|
|
i need you, now ₪ pv. Lera i'll be fine once i'll get it, i'll be good
| |
| | Dim 15 Juil - 19:20 | |
| C’était la première fois. Ma première fois.
C’était une sorte de baptême. Mon baptême.
C’est drôle, on ne peut jamais prévoir ce genre de chose. On est toujours pris par surprise. Je ne comprenais pas ce qui avait pu m’arriver. Je n’avais rien vu, je n’avais rien prévu. Mon cœur battait la chamade. Je n’arrivais pas à calmer ses battements. Il refusait de ralentir. La douleur l’en empêchait. Le sang coulait, je n’arrivais plus à bouger. C’était ma première fois. La première fois que je ressentais cette sensation de souffrance. Physiquement parlant, je veux dire. Je n’étais pas inconscient du danger que je courais en y allant seul mais, j’ai oublié… J’ai oublié d’être intelligent. C’était ma première fois.
Allongé dans la ruelle, contre un mur, l’épaule en sang, la respiration saccadée, j’essayais de me calmer, j’essayais de comprendre, d’analyser la situation. Ce n’était pas le moment. Je ne pleurais pas. J’étais plutôt calme. J’essayais de l’être. Ce n’était pas la peine de penser, ce n’était plus la peine de réfléchir. Il fallait que je sorte d’ici. Il fallait que je me fasse soigner mais, impossible d’aller à l’hôpital. Je voulais éviter les questions indiscrètes. Et je voulais éviter de croiser une connaissance.
J’ai essayé de me relever plusieurs fois. Sans y arriver. Ce n’est qu’au bout d’une dizaine de fois que mes jambes ont accepté de me porter. Elles tremblaient. J’étais couvert de sang. Dommage, je l’aimais bien cette chemise. Je transpirais. Sans doute à cause du sang perdu. Je n’allais pas mourir, j’en étais conscient. Je ne paniquais pas. Je cherchais simplement une solution à mon problème. Elle me vint très rapidement : Lera. C’était la seule au courant de mes… activités. Elle me soignerait. Elle m’hébergerait pour la nuit. Elle m’aiderait. C’était ma meilleure-amie alors sans doute tenterait-elle de m’achever. Malheureusement, j’étais plutôt loin de chez elle. Mes jambes devaient supporter un ou deux kms. C’était humainement impossible mais, j’avais une endurance à toute épreuve.
J’avais froid. Plus je marchais, plus je bougeais, plus mon épaule me faisait souffrir. Heureusement, il n’y avait personne dans la rue à cette heure avancée. Je ne tenais pas mon épaule. Je marchais, fièrement. Cigarette à la bouche, j’avançais à la lueur des lampadaires. Je n’ai pas eu de chance. Je n’étais pas nerveux. La douleur me faisait sans doute délirer. Sans doute. Je me sentais mal. Je voyais trouble. Il ne me restait que quelques kilomètres à parcourir avant d’arriver à son immeuble. Les pires mètres de toute ma vie. Mes mains tremblaient, mes jambes allaient me lâcher, je transpirais. Je croyais avoir perdu un peu… un peu trop de sang. Je ne pensais pas aux conséquences de ma bêtise. Je ne pensais pas à sa réaction. Je ne pensais plus. Mon cerveau s’arrêta. Il ne voulait plus réfléchir. Je sentais mon cœur se calmer, je le sentais ralentir. Je ne savais pas si c’était une bonne chose. Plus le temps passait, plus la peur m’envahissait. C’était la panique. Tout se mélangeait. Je ne comprenais plus rien. Je n’étais sans doute même plus en état de faire quoi que ce soit.
