J'aime ces neiges. Ces neiges glaciales qui envahissent les cœurs et font frissonner les corps. Ces neiges qui envahissent le pays avec lenteur, calmement, comme si le temps n'avaient pas d'importance pour elles. Ces neiges qui envahissent les arbres jusqu'à avoir l'impression que ces sculptures blanches sont les feuilles. Ces neiges qui envahissent les mains des enfants qui jouent avec, innocents, aussi purs que ce avec quoi ils jouent. Ces neiges qui envahissent les souvenirs des adultes qui, autrefois, étaient comme ces enfants innocents. J'aime ces aurores boréales. Ces couleurs qui conquièrent le ciel. Ces couleurs qui conquièrent quelques instants ce noir absolu. Ces couleurs qui conquièrent au-dessus des montagnes, semblant invincibles. Ces couleurs qui conquièrent les yeux des gens, comme s'ils les voyaient pour la première fois. Ces couleurs qui conquièrent les cœurs et fait louper des battements de par leur beauté. J'aime ces paysages. Ces paysages faits de lacs dans lesquels on s'admire. Ces paysages faits de montagnes qui paraissent infranchissables. Ces paysages faits de grandes plaines verdoyantes. Ces paysages faits de glaciers qui se font de plus en plus rares. J'aime cet homme qui me salue et part, avec son bateau, sur le lac, pêcher quelques poissons qu'il revendra sur le marché. J'aime cette femme qui me demande simplement comment je vais et qui me parle de ses enfants pendant des heures. J'aime ces maisons traditionnelles qui envahissent le paysage. J'aime ce ciel, la nuit, qui se trouve submergé par des centaines d'étoiles qu'on se plait à observer. J'aime cette ville, le jour, elle et ces artistes de rue, un instrument à la main, quémandant un peu d'argent pour exister. J'aime cette ville où je suis né. J'aime cette ville où j'ai vécu. J'aime tout ce qui constitue cette ville. Hormis toi. Toi et ton exécrable présence. Mais tu n'es désormais plus là pour polluer le paysage. Car je t'ai tué ...
« Kapittelet En »La solitude est un rejet cruel. Surtout lorsqu'il vient d'une personne aimée. Surtout quand il vient d'une mère, de la femme qui vous a mis au monde et qui est censé vous chérir, vous protéger de tout. J'ai connu la solitude. Durant des années. A peine étais-je né que je fus placé dans une crèche avec une femme qui m'était totalement inconnue. Chaque journée paraissait la même que celle que j'avais passé le jour d'avant. Je me réveillais le matin, dans mon lit. J'avais beau crier pendant des heures, jamais personne ne venait. Il n'y avait que le mutisme assourdissant de la pièce qui me répondait. Je m'égosillais encore et encore. A cet âge, je ne savais pas encore que cela ne servait à rien. Je ne faisais que détruire ma voix qui aurait dû percer les tympans des autres occupants de la maison. Enfin, après de longues heures, ma mère arrivait et me levait. Elle me faisait prendre un verre de jus d'orange et je possédais parfois le droit singulier de sortir dehors. Elle me traînait jusqu'à la voiture, après qu'elle se fût parée de bijoux et d'habits qui mettaient en valeur son visage aux traits harmonieux. Elle stoppait le véhicule, me sortait de celui-ci et m'emmenait jusqu'au bâtiment que je connaissais si bien. Là, on s'occupait de moi toute la journée. Parfois, Mère ne revenait pas. Elle n'avait pas le temps, son métier de mannequin l'occupait trop. Elle avait donc engagée Eowyn pour me garder durant ces jours où ma famille n'existait plus. Père était également rarement là, homme d'affaires. Toutefois, il venait me chercher de temps en temps et il m'emmenait sur ses épaules pour nous promener. Ce ne sont désormais que quelques jours chaleureux gravés dans ma mémoire. Mais ce dont je me souviens le plus sont ces jours passés