J'avais roulé comme une brute. Je m'étais garée a moitié à l'arrache, j'en avais rien a foutre. Même pas trente minutes que j'avais passé avec lui. Ce rendez vous pour quoi ? Pour m'annoncer qu'il cassait ? Il serait royalement foutu de ma gueule. Je m'étais retenue pour ne pas avoir une seule larme qui coule devant ce pauvre con. La fierté oblige. Je sortais en furie de ma caisse, entrant dans l'immeuble pour monter mes escaliers quatre à quatre. Je cherchais frénétiquement mes clés puis je rentrais a l'intérieur de l'appartement. Je voulais être seule. Mes grandes foulées me guidèrent jusqu'à ma chambre où je claquais ma porte. Je j'étais mon sac dans un coin puis je me ruai sur mon lit, attrapant vite mon ordinateur pour changer mon statut sur le réseau social. Je sentais cette boule dans ma gorge. Cette boule qui m'avait fait mal tellement je m'étais retenue. Mais là j'étais seule. Je pouvais y aller. Et quand Gaia vint me parler sur Facebook, c'était fini. Je sentais des larmes chaudes couler sur mes joues. En silence. Première fois que je pleurais depuis un bail. Et pour un mec, encore pire. Plutôt vomir. Mais là, impossible de me retenir plus. Parce que bordel, je l'avais aimé ce salop. Ouais je l'avais aimé.

Lorsqu’Elektra rentra, claquant la porte et ne s’arrêtant même pas pour savoir si j’étais là ou non, je ne m’en formalisai pas plus que cela. C’était Elektra et tout comme Liwtinski qui se respecte, elle avait son petit caractère, auquel, j’étais bien habituée désormais. De toute façon, j’avais également le mien donc nous étions en quelque sorte quitte sur le sujet. Je mis par la suite Elijah dans son parc après qu’il eut mangé afin qu’il s’amuse avec les jouets qu’il avait reçu de la part de son père lors de son anniversaire, père qui l’avait gâté qui ne l’aurait dû, ce qui me confortait encore plus dans mon refus d’aller vivre en Russie. Je m’attelai par la suite à préparer notre dîner à nous les grands, ceci fait je criais finalement à Elektra de venir se mettre à table, affamée comme j’étais. Je patientai quelques secondes sans aucune réponse de sa part. Je réitérai mon appel et puisqu’il n’y avait toujours aucune réponse, j’allais finalement frapper à la chambre de cette dernière avant d’ouvrir la porte. « Eh Elek c’est…mais, qu’est-ce qui t’arrive ?! »

Mes yeux embués de larmes, j'arrêtais pas d'essuyer mes joues. J'en avais marre, ça faisait que couler cette merde. Mais au moins j'évacuais toute la rage que j'avais. Je tapotais sur mon clavier, répondant à Gaia, alors que j'entendais Lera me crier de passer à table. J'avais pas faim. Rien à foutre, je restais là où j'étais. Une deuxième fois. Elle finirait par comprendre. Puis j'avais pas envie qu'elle me voit dans cet état là. Elle m'avait jamais vue comme ça et j'avais pas envie que ça change. J'ai une fierté a tenir quand même. Elle ne m'appelle plus. Tant mieux elle a pigé, je tape sur la touche entrée pour envoyer le message à ma meilleure amie quand la porte s'ouvre à la volée. Eh Elek c’est…mais, qu’est-ce qui t’arrive ?! J'ai tourné ma tête au dernier moment. Lera est là et elle me voit dans cet état. Immédiatement je sèche mes joues, mes yeux, étalant magnifiquement mon maquillage noir. Tant pis si j'ai l'air du panda, c'est le cadet de mes soucis. Il m'arrive que ton meilleur ami vient de me quitter.

Je n’avais jamais vu Elektra pleurer avant, la réciprocité était vraie, encore un truc spécial aux Litwinski. Lorsqu’on t’apprend très jeune que les démonstrations d’affection sont superflus et signe de faiblesse, tu apprends rapidement à t’en passer. Ce n’était pas les larmes qui allaient te permettre d’obtenir ce que tu désirais m’a-t-on ressassé, plutôt nous et vous comprendrez ma surprise de voir ma cousine dans cet état. Si surprise encore par la raison de ces larmes. Si surprise d’ailleurs que je ne dis rien sur le coup, la regardant, sûrement une expression atterrée sur le visage. Finalement, j’entrais dans la pièce même si je savais déjà comment la brune allait réagir face à cette intrusion. « Comment ça ? » J’avais soigneusement évité le ‘ca va ?’ Question ô combien inutile et agaçante dans la situation actuelle « qu’est-ce qu’il s’est passé ? »

J'aimais pas qu'on me voit comme ça. J'avais l'impression que je montrais ma faiblesse. Et je n'aimais pas être faible. Etre faible c'était pour les pourris, les cons, les naïfs. Et pourtant là, c'était ce que j'étais en train de montrer. Même si c'était à ma cousine. On avait eu la même éducation de toute façon. Je regarde sur le côté de mes mains, elles sont toutes noires de maquillage. Fais chier, je devrais aller me démaquiller. La flemme. Je ne regarde même pas Lera. Je suis sûre qu'elle n'en revient pas. D'une certaine manière, moi non plus en fait. Je ne l'avais pas vu venir. A part qu'il était un peu distant cette dernière semaine, mais je ne m'étais pas non plus fait du soucis. On était comme ça tous les deux. Puis voilà, la sentence était tombée. Comment ça ? Je relève mes yeux vers elle, alors qu'elle est entrée dans ma chambre. J'suis prête à lui répliquer de sortir d'ici, quand elle renchérit, qu’est-ce qu’il s’est passé ? J'essaye de souffler pour me calmer. Mais c'est pratiquement impossible. J'en sais rien ! J'en sais rien Lera ! Il m'a donné rendez vous puis il a cassé ! Je réplique en criant presque.