Les escaliers étaient difficiles à monter. Je sentais mes tremblaient un peu plus à chaque pas que je faisais. Je sentais le sang couler sur mon bras et tomber sur la marche. J’y étais. J’y étais presque. La porte de ma meilleure-amie était fermée à clef. Ce n’était pas étonnant. Je n’avais pas le courage de frapper, je n’avais pas le courage de sonner, je n’avais même plus le courage de l’appeler. J’ai essayé. J’ai tout essayé. Elle n’entendait rien. Chaque geste me faisait souffrir. Chaque geste me faisait perdre un peu plus de sang. Je ne marchais pas dans une flaque mais on aurait pu le croire. J’ai frappé. Encore une fois. La dernière fois. Il était tard. Il était trois heures du matin. J’ai entendu des bruits, j’ai entendus des pas, j’ai entendus le verrou de la porte et puis, j’ai cessé d’entendre quoi que ce soit. Mes yeux se sont fermés, mon corps s’est laissé aller. Je suis tombé. La chute est rapide. Mon cœur battait. Il ne battait pas aussi vite qu’il aurait du. Le sang continuait de couler. La balle était là. Elle était logée dans mon épaule. Elle ne voulait pas en sortir. J’avais essayé de l’extirper moi-même. Cela n’avait fait qu’aggraver les choses. Avant de sombrer, j’ai entendu un cri. J’ai senti ma tête heurter le sol. Il faisait froid. Je ne tremblais plus, je ne bougeais plus. J’étais comme mort.
C’était la première fois. C’était ma première fois.
C’était une sorte de baptême. C’était mon baptême.
J'allais me faire défoncer. |
| | | | Lun 16 Juil - 9:17 | |
| Journée de merde. C’était le cas de le dire. Alors que je pensais que tout allait pour le mieux, on venait encore de me prouver le contraire. Ma vie était condamnée à être un bordel sans fin. A force d’accuser les coups comme je le faisais depuis des semaines, sans jamais révéler l’état de tourment dans lequel je me trouvais, je ne ferais pas long feu. Je le savais. Je m’appuyais un instant contre le mur, les yeux fermés. Cela avait toujours été ainsi. J’étais incapable d’exprimer ce que je ressentais, plutôt j’avais été forcée depuis toute petite à conserver cela pour moi. Il était inutile d’embarrasser les autres avec nos états d’âmes. Néanmoins aujourd’hui j’avais craqué et sur un coup de tête d’ailleurs. J’avais appelé Keith, qui était d’ailleurs passé immédiatement, ne me laissant pas ainsi le temps de reporter notre rencontre. Je ne savais pas si je le regrettais. Disons que j’aurais préféré qu’il ne me voie pas dans cet état. Personne non plus. Dans ce genre de moment j’avais plutôt tendance à me noyer dans ma solitude et mon affliction. Masochiste jusqu’à la moelle. Non pas que je n’avais personne encore une fois, la preuve avec Keith, mais tout cela était profondément ancré en moi et l’on sait tous que les habitudes ont la vie dure. Je soupirai, passant une main dans mes cheveux. Je ne voyais pas où tout cela avait bien cloché. C’était impensable. On eût dit un mauvais coup du sort, comme si une personne s’amusait de moi en mettant toujours sur ma route un petit malheur sans grande importance. Ouais, ça devait être ça. La vie est une pute qu’il faut baiser avant qu’elle ne te baise, hein. Ce n’était pas la première fois que j’avais cette sensation, sûrement pas la dernière me disais-je. Pourtant je m’évertuais à ne pas comprendre. Tout avait bien commencé. Nous nous étions rendus au mariage de Bliss qui avait été merveilleux sois-dit en passant. C’était la première fois que je m’amusais autant depuis un bon moment maintenant mais c’était sans doute trop de joie d’un coup et fallait-il immédiatement équilibrer la balance. Hadryin. Son évanouissement. Les pompiers. Les urgences. Le verdict. C’était trop d’un coup. J’allais craquer sous peu. Egoïste. Je m’en voulais de ne songer qu’à moi une nouvelle fois alors que mon petit-ami était dans un état bien pire que le mien. Ouais, après tout c’était lui le malade et non moi. Egocentrique. Il était temps que je comprenne que tout ne tournait pas forcément autour de moi. Je n’étais pas le centre du monde, loin de là et bien entendu, je n’étais pas la seule à souffrir.
