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 LILLA ϟ « Enjoy the melody »
i'll be fine once i'll get it, i'll be good

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Anonymous
Invité
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Jeu 7 Juin - 22:04

L’expression «tourner comme un lion en cage» prenait désormais tout son sens. Je m’étais levée anormalement tôt ce matin là. Moi, l’ambassadrice même de la grasse mâtinée, un cauchemar était parvenu à m’extirper des bras de Morphée. Résultat, j’avais fais mon possible depuis 6:00 ce matin pour éviter l’ennui. J’avais nettoyé la maison dans son intégralité, prenant soin d’être la plus silencieuse possible afin de ne pas réveillé mon colocataire, qui lui, avait profité de sa nuit en très charmante compagnie. Il me l’avait présenté en rentrant hier soir. Mindy? Mandy? Cindy peut-être? Son nom m’échappait, comme le nombre de conquêtes qui avaient déjà visités les lieux. Son large sourire et son air béat trahissait clairement le manque de matière grise dans sa boîte crânienne. Pauvre créature, elle avait succombé à l’accent british et aux airs ténébreux de mon colocataire maléfique.

Pour en revenir au fait, après le ménage, je m’étais attelée derrière les fourneaux. Pancakes, muffins, œufs brouillés, lanières de bacon frit, tout y était passé. J’avais fais assez de nourriture pour nourrir le corps des marins de l’armée américaine pour une semaine. Les bras croisés sur ma poitrine, j’observais les nombreux plats disposés sur le bar. Cuisiner autant avait eu raison de mon estomac. L’envie m’était passée aussi vite qu’elle était arrivée. C’est comme si je venais de prendre dix kilos en regardant toute cette nourriture.

Mon inactivité commençait à m’agacer moi-même. Je faisais les cent pas dans une maison vide. Enfin, vide, endormie serait le terme exacte. Je repassais en revue la moindre activité que je pouvait exercée afin de chasser l’ennui, seulement, j’avais tout fait. Soudain, une sensation de claustrophobie monta sournoisement de moi, c'était comme être en cage. L'envie de courir se fit sentir et sans attendre, j’attachais mes cheveux encore humides et légèrement frisés en une queue de cheval haute avant de me munir de mon Ipod, qui lui, était posé sur le bar. Vêtue d’un débardeur, d’un leggings de course, d’une petite veste et de baskets, je sortis de la maison avant d’enfoncer mes écouteurs dans les oreilles. J’avais laissé le brunch sur le bar. Avec un peu de chance, Ezekiel n’en ferait qu’une bouchée accompagné de sa donzelle, si il ne l’avait déjà pas mise à la porte.

Regard fixé droit devant moi sans vraiment voir ce qui s’y trouvais, j’entamais un course jusqu’au Golden Gates Park, à l‘Ouest de la ville. Courir comblait le vide que Luca avait pu laisser, ça me vidait la tête, me lavait de tous mes péchés et par la même occasion, m'entraînait pour Wimbledon qui aurait lieu dans quelque semaines déjà. C’était comme si je pouvais voler et tout oublier le temps d’un jogging. L’adrénaline que me procurait cette activité était un pure délice. Chaque jour, je poussais mon corps plus loin dans ses retranchements. Je courais jusqu’à ce que le moindre petit muscle me fasse souffrir le matir, puis je courrais encore, comme si ma vie en dépendait, comme si, si j’arrêtais, quelque chose d’abominable allait se produire. Je ne pouvais lâcher prise. Très rapidement, la température de mon corps augmenta et malgré le climat hivernal de ma ville, j’ôtais mon gilet que j’accrochais ensuite autour de ma taille. Les passants étaient couverts de la tête aux pieds. Bonnets, écharpes, long manteaux. Je ne pus m’empêcher de sourire. Je n’avais rien de plus qu’un débardeur et pourtant, je me sentais bien, je bouillonnais littéralement de l’intérieur, je suais. Le Lincoln Park était désormais dans mon champ de vision quand il se mit à pleuvoir. En soi, ça ne me gênait pas vraiment mais j’étais désormais trempée jusqu’aux os. Le parc était désert, comme à son habitude, ce qui était étonnant car le Golden Gates Park était un des plus beaux de la ville et avait une vue imprenable sur le Golden Gates Bridge. Je m’arrêtai alors de courir face à cette vue avant de jeter un coup d’œil au chronomètre de ma montre. J’avais pris exactement douze minute et, par la même occasion, j’étais parvenue à battre mon record de trois minutes. Malgré l’essoufflement je me mis à rire, seule au milieu du parc, avant de me pencher en avant et de poser mes mains sur mes genoux avant de récupérer lentement un souffle régulier.

