abandon; capitulation
«
Papy, je ne veux pas y aller. » J’étais là, assise les mains sur les genoux la tête baissée. Je voulais voir mes parents, je ne voulais pas aller dans ce pensionnat en Angleterre. Je ne voulais pas partir loin de ma famille. Loin de mes grands-parents. Mais je n’avais pas le choix. «
Ecoutes Lullaby, un jour tu reviendras. » Un jour surement. Je ne savais rien du passé de ma famille. Dès ma naissance, on m’a emmené à New-York prétextant le fait que ma mère m’avait rejetée, ne voulait plus de moi, que je n’étais pas celle qu’il fallait. Du coup, mes grands-parents m’ont emmené vivre loin de cette famille qu’ils qualifiaient de toxique mais voilà qu’ils voulaient m’éloigner à nouveau. J’avais dix ans, peut être onze. On a décidé de m’arracher à mon milieu naturel, de l’Amérique pour m’emmener en Angleterre, là où était ma place. The place to be, comme on dit. J’ai accepté parce que j’aime mes grands-parents mais cela me brisait profondément le cœur. Ils ne m’ont même pas accompagnés jusqu’à l’avion. Leur chauffeur l’a fait. Je n’ai jamais compris pourquoi on m’éloignait, pourquoi on ne m’aimait pas. J’ai toujours voulu être aimée mais je n’ai fait qu’être qu’une chose : rejetée.
Surdoué ; qui a une intelligence supérieur à la moyenne.
J’ai toujours su que j’avais un truc en plus. Déjà quand j’avais cinq, six ans et qu’on a remarqué que j’étais plus élevée que la moyenne, on m’a envoyée en école privé. Mais alors dans ce pensionnat, j’avais l’impression de stagner. En première, j’avançais trop vite et on dût me faire passer en seconde. Ce fut ainsi tout le long de ma scolarité, je suivais des cours avancés et je devins rapidement tutrice des cancres. «
Pourquoi est-ce que je ne pourrais pas rentrer cette fois-ci ? » Pendue au téléphone, j’avais mon grand-père l’autre bout du fil qui cherchait encore une nouvelle excuse. J’avais beau réussir dans le domaine scolaire, ma vie familiale partait en fumée. Je ne revenais que pendant les vacances et je les passais chez ma grand-mère paternelle. Je ne voyais que très rarement ma famille qui ne se souciait pas de moi si bien qu’aussi gentille et aussi naïve, je fus, je développais une certaine rancœur face aux personnes qui avaient procrée pour me faire. Je ne savais pas trop comment me comporter avec eux et nous sommes rapidement devenus des étrangers. Bien que je me doutais qu’ils me cachaient quelque chose.
Chasteté, vertu qui recommande de s’abstenir de plaisirs charnels jugés contraire à la morale.
Différence de génération et d’opinion. Alors que tout le monde s’adonnait aux plaisirs de la chair, je préférais nettement les bouquins. «
Lulu, tu devrais te décoincer un peu. Tu vas finir nonne. » Je ne daignais même plus répondre tellement la réflexion de mon amie m’a semblée stupide. Ce n’est pas parce que je n’ai jamais eu de petits amis ou de petites amies – vu que je n’ai jamais été attirée par l’un par l’autre, j’ignore de quel bord, je suis- que j’allais finir toute seule. Chaque chose venait en son temps. Etudiante en médecine à Cambridge, j’étais assise à une table quand j’appris que mon père était venu me rendre visite. Je n’ai pas daigné sortir pour l’affronter. J’avais cessé d’appeler quand j’ai eu seize ans pour chercher des excuses, des stages dans les hôpitaux de Londres, Cambridge ou Oxford quand j’eus dix-huit ans. Pour moi, notre relation était comme eux, inexistante. Mais plus je vieillissais, plus j’avais l’impression qu’il me manquait quelque chose. «
Tu vas patiner ce soir ? » Je finis par relever la tête pour démontrer un minimum d’intérêt à la personne en face de moi avant de hocher la tête. Comme pour m’apaiser, je faisais du patinage quatre fois par semaine quand cela m’était possible. On m’a vite qualifié comme étant la Reine des glaces. Ice’s queen. Cette appellation ne m’a jamais dérangé bien au contraire. Je jouais parfaitement mon rôle.
Fausses jumelles ; Se dit de deux enfants nés d'un même accouchement. Mais on distingue des vraies jumelles et des fausses jumelles. Les vraies jumelles proviennent d'un oeuf qui est la conséquence de la fécondation, elles sont génétiquement identiques et morphologiquement identiques. Or les fausses ne proviennent pas d'un même oeuf.
Ce n’est que lors de vacances que j’appris son existence. Bliss. Ma sœur jumelle. Par harsard et quand je rencontrais pour la première fois mes parents qui étaient venus pour me voir. Je n’ai pas daigné sortir de ma chambre. J’avais eu mon premier chagrin d’amour à cause d’un boxeur, je ne savais plus quoi faire, j’étais brisée. Je n’avais plus envie de voir personne et ce n’est que lorsque je descendis pour aller manger que je les entendis parler de leurs deux filles et ce n’est que quand le prénom de Bliss et la qualification de sœur jumelle sorties que je me sentis trahie. Le lendemain, je prenais un avion pour l’Angleterre. Je ne voulais plus revenir bien que ma curiosité a pris le dessus sur mes envies… Et me voilà de retour, pour savoir qui était ma moitié… Y arriverais-je ? Moi si timide, manquant de confiance en moi, à l’aimer ?
Pardon, rémission d’une faute, d’une offense.
On verra bien…