Je passais la porte du café, et après avoir commandé ce que je prenais habituellement, j’allais m’installer dans un coin en retrait des autres pour travailler. J’enfilai mes lunettes, disposais mes papiers devant moi et sortis mon ordinateur. Ma patronne m’avait octroyé une nouvelle séance, ce qui en soit était une bonne chose puisque cela voulait dire que j’étais plutôt douée et j’avais par conséquent du travail. Cependant, j’avais la sensation qu’elle s’acharnait sans cesse sur moi, me donnant plus à faire que la moyenne si bien que mes horaires me semblaient parfois exagérés. A vrai dire, je n’aurais jamais cru que ce métier fût si compliqué, mais si l’on voulait se démarquer des autres, il fallait fournir un travail acharner, éviter de faire comme la moyenne et innover sans cesse à chaque séance. Par exemple, lorsqu’on me confiait un modèle, je devais faire en sorte que mon shoot ne ressemble en rien à ce qui avait déjà été fait, si bien que je me devais de me documenter d’abord avant de commencer à trouver les idées pour ce que je voulais représenter, qui d’ailleurs devait être en accord avec la parution, enfin le plus souvent ce qui n’était pas chose facile surtout quand on vous confiait un mannequin qui avait fait bon nombre photoshoot aussi nombreux que variés comme celle dont je devais m’occuper. Heureusement, pour faciliter la tâche, un collègue m’avait déjà préparé une clé usb avec toutes les photos ayant été prises de la demoiselle, m’évitant ainsi la lourde tâche d’aller fouiller le web en long et en large. Je faisais défiler les photos, prenant par moment des notes lorsque j’étais frappée par une illumination, ce qui, soyons honnête, était quelque peu rare du fait de mon manque flagrant de sommeil. En effet, avec les différents déplacements dans le pays que j’avais accompli ces deniers jours, je n’avais pu ni n’avais su régulariser mon cycle de sommeil.

« Un autre ! » lançai-je à la serveuse qui passait entre les tables.

Il me fallait une sacré dose de caféine si je désirais être un minimum en forme pour l’autre séance qui avait lieu ce soir et pour laquelle je dus m’arracher les cheveux afin de trouver des idées qui satisfassent chaque parti. Soudain une silhouette se profila devant moi, visiblement prête à s’installer à ma table. Certes la place ne m’était en aucun cas réservé je n’avais pas envie de la partager et puis il y a avait d’autres chaises de libres, autant en profiter.

« Vous savez il y a d’autres places de libres vous n’avez qu’à… »

Je m’interrompis soudain en découvrant la personne qui se tenait devant moi, mi-surprise, mi-choquée.

« Oh, Hadryin, je t’en prie, assied-toi ! »

Je m’empressai de ranger mon bordel de feuilles, écrits et gribouillis en tout genre et décidai que mon boulot pouvait bien attendre une discussion avec mon ex-petit ami.

Je me rends compte que dans la vie, on nous offre beaucoup de choses sur un plateau d’argent. Meme si on a ete malheureux a un certain moment, que des mauvaises choses nous etaient arrive, on finissaient toujour par avoir de la chance. On se plaignait sans cesse de la vie, et de nos misères. Seulement, au fond, on est pas si mal que cela. Je veux dire, j’ai un toit, un boulot, une copine, une famille que j’allais revoir pour les fetes de noel. Je ne pouvais vraiment pas me plaindre. Il y avait des gens dans ce monde qui n’etaient pas si fortune, et je me rappelais encore le temps ou je n’avais pas autant de chance et que je faisais tout pour subsider un peu. J’avais pris un jour de conge aujourd’hui. Je travaillais la nuit au Manchester, et c’etait plutot epuisant vu a quel point, il etait bonde en ce moment. Je ne pouvais pas me plaindre, plus de monde disaient plus de pour-boire ce qui disait plus d’argent. Et cela etait plutot bien. C’est vrai que maintenant que le virus s’etait quelque peu laisse a l’ignorance, les factures de l’hopital s’accumulaient et avec le systeme de merde que nous avions, le peu d’argents que je pouvais me mettre dans la poche importait. Oui je pouvais demander a papa de payer. Cependant, c’etait moi qui m’avait mis dans cette merde. c’etait a cause de ce que j’avais ete que j’ai attrape le virus, et je ne voulais pas qu’il paie de mes erreurs. Apres tout, on devait apprendre de ses conneries.

Il devait etre en fin d’apres-midi. J’avais passe la journee avec des potes dans leur studio de musique dans le sud de la peninsule. J’allais rentrer, mais je decidais de passer dans un café pour prendre des forces. Je garais ma voiture devant un petit cae qui semblait bien gentil et me rendit a l’interieur. Il n’etait pas bien rempli a cette heure-ci de la journee. Je n’aimais pas vraiment le café bonde de monde. J’avais toujours considere ces endroits comme etant des lieux ou l’on pouvait discuter calmement sans vraiment se prendre la tete avec un brouhaha continuel. En effet, dans ce genre d’endroit, on etait seul et laisse a soit-meme. Et pourtant, il y avait toujours des clients trop imbue de leur personne qui gueulaient aux serveuses comme si ells etaient les chiennes. Pas tout le monde n’avait la chance d’avoir un compte en banc sans fin. Seulement, je reconnaissais la voix. Lera. On dirait qu’il y avait quelqu’un qui etait sur les nerfs. Voyant qu’elle etait assise a une grande table ou elle avait eparbille son ordinateur et papiers divers, je me dirigeais dans sa direction et voulait m’asseoir a ces cotes. Je ne l’avais pas vu depuis que nous avions fins a notre relation. Cela avait surement ete le mieux pour nous. « Vous savez il y a d’autres places de libres vous n’avez qu’à… » Je ne m’en attendais pas moins d’elle. “Bonjour a toi aussi Lera.” Cela fait plaisir de te voir continuai-je dans mon esprit. « Oh, Hadryin, je t’en prie, assied-toi ! » Je m’assieds alors en face d’elle, commandant un café a la serveuse qui venait de passer par la. Mon ex-petite amie s’empressa de ranger ses affaires. “Tu as l’air bien occupe.” lui dis-je en la voyant ranger ses papiers dans son sac.