«
Descends de là. » Je ne prêtais pas attention à ce qu’on me disait. La tête en bas, je contemplai le sol avant de finalement redescendre les pieds sur Terre au risque de me prendre à nouveau un coup de bâtons. Non pas que mes parents me battaient, il ne faut pas s’y méprendre mais dans notre famille, il est très rare d’avoir de telles manières. Comprenez, c’est très déplacé. Mes parents sont tous les deux des gens riches. Disons que je n’ai jamais manqué de rien. Ma petite sœur et moi mais j’étais trop sauvage. Je n’écoutais jamais rien, je ne voulais pas avancer dans la vie. Tout le monde le savait. Elizabeth est quelqu’un qu’il ne faut pas brusquer sous peine de se retrouver face contre terre. Je ne suis pourtant pas violente mais je n’aime pas qu’on me donne des ordres. Je ne les ai jamais écoutés, je n’ai toujours fait qu’à ma tête. C’est pour ça que je sentais que je n’avais pas ma place parmi eux. Regardez-les déjà. Admirez-les. Tous les deux bruns, voire même les cheveux noirs, alors que je suis rousse. Mon tempérament de feu fait qu’on m’appelle Salamèche puis lors de l’adolescence je deviens Reptincel et je ne laisse personne s’approcher de moi. Je ne me bats pas mais je ne suis pas vraiment en phase avec mes semblables alors je me contente de les regarder d’un air hautain avant de partir.
Mon seule vraie échappatoire est la danse. On pourrait dire que c’est des conneries mais non, c’est totalement vrai. J’adore danser, ça me vide la tête et m’ôte toute envie de tuer mes parents. J’y passerai des heures et à l’âge de treize ans, je suis devenue un petit rat du conservatoire de New-York ce qui est assez prestigieux quand on y pense. Mais comme toujours, j’ai fait des conneries. Bien des années plus tard. Mes parents m’ont rejeté. Complètement. Je suis tombée enceinte voyez-vous de mon metteur en scène. J’ai avorté parce que je ne veux pas d’enfants mais j’étais souillée alors on m’a rejeté complètement en me mettant dehors. Ma sœur aussi m’a ignorée. Ma famille et je n’ai pas compris. C’est ma grand-mère maternelle qui m’a appris ce qu’il s’était passé. Il y a vingt-deux ans – mon âge – ma mère a accouché d’une petite fille mais ce n’était pas moi. Sauf que l’enfant est mort-né et elle a pété un câble. Elle a été dans la nurserie et a dérobé l’enfant. Moi. Pour m’élever comme sa propre fille avant de finalement avoir un nouvel enfant qui sera réellement le sien.
Folle de rage, je suis partie voir la femme qui s’est occupée de moi pendant toutes ces années – il y a cinq ans – et je suis entrée par effraction chez eux. Je l’ai attendu dans la cuisine et elle m’a jetée ce regard méprisant qui me mettait hors de moi quand j’étais plus jeune. «
Est-ce vrai ce que Granny m’a dit ? » Elle m’a jaugée du regard avant de se mettre à table. «
J’ai fait ce qui me semblait mieux. » Je me suis levée pour la fixer du regard avant de feuler. «
Tu n’avais pas le droit. » Elle s’est approchée de moi pour caresser ma joue. «
Elizabeth, c’est ce qu’il y avait de mieux pour toi. » Je me suis échappée à son contact comme un animal prêt à attaquer. «
Ce qu’il y avait de mieux POUR TOI Veronica. Quel est mon vrai nom. Dis-le-moi. » Elle a planté son regard froid dans le mien, tintée de peur. «
Katniss Blackford. » J’ai hurlé avant de le pousser si fort qu’elle est passée à travers la fenêtre mais nous étions au rez-de chaussée donc elle n’a rien eu. «
Que je ne te revois jamais ou tu auras affaire à moi. »
J’ai fait des recherches, engagée un détective privé pour retrouver une Mary-Jane Blackford internée à l’hôpital psychiatrique de San Francisco suite à une dépression nerveuse. Je suis allée là-bas pour me faire engager dans leur petite compagnie avant d’aller la retrouver. Elle ne m’a pas reconnue et ne m’a crue la première fois pour m’attaquer me griffant au visage mais à force de persévérance, elle a fini par se livre pour me dire le nom de mon père biologique qui était en prison. Richard Lesquieux. Je suis allée le voir pour lui dire que j’étais sa fille mais sans aucune sympathie. «
Ainsi donc j’ai une nouvelle progéniture. » Putain mais il est complètement cinglé. Je n’y suis jamais retournée. Je suis restée à San Francisco pour tenir compagnie à Mary-Jane et continuer mon travail en tant que ballerine sans me soucier de mes semblables. La sociabilité n’a jamais été mon fort mais j’ai l’impression qu’il manque quelque chose mais quoi… ?