Soudain, un bruit, une mélodie inhabituelle se laissait entendre au dessus du crachin étouffé que provoquait la chute des gouttes sur le sol. Si les notes n’avaient pas été si graves, j’aurai juré que c’était du violon, par conséquence, j’en déduisis, que c’était du violoncelle. Guidée uniquement par mon ouïe, je suivais cette mélodie dans l’espoir d’en trouver la source. Je traversais la grande pelouse humide du parc avant de m’arrêter près d’un arbre. Plus j’avançais, plus la mélodie se faisait audible, j’en identifiais même le rythme. Attirée vers ce son harmonieux comme un moustique attiré par un faisceau de lumière, je continuais ma marche vers la source. Dans mon champ de vision se dessinais désormais une silhouette. Une jeune fille, perchée sur un tabouret grattait gracieusement son instrument imposant à l’aide de son archet. Ses yeux était clos. Elle était petite, mince à l’extrême et rappelait un lutin. Je me demandais même comment était-elle parvenue à trainer ce géant de bois qu’était son violoncelle avec elle jusqu’ici. Sa chevelure dorée descendait en vagues douces jusqu’au milieu de son dos. Chacun de ses gestes semblaient calculée. Le temps d’un instant, je fus presque charmée de la passion avec laquelle elle jouait. Je restais sur place, écoutant avec attention l’air tragique qu’apportait cette mélodie à la météo peu clémente de cette journée. On se serait cru dans un tableau romantique au registre lyrique d’il y a des siècles en arrière. C’était beau. Prenant soin de ne pas faire remarquer ma présence de peur qu’elle ne cesses ses mouvements, je restais pétrifiée sur cette pelouse, fermant les yeux un instant, profitant de cet instant.
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Anonymous
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Lun 16 Juil - 11:44

Lillas se réveilla aux aurores. Non pas qu’elle était de ceux qui se lèvent tôt, loin de là, du moins cela dépendait de ses humeurs et de ce qu’elle avait à faire durant la journée. Et aujourd’hui, rien de prévu. En effet, du fait d’une mauvaise chute sur la glace, elle avait littéralement obligée à prendre deux semaines de vacances. Une semaine était déjà passée et la petite blonde se sentait guérie. Ce fut donc tout naturellement qu’elle retourna auprès de son coach lui apporter la bonne nouvelle, qu’il renvoya d’un revers de main. Pas exactement, mais pour Lillas c’était tout comme. Elle supportait très mal d’être ainsi mise au placard. Le patinage c’était toute sa vie, s’en rendait-elle compte maintenant et être loin de la glace durant quatorze jours lui était douloureux. Néanmoins, Henry avait été très clair à ce sujet ; Elle ne chausserait pas ses patins tant que le médecin n’en aurait pas donné son autorisation. Dire que Lillas était désespérée serait bien loin du compte. Elle ne comprenait pas que l’on lui interdise de retourner patiner alors qu’elle se sentait déjà mieux. Encore une chose qui lui échappait. Après tout elle connaissait son métabolisme mieux que ce médecin de pacotille qui se croyait tout pouvoir sur un corps qui ne lui appartenait même pas. De quel droit d’ailleurs ? Suffisait-il simplement de faire des études pour prétendre tout savoir sur les organismes de chacun ? Lillas avait toujours eu en horreur les médecins, inconsciemment cependant. Son corps avait gardé une certaine méfiance quant à ces charlatans depuis son expédition chez les fous. En effet, lorsqu’elle fut arbitrairement envoyée en hôpital psychiatrique par son oncle, le personnel avait joué à l’apprenti sorcier sur elle, testant toutes sortes de médicaments censés la guérir. Baliverne. Aucun d’entre eux n’avait réellement cherché une solution à ses tourments sinon se seraient-ils rendu compte qu’elle était loin d’être folle. Que l’importât qu’elle le fût réellement ou non, tout ce qui comptait pour eux c’était qu’ils avaient désormais un cobaye sur qui tester toutes sortes de substance sans crainte de quelconques représailles. Ah, les humains. Plus pathétique les uns que les autres, c’était le cas de le dire. Et si un jour se feraient-ils fait prendre, nul doute qu’ils remettraient toute la faute sur Daelissio, l’accusant de les y avoir contraints. Bien entendu. Il en était de même pour ces nazis arrêtés à la fin de la guerre. Tous clamaient qu’ils n’avaient eu aucun choix, que dans le monde des militaires, un ordre se doit d’être exécuté et non discuté. Qu’est-ce qu’ils n’étaient pas prêts à dire pour avoir bonne conscience ? Pathétique. Après tout il était plus aisé de tenir un tel discours que d’avouer que torturer nos semblables nous procura un plaisir proche de l’extase. L’humain aimait faire du mal à ses frères. C’était dans l’ordre des choses. C’était ainsi depuis des millénaires. C’était ancré dans nos gênes. Et cette immonde hypocrisie que l’on nomme société ne changeait rien à ce fait. Bien au contraire. Cette violence archaïque revêtait simplement un autre terme, civilisation. L’on ne compte plus les massacres qui déchirèrent les peuples au nom de ce principe aussi abstrait qu’hypocrite. Un groupe de personnes qui se croient supérieur à d’autres et cela justifie qu’il piétine ces derniers. Bien entendu. On a voulu leur apporter la lumière, ils s’y sont opposés, on les a tués et ce n’est pas de notre faute, assurément. Ce n’est jamais de notre faute de toute manière.

