Je soupire, devant mon ordinateur. A la manière dont Charlotte me parlait, bien que son vocabulaire et sa syntaxe restent très corrects, je devinais que Charlotte n’était pas claire. Soit, elle avait bu, soit elle s’était droguée d’une manière ou d’une autre. Elle m’affirmait pourtant que non, après m'avoir avoué qu’elle avait seulement bu quelques verres. En gros elle était bien bourrée et elle ne voulait pas l’admettre. Elle savait que je détestais le mensonge, pourtant, mais elle s’obstinait à me cacher des choses et d’autres. Même si ce n’était qu’un incident, je ne comprenais pas pourquoi Charlotte s’efforçait de me cacher tout ce genre de détails. Nous étions fiancés, n’étions-nous pas censés nous faire confiance l’un et l’autre ?
Ma démarche était inutile, car je savais que si Charlotte ne bougeait pas de l’appartement, il ne lui arriverait rien. Du moins si elle n’était pas trop pétée. Je m’inquiétais toujours pour tout et rien, surtout quand cela touchait ma fiancée. Quelle drôle de sensation de l’appeler comme ça, je n’y aurais jamais cru. Je prenais mon devoir très à cœur, déjà bien avant de la demander en mariage, et voulait rendre Charlotte la plus heureuse possible. Si je venais et qu’elle m’envoyait chier parce qu’elle ne veut pas me voir… Je resterais quand même, au moins je serais sûr que mon petit bébé ne fait aucune bêtise qui pourrait la blesser, la heurter. Bon, elle n’est pas en sucre je sais, mais jamais je ne supporterai qu’il lui arrive quelque chose et que je ne sois pas intervenu à temps pour empêcher quelque chose.
Je sautais donc dans la voiture, malgré les quelques protestations de Charlotte sur Facebook, et roulait vers l’appartement de Levanah et de ma copine. Pensif, et un œil posé sur mon téléphone afin garder un œil sur Charlotte, je conduisais sans vraiment regarder autour de moi. Je parcourais les quelques derniers kilomètres qui me séparais de ma fiancée et m’apprêtais à poser mon portable pour freiner et me garer prudemment. J’étais juste devant chez Charlotte, sûr de moi et persuadé d’être en sécurité alors que ma voiture faisait un écart sans que je n’aie le temps de rattraper mon erreur. La voiture partit vers la gauche, heurtant la voiture d’en face. Je ne sut pas si le conducteur ou la conductrice en face avait eu quelques séquelles, je n’eus pas même le temps d’y penser alors que mes yeux se fermaient et que je sentais un liquide tiède couler sur ma tempe.
Eliott venait de se prendre cette voiture en face, elle-même ne pouvant pas éviter l’accident. Il gisait là, au volant de son véhicule, le pare-brise en éclats et l’airbag déclenché, gardant la tête du jeune homme fermement posée. Ses yeux étaient fermés, son cœur battait toujours et ses poumons semblaient encore en marche. Le son s’échappait et ne glissait plus à l’intérieur de son appareil auditif, l’homme était ailleurs et ne semblait pas entendre les voix qui s’approchaient pour lui porter secours, il était d’ores et déjà ailleurs.
