On a tous besoin d’une personne. On a tous besoin de cette personne qui nous fera sourire, avec qui on se sentira en sécurité. Moi, je ne l’ai jamais trouvé. L’amour, les relations de couple… ce n’est pas pour moi. C’est toujours ce que j’ai cru, ce que j’ai voulu croire. Et puis il y a eu elle. Des années qu’on se connaissait, des années qu’on s’en foutait plein la gueule sans jamais vraiment savoir pourquoi. Mais, depuis quelques jours, tout avait changé… Je ne la voyais plus de la même façon. Elle et moi, c’était… compliqué. Ruslana. Deux handicapés du cœur ensemble, ça pourrait donner, je pense. Un soir alors que j’étais défoncé, je l’avais embrassé. Une après-midi alors que je cherchais à me défoncer, elle avait couché avec moi pour m’en empêcher. Je ne savais pas trop si je devais bien le prendre mais, je préférais me dire que oui. Ça évitait les disputes inutiles.

J’avais rendez-vous avec elle ce soir à dix-huit heures. Mais, elle ne le savait pas. Enfin si mais, non. C’était compliqué. J’étais censé la kidnapper sans qu’elle le sache. Et je ne suis pas le genre de garçon à faire les choses à moitié. C’est sans doute pour cette raison que j’avais frappé à sa porte, vêtu d’une cagoule. Fou ? Légèrement. La porte s’ouvrit.

« Bonsoir. – Il faisait chaud là-dessous. – Je suis là pour te kidnapper. »

julian & ruslana

Depuis quelques jours, les choses avaient changées, je m’en étais rendue compte. Enfin… pas vraiment, mais je devais le reconnaitre, les choses c’étaient calmées entre Julian et moi.
Peut-être que le fait que Lera me dise ce qu’il semblait resentir pour moi, m’avait fait réaliser que je tenais à lui. Vraiment…
J’avais appris à apprivoiser Julian. Il avait réussi à me faire flipper plusieurs fois : quand je l’avais retrouvé complètement défoncé l’autre soir, que je l’avais embrassé et puis quand il s’était pointé déjà à moitié mort chez moi pour de la drogue. Je n’avais pas réussi à le laisser se droguer encore, j’avais choisi la seule alternative que j’avais trouvé : j’avais couché avec lui.
Autant le reconnaitre : je ne l’avais pas regretté. Arhem.
Je savais qu’il allait arriver bientôt puisque je lui avais fait comprendre que je voulais qu’il vienne. Mais disons que je n’étais pas censée le savoir. Quand j’entendis frapper, je me levais du canapé, et allait ouvrir.
J’avais les yeux baissés au moment d’ouvrir la porte. Lorsque je relevais la tête je découvris un homme cagoulé. Je sursautais, surprise. Mais ses bras tatoués me permettaient de reconnaitre Julian. Un sourire se dessina sur mes lèvres. « Bonsoir. Je suis là pour te kidnapper. »
Je lâchais un rire et me poussais pour le laisser entrer. Pendant qu’il passait la porte je tirais sur sa cagoule pour la retirer. « Enlève ça, c’est hyper flippant. Tu peux pas kidnapper les gens sans faire peur ?! »
Je fermais la porte derrière lui.

« Enlève ça, c’est hyper flippant. Tu ne peux pas kidnapper les gens sans faire peur ?! »

Je souriais. Oui, j’étais fier de ma blague. J’entrais dans l’appartement. Je commençais à le connaitre même si la dernière fois que j’étais venu, les choses ne s’étaient pas vraiment passées comme je l’avais espéré. Même pas du tout. Je suppose que je devais oublier ça. Je ne le regrettais pas mais, une autre situation pour le faire de m’aurait pas spécialement gêné. Je scrutais la pièce en souriant. Je ne savais pas quoi faire, je ne savais même pas quoi dire. Timide ? Non, absolument pas mais… la situation était vraiment étrange. Je n’étais pas habitué à ce genre de chose et surtout pas en compagnie d’une fille comme Ruslana. En fait, quand j’étais avec elle, mon cœur battait plus. C’était sans doute de l’amour mais je ne pouvais pas lui dire. Non, ce n’était pas mon genre de dire ça. Je n’aimais pas dire ça. Les sentiments, aimé, l’amour, ça n’a jamais été mon fort et voilà que je me retrouve devant la fille que j’aime. Enfin, que j’aime peut-être. J’avais presque l’impression de la fuir. Je jouais avec mes doigts, je n’étais pas forcément à l’aise mais… j’avais amené le dîner. J’espérais juste qu’elle n’avait rien contre les hamburgers. J’esquissais un sourire et lui montrais le repas en souriant.