seul. Tout ce temps passé dans un bâtiment que je connaissais trop ou dans une maison que je ne connaissais pas assez. Eowyn était une personne gentille mais elle ne pouvait remplacer Mère. Je regardais souvent les minutes défiler sur la montre à gousset que m'avait offert Père. Ces minutes sont devenues des heures. Ces heures sont devenues des jours. Ces jours sont devenus des semaines. Ces semaines sont devenus des mois. Ces mois sont devenus des années. Doucement, le tic-tac léger que produisait la montre emportait le temps. J'ai dû aller à l'école pour étudier. Là-bas, au moins, je n'étais plus seul. Il y avait d'autres enfants avec moi, bien que je ne sois pas en très bons termes avec eux. J'étais souvent à part. Mais cela ne me dérangeait plus tellement. On souffre moins de l'ignorance d'inconnus que de gens auxquels on tient. La solitude était devenue tellement prégnante dans ma vie que je me fichais dorénavant du fait d'être seul. On venait parfois me parler mais, la plupart du temps, je ne répondais que par un sourire. Surtout quand on me demandait pourquoi je ne venais pas jouer. Lors des classes, j'étais constamment tourné vers la fenêtre, à regarder le ciel et le paysage. Mon éternelle occupation. Je ne m'en lassais jamais. Je savais l'heure à laquelle le soleil se levait et l'heure à laquelle il se couchait. De même pour la lune. Je connaissais la plupart des constellations et j'apprenais les étoiles qui les constituaient. Je pouvais dire avec certitude si le lendemain il neigerait ou il tomberait de la pluie. Je trouvais dans le ciel quelque chose de réconfortant et d'incroyablement chaleureux. Quand je rentrais à la maison, il n'y avait personne. Le plus souvent, je me réfugiais à la bibliothèque pour étudier et chercher des livres sur l'astronomie. Je restais jusqu'à la fermeture puis je traînais dans les rues jusqu'à ce que le froid scandinave me ronge les os petit à petit. Je rentrais, il n'y avait toujours personne. La grande maison ressemblait à ces maisons sur du papier glacé; belle, aérienne, bien rangée, bien organisée et terriblement vide. Pas de présence humaine. Je finissais la plupart du temps assis sur le rebord de la fenêtre jusqu'à le sommeil s'empare de moi. Ces jours ont perduré jusqu'à ce qu'un jour où l'automne débutait. Je remarquais un camion de déménagement devant la maison juste à côté de chez nous. Je vis sortir la famille telle qu'on les voit dans les contes de fées; il y avait tout d'abord la mère, élancée, mince, avec un tailleur qui mettait son corps en valeur, de longs cheveux blonds descendant en boucles gracieuses. Le père, le teint bronzé, un sourire éclatant sur le visage, des cheveux noirs de jais mi-longs, un costume qui le mettait, lui aussi, en valeur. Puis un garçon, plus vieux que moi, apparut, ressemblant beaucoup à son père mis à part le fait que ses cheveux étaient moins longs et qu'il portait des habits plus normaux pour un gamin. Et, comme pour clôturer ce charmant spectacle, une fille, visiblement du même âge, qui elle, ressemblait à sa mère. Vraiment comme dans tous ces romans, la famille parfaite qui emménageait dans le quartier. Ils ne furent pas longs à s'installer et organisèrent une fête rapidement. Afin de se faire passer pour de bons voisins, Père et Mère se libérèrent et assistèrent à cette divine comédie. Ils se firent passer pour une famille exemplaire, faisant comme s'ils tenaient à moi. J'aurais aimé dire à tous ces gens que je passais mes journées seules mais j'étais tellement habitué au mutisme que les mots ne franchirent jamais la barrière de mes lèvres. Tandis que les adultes parlaient de choses d'adultes, la petite fille s'avança vers moi, qui m'était réfugié dans un coin.