Pourquoi ? Pourquoi j’avais dit à Eliott que j’avais bu ? D’accord, c’était vrai, mais je n’avais bu que quelques verres. Rien de grave, et surtout, rien à coté de ce dont j’étais capable, soyons honnête. Mais, il m’avait dit qu’il ne voulait pas que je lui mente, et je m’étais sentie mal rien qu’à l’idée de lui cacher ça, qui pourtant n’avait aucune importance… Alors je lui avais dit la vérité. Mais je ne pensais pas qu’il déciderait de venir me voir aussitôt. Il m’annonça sur facebook qu’il arrivait. Je passais une main sur mon front. Merde, merde, merde. J’essayais comme je pouvais de l’en dissuader, ça n’en valait pas la peine, mais s’il y avait bien une chose que nous avions en commun ; c’était qu’on ne lâchait rien. Eliott était aussi têtu que moi et je savais que s’il avait décidé de venir alors il allait venir. Lorsqu’il me dit qu’il était dans sa voiture, j’avais encore envie de protester, mais je me disais que de toute façon, c’était perdu d’avance, il allait arriver. Et puis, finalement on allait passer la soirée ensemble. En plus de ça, je ne voulais pas le distraire pendant qu’il conduisait en lui envoyant des messages. J’attendais donc assise dans le canapé, l’arrivée de mon petit-ami… de mon fiancé ? Oui voila, de mon fiancé. Je souriais à cette pensée. Bien sur j’avais été terrifiée quand il m’avait demandé de passer ma vie avec lui, pas parce que je ne voulais pas, mais parce que j’avais peur de commettre les mêmes erreurs que précédemment. Mais j’avais confiance en Eliott et j’étais complètement amoureuse de lui. J’étais dans mes pensées si bien que je ne faisais pas attention aux bruits venant de la rue. Sauf au moment où j’entendis un klaxon et un grand fracas. Je ne fis pas attention au pincement qui me serra le cœur – surement l’effet de surprise – et par reflexe je me penchais à la fenêtre afin de voir ce qu’il venait de se passer. Deux voitures venaient de se rentrer dedans. Je fronçais les yeux. MERDE ! C’était la voiture d’Eliott. Sans attendre une seconde de plus je sortis de mon appartement et j’accourrais dehors. Des bris de verre, des gens partout… Ma vue était troublée, mais j’avançais en courant vers la voiture de mon petit-ami. C’est là que je l’aperçu au volant, inconscient. « Eliott ! » Je savais très bien qu’il ne m’entendait mais c’était sorti sans que j’aie le temps de contrôler quoi que ce soit. Je m’approchais de la voiture et l’observais, avant de me tourner vers tous les gens qui nous regardaient ébahis. « Mais appelez une ambulance ! » je criais une nouvelle fois.
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Mercredi 16 mai. J’étais assise dans le fauteuil, que j’avais rapproché du lit d’hopital d’Eliott. J’avais les jambes repliées contre mon ventre et je tenais la main de mon fiancé dans ma main droite à coté de lui. Je n’avais pas dormi depuis près de 72 heures, maintenant. J’étais rentrée deux heures chez moi, le temps de prendre une douche. J’avais essayé de dormir, en vain. Alors j’étais revenue à l’hopital et je n’avais pas bougé depuis. Khris était venu la veille. Moi j’attendais inlassablement qu’Eliott se réveille. Les médecins avaient dit qu’il s’en était bien sorti même s’il était dans le coma et qu’il se réveillera bientôt. Alors j’attendais. Je regardais Eliott, inconscient. Je savais que tout ça était de ma faute… « Ne me laisse pas, s’il te plait… Je suis désolée… »
Spoiler:
bon, là c'est long parce que c'est le début, mais je ferai plus court après, promis ! ah et t'as mis exactement la musique à laquelle je pensais pour ce rp
Je me sens divaguer. Ma tête sur le volant, un liquide chaud que je devine être mon sang qui coule contre ma tempe, des vagues cris et étonnements autour de moi avant que tout ne disparaisse sous un effet de fondu. Je m’éloigne, je ne sais si je pars pour de bon ou si je m’endors juste, je n’ai pas vraiment le temps de réfléchir. Je ne commande aucune action, je sens que mes yeux se ferment alors que je ne le demande pas, j’entends le bruit de mon klaxon s’éterniser et se réduire à la fois. Il continue, au loin, mais je m’éloigne de cet endroit. Je crois vous dire au revoir.
Charlotte accourait au loin, se précipitant vers Eliott d’un pas maladroit. Un attroupement de personnes s’agglomérait autour des deux véhicules, observant la scène d’un air ébahi. La tension de Charlotte se sentait, elle criait à l’aide. Cette aide fut procurée par les secours une bonne dizaine de minutes après l’accident, laissant le temps à Eliott de s’enfoncer dans les troubles de son inconscient. La conductrice en face avait eu plus de peur que de mal, une égratignure sur le front et un choc à la nuque étaient ses seuls damages, le tout agrémenté d’une sacrée frousse, ce qui n’empêcha pas qu’elle soit ramenée à l’hôpital comme le fut Eliott. Une visite de vérification en quelques sortes pour elle, tandis que les médecins devaient faire de leur mieux pour préserver le jeune homme en vie.
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16 mai.
Je me sens bien, protégé, comme dans un sommeil profond où mon esprit serait éveillé. Je ne sens rien, je n’entends rien, et même si cette situation paraît inquiétante, tout va bien. Je n’ai pas la force d’ouvrir les yeux, ni de parler, et encore moins de bouger, pourtant je le voudrais.