Cette dernière pensée me donna l’impulsion dont j’avais besoin pour reprendre ma route. C’était vrai, je n’étais pas la plus à plaindre et les complaintes n’ont pas leur place. Oui, je me devais d’abord et avant tout de penser à la personne qui était la plus mal dans cette histoire. Ma démarche était de moins en moins bancale, signe que les effets de l’alcool s’estompaient. Déjà. Quoique ces derniers ne furent pas si importants en fait. J’avais désormais du mal à atteindre cet état d’ébriété que je recherchais désespérément. Fatiguée de faire face et incapable d’oublier était ma situation et je ne voyais pas vraiment de moyen pour y remédier. A quoi bon ? L’histoire était condamnée à se répéter inlassablement. Je marchais. Encore. Longtemps. Ou peut-être pas. Frankie et moi n’habitions pas loin de l’autre à vrai dire. Cependant me parut une éternité. Je n’aurais su poser les mots sur cette sensation, peut-être n’en existaient-ils aucun. Je me sentis soudain oppressée comme si l’on comprimait violemment ma cage thoracique, heureusement pour moi j’étais presque arrivée. Je n’avais qu’à monter les escaliers, ouvrir la porte et me ruer dans la salle de bain. Ce que je fis. Je rendis ce que contenait mon estomac ; uniquement de la vodka. Désormais que j’y songeais, je me rendais compte que je n’avais rien avalé de la journée, ce qui en soit n’était pas une première. Je me lavais par la suite le visage en prenant soin d’éviter mon reflet que je savais cadavérique. Il était inutile de s’y confronter.
Alors que j’allais me coucher, un coup frappé contre la porte m'alerta. Il ne semblait pas être le premier au vu de son rythme précipité. J’allais ouvrir et trouvai un Keith mal en point qui ne tarda par à s’écrouler, m’entrainant dans sa chute avec lui. D’accord. Nous étions bien partis. Le moins que l’on pouvait dire c’était que cette journée semblait éternelle. Je n’avais pas la force de me relever. Tout ce que je voulais c’était rester là indéfiniment mais comme l’on n’obtient pas toujours ce que l’on désire, je me levai et tirai tant bien que mal mon meilleur-ami à l’intérieur. L’on n’avait pas conscience à quel point un homme de la taille de Keith pesait une fois inconscient et je me demandais bien comment j’allais l’emmener jusqu’au canapé et finalement décidai de le laisser là. Je ne savais pas ce qu’il avait et il serait imprudent de le bouger dans tous les sens. J’allais chercher un coussin que je plaçais sous sa tête pour rendre son séjour moins rude et découvris des tâches de sang sur mon T-shirt. Ce n’était pas le mien. Mon sang ne fit qu’un tour et je me précipitais vers l’endormi dont les traits de son visage étaient déformés par la douleur. Mon regard se posa instinctivement sur son épaule. Mon respiration se coupa quelques secondes. Ok. Il était blessé. Ok. Cela pouvait être très grave. Ok. J’imaginais que s’il était venu me voir c’était pour éviter l’hôpital, donc je devrais m’en occuper. Ok. Non pas ok du tout. Comment j’étais censée faire ça moi ?! Je n’étais pas infirmière loin de là et je pouvais facilement rendre la situation pire qu’elle ne l’était déjà. « Je t’avais pourtant dit de faire attention, bordel ! » criai-je. Heureusement que Skye n’était pas là ce soir. Je passais mes deux mains dans les cheveux et me forçai au calme. Rien ne servait de paniquer de la sorte. Fermer les yeux. Respirer profondément. Une inspiration. Une expiration. Une autre inspiration. Une autre expiration. Bien. J’avais de nouveau les idées claires…Du moins autant que l’on le pouvait présentement. Je me débarrassais tout d’abord de sa chemise puis m’en allais quérir de l’eau ainsi que des serviettes. Je passais une serviette humide sur la plaie et l’observai un moment, m’interrogeant sur la manière de procéder. Je décidai d’attendre son réveil, peu désireuse de lui bousiller complètement l’épaule. En attendant je passais la serviette sur son front et mis ma main dans la sienne. Cela devait sans doute être l’une des plus longues journées de mon existence. |
| | | | i need you, now ₪ pv. Lera | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|
|