Aujourd’hui, j’avais une autre séance avec mon psy, Eléanor, le moins que l’on pouvait dire à son sujet c’était que ses méthodes étaient peu orthodoxes et tellement différentes de celle que j’avais l’habitude de voir. C’était très intéressant et je m’étais d’ailleurs surprise à apprécier de plus en plus sa compagnie. Elle était drôle, à sa manière, quelque peu folle et je devais avouer que je m’ennuyais. Bien entendu, comme d’habitude, je ne parlais pas, je venais comme convenu, m’asseyais dans le siège qu’elle m’offrait et demeurai là. Pourtant il n’y avait jamais de silence entre nous, bien au contraire. Enfin, elle faisait la conversation pour nous deux, ce qui n’était pas pour me déplaire bien entendu. Elle était vraiment particulière et ses méthodes, de se rapprocher le plus possible de ses patients pour que ceux-ci au final deviennent des amis par exemple n’était pas sans risques mais une très bonne idée de mon avis. Elle pouvait ainsi gagner la confiance de ceux dont elle avait mission d’aider et surtout ceux-ci parlaient d’eux-mêmes et non parce qu’ils se sentaient obliger de le faire. Ils se confiaient en quelque sorte à une amie. Pour moi, ce fut plus compliqué, il était très difficile d’obtenir ma confiance, craignant bien trop la trahison et étant une très grande solitaire, néanmoins je me sentais peu à peu m’ouvrir, même si je ne le lui faisais pas comprendre. La preuve étant qu’au fur et à mesure, j’étais pressée de me rendre à nos séances. Je ne parlais toujours pas mais c’était un genre d’oasis dans cette clinique qui n’avait qu’un but me pousser dans mes retranchements pour que je recommence à vivre. Donc cela me faisait grand bien que d’aller voir Eléanor, affectueusement rebaptisée la folle. Je refermai mon livre et me levai, il était temps d’y aller. Vêtue d’un jean plus grand que moi, évitant ainsi de souligner mon absence de forme, surplombé d’une tunique tout aussi grande qui dissimulait tout, ainsi que mes mains, je me mis en route. Je ne mis pas longtemps à atteindre son bureau, qui, d’ailleurs était décoré à son image. Je me sentais bien ici, ce qui n’était pas une mince affaire puisque je m’étais découverte une allergie aux psychologues mais Cameron avait d’une certaine manière réussi à me réconcilier avec eux et Eléanor poursuivait également sur cette lancée. Je frappai doucement puis entrain. Eléanor était perchée sur son bureau, comme d’habitude un sourire chaleureux aux lèvres. Selon ses indications je m’assis où je pus et attendis. C’était elle qui menait la séance. De toute manière je saurais quoi dire. Il y avait de choses et si peu en même temps. Je me perdais dans ce flot continu d’informations. « Tu veux boire quelque chose ? » Je souris. Encore une autre particularité de ma nouvelle psy. Peu commençaient les séances de cette manière. « Un café noir sans sucre, s’il te plait. » Je me souvins qu’à notre première séance, elle m’avait exhorté au tutoiement, à m’adresser à elle sans barrières, j’avais eu un peu de mal au début mais cela allait mieux désormais. Un silence s’installa tandis qu’elle faisait apporter ma boisson. Je me demandais qu’ajouter, n’étant pas une grande bavarde, du moins dans le cas présent.