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Comment tu t'appelle ?-
Calixte.J'eus à peine prononcé ces mots que son visage s'illumina, comme si ce prénom lui apportait toute la joie du monde. On aurait dit un ange, un ange descendu du ciel. Intrigué par cette fille, je ne pouvais m'empêcher d'admirer ce sourire qui m'apportait une grande chaleur. Pour une des premières fois, quelqu'un souriait pour le simple plaisir de le faire et non pas pour y gagner un quelque intérêt.
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Et toi ? Ton prénom...-
Eléana.Elle eut un léger rire, cristallin et doux, quand elle lut l'étonnement sur mon visage. Je n'avais jamais entendu ce prénom auparavant mais je le trouvais aussi beau qu'elle. Elle m'apprit qu'il signifiait
éclat du soleil. Et il lui allait à merveille. Elle semblait rayonner. C'est ainsi que je fis la connaissance de celle qui commença à éclairer ma vie. Je n'allais plus seul à l'école désormais, elle m'accompagnait. Je l'attendais et nous partions ensemble. Je ne parlais pas beaucoup mais elle comblait le silence en me parlant de Haugesund, la ville dont elle était originaire et qui ne semblait pas bien différente de Lillehammer où elle habitait dorénavant avec moi. Nous étions dans la même classe et elle en fût ravie. Je ne montrais aucune émotion, j'étais certes heureux mais je ne le montrais pas. Ma solitude fut brisée. Mon monde de silence était devenu un monde de soleil et de joie. Il y régnait désormais des rires et des chansons. Elle m'apprenait à ne plus être seul dans ce monde. Je lui apprenais le ciel. J'allais souvent chez elle et nous regardions tard le ciel, sous l'œil attendri de ses parents qui étaient ravis qu'elle soit aussi bien intégrée et que nous nous entendions aussi bien. Si je me souviens bien de ces jours, je me souviens surtout d'un autre. C'était un an après qu'elle soit arrivé, cette fois, c'était l'été qui faisait son apparition. Nous jouions dans le jardin. Pendant qu'elle allait voir sa mère qui l'appelait, je m'attardais à réaliser une bague avec des marguerites. Quand elle revint, je lui glissa le "bijou" au doigt. Une promesse. Des mots balancés aux autres coins du monde.
Plus tard, nous nous marierons. Promesse d'enfant que l'on ne tient jamais. Mais personne ne sait, personne ne prévoit l'avenir. Je suis heureux. D'avoir vécu ces jours avec Eléana, d'avoir pu profiter d'un peu de sa chaleur et d'un peu de sa joie. Quand je ferme les yeux, je revois ce visage innocent de poupée, ce beau visage d'ange. Il ne faut pas vivre dans le passé. Il ne faut pas vivre dans les regrets. Je t'ai aimé ... Ô combien je t'ai aimé mon ange...
« Kapittelet To »-
Cap ou pas cap ?-
Toujours.Les années avaient encore passées sans que je ne m'en rende compte. Mais je n'étais plus à regarder filer les aiguilles de ma montre à gousset. Je n'étais plus seul. J'avais trouvé la personne qui me rendait heureuse. Loin étaient les années où j'étais solitaire et muet. J'avais beaucoup changé, et c'était grâce à elle. Nous avions tous deux beaucoup changés, surtout moi. Eléana avait seulement grandi, son corps s'était allongé et avait pris des formes. Mais elle restait la même personne qui m'avait tendu la main et qui me donnait une raison de vivre chaque