branlerait. Il ne leur accorderait aucune attention, désireux d’assouvir ses besoins. Un véritable animal sauvage dont aucune cage ne serait le réduire au statut de captif. Il soupire, agacé que Ewan repousse constamment l’échéance, enfin du moins soit si lent. D’un geste bref et brutal, tandis que ce dernier regarde son chat progresser dans la pièce, il le pousse et se relève, prêt à prendre ses cliques et ses claques.
« Bon comme t’as pas l’air prêt à te décider, je vais rejoindre Cameron, il sait être efficace lui au moins »
Demi-vérité. A moitié sérieux. A vrai dire, c’est un moyen là de provoquer Ewan, il n’y a que ça qui fonctionnait entre eux. Une manière de le faire réagir et qu’il se montre aussi fougueux comme ils en ont l’habitude. Il part en direction de la porte.
Ewan était comme à chaque fois, obnubilé, fasciné par son chat Uriel. Il ne l’avouerait sûrement jamais, mais vraiment jamais, mais son autre obsession dans la vie à part voir des chats torturés, eh bien c’est son cher amant nocturne, qu’il appelle très affectueusement « Salope russe », d’ailleurs ce dernier s’était fâché, parce que notre musicien satanique n’était pas assez agressif ce soir. C’était parce que le jeune russe l’avait interrompu en pleine contemplation et méditation de son prochain meurtre bestial, il était donc un peu déboussolé, même s’il avait furieusement envie de baiser son blond. Celui-ci venait soudainement de le pousser assez violemment, chose qui venait d'exciter Ewan, même s’il fixait toujours son chat Uriel, il se réveilla un peu lorsque son interlocuteur reprit la parole. « Bon comme t’as pas l’air prêt à te décider, je vais rejoindre Cameron, il sait être efficace lui au moins » On remarque dans ces propos deux mots clés qui venaient de mettre notre rockeur hors de lui. Tout d’abord « Cameron » et ensuite « efficace », comme si Serge l’avait fait exprès pour provoquer le jeune grec. Il est décidément le seul à pouvoir le mettre en colère. D’un tempérament plutôt calme et bien réfléchi, Ewan n’avait pas pour habitude de perdre le contrôle, mais c’était différent cette fois-ci, parce que son obsession s’apprêtait à partir, fuir, le laissant insatisfait. Il l’attrapait donc fermement par le bras, il devait sûrement lui faire mal mais il s’en fichait. Il le bloquait violemment contre le mur le tenant par la nuque et l’embrassant fougueusement toujours avec la même violence. Il se fichait à présent de son chat. « Je ne veux plus entendre ce prénom. Tu es à moi, salope russe. » Il l’entraînait donc avec lui jusqu’au salon, le poussant sur le sofa, pour se jeter agressivement sur lui et continuer de l’embrasser, il mordilla ensuite sa nuque et y glissa sa langue jusqu’à son torse. Il enleva après son pantalon, pour rester en caleçon, et enleva celui de Serge avec rapidité. Pour continuer de balader sa langue tout le long du torse du jeune russe avant de la pénétrer à nouveau dans sa bouche, pour continuer de l'embrasser toujours avec la même fougue et la même passion. Il était désormais prêt à passer à l’action, plus rien d’autre n’importait désormais, pas même son chat.
Sergej est ravi de la réaction de son amant, mais ça encore une fois il n’en a pas conscience. Il a conscience de tellement peu de choses concernant sa relation avec le brun que cela en devient triste ou pathétique, ou les deux ou aucun des deux. Bref, Ewan a réagit comme prévu, de manière possessive. C’était ça le moteur de leur réaction, le désir de possession sur l’autre et une attirance qui avait raison de leur santé mentale, si santé mentale il y a eu un jour ce qui est peu sûr. Bref, ce n’est pas non plus le sujet. Ewan se montre plus fougueux dans ses caresses et ses baisers, plus passionnel, plus violent aussi, encore une fois rien de nouveau sous le soleil, la violence, cela fait bon nombre d’années qu’ils la pratiquent. Et ça leur plait. Pas de déclarations baveuse de niaiseries, pas de mots gentils, de toute façon la gentille, ils ne connaissent pas, enfin, en tout cas pas le russe. Les mots tendres, doux, affectueux ne sont pas sa tasse de thé, bien trop sauvage pour cela et méprisant cordialement les personnes qui pratiquent les élans d’affection à dégobiller ses tripes de dégoût. Non ce n’est pas pour lui et encore moins pour le grec.
Ne supportant la position du dominé, même si le changement d’attitude du brun lui plait, il le fait basculer sous lui, en profitant pour ôter sa chemise qu’il avait précédemment enfilé et ce fut à son tour de l’asséner de caresses plus fougueuses les unes que les autres, prenant d’assaut sa bouche, sa mâchoire –qu’il appréciait par-dessus tout-, son cou qu’il enserra un instant avec sa main avant d’y planter violemment ses dents, y laissant une profonde marque, qui ne partirait sûrement pas avant des jours.
« Avec ça jsuis certain que t’oublieras plus jamais que tu m’appartiens, que t'es ma pute »
La passion dans toute sa splendeur. Il scelle ses lèvres aux siennes faisant goûter son propre sang à Ewan, un pacte par le sang, la couleur rouge domine, la passion les emporte. Cette nuit promet d’être…Made in Sergej and Ewan.
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