Eliott se trouve allongé sur son lit, dans le coma, branché à de multiples machines qui l’aident à respirer et à s’alimenter par voie indirecte. Le spectacle n’est pas spécialement beau à voir, le visage du jeune homme est recouvert d’égratignures causées par les bouts de verre, la partie haute tout autant abimée et recouverte à certains endroits par quelques hématomes. Aucune fracture, pas de coup du lapin. Eliott est censé se réveiller bientôt.
Les tubes me gênent, je les ressens pour la première fois. Ma sensation de bien-être est vite remplacée par une sensation de malaise, j’ai le sentiment que je m’étouffe. Mes yeux s’entrouvrent doucement, agressés par la lumière, et j’essaye d’arracher le masque avant que quelqu’un ne me l’enlève. Je ne sais pas tout de suite où je suis, je ne réfléchis pas à vrai dire, mais je ne suis pas chez moi. J’ai beau chercher des éléments qui me rappellent mon lit, rien n’y fait. Ce n’est pas mon oreiller, ni mon matelas, et encore moins mes draps et leur odeur. Je grimace, tourne la tête. Charlotte est là, je la regarde sans rien dire, le regard incompréhensif.
Spoiler:
Pas de soucis ♥ Oui je trouvais qu'elle correspondait parfaitement **
Tout ce que je voulais à cet instant, c’était qu’Eliott se réveille. Que tout aille bien. Je n’e pouvais plus, j’étais à bout de force tellement j’avais peu dormi. Pourtant j’avais essayé, mais le sommeil ne venait pas. Parce que j’étais trop inquiète, parce que je guettais le moindre mouvement de la part de mon fiancé. J’attendais juste que ses yeux s’ouvrent. Qu’un médecin me dise que tout aillait bien, qu’il était tiré d’affaire. Je savais très bien que jusqu’à ce que ce moment n’arrive alors, je ne dormirais pas. La femme qui était rentrée dans Eliott était repartie comme elle était arrivée, alors que mon petit-ami était là, immobile. Par ma faute. Je trouvais ça tellement injuste. Et je repensais à ce que j’avais dit : je gâchais toujours tout ; Eliott m’avait demandé de passer ma vie avec lui, j’avais dit oui et à cause de moi et de ma connerie, il avait eu un accident qui aurait pu lui couter la vie et qui le laissait inanimé dans ce lit d’hôpital. Je passais mes mains sur mon visage. Il fallait que je tienne jusqu’à ce qu’il ouvre les yeux. il fallait que je sois là quand ça arriverait. Il fallait que je lui dise à quel point je m’en voulais qu’il soit dans cet état à cause de moi. Il fallait qu’Eliott se réveille. Serrant toujours sa main dans la mienne, je crois que j’ai fini par m’assoupir un peu. Et quand j’ouvris les yeux, sans doute peu de temps après, Eliott me regardait, un air interrogateur collé au visage. Je m’approchais et serrais toujours et inlassablement sa main dans la mien. J’essayais de sourire, mais je n’y arrivais pas. Ma gorge était nouée et sèche. Mes yeux et ma vue étaient brouillés par les larmes. Je me rapprochais de lui et posais ma main libre sur sa joue. « Je suis désolée… Je suis désolée… » fût la seule chose qui sorti de ma bouche. J’avais besoin de le dire, besoin qu’il sache. J’avais tellement peur qu’il me demande de partir, parce qu’il était là par ma faute… Je restais interdite, sans le lâcher ; attendant sa réaction. Au fond de moi, j’étais tellement heureuse qu’il se soit réveillé. De savoir qu’il était en vie était la seule chose que je voulais. J'étais un tout petit peu soulagée, par rapport aux quelques derniers jours que j'avais passé à m’inquiéter.
