Les rayons de lunes perçaient à travers les rideaux de ma chambre, se reflétant dans mes yeux brillants. Repliée contre moi-même, sur le haut de mon lit, je pensais à ce que l’avenir pourrait me réserver. Les pensées positives n’étaient pas à l’honneur, et je pensais davantage à tous les malheurs qui pourraient succéder à une erreur commise en compagnie d’Elyes. Un geste, quel qu’insignifiant fut-il, pouvait alors tout changer. J’étais malade, depuis ma naissance, et je ne souhaitais pas s’y voir ajouter une seconde maladie comme le sida, ni même un bébé. J’en avais eu ma dose, et bien trop souvent caché ma peine. Si peu de personnes étaient au courant de cette maladie, et cette situation me convenait parfaitement. Ne trouvant pas le sommeil, anxieuse à l’idée de cette nouvelle maladie qui pourrait ravager mon corps, ou même à l’idée d’un petit être grandissant en moi. De lourdes larmes perlaient au bout de mes cils, s’écrasant sur le sol silencieux de l’appartement. L'incertitude sur ma situation me rendait plus qu'anxieuse.
Je n’avais pas dormi de la nuit, le réveil sonnait en vain sur ma table de nuit, résonnant dans la chambre. Je me sentais fragile, si fragile, telle une poupée de porcelaine. Je me dirigeais vers la salle de bain, le pas et les jambes tremblants, et regardais mon visage creusé par la fatigue avant de faire un minimum de toilette. Pas de maquillage, une coiffure vite fait, rien de très important ni de très long à faire. A peine ceci fut fait que je retournais dans ma chambre et me posais sur le lit, immobile, le regard vague. Je ne voulais pas aller au laboratoire, pourtant j’avais pris rendez-vous et devais m’y tenir. Je devais savoir ce qui se tramait, je devais le faire savoir à Elyes car il était le deuxième concerné dans cette histoire. Ce sentiment d’avoir quelque chose ne venait pas de mon esprit, vous savez lorsque vous vivez ce genre de choses, vous savez parfaitement reconnaître quand quelque chose ne tourne pas rond. Je me rendais à l’heure devant le petit centre hospitalier, une angoisse inexprimable envahissant mon corps entier, et trouvais sur mon chemin Milo. Il était le seul à qui j’avais osé parler de mon mal-être, le seul en conséquence qui m’avait proposé de m’accompagner. Un peu de soutien, surtout d’un si bon ami, n’était pas de refus. Je le voyais devant moi, et regardant l’enseigne du bâtiment et le personnel en blouse blanche se hâter, je fus prise d’une envie immédiate de faire demi-tour.