Espèce de connard ! Vous valez vraiment rien, toi et ta sœur, elle est où votre putain d’humanité à tous les deux ?! Allez baiser ensemble puis-ce que c’est le seul truc que vous devez être capables de faire sans que ça soit fait pour détruire c’qui y’a autour de vous. T’approches plus de moi espèce de… psychopathe !

Cette phrase, je l’ai entendue plusieurs dizaines de fois, jamais de la même bouche, jamais tournée avec les mêmes mots, mais ça voulait toujours dire la même chose. Jusqu’à ce que je sois adolescent je n’ai jamais parlé avec les gens autour de moi en dehors de Milexie… et lorsque ça a enfin commencé, je me suis rendu compte à quel point nous étions différents du reste du monde elle et moi. À l’époque, on utilisait les gens comme des jouets jusqu’à ce qu’ils se cassent à force d’être employés… mais je n’ai jamais ressenti la moindre culpabilité à le faire. La seule personne qui avait de l’importance pour moi était ma sœur, et je n’avais pas la notion de respect encrée en moi pour qui que ce soit d’autre. Manipuler mes amis ne m’avait jamais posé problème jusqu’au jour où j’ai rencontré Alexa pour la première fois, et je ne comprenais pas pourquoi j’étais censé être un « bon ptit gars » avec mes camarades, car ça ne m’avait rien apporté de plus que ce que j’avais déjà, sans compter le fait que je ne restais presque jamais plus d’un an à un endroit avant de déménager (pas le temps donc de me faire un réseau d’amis). Et c’était pas drôle d’être quelqu’un de gentil, non plus… je préférais m’amuser avec tant que je les avais sous la main, surtout que les seules personnes avec qui je m’entendais sincèrement bien attisaient la jalousie de Milexie… donc si c’était pas moi qui les démolissait, c’était elle qui s’en occupait pour récupérer le monopole de son frère. Nous nous sommes perdus dans un cercle vicieux tous les deux, et je sais aujourd’hui que je suis différent des autres jeunes adultes de mon âge à cause de mon passé. Même avec mes amis j’agis de façon très aléatoire… j’ai encore très souvent le sentiment que je ne leur dois rien et qu’ils ne me sont pas indispensables… et actuellement…

Actuellement, je ressens pour la seconde fois de ma vie un malaise intense suite à la perte de quelqu’un qui n’est pas de ma famille.

Ces derniers temps, tout allait au plus mal dans ma vie relationnelle. J’étais en froid avec ma propre sœur, ce qui me déprimait et me mettais hors de moi par la même occasion, j’étais fâché contre Jude, mais il y avait aussi Drazhyk. Mon cousin, celui qui était en prison depuis deux ans maintenant et qui sortait dans deux semaines. Ça me mettait sur les nerfs, j’en arrivais parfois à ne plus dormir quand je pensais trop à lui car je m’inquiétais énormément pour la suite des événements de son côté. Il faudrait que je l’aide à se réinsérer dans la société et que je surveille qu’il ne fasse pas le con. Je savais pertinemment qu’il serait perdu en sortant de taule… et je n’avais pas envie que son premier réflexe soit d’aller voir les gars de son ancien gang. Il était l’une des personnes que j’aimais le plus sur cette putain de planète, et son avenir me foutait les boules, j’espérais vraiment qu’il avait réfléchi et changé.

Enfin bref… aujourd’hui, ce n’est pas lui qui me hante l’esprit, mais plutôt l’une de mes meilleures amies. J’ai recommencé, j’ai remis ça, les restes de mon tempérament manipulateur ont méchamment refait surface, sauf qu’aujourd’hui je me les assumais plus autant qu’avant sans pouvoir m’en débarrasser pour autant. Durant toute ma vie, j’ai appris à détruire, décimer, blesser au plus profond les gens pour m’en débarrasser et leur laisser une marque de mon passage. Je suis un monstre. Je le sais, mais tout le monde n’est pas au courant ou ne veut simplement pas me croire parce qu’ils ne m’ont jamais vu prouver que c’est bel et bien une réalité. En arrivant à San Francisco, j’avais déjà bien changé et parvenais à me fondre dans la foule plus facilement car j’arrivais à l’âge adulte, celui où on doit faire attention. Et puis c’était aussi la première fois que je restais aussi longtemps au même endroit au point de pouvoir me faire un vrai réseau d’amis, alors… c’était le moment de m’améliorer et de me rapprocher un peu plus du côté « humain » de ma personnalité. Je m’en sors plutôt bien je trouve… et pourtant, je n’ai jamais cessé de manipuler tout le monde sans forcément que ce soit conscient. Hahahahaha, oui, c’est tellement ancré en moi que c’en est devenu inconscient, je suis obligé de l’avouer ! Mes professeurs, mes camarades, mes potes, ma famille, ma sœur, les employés des services publiques, tout le monde y passait, je prenais tout ce que je pouvais leur prendre, mais à présent je ne les jetais plus à la poubelle juste après.

