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 Avec le canon d’un flingue entre les dents, on ne prononce que les voyelles. | William
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Anonymous
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Dim 22 Juil - 15:36

Avec le canon d’un flingue entre les dents, on ne prononce que les voyelles. | William Tumblr_lor27uRgiL1qlypm0o1_500

Je regardai l’homme au visage ensanglanté assis devant moi et ne pus réprimer un sourire. Mon poing s’écrasa une nouvelle fois sur son visage. C’était le dixième ou bien le vingtième, je n’en avais plus souvenir et quelle importance après tout. L’homme releva la tête et ancra ses prunelles dans les miennes. Il ne faiblissait pas. Au contraire. Une lueur de fierté dansait allégrement dans son regard. Il me défiait. Sans aucun doute. Eh bien, qu’il ne s’inquiète donc pas, je donnerais suite à son entreprise. Je le frappai encore une fois. Nous n’en avions pas terminé. Loin de là. Les réjouissances ne faisaient que commencer. Attrapant durement ses cheveux, je fis basculer sa tête en arrière et le forçai à me faire face. Il était en piteux état ; la figure boursouflée et recouvert d’hémoglobine. Néanmoins, cette vision plus pathétique de sa personne ne calma pas le feu de ma haine. S’il y avait une chose que je ne supportais ni ne pardonnais, c’était bien la trahison. Je l’avais en horreur. Et ceux qui venaient à me trahir, se devaient de payer le prix fort. Bien que je n’en avais strictement rien à faire de la plupart des personnes avec qui je faisais affaire, je leur demeurais néanmoins loyal, qualité, qui était à mes yeux, à la fois nécessaire et rare dans mon monde. Ce qui était fort déplorable. Les valeurs, même les plus élémentaires se perdaient. J’avouais qu’en plus d’être en colère, j’étais quelque peu déçu par le comportement de M. Evans. J’avais espéré, avec toute son expérience, qu’il fût nettement plus réceptif à ces principes de vie mais il en fût loin. Au fond, ce n’était guère surprenant qu’une personne qui soit un traitre envers son propre pays, le soit également envers moi. Je refusais de l’admettre mais il avait bel et bien réussi à endormir ma méfiance habituelle, ce qui, entre nous, n’était pas une mince affaire. Je m’en voulais de m’être laissé avoir comme un débutant et ça, il le savait. C’était d’ailleurs pour cette raison qu’il me souriait présentement. Je n’avais qu’une envie lui retirer cet air narquois qui me narguait outrageusement. Ce que je fis d’ailleurs en lui assénant un énième coup, sur la bouche cette fois-ci. Il grimaça de douleur avant de tousser et recracher du sang. Cela allait être long de nettoyer tout le bordel et je doutais que ce fût l’idée du siècle que de l’emmener chez moi. Bon, certes, j’étais certain de n’être pas importuné mais avec les flics qui me surveillaient, beaucoup moins maintenant grâce à Kate, on n’était jamais trop prudent. J’avais déjà failli me faire coffrer à cause du guet-apens que m’avait tendu mon ex-associé la veille, je n’allais pas une nouvelle fois risquer ma liberté pour lui. Quoique, j’étais en plein dedans, il ne me restait, dès lors, qu’à limiter les dégâts.

Soudain, il partit d’un rire tonitruant et moqueur. Agacé, je shootais violemment sur sa chaise qui bascula en avant avec lui. Son rire ne mourut pas pour autant, ce qui avait le don de me sortir de me gonds. Aveuglé par la colère, je me déchainai sur lui, me souciant peu de l’endroit où je l’atteignais. Tout ce que je désirais c’était le faire taire. Sans grand succès. Son accès d’hilarité semblait au contraire redoubler d’ardeur. Je ne m’y prenais pas de la bonne manière et sautai à pieds joints dans ce qu’il voulait. Il fallait que je me calme. Je montai à la cuisine pour retrouver mes esprits et ouvris la fenêtre et accueillis l’air frais avec un plaisir non dissimulé. Plaisir de courte durée lorsque j’entendis des bruits de pas mêlé à celui d’une respiration erratique. Jusqu’ici de dos, je me retournai vivement pour faire face à Evans qui, je ne savais par quelle machination, tenait encore debout après la correction que je lui avais octroyé. Il souriait encore et toujours. J’inspirai profondément pour réprimer cette envie de lui sauter dessus pour lui lacérer le visage et le fixai.

« Oh, John, alors comme ça on peut toujours marcher ? »

Mon ton était railleur car je le savais inapte à me faire du mal, encore un fourvoiement de ma part. Il fonça sur moi, pensant que je le maitriserais rapidement du fait de son état physique, il n’en fut rien. Je ne remarquai son couteau que lorsque celui-ci pénétra profondément ma cuisse et une douleur aigue parcourut mon être en entier. C’était insoutenable. Je m’écroulai tandis que John se dirigeait vers la porte de sortie. Je m’attelai à déloger l’arme de mon corps avec un cri de douleur. Bordel, mais quel bordel. J’avais bien merdé, cette fois. Que m’avait-il pris de la sous-estimer comme je l’avais fait ? C’était un militaire de l’armée américaine donc un homme entrainé au combat. Je l’avais certes mis à terre, cela ne voulait pas pour autant dire que le combat était terminé. Je me mis quelques gifles mentales devant ma bêtise. J’étais habituellement de ceux qui évitaient de se laisser guider par leurs émotions, prenant soin de réfléchir avant d’agir. Je ne comprenais pas pourquoi ce fut différent aujourd'hui. Je me levais pour me lancer à sa suite mais retombai aussitôt. Je savais qu’il ne pouvait pas aller bien loin, moi non plus visiblement. J’avais mal, terriblement mal et la plaie ne cessait de saigner. Si ma mémoire était bonne, c’était bien la première fois que je me retrouvais blessé depuis que je m’étais installé à San Francisco et je ne savais comment procéder, surtout qu’il ne fallait absolument pas que ma proie s’échappe. Retirant ma chemise, je l’attachai solidement contre ma jambe, espérant ainsi stopper l’hémorragie. Je n’y connaissais pas grand-chose à tout ca et j’espérai vraiment ne pas empirer les choses. Je tentai une nouvelle fois de me relever, je tins mais après avoir fait deux pas sur les traces de John, je chus. Je n’irais pas très loin à cette allure, j’avais besoin d’aide. J’appelai donc la seule personne capable de cela, William, le priant de se dépêcher et de récupérer John si jamais il le croisait sur la route. Heureusement pour moi, ma maison était située plutôt en retrait de toute agitation humaine.
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