J’avais accepté, un peu à contre cœur certes, de boire un verre cet après-midi avec Willa. Je ne l’aimais pas, je ne la portais pas dans mon cœur, ce n’était un secret pour personne ; pas même pour elle, je lui avais clairement dit lorsqu’elle avait voulu « faire la paix ». Je n’avais rien en commun avec cette fille. Je savais que j’avais déclenché la situation dans laquelle nous nous trouvions en me mettant avec Elia, mais je lui en voulais de s’être mise à sortir avec Eliott, j’avais l’impression qu’elle me l’avait volé. Même si aujourd’hui j’étais de nouveau avec Eliott, même s’ils n’avaient pas eu de réels sentiments l’un pour l’autre. San compter le fait qu’aujourd’hui, cette fille était enceinte, même si tout le monde disait qu’elle ne l’était pas d’Eliott, rien que le doute, ça me rongeait. Je ne supportais pas l’idée qu’elle puisse être enceinte de lui. Je ne supportais pas l’idée qu’il puisse avoir un enfant avec elle. Avec elle, plutôt qu’avec moi. D’accord, j’avais dit ne pas être prête, mais Eliott était le seul avec qui j’avais envie d’avoir des enfants et surtout je n’avais pas envie qu’il ait déjà un enfant avec une autre. J’avais donc fini par accepter de la voir dans l’après-midi. J’attrapais un jean et un tshirt un peu grand, noir. Je fumais quelques cigarettes en y allant, histoire d’être calme et détendue. En y allant, j’étais toujours en train de me demander pourquoi j’avais accepté et comment j’allais réagir suivant la tournure de la conversation. Mais j’étais au pied du mur. J’étais adulte, j’étais capable de gérer cette situation, pas vrai ? Oui. J’entrais dans le Starbucks, commandais un café et cherchais une table. Et puis, je vis les cheveux blonds de Willa. Elle était déjà là. Je pris une grande inspiration et je me dirigeais vers elle. « Salut… » soufflais-je, avant de m’asseoir en face d’elle. Willa et moi, devant un café, situation surréaliste…
Voilà c'est fait. De plus Elia m'en veut. Il m'en veut d'essayer de calmer une situation qui ne sera surement jamais calme. Je pense juste à me racheter, j'ai fait souffrir trop de personne et je crois que cela doit cesser. Je n'aime pas Charlotte, je ne l'aimerais jamais, vraiment jamais. Après tout elle m'a en quelque sorte prit Elia, certes elle ne l'a forcé en rien, mais elle a fait souffrir Eliott.. Je lui en veux, je la juge sans la connaître, si je dois la détester à vie je veux que ce soit dans de justes causes. Elia ne me parle donc plus, je me prépare, je n'ai pas le choix. Encore ce matin je faisais une crise, cette maladie me tuera, cette grossesse aussi peut-être. J'ignore encore qui est le père, j'ai prévu un test mais je sais que Eliott n'est pas père. Nous n'avons fait l'amour qu'une fois, protégés et surtout pas sous l'effet de stupéfiants. Je le sais.
Je quitte mon bateau, je vis dessus, faute de mieux, faute d'avoir voulu oublier voilà que je reste dessus maintenant. Je soupire et je met le contact. Ma décapotable démarre parfaitement, elle est pourtant vieille, je me souviens le premier jour où je l'ai vu, il me l'a fallut de suite. Cela peut paraître capricieux.. je sais que je suis une gamine égoïste qui ne pense pas aux représailles de ses actes j'essaie de changer.
Je prend la route du starbuck du coin, rendez vous fixé avec Charlotte, je ne suis ni en retard ni en avance, dans les temps. Je trouve facilement une place, je me gare et j'entre dans le café. Je commande un milk shake à la cerise et je m'installe en regardant si elle n'est pas déjà là. Non je suis là première. Je m'assois et je déguste, le temps de quelques minutes, la voilà.. elle passe une commande puis trouve ma table, elle semble peu ravie d'être là, je lui adresse un sourire sincère, elle le prendra surement pour un sourire hypocrite. Elle s'installe et me salut. J'avale une gorgée avant de parler. - Bonjour, tu vas bien ?
Oui c'est improbable comme situation, et pourquoi pas après tout ?
Pourquoi j’étais là, bordel, pourquoi ? Avais-je encore le temps de reculer ? Oui, certainement. Mais je n’allais pas être faible au point de ne pas être capable d’affronter cette fille. Elle n’était rien pour moi et ne serait jamais rien. Rien d’autre que la copine d’Elia. Rien d’autre qu’une aventure pour Eliott. Et ces deux façons que j’avais de la qualifier n’aidaient pas à faire en sorte que je l’apprécie. Je n’arrivais pas à savoir si je la considérais comme une rivale. Nous n’avons rien à voir, rien en commun. Totalement différentes, alors pourquoi ? Pourquoi je me sentirais en compétition avec cette fille ? Peut-être juste parce qu’Elia l’aimait et parce qu’Eliott avait été avec elle, ne serait-ce que quelques jours, et aussi parce que jusqu’à preuve du contraire elle était enceinte et que mon petit-ami était dans la liste des pères potentiels. Je ne pouvais pas la blâmer d’être enceinte d’un autre que son petit-ami, après tout, j’avais avorté au début de ma relation avec Eliott d’un bébé qui n’était pas de lui. et pourtant, je n’arrivais à avoir de la compassion pour elle. Je n’arrivais pas à me dire qu’elle et moi pourrions être amies. Que peut-être nous avions plus en commun que ce que je le croyais. C’était impossible pour moi. Et puis j’avais des amis, j’avais tout ce dont j’avais besoin, je ne voulais pas d’elle en amie, je n’avais pas besoin d’elle, et je n’avais pas envie d’avoir besoin d’elle. Ce serait un échec pour moi, de me dire qu’elle n’était pas ce que je croyais d’elle. J’avais trop de rancœur envers elle. Et puis être amie avec elle alors qu’elle sortait avec Elia me paraissait plus qu’inapproprié. Je m’étais assise en face d’elle. Je restais impassible. Comment j’aurais pu lui sourire comme je souriais à… Kate par exemple ? Impossible. Willa me donne un sourire que je ne peux lui rendre. Je ne suis pas hypocrite, je ne souris pas si j’en ai pas envie. J’avais du mal à croire au sien, mais après tout, je m’en fichais pas mal. Elle faisait ce qu’elle voulait. « Bonjour, tu vas bien ? » Je hochais vaguement la tête de haut en bas. Je bus une gorgée de mon café, puis une deuxième. « Ecoute… je suis pas là pour qu’on se dise des banalités. Pour être honnête, personnellement, je m’en fous que t’ailles bien ou pas. Alors, dis-moi clairement pourquoi t’as voulu qu’on se voie. Et puis après, on pourra rentrer tranquillement chez nous. » La dernière personne avec qui j’avais été aussi peu agréable – Elia mis à part lors de notre rupture – était Ambre, ma demi-sœur. C’était triste pour Willa que je l’ai relégué au même rang que ma garce de sœur. Mais c’était comme ça. Je baissais la tête une seconde. Puis je reportais mon regard sur la blonde, toujours silencieuse en face de moi. « J’ai pas envie d’être méchante avec toi, c’est pas mon but. Mais franchement, j’ai pas envie d’être amie avec toi et je sais que tu ne veux pas l’être non plus avec moi ; alors je comprends pas ce que t’essaie de faire. » expliquais-je, plus calmement.