| Mer 11 Juil - 14:30 | |
| Il était 20h. Encore une fois l’entraînement s’était terminé tard et ce à la demande de Lillas. Elle ne se considérait pas comme prête et selon elle, toutes ces heures étaient loin d'être suffisantes. Si elle l’avait pu, sans doute passerait-elle toute la nuit à la patinoire. Elle voulait que tout soit parfait. Et c’était loin d’être le cas. A ses yeux néanmoins, car pour son coach, Henry, elle était éblouissante et il ne doutait pas de sa victoire. Comme tout le monde dans le club, sauf Azaria, évidemment. Il fallait littéralement la mettre à la porte pour qu’elle quitte la glace. Et parfois même, ce n’était assez et son coach devait user de stratagèmes plus poussés pour pouvoir arriver à ses fins. Lillas était un véritable bourreau du travail, oubliant même la plupart du temps de prendre soin d’elle comme par exemple se restaurer ou bien encore dormir. C’était pour elle des pertes de temps incommensurable mais avec un sport tel que le sien, il valait mieux qu’elle soit en forme ce qu’Henry lui avait fait comprendre, plutôt sévèrement d’ailleurs en lui obligeant à prendre deux jours de congé. Chose qu’elle avait pris pour une punition, peu désireuse de perdre du temps mais dut tout de même s’y plier. Pour son bien et là voilà de nouveau d’attaque. Elle avait plutôt intérêt selon elle puisqu’il ne lui restait plus que deux jours avant la compétition. Deux jours. Une éternité. Elle ne supportait plus ce poids qu’elle ressentait dans son bas-ventre. Elle n’y était pas habituée et avait du mal à comprendre ce que c’était. On lui avait bien entendu expliqué ce qu’était le stress mais cela était bien trop…abstrait. Non pas exactement. Pour faire court, disons que cela faisait partit des concepts qui lui échappait totalement. Une fois dans son appartement, elle se rua immédiatement dans la salle d’eau où elle prit une douche chaude qui lui permit de se détendre. Un minimum. L’angoisse était toujours de la partie, moindre cependant. Elle cherchait un moyen efficace de s’en débarrasser, sans grand succès cependant. Ceci terminé, elle enfila son pyjama qui consistait en un short et une grande chemise puis s’assit devant la télévision, Capucin dans ses bras qu’elle caressa durant quelques minutes, l’esprit ailleurs. Dans sa tête tournait en boucle le cauchemar qu’elle faisait depuis sa proclamation en tant que représentante de son club. Dans celui-ci, elle se voyait sur le point d’accomplir un double Axel, saut considéré comme le plus compliqué et alors qu’elle était sur le point de retomber sur la glace, son pied droit n’était pas en mesure de la réceptionner. Du coup, elle se ramassait violemment sur les fesses ce qui coûtait énormément de points à son équipe et l’empêchait ainsi de monter sur le podium. Les images de sa chute étaient si claires et précises qu’elle commençait à y croire. Sans doute était-elle incapable d’accomplir cette figure et qu’il vaudrait mieux la rayer de son programme, cependant il était trop tard désormais. Elle soupira. Soudain, un profond sentiment de claustrophobie l’envahit et lui comprima le cœur. Ne pouvant tenir plus longtemps entre les quatre murs de son appartement qui semblaient un peu plus se rapprocher, elle attrapa son violoncelle et sortit. En pyjama, bien sûr. Elle erra durant un long moment, son instrument sur le dos, à la recherche de l’endroit parfait où elle pourrait se poser. Les parcs étaient fermés à cette heure et elle avait besoin de hauteur, de sentir le vide sous ses pieds. Elle marcha encore durant un moment avant d’élire domicile sur le pont de San Francisco. Elle ignorait comment elle s’était retrouvée à cet endroit et la manière dont elle allait pouvoir retourner à son lieu d’habitation, mais qu’importe, elle avait trouvé l’endroit parfait. Elle s’assit contre le rempart, côté zone piétonne, faisant ainsi face aux voitures qui passaient et se mit à jouer une mélodie tout d’abord douce mais qui prit plus de puissance. Les gens la regardaient avec curiosité, ce n’était pas tous les jours que nous rencontrions une jeune fille en pyjama jouant au bord d’une route fréquentée mais dieu que Lillas s’en fichait. A vrai dire, elle n’avait plus conscience du monde extérieur, comme si ce dernier n’existait plus. Elle se sentait revivre. |
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