« J’espère que t’as faim… et si t’as pas faim, je mangerais tout, tout seul. »

julian & ruslana

Julian entra dans l’appartement, je m’adossais contre la porte quand il se tourna vers moi. la situation était étrange, je le savais et j’étais certaine que lui aussi. Tout était très bizarre. Peut-être parce que je savais que je lui plaisais ? Et que je n’avais jamais clairement dit qu’il me plaisait aussi. Pourtant… c’était le cas, il me plaisait et même plus… beaucoup plus.
« J’espère que t’as faim… et si t’as pas faim, je mangerais tout, tout seul. » Un sourire s’étira sur mes lèvres. Je m’approchais et attrapais la boite d’un hamburger avant de m’asseoir sur le canapé. « Assieds-toi. » Avant d’ouvrir la boite, j’eus comme une absence. Je posais la boite sur la table basse et m’assis en tailleur en face de lui. Je le regardais discrétement. Il devait se douter aussi bien que moi, que cette situation devait être éclairée.
Julian me plaisait, j’avais envie d’être bien avec lui… tout le temps… Mais après moi histoire foireuse avec William, je ne savais pas à quoi m’attendre… Et je ne savais pas si j’étais capable d’être bien avec quelqu’un à nouveau. Pourtant même si on avait passé des années à se prendre la tête amicalement (ou non) avec Julian, en quelques jours, il avait gagné ma confiance et j’étais obligée de reconnaitre que quand il n’était pas là ou quand il me faisait la gueule, il me manquait.
« Je t’aime bien. Enfin je veux dire… » Ok, bon, ce n’était peut-être pas le soir. J’étais du genre direct, mais là, je perdais relativement mes moyens. « Non rien, laisse tomber. » Je décroisais mes jambes et me levais pour aller nous chercher des verres. Faire diversion…

On était là. On était là comme deux abrutis. On savait parfaitement que cette soirée n’était pas qu’amicale mais en tant qu’handicapé sentimentale, il m’était impossible de dire ou de faire quoi que ce soit qui pourrait faire penser à autre chose que de l’amitié. Pourtant, j’en mourais d’avis. L’un de nous deux devait faire le premier pas, lancer la conversation, faire quelque chose pour que l’autre réagisse. On était tous les deux assit. Il y avait tellement de possibilités et pourtant, je n’arrivais pas à faire quoi que ce soit. C’est elle qui lança la conversation. C’était une première étant donné qu’à part le fait qu’elle ait couché avec moi pour m’empêcher de droguer, elle n’avait jamais vraiment rien fait qui puisse me prouver qu’elle ressentait autre chose que de l’amitié à mon égard.

« Je t’aime bien. Enfin je veux dire… - apparemment, elle était aussi douée que moi pour exprimer ses sentiments. Ce n’était pas gagné. - Non rien, laisse tomber. »

Si je laissais tomber, on y était encore demain. Elle se leva. Non, je ne pouvais pas laisser les choses s’éterniser ainsi. C’était ma seule chance et je ne devais pas la laisser passer. Je me levais à mon tour pour lui prendre la main et l’empêcher de partir.

« Retire le bien pour moi. » C’était sans doute ma façon de lui dire que je l’aimais. Je crois. Qui ne tente rien n’a rien, non ?

julian & ruslana

J’étais en train de partir vers la cuisine. Hein ? Oui de fuir, on pouvait aussi le dire comme ça. Je savais que Lera m’avait dit d’être cash avec Julian, mais pour moi ce n’était pas facile et j’avais en plus de ça, peur de tout foutre en l’air. Je ne pouvais pas prendre se risque alors qu’on arrivait enfin après de nombreuses années à être « bien » ensemble…
Une main qui agrippait mon poignet m’empêcha de continuer ma fuite. Mon souffle se coupa l’espace d’une seconde, voire plus. « Retire le bien pour moi. » Je mis quelques secondes avant de comprendre. Faire le lien avec ce que j’avais dit précédemment… Je levais les yeux vers lui, il avait l’air sérieux. Ce qui en d’autre cas m’aurait paru bizarre de sa part. Mais là, ça m’arrangeait.
J’essayais de sourire, difficilement, vu tout ce que cette conversation impliquait pour nous.
Je regardais Julian. Qu’est-ce que j’étais supposée faire maintenant ? J’avais peur de me mettre en couple avec lui. Si j’avais été plutôt calme avec William étant donné que ce n’était pas à proprement parler une vraie relation, mais plutôt un deal. Je savais de quoi j’étais capable : j’avais peur de devenir invivable, jalouse et possessive ; c’était tellement moi… Mais maintenant, je n’avais pas envie de voir Julian avec d’autres filles…
J’avais peur qu’au premier clash entre nous, je foire tout et qu’il ne veuille plus jamais de moi, même en amie…
Mais si je n’essayais pas, je ne le saurais jamais, c’est ça ?
Je me mis sur le pointe des pieds et passais mes bras derrière son cou. Doucement, tout doucement, un peu timide… Je posais mes lèvres sur les siennes. C’était différent des autres soirs, enfin, j’en avais l’impression. Il y avait autre chose. Je commençais à rougir et ce n’était pas mon genre, je décollais mes lèvres des siennes et cachais ma tête dans son cou. « Hm… alors… » « on fait quoi ? » était supposément la suite de ma phrase. Mais ça ne sortait pas. Et je me disais que de toute façon, Julian comprendrait.