jour. Je pris mon élan et sautait du haut de la falaise. L'air fouetta de longs instants mon corps avant que l'eau ne prenne le relais. Il y avait bien 10m de hauteur mais pour gagner le pari, je l'avais fais. Elle rit et descendit tandis que je sortais de l'eau. Nous étions en plein été, nous avions déjà seize ans. Nous passions souvent de longues journées ensemble puisque nous étions certes dans la même école mais pas dans la même classe. Je l'aidais dans les matières qui lui posait problème comme la physique. Je voulais devenir astronome. Elle, elle ne savait pas encore. Je lui répétais sans cesse qu'elle aurait put faire mannequin et elle me répétait sans cesse que c'était un métier inutile, trop superficiel pour elle. Elle était encore libre. Elle semblait parfois voler dans les cieux et je l'admirais. Nous avions grandi ensemble et nous nous connaissions mieux que quiconque. Mes parents étaient encore très absents quoique mon père fût plus présent. Il ne semblait pas trop apprécier Eléana qui, selon lui, était de mauvaise influence. Je ne l'écoutais pas. Tout comme lui ne m'avait pas écouté durant toutes ces années. Nous nous échappions parfois en week-end, juste pour le plaisir d'être ensemble. Nos amis disaient que nous étions comme Roméo et Juliette, bien que nous n'étions pas ensemble. C'était en riant que je dis un jour que nous étions plus comme Bonnie et Clyde. C'était depuis cette histoire que nous jouions à des jeux dangereux tels que les fameux "Es-tu capable ?". Malgré nous, nous avions nos propres limites qui furent un jour franchies. Eléana fit le premier pas en m'embrassant. Timidement. Posant délicatement ses lèvres sur les miennes. Et je savais que ce n'était pas un jeu. Car nous étions tous deux déjà sortis avec plusieurs personnes et qu'un baiser aussi timide ne pouvait être une provocation. Une provocation aurait été bien plus marquée. C'est en voyant qu'elle baissa les yeux, légèrement rouge, que je répondis à son geste en l'embrassant de nouveau. Et ainsi que commença le jeu le plus dangereux qui puisse exister; le jeu de l'amour. Si nous nous connaissions déjà, nous en apprîmes plus l'un sur l'autre durant ces années. J'appris les courbes qui constituaient son corps, j'appris sa manière d'embrasser, j'appris la chaleur de sa main dans la mienne, j'appris le rythme des battements de son cœur. Tout semblait idyllique, parfait. Nous envisagions déjà de continuer nos études, dans des filières certes différentes, mais en habitant ensemble pour ne pas être séparés. Nous ne savions pas que, derrière ce bonheur étincelant, les ombres attendaient sagement de nous attaquer. Ce fût un mercredi que je remarquais le sourire factice de ma dulcinée. Elle semblait fatiguée mais nous passions tout de même la journée ensemble. Inquiet, j'insistais pour rester chez elle, quitte à être malpoli. Ses parents étaient absents. Je ne voulais pas la forcer à me dire quoi que ce soit, je savais qu'il fallait que je sois patient. J'apportais, le soir, un repas directement dans sa chambre. La voyant assoupie sur son bureau, je la déposais avec délicatesse sur son lit, lui laissant un léger baiser sur le coin des lèvres. J'entrepris de ranger un tant soit peu son bureau, jonché de papiers. C'est là que je le vis. Ce papier.