Pourquoi ?

Peut-être parce que je sais que je resterai longtemps à San Francisco et que ce n’est pas stratégique.

Est-ce bien la réalité des faits?

Je suis perdu… depuis l’incident avec Angelice, j’ai commencé à tout remettre en question sans en parler autour de moi. Et ma conclusion n’est autre que celle-ci ; je suis un mensonge. Crée de toutes pièces par l’unique but de me tirer vers le haut pour satisfaire mes ambitions. Les gens qui m’entourent n’existent que pour satisfaire le besoin affectif minimal nécessaire que ma sœur et ma copine ne peuvent pas compléter à elles-seules, sans compter ces autres personnes qui sont là pour ma carrière professionnelle et rien d’autre. Lorsqu’on sort au restaurant pour manger un truc avec son patron, c’est pas parce qu’on l’aime bien mais parce qu’on a besoin d’établir une relation stable, de se faire bien voir. Tout est calculé, tout a toujours été calculé du début à la fin, je ne me rends même plus compte que je vérifie toujours au détail près de tout faire pour être gagnant à la fin, et le simple fait de m’en rendre compte… aujourd’hui, ça m’écœure. Je ne me déteste pas et pourtant je devrais, je m’accepte tel que je suis alors que je suis l’un des pire spécimens de cette ville sans aucun doute. Mais le fait de m’en rendre compte, qu’est-ce que ça change ?

J’y ai réfléchi, à ça aussi, et je pense que ça change beaucoup de paramètres d’ordre alpha. Ca me permet au moins de me rendre compte du mal que je suis en train de faire à tout le monde et de le regretter. J’arrive à me montrer honnête à un certain point, mais je joue encore et toujours, et plus le temps passe, plus ça me fatigue. J’aimerais être normal parfois. Juste un type normal, un peu con, pas avec ces 145 de QI qui me permettent d’être un prédateur au milieu de la société de monter des plans abjectes volontairement ou pas. Mes parents ont bien choisi mon prénom.

BORDEL DE MERDE !

Il fallait que je fasse quelque chose pour Angelice, je ne pouvais pas laisser la situation comme ça. Je savais à quel point cette fille était émotive, sensible, instable, et je l’avais trahie comme une merde il y a à peine deux jours de cela. J’avais trop de choses dans ma tête en ce moment, ça commençait à faire vraiment beaucoup au point que j’en souffrais physiquement, la culpabilité m’avait vraiment bouffé de l’intérieur. Encore aujourd’hui j’allais me mentir à moi-même en allant essayer d’arranger le problème « Angie » pour régler mes soucis de conscience, encore une forme de manipulation, toujours, on vivait tous sur cette base-là je crois… dans le fond… c’était la nature humaine.

Je réfléchis trop.

Je me levais du canapé d’un bond après y avoir passé plus d’une heure bras croisés à penser, saisis les clés et mon casque de moto, puis filais chez Angelice. Je savais pertinemment qu’elle n’allait pas bien, et la laisser dans cette situation plus longtemps ne ferait qu’empirer les choses. J’étais… j’étais un de ses meilleurs amis… j’avais des devoirs envers elle, il fallait que j’agisse en tant que tel et que j’arrête de me remuer la boite noire, car ça m’amenait toujours à broyer du noir. C’était le fait d’être seul qui me rappelait à quel point j’étais… cassé. Dans un sens…

