Je m’octroie une pause après le boulot que j’ai abattu ce matin. Je le répète encore mais je n’aurais jamais cru que ce travail était si prenant, compliqué et j’en passe. J’aime ce que je fais, c’est pour cette raison que je m’y donne corps et âme afin que tout soit parfait. Sauf que ma patronne en profite pour me réduire à l’esclavage, me donner plus de tâches qu’aux autres mais je devrais me sentir flattée, cela veut dire que mon travail est exemplaire, du moins je l’espère. Je m’allume une cigarette et la porte à ma bouche. La nicotine, mon pêché mignon, plus que ça mon addiction. De même que la caféine, meilleurs amis de ceux qui étaient sujets au stress et aux nuits blanches.

Soudain quelqu’un me rentra dedans, sciemment. Je ne suis vraiment d’humeur à ce que l’on vienne me faire chier de la sorte et encore moins la personne en question, car oui, il s’agissait bien de Léonie. Une amie d’Anastasiya ou d’Oksana, enfin une personne que je ne pouvais pas voir en peinture et dont je me serais bien passée de rencontrer durant ma pause.

« Cool, maintenant tu m’as admirée et que j'ai embelli ta journée, tu peux aller jouer ailleurs. »

Je lui souffle la fumée de ma cigarette en souriant légèrement puis entreprends de la contourner afin de retourner à des occupations plus intéressantes.

Bon il semble que mademoiselle ait décidé de me faire chier jusqu'au bout. Génial. Pour une fois que je ne veux pas me laisser embarquer dans des conneries du genre, il faut qu’elle soit insistante. Je dégage violemment mon bras et me retourne finalement vers elle.

« Bas les pattes, je t’interdis de me toucher ! »

Mon ton froid et cassant. Si c’est une dispute ou je-sais-pas quoi, qu’elle veut, elle l’aura, je ne suis pas du genre à me défiler devant les propositions de bagarres, habituellement, j’étais celles qui les lançaient. Cela me fait quand même chier car je suis en pause boulot, je risque ma place mais l’on parle aussi de ma fierté, je ne peux décemment pas abandonner et retourner dans les locaux. Ce serait comme rendre les armes et je déteste perdre.

« Oh, si j’ai compris, tu viens pour venger ta grande copine qui n’en a rien à foutre de ta gueule ? Je me demande bien qui est la plus pathétique dans cette histoire. »

Je souris. Je sais que ça l’agace. De toute manière ça tendance à agacer pas mal de monde.

« Bon c’tout, ou t’as autre chose à ajouter ? »

Je mets un moment à comprendre ce qui s’est passé, le temps que l’information atteigne le cerveau sans doute. Elle a osé me frapper. Personne ne s’y risquait. Je vois rouge. La rage monte. Dans un reflexe, je lui assène un coup de poing en plein sur la lèvre, comme l’a appris Gareth.

« La prochaine fois que tu me touches, je te jure que je te refais le portrait. »

Je crache, haineuse. Elle a pas intérêt à me provoquer plus sinon je ne réponds plus de rien. J’ai grandi dans un foyer et il fallait que je sache me défendre puisque j’étais une jeune fille faible et sans ressource. Je me suis retrouvée dans des situations où j’ai dû la mort de près alors ce n’était pas une blondasse complètement conne qui me viendrait me casser les pieds. Le choc passé, elle charge et tende de répliquer. Je l’attends. J’ai toujours eu le sang chaud et si c’est la baston qu’elle voulait, elle l’aurait bien entendu.

Bon décidément, elle la veut sa baston. Eh bien, elle l’aura. Je n’ai jamais été du genre à me défiler, à m’aplatir, même si je savais la situation complètement désespérée et elle est loin de l’être présentement, donc autant répliquer. Je dégage mes cheveux d’un geste rapide et brutal. Un sourire apparait sur mes lèvres.

« Oh seigneur, qu’est-ce que j’ai peur, j’en tremble, mon dieu ! »

Je peux voir dans son regard qu’elle est décidée à poursuivre les festivités, très bien, moi aussi. Je me jette sur elle, la faisant tomber sur le sol avant de lui asséner un coup dans l’estomac. Elle réplique dans mon visage, moi de même, elle aussi. Cela se poursuit ainsi inlassablement. Aucune des deux ne veut lâcher, tant mieux ça rend les choses plus intéressantes. Soudain, alors qu’on est en plein dedans, je me sens tirée en arrière tandis que quelqu’un s’interpose. Je me retourne violemment, prête à en démordre avec l’importun pour faire face à un agent de l’ordre en tenue. Merde. Direction le commissariat, chouette. Je lance un regard noir à la blondasse, tout est de sa faute.

« J’espère pour toi qu’on aura plus à se revoir parce que je te ferais la peau. »

Je lance menaçante pendant que le mec m'oblige à avancer.