" Eléana, ce que je vais te dire est très important. Je veux que tu cesse de voir Calixte. Eloigne-toi de lui. Tu ne lui apporte que malheur. Faix ce que je te demande. Ou tu le regrettera. "
Je me rappelle qu'à ce moment-là, tous mes membres s'immobilisèrent. Mon cerveau tentait de trouver une logique à ce mot. Logique qui ne vint pas. Qui ? Pourquoi ? Quand ? Des tas et des tas de questions qui s'instillaient dans mon esprit. Des questions sans réponse. Je mis des jours à la faire parler, lui demandant, sans cesse, pourquoi elle ne m'avait pas prévenu. Elle fondait en larmes chaque fois et je n'avais d'autre choix que d'abandonner et de remettre cela à plus tard. Cela continuait. Les lettres de menace se faisaient toujours plus nombreuses malgré les plaintes. On ne trouvait pas le corbeau. Voyant que cela ne faisait rien, il alla plus loin. On retrouva le chien de la famille, pendu devant la maison. Les pneus de la voiture furent crevés. Cela ne s'arrêtait plus et personne ne savait quoi faire. La police interrogea le quartier qui nia toute implication. Je m'éloignais donc quelques jours d'Eléana, décidant de rester à la maison avec Père qui était plus présent. Je lui parlais de ces histoires mais il ne réagissait pas. Il ne l'aimait pas après tout, je le savais. Quelque part, au fond de moi, je doutais de l'innocence de Père. Mais je ne pouvais décemment pas l'accuser sans preuves. Et bien que nous ne soyons pas proches, je ne pouvais pas non plus penser qu'il commette un acte aussi horrible. Et puis, l'accident. Fatal. Je vis par la fenêtre quelque chose que je n'aurais jamais dû voir. Que je n'aurais jamais voulu voir. Eléana traversa la rue. Une voiture passa. Elle ne la vit que trop tard. La voiture s'enfuit quelques secondes plus tard, sans que personne ne vit rien. Mon verre se brisa. Je courus jusque dans la rue, hurlant. Rapidement, les secours arrivèrent et on transportera ma belle à l'hôpital. Après de nombreux jours d'examen, le verdict tomba. Il y avait très peu de chance qu'Eléana retrouve un jour l'usage de ses jambes. Peut-être cela arriverait-il mais pour l'instant, elle devrait se contenter d'un fauteuil roulant. C'était comme si le livre se refermait, le conte n'existait plus. Le soleil avait cessé de briller. Il n'y avait désormais que la nuit. Je m'enfermais chez moi, tentant de trouver une solution qui, de toute évidence, ne viendrait jamais. A quoi bon vivre sans pouvoir marcher, courir, sauter ? On ne se rend pas compte du bonheur de ces choses qui paraissent simples tant qu'on les possèdent. Je ne savais pas ce qui était le pire. Voir la personne que j'aimais le plus au monde dans un fauteuil roulant. La voir qui essayait de me rassurer. Voir ces gens qui me faisaient un sourire hypocrite. Ou savoir qui était le monstre qui avait fait ça.
« Kapittelet Tre »Après un drame, il y a deux choix qui se présentent à l'être humain; oublier et essayer de construire quelque chose. Ou bien se souvenir et laisser la vengeance engloutir ses veines. La vengeance, je ne voyais qu'elle. Lorsque je rendais visite à Eléana, je sentais mon sang bouillir dans mon corps. Je souriais, tentais de lui faire oublier sa condition mais je ne pouvais m'empêcher de me sentir coupable pour ce qui s'était produit. Je n'avais pas été capable de la protéger, j'avais été lâche. Je ne le serais plus. Il était capable de la tuer. Il avait déjà failli le faire. Je ne pouvais pas. Je ne pouvais pas le laisser s'échapper. J'avais acheté un pistolet, quelque part dans une ville où personne ne me connaissait, je le chargeais. Je n'avais plus qu'une chose à faire; attendre le moment propice. Il ne se fit pas attendre. Quand je le vis, je le frappais avec toute la force que je possédais pour l'assommer. Quelques heures plus tard, il reprit connaissance, attaché. J'avais pris une chance pour m'asseoir en face de lui. Ces yeux bleu me regardaient avec incompréhension tandis que je n'avais qu'une envie; le tuer, l'étrangler, le laisser mourir entre mes mains. Mais je me retenais. Je devais garder mon sang-froid. Près de moi, j'avais posé six balles pour remplir le petit pistolet. Je respirais calmement, le regardant qui me dévisageait. Je déglutis.
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Tu te souviens ? Quand j'étais petit, tu me faisais jouer à des tas de jeux. Désormais, nous inversons les rôles. C'est toi qui va jouer. Tu va répondre à mes questions. Réponds la vérité. Est-ce toi qui a renversé Eléana ?-
Non ! Calme-toi Calixte. Je pris sur moi et saisis une des balles que je mis dans le chargeur.