Une fois devant le bâtiment, je me garais et allait toquer à la porte. C’est Wendy qui m’ouvrit sans accueil particulièrement chaleureux -et je peux comprendre, c’est la meilleure amie d’Alexa, par conséquent elle se méfie de moi en sachant dans quel état avait fini sa copine la dernière fois qu’on est sorti ensemble – et je pris simplement le temps de la saluer et de discuter de sujets banals avec elle quelques secondes avant de monter à l’étage. Entre le moment où je m’étais énervé contre Angelice et maintenant, il s’était écoulé plusieurs heures… ma colère était retombée depuis, laissant place à une forme… d’inquiétude, je dirais. Oui, voilà… de l’inquiétude. Sincèrement, j’avais peur de l’état dans lequel je retrouverais la jeune femme. Je toquais un coup ou deux sans vraiment faire attention à la puissance de mon geste et entendis une réponse provenant de l’intérieur de la chambre. Au moins, elle était pas morte… mais ça ne me suffisais pas. Pas question de repasser plus tard, c’était maintenant ou maintenant, alors j’insistais jusqu’à ce que la porte s’ouvre. Je ne sais pas trop ce qu’en pensaient les colocataires en dessous, mais ça ne m’intéressais pas. Je voulais juste La Voir. Je sais pas exactement pourquoi ni dans quel but, ou peut être juste pour me convaincre que je ne l’avais pas détruite comme toutes ces autres filles qui étaient parties en dépression après avoir tenté de se rapprocher de moi. Je ne voulais pas, je ne voulais pas recommencer ça, pas avec elle, il fallait que ça prenne fin. J’ai essayé d’imaginer la suite de l’année sans Angelice, et à travers ça je me suis rendu compte que le fait de la perdre m’aurait… attristé. Avec le temps, je commençais à regretter certains de mes actes, même lorsque je n’étais pas en tord… c’était… humain ? Alors j’suis pas si anormal que ça dans le fond… ? « D... Damon?! »

J’eus un petit choc en voyant l’état de la jeune femme, bien que la seule chose qu’elle me laissa observer fut son visage déformé par des heures d’auto-maltraitance et une main tremblante.

Alors non, elle n’allait pas bien. Et oui, j’ai dévasté quelqu’un de l’intérieur, encore. Le jour où j’arrêterai n’était pas encore arrivé. La vue de Candice me rappela une foule de souvenirs, une foule de visages, une foule d’insultes à mon égard. Aucunes d’entre ces choses ne m’avais jamais atteinte jusqu’à aujourd’hui pourtant. Je me sentais pas bien. C’était la première fois que j’étais pleinement responsable de la destruction d’une personne que je considérais comme une amie. Une vraie amie, pas un jouet. Mais je l’avais utilisé comme tel parce que j’avais momentanément d’autres priorités (ma sœur entre-autres et ma copine). Ca fait chier.

« … »

Je n’avais rien à dire. Rien. La voir dans cet état fut comme me ramasser dans la gueule tout le mal que j’ai fait ces 10 dernières années. Alors ma bouche s’ouvrit toute seule et articula lentement quelques mots. Le reste de mon corps était quant à lui tétanisé. Tétanisé face à Moi-même, ou plutôt ce que j’avais créée. « Regarde ce que t’as fait Damon », regarde, tu sais qu’elle est capable de se tuer. Comme Alexa, le chef d’œuvre de ta sœur. Bravo Damon, tu as fait mieux que Milexie, il ne t’a pas fallu plus de deux jours à toi alors que ta sœur a mis près d’une année à obtenir le même résultat.

« Pardon. Je… te demande pardon. Ne… j'veux pas que tu... il faut que tu restes en vie. »

Je savais même pas ce que je racontais, vraiment. Je pensais pas perdre autant mes moyens, mais là… vous n’imaginez même pas [tout ce que citroën peut faire pour vous] ce qui venait de se passer dans ma tête.

Il restait là devant la porte à me regarder sans trop rien dire durant de longues secondes, sans même bouger, presque comme une statue, j'avais du mal à déchiffrer ce qu'il pouvait penser il faut dire, surtout là, je pensais qu'il serait furieux, il l'avait été dans son stupide message vocal bien des heures et des heures avant ça, qu'il voudrait je sais pas moi, m'insulter, tout détruire ou que sais-je encore... mais là il ne disait simplement rien. Enfin après un certain silence qu'en devenait gênant il finit par prendre la parole

« Pardon. Je… te demande pardon. Ne… j'veux pas que tu... il faut que tu restes en vie. »

J'écarquillais de grands yeux sur ce qu'il venait de dire, il avait définitivement perdu ses moyens et accessoirement sa tête parce que le voir s'excuser ça n'arrivait pas souvent, enfin de mon souvenir personnel hein! J'étais aussi surprise car il avait en effet deviné juste sur la partie de « rester en vie »! Hum dans son dernier message, il avait dit vouloir parler, il semblait qu'il était un peu venu là pour ça, j'observais une seconde les alentours, je n'allais certainement pas avoir cette discussion n'importe où, on sait jamais des fois qu'il y ait des oreilles indiscrètes dans le coin puis c'était pas le genre à avoir sur le seuil de sa porte! Je soupirais très fort, certainement qu'il devait l'entendre, résignée quant à cette fameuse discussion que j'appréhendais, tout comme le fait, surtout ça, qu'il puisse voir dans quel état était l'endroit qui me sert de chambre...