A force de déverser mon dégoût pour ces êtres immondes, j’en oubliais presque ma Lillas qui, elle, ne comprenait rien à tout cela et était à milles lieux de tout ça. Ce qui la sauverait et la détruirait à la fois. Surtout la détruire en fait. On n’a jamais vraiment supporté les personnes différentes par ici. Et Lillas était bien trop libre pour faire office de mouton. Bien trop libre pour se laisser influencer. Une cible à abattre en somme. Livrée à elle-même dans un pays dont elle ignorait tout, j’avais peur pour elle. Il y aurait constamment des personnes qui voudront en faire leur serpillère et elle était bien trop candide ma jolie Lillas pour prendre conscience du danger. Le danger, en voilà une notion qui lui échappait. Comme beaucoup de choses. Elle n’avait peur de rien et je craignais que cela lui joue un très mauvais tour plus tard. Il n’y aurait personne pour lui venir en aide, ça, je le savais. Ma douce et tendre Lillas, qu’adviendra-t-il de toi dans ce monde aussi vaste que pervers ?

Elle ne m’écoutait pas. Elle ne m’entendait pas. Jamais. Pourtant j’étais là, à la regarder, la surveiller, la protéger de mon mieux. Elle mit son violoncelle sur le dos et sortit. Elle marcha un long moment avant d’élire le Golden Gate Park comme domicile. Azaria aimait par-dessus tout, les parcs. La nature avait sur elle un effet apaisant. Elle s’y sentait à sa place. Souvent elle me faisait penser à un enfant sauvage que l’on aurait sortit de sa jungle et q abandonné dans une ville, livré à lui-même. Elle s’en sortait plutôt bien. Cela aurait pu être mieux, certes, mais ce n’était déjà pas mal pour une créature aussi étrange qu’elle. Elle alla s’asseoir dans son coin favori, un genre de petite clairière perdue à l’intérieur de la végétation. En outre, peu de personne semblait le connaitre, ainsi elle était certaine de ne pas être dérangée. A peine fut-elle couchée, prête à s’endormir –car oui la demoiselle préférait dormir sur l’herbe que dans son propre lit, sauvage jusqu’au bout des doigts vous dis-je-, qu'il se mit à pleuvoir. Au lieu de courir vers les abris comme tout le monde semblait le faire, elle se contenta de sortir son instrument et se mit à jouer. Lillas était de ceux qui adorait la pluie, pour elle c’était le temps idéal pour communier avec son violoncelle, tendrement rebaptisé Dalia. Lorsqu’il y avait des orages, elle se mettait sur son balcon avec Dalia et prenait le tonnerre comme partenaire ce qui donnait un résultat indicible. C’était beau, oui cependant, il y avait plus. Beaucoup plus. Je ne parvenais pas à mettre les mots dessus. C’était comme si plus rien n’avait d’importance. Comme si les temps, présent, passé comme futur n’existaient plus. Ne restait qu’un néant dont Lillas s’emparait et façonnait à son goût. Elle recréait d’une certaine manière le monde mais à son image. C’était dur à expliquer. Il fallait le vivre pour comprendre. Elle en faisait d’ailleurs de même présentement, en créant une mélodie dans laquelle elle intégrait les clapotis de l’eau. Ce n’était pas chose facile si l’on voulait que le tout soit harmonieux pourtant il fallait reconnaître qu'elle s'en sortait plutôt bien. Elle joua ainsi jusqu’à ce que la petite averse s’évapore aussi rapidement qu’elle était venue. La jolie blonde finit son récital sur une touche douloureuse, les deux amants venaient d’être violemment arrachés l’un à l’autre. Elle eût un sourire triste et ouvrit ses yeux larmoyants sur une jolie jeune femme aussi blonde qu’elle. Tout en essuyant ses larmes, Lillas la contempla longuement, voyant qu’elle ne parlait pas, elle prit donc la parole, timidement du moins. « Bonjour » Sa voix fluette brisa le silence dans lequel elles étaient plongées. « Je peux vous aider ? » Lillas pencha la tête sur le côté puis prit soudain conscience d’une chose. « Je ne vous ai pas dérangé au moins ? » s’empressa-t-elle de rajouter, paniquée. Elle avait cru comprendre qu’il était autorisé de jouer ici mais l’unique condition était de ne pas importuner les autres. Sans doute avait-elle dérogé à cette règle et la blonde en face d’elle était sans doute là pour la réprimander. « Je suis vraiment désolée… » Elle se leva d’un bond. « Pardon, pardon…comme il ne faisait pas beau…je me suis dit qu’il n’y aurait personne…pardon de vous avoir importunée. » Elle se baissa, prête à ranger ses affaires.

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