Ses bras autour de mon cou. Ses lèvres sur les miennes. C’était différent. C’était meilleur. Je sentais mon cœur battre beaucoup plus rapidement qu’auparavant. C’était doux. Tendre ? Oui, c’est ça. Un peu timide aussi. Lorsqu’elle décolla ses lèvres et qu’elle cacha sa tête dans mon cou, je ne pu m’empêcher de réprimer un sourire. Elle était mignonne comme ça. Elle semblait différente. Dans le bon sens. « Hm… alors… » Je devinais le reste de la phrase. Je me posais la même question qu’elle. Moi non plus je ne savais pas quoi faire mais, il n’y avait qu’une seule solution. Enfin, à mes yeux. Je n’étais pas habitué à être en couple. J’avais peur de souffrir mais après tout, la souffrance dans un couple, c’est quelque chose de normal. Rester ami après ça n’était pas envisageable. Non, j’avais besoin d’elle. J’avais besoin de savoir qu’elle était à moi et à personne d’autre. J’avais besoin de savoir que tous les mecs pouvaient se toucher pour l’avoir. Oui. J’avais juste besoin de savoir que j’étais avec elle. Je passais mes bras autour de sa taille et la serrer doucement contre moi. La réponse était déjà prête. Je n’attendais qu’une chose : le courage. Je fermais les yeux et cachait ma tête dans son cou à mon tour. Je tentais d’articuler. « Mh… je suppose qu’on pourrait… - j’avalais ma salive. – sortir ensemble. » Ok, j'étais absolument pathétique mais tant pis. C'était comme ça et je n'avais pas vraiment le choix. Je me doutais déjà de sa réponse. Je n'étais pas un grand romantique, j'avais beaucoup de mal avec mes sentiments mais... j'avais envie de faire des progrès avec elle et pas avec une autre.

julian & ruslana

Me dire que je sortais avec quelqu’un avait toujours été bizarre pour moi. Enfin, j’avais vécu ma première vraie histoire avec William et même si les choses s’étaient plutôt bien passées, je devais reconnaitre que c’était un fiasco. Je ne voulais pas de ça avec Julian.
Si on sortait ensemble, pour de vrai, je voulais que les choses se passent bien, mais je ne pouvais nier qu’on se prenait la tête toute le temps pour un rien. Alors qu’est-ce que je devais faire ? Je n’aimais pas l’idée qu’après tout ce qu’il venait de se passer ce soir et les autres soirs d’ailleurs, j’allais le laisser repartir comme ça, vaquer à ses occupations, sortir avec d’autres filles, etc… Je n’avais pas envie de ça.
Je ne voulais pas qu’on reste « amis » et je savais, comme lui, que maintenant, c’était impossible.
« Mh… je suppose qu’on pourrait… sortir ensemble. » Un sourire se dessinait sur mes lèvres. Est-ce que… est-ce que j’étais en train de sourire parce qu’un mec m’avait demandé de sortir avec lui ? Est-ce que j’avais 13 ans ? Oui, complètement. Je n’avais jamais ressenti ce genre de chose, je crois que j’étais amoureuse, mais incapable de l’affirmer à 100%. J’aimais Julian, trop pour être amie avec lui, assez pour le vouloir uniquement pour moi. « Je… suppose que oui. » lançais-je.
Je relevais la tête vers lui, et l’embrassais. « Pas d’autre fille, hein… ? » C’était sorti tout seul, sans que j’ai le temps de réfléchir. C’était comme un besoin d’en être sure. Est-ce que j’en étais pas déjà sure ? Peu importe, j’avais eu besoin de le dire. Besoin qu’il sache que je n’étais pas prête à partager. Je ne partageais jamais.
Je ne savais pas dans quoi on s’embarquait, pas la moindre idée, mais j’étais certaine au fond de moi que ça en valait la peine. Que c’était possible.