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A chaque fois que tu dira un mensonge, je remplirais ce pistolet. Quand il y aura six balles, je te tuerai.-
Tu ne peux pas faire ça. J'ai ... J'ai confiance en toi. Tu n'oserais pas me tuer !Avec lenteur, je saisis une nouvelle balle qui rejoignis la première et c'est avec un grand sourire que je reprenais la parole.
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C'est moche de mentir, vraiment. Je repose la question. Est-ce toi qui a renversé Eléana ?Un long silence s'installa dans la maison. N'étant pas d'une nature patiente, je mis le pistolet en face de lui pour obtenir une réponse rapidement. Il savait que s'il mentait, je mettrais une nouvelle balle dans l'arme. Ce qu'il ne savait pas, c'est que même s'il disait la vérité, je le tuerais.
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C'est vrai, c'est moi. Mais je n'ai pas fais exprès !-
MENTEUR !Mon sang ne fit qu'un tour. La crosse du pistolet atteignit sa tempe en moins d'une seconde. Le coup avait été prompt et direct. A peine eus-je perdu le contrôle que je me rappelais ma tâche. J'insérais donc une troisième balle. Nous étions à la moitié du chemin.
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Continuons... Est-ce toi qui envoyait des lettres de menace à Eléana ?-
...Oui...-
Je vois que tu commence à coopérer... Pourquoi as-tu fais ça ?-
Je voulais... Te protéger...L'arme fit un léger bruit, signe que j'avais ajouté une nouvelle balle.
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Pourquoi ?-
... Je déteste cette fille ! Elle t'as volé ! Tu n'es pas à elle. Tu ... Pourquoi nous as-tu abandonné ? Pour cette garce ?-
Abandonné ?-
Alors que j'ai toujours été là pour toi.Nouvelle balle.
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Ne sois pas ridicule. Tu n'as jamais été là pour moi. J'ai une dernière question, toute dernière question. Regrette-tu ton geste ?J'eus un rire sadique. Quoiqu'il réponde, il était mort. S'il répondait oui, j'ajouterais une balle, considérant parfaitement le mensonge. S'il répondait non, j'ajouterais une balle, considérant parfaitement qu'il avait commis cela en connaissance de cause. Durant quelques secondes, le silence s'imposa. Il devait sûrement réfléchir à toutes les issues possibles.
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... Oui...Je ne répondis rien, et c'est avec l'effroi dans ses yeux que je rajoutais la dernière balle, remplissant le pistolet. Je m'assis en face de lui, le doigt sur la gâchette.
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Tu sais, j'ai longtemps hésité. Entre moi-même te donner la mort ou engager quelqu'un. Mais finalement, j'ai pris l'initiative. Car je dois venger Eléana. Je dois le faire. Personne ne peux le faire à ma place. Une vie pour une vie ...Le doux bruit du coup partit dans la tête de mon homme.
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On se reverra sûrement en enfer, Père.« Kapittelet Fire »Je n'ai jamais aimé les grandes villes et je n'ai jamais particulièrement aimé l'Amérique. Pourtant, cela fais désormais quelques années que je me suis installé ici, à San Francisco. La montre à gousset fait tourner le temps. Je suis parti de Lillehammer après seulement un an d'université. Je ne pouvais plus supporter la vue de ce fauteuil roulant juste à côté de chez moi. Et je ne pouvais assumer la culpabilité de n'avoir rien fais. Je me rappelle parfois de ces jours froids mais aussi de ces jours chaleureux. On ne peut pas retourner le passé. On ne peut rien y changer. C'est une vérité universelle. Peu importe les regrets que vous avez, il ne sert à rien de se tourmenter chaque jour en se disant que, peut-être, si on avait été là, on aurait put changer les choses. Tout arrive. Les bons comme les mauvais moments. C'est pour cela que l'on doit vivre sans regrets, sans chercher à se morfondre. La vie n'est qu'un jeu. Sans foi, ni loi, ni règles. La jungle. Il faut se battre pour survivre, il faut faire des sacrifices, il faut trouver du courage. Rien n'est simple. Tout se mérite.