J'ouvrais alors la porte tout en fermant un peu mieux mon peignoir en satin, histoire de ne pas me faire voir, oh pas qu'il ne m'ait jamais vu m'enfin j'avais certains principes dans la vie et il n'y avait plus le droit maintenant qu'il était en couple... Je n'osais pas vraiment croisé son regard quand il allait voir ce que j'avais fait, ce qu'il allait bien pouvoir en penser, oui j'étais une grosse impulsive, j'étais pas italienne pour rien non plus hein! J'étais cependant encore quelque peu énervée contre lui et certains de ses propos blessants, peut-être que moi aussi j'en avais eu des durs envers lui... Et en même temps j'avais du mal à être réellement en colère contre ce putain de mec aller savoir pourquoi, surtout quand il vient là comme aujourd'hui me demander pardon et de rester en vie... Bah!

« Comme tu peux voir j'suis encore en vie hein! » Dis-je quelque peu ironique, je fis une pause un instant, ma voix était à peine audible, j'avais tellement pleuré ces dernières heures qu'elle était complètement cassée, avant de finalement ajouter « J'sais pas si je t'accorde mon pardon » Je le regardais un instant en le jugeant « T'as dit quand même une ou deux choses blessantes même si j'ai pas été top... J'avais mes raisons hein! J'ai failli être... » je m'arrêtais un instant n'arrivant pas finir ma phrase « Okay j'veux bien je te l'ai dit dans un sms de manière qui se voulait... rassurante, mais ça l'était pas dans le fond et je pensais que tu aurais juste pris une seconde pour me répondre c'est tout! Et ne me dis pas que t'avais pas de crédit parce que je sais que c'est faux par A + B » J'arrêtais de parler quelques instants « Me dire qu'en quelque sorte j'suis pas mieux que Milexie c'est quand même un comble quoi... Si j'étais comme elle, je m'amuserais à pourrir ton couple comme elle le fait, parce que je sais qu'elle apprécie pas ta copine hein! Maintenant j'suis pas une sale égoïste! Je ne lui ai jamais rien dis de méchant contrairement à elle qui vient sous mes propres publications me juger et dire je cite « que certaines personnes n'ont aucun respect pour les autres » et j'en passe alors que je voulais juste redonner le sourire à une amie! Elle me connait pas pour parler si je suis quelqu'un de respectueux ou non! Je ne me suis pas permise de la juger en mal même si c'est vrai je l'apprécie pas spécialement, j'suis pas une fouteuse de merde et tu le sais, je te respecte et respecte les gens pour ne pas être ainsi faite! Je n'aurais pas été répété nos petits trafics du passé à Alexa, ni même que tu m'as prise dans ta propre cuisine quelques heures ou un jour avant de sortir avec elle hein! J'suis quand même pas si con que ça! » Sous mes dernières paroles je vois ses yeux s'agrandir de surprise, ah ben voui c'est bien ce que je pensais, il s'en souvient pas « J'vois que tu t'en souviens pas hein?'Ca m'étonne pas t'as pas mal bu et j'crois que t'as pris aussi quelques substances quelques heures avant mon arrivée... Enfin bref c'était le dessert après la pizza et pour ma part j'm'en souviens, alors maintenant comprends-tu un peu mieux pourquoi j'ai dit que tu m'as prise pour ton vagin sur pattes et que maintenant que t'as Alexa tu me lâches hein? » Lui dis-je toujours sur les nerfs, lors de ma tirade j'avais pas cessé de bouger les bras et les mains comme toute bonne italienne qui se doit, c'était notre truc ça, du coup mon peignoir s'ouvrit l'espace d'un instant en grand, je refermais un peu gênée, il n'avait plus le droit de me voir ainsi, et en plus de ça je voulais pas qu'il se rende compte que j'avais disons maigri hein! Oh okay c'était pas encore genre hyper flagrant, mon corps restait agréable à regarder.... Pour quelqu'un qui n'est pas soit même et qui se connaît forcément bien, ou quelqu'un de proche qui vous a encore vus à poil récemment! Finalement je m'étais arrêtée de parler et je finis par ajouter plus gentiment « Mais je te pardonne, j'arrive jamais à t'en vouloir, et c'est bien ça qui m'énerve, même si je voulais te haïr, t'oublier et te sortir de ma vie... bah j'y arrive pas, putain! Peut-être parce que t'es le seul à vraiment tout connaître de moi.... » C'était ça je le savais très bien.