« Madame et Monsieur Rosenfield. » Jared serra chaleureusement la main de son conseiller conjugal, mais Joey ne s'en donna même pas la peine, vexée de voir que son mari avait l'air plus que ravi de suivre cette foutue thérapie dont ils n'avaient même pas besoin. La mine renfrognée, les lèvres pincées en signe de désaccord, elle avait tout d'une gamine à qui on vient de refuser une glace. Cette mauvaise humeur nullement dissimulée ne sembla pas affecter le conseiller, qui en avait pris l'habitude après cinq séances de thérapie à subir le silence borné de sa patiente.
Le couple s'assit à son habitude sur le divan, chacun en occupant un bout, stéréotype parfait de jeunes mariés déjà prêts à divorcer. « Bien, commençons. » Le conseiller tourna son regard vers Joey, un petit sourire narquois aux lèvres. « Ne serait il pas temps que vous me glissiez un petit mot, Joey ? » Le regard de celle ci s'assombrit encore, si cela était possible. « Madame Rosenfield. » Ton sec et froid. « Très bien, Madame Rosenfield si vous préférez. Que pensez vous de cette thérapie ? » « Que c'est de la merde en boîte et que vous êtes aussi inutile que ces oignons qu'on trouve dans les boites de cornichons. » Le conseiller eu un petit rire distingué qui ne fit qu'exécrer encore plus Joey. « Brillante métaphore, merci. Pensez vous que votre présence ici est justifiée ? » « Bien sur que non ! Tout ça pour rassurer cet idiot. Nous n'avons rien à faire ici, et je l'ai toujours dit ! » « Hum. J'ai entendu la version des faits de votre mari, mais qu'en est il de la votre ? » « Jared ets parano, c'est tout ! Bon, d'accord, je lui ai dit que je m'étais mariée avec lui pour la fortune colossale qu'il cache dans son compte en banque, mais il sait très bien que c'est faux. » Elle jeta un regard désespéré avec Jared pour qu'il appuie ses propos, mais celui ci garda ses yeux fixés sur ses mains, jouant nerveusement avec sa cravate. « Quand j'ai dis ça, c'était sur un moment de colère, rien de plus. Je ne suis pas intéressée par le fric, mais bel est bien par lui. Je l'aime. » Joey retint un rictus lorsqu'elle sortit ces quelques paroles. Mensonges. Ces trois mots qu'elle avait tant de fois prononcé n'étaient que mensonges, et Jared le savait bien. Oui, elle avait été attirée par la bague en or a vingt quatre carats qu'il avait été capable de lui offrir, oui, elle avait été attirée par les six comptes en banque de son cher mari, oui, elle avait été attiré par son immense baraque de bourge. Mais ça, Jared ne devait pas le savoir. Sinon, adieu la vie de princesse, adieu les heures passées à se manucurer les ongles ou compter ses paires de boucles d'oreilles.

Lorsque le couple sortit du bureau de leur conseiller conjugal, l'ambiance était morose, et l'air avait une odeur de calme avant la tempête. Tempête qui finit par éclater dans la voiture. Toujours la même rengaine, Jared braillant pour savoir la vérité, Joey lui affirmant qu'elle l'aimait et que c'était la seule raison pour laquelle elle l'avait épousé. Les engueulades habituelles, quoi. Mais celle ci eu une issue légèrement différente. Elle se termina par un « C'est fini, je divorce. » et un horrible hurlement de frein.

« Comment va t'il ? » Joey jeta un regard paniqué au médecin chargé de la santé de son mari. « C'est difficile à dire. Son pronostic vital n'est plus engagé, mais il a un traumatisme crânien. Il est possible qu'il soit en partie amnésique lorsqu'il se réveillera. »

Et il se réveilla. La tête vide des cinq derniers mois de sa vie. Vide de ces moments de disputes, de ces visites chez le conseiller conjugal, vide de ce mot qui terrorisait Joey : divorce. Et la vie repris son cours normal. Joey alignait toujours plus de paires de chaussure de marque dans sa penderie, et payait régulièrement son conseiller conjugal pour qu'il oublie miraculeusement d'informer Jared des problèmes de couple qu'il avait eu avant son accident.