| Lun 16 Juil - 17:09 | |
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« Time heals everything. »Je prends quelques notes de ce que raconte mon prof de français, intéressé par le cours d’aujourd’hui. Je reste longuement concentré sur le tableau avant de soudainement sursauter en sentant mon téléphone se mettre à vibrer au fond de ma poche. Je mords nerveusement dans ma lèvre en me baissant sous la table ni vu ni connu, de manière à décrocher, sans même prendre le temps de regarder l’écran pour voir de qui il s’agit. « Allô? » chuchotais-je bruyamment, craintif de me faire attraper en train de passer un coup de fil en plein cours. L’amphithéâtre est assez vaste et je suis suffisamment éloigné de mon professeur pour qu’il ne me remarque pas, donc ça devrait le faire. « Bonjour monsieur Dawkins, je suis madame Kean, la maîtresse de Cassiopée, » annonce une voix féminine à l‘autre bout du fil. Mon cœur commence à s’emballer, il a dû s‘passer un truc avec Cas. « Excusez-moi monsieur Dawkins, j’imagine que je vous dérange alors que vous êtes sur votre lieu de travail… Votre fille vient de partir pour l’UCSF General il y a une dizaine de minutes. Elle a fait une chute dans la cours de récréation et s’est fait mal au bras. »
Je passe ma main dans mes cheveux et les agrippe en sentant mon cœur se serrer dans ma cage thoracique. Mon tout petit bébé… Elle doit être toute seule là bas. J’inspire longuement en répondant le plus bas possible tout en essayant d’être clair pour elle. « Est-ce que c’est grave? » Je m’empare de mon sac et attrape à l’aveuglette mes affaires présentement disposées sur mon bureau de manière à les ranger. Mon voisin de table me regarde curieusement, alors que je suis au bord de l’infarctus, fourrant mes affaires dans mon sac sans aucun soin. « D’après les pompiers qui sont venus la chercher, elle s’est cassée le bras. » Je ferme les yeux en tentant de garder mon calme. Je referme le zip de mon sac et le glisse sur mon épaule. « D’accord, merci madame Kean, je vais la rejoindre sur le champs. Au revoir. » Je raccroche plutôt brusquement, les mains tremblantes avant de me redresser. Le prof lève alors les yeux vers moi interrompant sa phrase, plutôt surpris de me voir me lever si abruptement, mes affaires rangées et visiblement près à m’en aller alors que le cours n’a commencé que depuis une vingtaine de minutes.
Il commence alors à me demander ce qui me prend et où est-ce que je compte aller et tout ça, dans la langue de Molière. Les regards sont braqués sur moi alors que je m’occupe de quitter la rangée dans laquelle je me trouvais pour me diriger vers la sortie. Je lui réponds maladroitement dans la même langue en m’excusant à de nombreuses reprises avant de quitter la salle, ignorant ses menaces de punition. Je m’enfuis rapidement de mon université et saute dans le premier taxi qui se présente à moi pour l’hôpital dans lequel se trouve ma fille en ce moment. Je ronge nerveusement mes ongles en regardant par la fenêtre, plutôt rassuré que les rues ne soient pas spécialement bondés à cette heure ci. Je demande au taxi driver d’accélérer, ce qu’il s’empresse de faire et au bout d’une bonne quinzaine de minutes, il se stoppe devant le grand bâtiment de soins. Je lui donne quelques billets en lui assurant qu’il peut garder la monnaie, sortant à la hâte du véhicule pour courir dans le centre médical.
Je m’approche de l’accueil et reprend doucement mon souffle en remarquant que la standardiste est encore au téléphone. « Bonjour monsieur, est-ce que je peux vous aider? » demande-t-elle calmement en raccrochant, me prêtant finalement son attention. « Bonjour, ma fille vient de rentrer à l’hôpital, elle s’appelle Cassiopée. Cassiopée Dawkins. » Elle se concentre sur son ordinateur et au bout de quelques secondes elle s’adresse à moi à nouveau. « La petite fille qui partage sa chambre avec mademoiselle Blackford. Chambre 381, troisième étage sur votre gauche. » Je hoche la tête. « Merci. »
Je m’approche des escaliers que je monte trois par trois, l’ascenseur étant bien trop long à mon goût. Une fois arrivé au troisième étage, je me rends à gauche, comme me l’a dit l’hôtesse d’accueil et me dirige rapidement vers la chambre 381. Une fois à la hauteur de cette porte, je frappe deux coups, soucieux de déranger la personne qui partage sa chambre avec ma fille et entrouvre la porte de manière à seulement laisser entrer ma tête. Cassiopée réagit directement à ma vue en criant un long « Papa! » ce qui réchauffe mon cœur immédiatement. Je rentre finalement dans la pièce et m’approche du lit de ma fille en saluant la femme qui se trouve dans le lit voisin. |
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