Parler de moi ? Eh, si chacun de mes mots valait 10cents, je serais surement millionnaire à la fin de cette conversation ! Je voudrais bien faire court pour raconter mon histoire, vraiment, mais ce serait un peu difficile, parce qu’il s’est passé énormément de trucs dans ma vie…

Pour commencer, je viens d’une famille normale, super normale, même. New-Yorkais d’origine, j’ai toujours été gâté par ma mère au niveau attentionnel, et… bah le reste en s’en fiche un peu. Scolarité standard, amis standard, un père qui m’a toujours poussé à faire du sport typiquement américain (football, en résumé)… rien de bien passionnant. Les choses ont commencé à bouger dans mon adolescence, cependant. Un jour, une fille a débarqué à la maison en prétendant être la progéniture de mon vieux, elle aussi, et exigeant par la même occasion qu’il s’occupe d’elle parce que sa mère était morte et qu’il avait des obligations vis-à-vis de ça. Cash ! Nous venions donc tous d’apprendre que le gars avait tiré son coup chez les p*tes il y a longtemps de ça, alors qu’il était déjà marié. J’étais choqué, je le suis toujours… c’était une situation difficile à gérer pour tout le monde et la paix au sein de la famille venait plus que jamais d’être chamboulée. Depuis le jour précis où Ruslana a passé le pas de la porte d’entrée, le gentil petit américain en moi a commencé sa transformation en un personnage tout à fait détestable par 80% de la population, et tout cela n’était dû qu’à un point commun que je partageais à présent avec ma demi-sœur : notre dégoût réciproque envers notre père.

Comme une évidence, on s’est rapprochés, Lana et moi… à la manière de deux mercenaires qui se seraient décidés à s’allier contre un même ennemi. Je me souviens bien avoir commencé à sortir tous les jours en la suivant d’abord dans ses trucs à elle puis en me créant mon propre réseau d’amis, à répondre aux réprimandes de mes parents et à refuser l’autorité, le tout pas si progressivement que ça : c’est venu du jour au lendemain lorsque j’ai compris que j’étais le plus fort physiquement. Je ne vous donnerais pas les détails de la scène… mais… ouais, ce jour là, tout a vraiment basculé, les rôles se sont échangés, et je pense que ça explique bien pourquoi je me prends un peu pour le « big boss du coin » aujourd’hui.

Lorsque j’ai eu ma majorité, j’ai quitté le foyer en même temps que ma sœur, chacun partant de son côté pour se faire une indépendance. Est-ce que c’était une bonne idée ? Non… je regrette vraiment d’avoir laissé Ruslana seule en Amérique et y’a surement pas un seul jour qui passe sans que je me dise que tout aurait pu être différent si j’avais été avec elle au bon moment.

Bref… moi, je suis allé à Londres, « la ville des rebelles », pour trouver dieu sait quoi, et c’est là-bas j’ai fais la connaissance d’une fille du nom de Katsya qui m’a pas mal tapé dans l’œil, si bien qu’on est restés une année ensemble. J’avais 5 ans de plus qu’elle, mais c’était pas si grave… non, ce qui l’était plus, c’est l’influence que j’ai eu sur la demoiselle. Jeune et con, trop sûr de moi, irrespectueux et ne pensant qu’à ma gueule, j’ai entrainé ma copine dans les mauvaises habitudes, jusqu’à en faire une habituée à la drogue et à l’alcool alors qu’elle n’avait même pas 15 ans. « Wah, mais quel connard ! ». Bah oui, je suis un connard… j’ai même réussi à tirer Kat’ en Amérique en racontant n’importe quoi pour la convaincre de me suivre, elle et son stock de dope… et ça s’est mal terminé. Un jour, elle a abusé et fait une overdose et moi comme un con j’ai paniqué. La voir inerte au sol m’a secoué plus que n’importe quoi d’autre avant cela, et j’ai à peine eu la force d’appeler une ambulance avant de prendre la fuite. Ce que j’avais fais était un crime… et j’étais tout à fait poursuivable en justice. Alors il fallait disparaître. C’est ce que j’ai fais, non pas pour éviter les retombées juridiques, mais parce que je ne voulais pas avoir à assumer la suite des événements et aussi parce que dans le fond, je savais que Katsya serait bien mieux sans ma mauvaise influence.

Après l’incident de mon ex, je n’ai plus donné de nouvelles à personne et ai coupé mon téléphone ainsi que tout ce qui pouvait permettre aux gens de me contacter. Ca m’a aidé à me recentrer un peu et à apprendre à réfléchir avant d’agir, mais même si les remords ont été mes seuls compagnons de route pendant des mois, mon comportement d’ordure n’a quand à lui jamais vraiment changé (en surface tout du moins). Des cœurs, j’en ai brisé pas mal sans trop m’en faire (pas de ma faute si les filles s’accrochaient alors que je précisais bien dès le départ qu’il ne fallait pas qu’elles s’attendent au prince charmant si elles voulaient de moi), et pendant plus de quatre ans, j’ai enchainé les petits jobs sans trop parvenir à trouver ma voie. Les études ? J’y songe sans trop y croire. J’ai fais le tour de tout ce qu’il avait à voir à présent, et je me rends compte que je voudrais commencer à me prendre en main « sérieusement », maintenant. Dès l’instant où j’ai décidé cela, je savais que ça voulait dire qu’il me fallait débuter par reprendre contact avec ma sœur et voir en fonction de ses besoins à elle (ps : qu’est-ce que ça fait de se rendre compte que son frangin n’a pas arrangé son côté « douchebag » avec le temps ? ). San Francisco, donc… qu’est-ce qu’il peut bien y avoir pour moi, ici?