Mes yeux s’ouvraient, les couleurs pâles et monotones de ma chambre attaquant mes pupilles. J’avais fermé les yeux trop longtemps pour ne pas avoir à m’habituer à nouveau à ces couleurs agressives. Trop à mon goût. Mon visage se tourne, doucement, les yeux plissés, et je regarde Charlotte. Elle me regarde, inquiète on dirait. A sa place j’aurais réagi de la même manière, j’aurais certainement pété un câble. Je la trouvais calme, et j’étais agréablement surpris. Je n’avais pas besoin de voir Charlotte paniquer pour savoir à quel point elle m’aimait, je le savais simplement, cela se voyait dans ses yeux et ses gestes. Elle semblait fatiguée, tellement fatiguée. Telle que je la connaissais, elle n’avait certainement presque pas fermé l’œil de la nuit. De la nuit ou des nuits ? Combien de temps étais-je resté dans… le coma ? Avais-je au moins été dans le coma, est-ce que je n’avais pas plutôt dormi ? Pourtant, le sommeil est réparateur et je me sentais plus fatigué qu’autre chose. Je n’avais pas la sensation d’avoir fait ma nuit. Je regardais alors Charlotte, je voulais tout savoir. Est-ce que j’avais été dans le coma ? Comment j’allais & avais-je de quelconques séquelles ? Comment elle allait-elle ? Khris était-il passé me voir ? Et Lera ? J’allais littéralement me faire défoncer, je le savais pertinemment. Car oui, cet accident c’était simplement de ma faute. J’aurais dû faire attention, regarder ma route attentivement et lâcher ce téléphone le long du trajet. Mais je n’en avais fait qu’à ma tête, je voulais absolument garder un œil sur Charlotte alors qu’elle était assez grande et intelligente pour rester calme seule. L’inquiétude avait pris le dessus, et elle n’aurait pas dû. Pourtant je savais d’avance que Charlotte allait s’en vouloir, il ne m’était pas nécessaire de réfléchir beaucoup pour m’en douter. Et mes doutes furent rapidement éclaircis, j’avais raison. Charlotte s’approcha de moi dès lors que mes yeux s’entrouvrirent et que mes bras s’agitèrent pour me libérer de la multitude de tuyaux qui m’étouffaient peu à peu. Si j’étais tant recouvert de tubes, si j’avais les membres si engourdis cela voulait alors bien dire que je n’avais pas passé une simple nuit dans cet hôpital. Elle sera ma main droite fort, je la voyais qui essayait tant bien que mal de sourire, sans succès. Ses yeux la trahissaient encore plus, elle était morte d’inquiétude et certainement remplie de culpabilité comme je m’en étais douté. Pourtant ce n’était pas de sa faute, pas du tout. Elle s’excusait, plusieurs fois, elle n’avait que ça en tête visiblement. Je la regardais et laissais apparaître sur mon visage un petit sourire, simple et sincère. Mon objectif était simplement de la rassurer et je ne lui en voulais pas, pour moi j’étais le seul fautif dans cette histoire. « C’est de ma faute, t’en veux pas chaton. »
En fait, je m’étais inquiétée de savoir si Eliott allait se réveiller. Mais à aucun moment je n’avais vraiment réussi à imaginer qu’il ne se réveillerait. M’imaginer sans lui ? C’était impossible. On était maintenant fiancés… Je souriais doucement à cette idée. Je n’avais plus peur à cette idée, parce que je savais que c’était différent cette fois. Mon histoire avec Eliott n’avait rien à voir avec celle que j’avais eu avec Léo. Pourtant, j’avais l’impression qu’encore une fois j’avais tout foutue en l’air : Eliott avait eu un accident et c’était totalement de ma faute. Si j’avais juste été un peu adulte, il n’aurait pas eu à s’inquiéter pour moi et tout ce serait bien passé. Il serait juste venu passer la soirée avec moi et tout ce serait bien passé. J’étais là à l’hôpital, dans la chambre d’Eliott que je ne quittais pratiquement jamais. C’était un exploit pour moi : je détestais les hôpitaux. Je n’avais d’ailleurs pas mis les pieds dans un hôpital depuis le mois de septembre et quand j’étais venue pour me faire avorter. C’était une des raisons pour lesquelles je détestais cet endroit. Lorsqu’Eliott avait ouvert les yeux, j’avais retenu un soupir de soulagement : il avait ouvert les yeux, il était vivant. Merci. « C’est de ma faute, t’en veux pas chaton. » Un petit sourire se dessina sur mes lèvres mais ça ne me rassurait absolument pas. Au contraire, j’avais les yeux qui commençaient à briller de larmes. La pression des derniers jours retombaient. Et je m’en voulais de voir que c’était Eliott qui était en train de me rassurer alors que c’était lui qui avait eu un accident et que ça aurait du être moi qui m’occupais de lui. Je pris une grande inspiration, histoire de me calmer et de ne pas pleurer. Mais j’avais eu tellement peur pour Eliott que le voir les yeux ouverts en train de me parler ne faisait qu’embrouiller mon cerveau et j’étais incapable de contrôler mes glandes lacrymales. Je regardais Eliott. « Non, c’est ma faute, j’ai déconné. Je m’excuse… Comment tu te sens ? » demandais-je. « Khris est passé hier. » ajoutais-je, pour l’informer de la situation. J’avais cru que mon meilleur ami m’en voudrait d’avoir rendu son frère dans cet état, mais comme moi, il avait été trop choqué de la situation pour faire quoi que ce soit.
J’étais conscient que Charlotte était là exclusivement pour moi, qu’elle faisait des efforts pour rester. Les hôpitaux, ce n’était pas son truc, et je le savais. Je le savais surtout depuis qu’elle avait avorté en fait. Il me paraissait normal qu’elle vienne pour moi, elle était fiancée à moi, elle m’aimait. Je prenais cependant un certain plaisir à admirer son courage. J’avais beau essayer de rassurer Charlotte, j’avais beau lui affirmer que cet accident était purement de ma faute, elle restait bornée dans son idée : Elle était clairement responsable à ses yeux. Je voyais ses yeux briller, ses sourcils se froncer très légèrement, je n’aimais pas du tout ça. Une petite moue se dessina sur mon visage tandis que je la fixais « Pleure pas mon cœur, s’il te plaît » J’avais failli dire, « ça n’en vaut pas la peine » mais je crois que si je l’avais dit elle m’aurait fusillé sur place. Elle prit une grande inspiration, comme pour se retenir de pleurer. Je détestais quand Charlotte pleurait, encore plus lorsque j’étais fautif, mais ça ne changeait rien à ma culpabilité. Que ce soit de ma faute et de celle de quelqu’un d’autre, je me sentais coupable, j’avais envie de tuer ou de frapper celui qui lui avait fait du mal, y compris moi-même. C’était comme une vision insupportable. Charlotte, c’était mon bébé, et personne n’avait le droit de lui faire du mal. J’estimais qu’elle avait parfois trop souffert pour en rajouter une couche, et elle ne le méritait, qui plus est, absolument pas.
Charlotte me regarda et me demanda comment je me sentais. Il ne servait à rien de mentir, j’avais les idées complètement embuées et les membres engourdis, particulièrement les jambes. « Bof, je suis surtout fatigué. J’ai... mal à la tête » en fait si, j’allais mentir, même si c'était un petit mensonge je m'en voulais au fond de ne pas lui dire la vérité. Si je lui disais que j’avais les jambes légèrement engourdies, elle se serait davantage inquiétée. Et puis elle s’en serait voulu encore plus, et en plus de ça j’aurais peut-être dû rester plus longtemps à l’hôpital. A peine réveillé, je souhaitais déjà repartir d’ici. Comme Charlotte, je n’aimais pas réellement l’hôpital mis à part lorsque je venais dans le cadre d’une naissance. « Arrête de dire que c’est de ta faute Charlotte, c’est seulement de la mienne, je ne regardais pas ma route. » Je ne dirais pas que ça m’énervait réellement qu’elle remette la faute sur elle, mais elle n’avait pas à s’accuser d’une chose dont elle n’était pas responsable. J’étais têtu, je voulais certainement avoir le dernier mot, étant celui qui pouvait avoir un meilleur jugement sur la ‘péripétie’. Ce que je n’aimais pas, c’était mon manque de crédibilité. En fait, j’étais crédible, mais en temps normal je rassurais mieux Charlotte, c’était frustrant. Être dans un lit d’hôpital, ça gêne en ce sens. D’habitude je me contentais de lui parler droit dans les yeux et de la serrer dans mes bras, mais ma ‘technique’, si je puis dire, était compromise.
Khris était passé. Mon cœur fit un bond. « Et… il a dit quoi ? » Je ne craignais pas Khris, je craignais sa réaction. Cela ne sautait pas toujours aux yeux de tout le monde, et nous n’étions pas toujours d’accord sur les mêmes choses, mais Khris est mon frère et quoi qu’il arrive je l’aime. Je supposais que c’était largement réciproque. Alors si je faisais une énorme connerie… Il me passerait un savon, et il pourrait s’emporter dans une colère noire. Khris était une vraie tornade. « Il a réagi comment ? » demandais-je, plus inquiet à ce propos qu’à propos de mon état de santé.