Il n’était pas loin de minuit et comme à mon habitude j’arpentais les rues de San Francisco, sans but. Je voulais me changer les idées mais cela ne fonctionnait que moyennement. Pas du tout même. Je n’arrivais pas à me sortir les mots de Katsya, ma jolie blonde, de la tête. Je savais qu’elle avait raison, encore une fois et que je ne pourrais pas continuer à vivre ainsi. Il était temps d’avancer. To move on. Dieu que cela m’effrayait. Je ne m’en sentais pas capable. Et puis j’avais peur de me retrouver aussi mal que je le fus au départ de Gareth. Inconsolable. Enfant abandonnée au bord d’une route en plein milieu de nulle-part. J’avais perdu mon mentor, mon étoile, ma lumière. Ah que c’était ridicule de songer ainsi. Je pensais ne jamais pouvoir ressentir quoique ce soit s’apparentant à de l’amour pour une personne, mais encore une fois je me trompais lourdement. Katsya m’exhortait à exprimer ce que je ressentais et de me laisser une nouvelle fois par une relation. Je soupirai. J’étais arrivée devant l’immeuble d’Hadryin. Je sonnai personne ne répondit. J’avais encore la possibilité de m’enfuir au lieu de quoi j’attendis sagement devant l’immeuble. Soudain, il se mit à pleuvoir, cela en aurait rebuté certains mais pas moi. J’allais me placer sous le jet d’eau, levant la tête vers les cieux, je demeurai là, immobile. Je n’aurais su expliquer ce que ce temps provoquait en moi mais je me sentais connecté avec le monde. Etrange sentiment. L’humanité souffre et je souffre avec elle.

Soirée habituelle. Tu parcours doucement les rues de San Francisco, venant te positionner à ton endroit habituel. C'est un soirée de travail. Même si tu n'as pas la tête à faire ça, tu dois le faire. En fait, tu ne penses qu'à elle et à ce qu'elle t'a dit. Tu aimerais tellement que quelque chose se passe. Seulement, est-ce que tu es prêt pour une relation? Une vraie?Ta dernière ne t'avais pas vraiment réussi! ET la dernière fille que tu avais aimé, c'était avérer être un échec. Alors tu as peur. Tu as peur de te lier. Tu as peur de lui faire du mal, parce que tu ne veux que son bonheur. Tu veux la voir sourire. Tu ne veux plus jamais la voir malheureuse. C'est comme ça. Tu ne peux rien y faire. Elle t'as atteint là où aucune autre fille ne la faite. Tu regardes devant toi. Les gens passent, te regardent et te méprisent. Tu t'en fiches de toute façon ce qu'ils pensent les autres. Tu es toi. Ce mode de vie c'est toi, et personne ne pourrait changer. Enfin une seule personne mais de toute façon, elle ne le sait pas. Il commence à pleuvoir. Il est presque minuit. Tu regardes ton portable, pas de messages. Ce soir, il n'y aura donc pas de clientes. D'un côté, c'est mieux ainsi. Tu n'avais pas spécialement envie de faire ça. Tu es ailleurs dans tes pensées. Les gouttes comment à devenir de plus en plus lourdes et abandonnantes. Tu te dépêches de rentrer chez toi. Puis tu la vois, devant chez toi sous la pluie à regarder les gouttes tomber. Qu'est-ce qu'elle fait? Ton coeur s'emballe. Tu dois rester calme. Tu t'avances vers elle doucement. « Lera qu'est-ce que tu fais ici? Reste pas sous la pluie, tu vas finir par attraper la crève. » Tu la prends par les épaules et l'emmènes à l'intérieur de l'immeuble jusqu'à ton appartement. Tu allumes rapidement le chauffage pour réchauffer la pièce avant de te tourner vers la jeune blonde. Tu lui souris, un sourire un peu timide. Tu ne sais pas vraiment quoi t'attendre de cette visite.

Je restai sous la pluie pendant un moment. J’avais perdu la notion du temps. Et quelle importance après tout ? Je me sentais bien là. Comme connectée à tous les êtres vivants. A leur souffrance. Comment diable était-ce possible d’y trouver sa place ? J’appartenais au monde de la douleur. C’était mon idée depuis toujours. Sa voix. Douce. Tendre. Mon cœur perd son calme olympien. J’ignorai que j’étais aussi mordue. Quelle découverte effrayante. J’ouvris les yeux et rencontrai immédiatement les siens. Un aimant attiré par un autre. Nous restâmes un certain moment à nous fixer. Plus rien n’avait d’importance. Le temps sembla s’arrêter. Je n’étais pas certaine d’aimer tout ce que je ressentais en ce moment. Qu’étais-je venue faire ici ? C’était une erreur. J’en étais sure désormais. Tirer au clair ce que je ressentais et aller de l’avant, hein. Elle en avait des bonnes la Katsya. L’on pouvait lui accorder le fait qu’elle avait raison mais n’était-ce pas un peu trop tôt ? Je ne me sentais vraiment prête à passer ce cap. Le serais-je un jour ? Là était toute la question. Cependant je ne pouvais plus nier l’évidence. Je m’étais bien trop menti à moi-même. Cela ne pouvait continuer ainsi. Le contact de sa paume sur ma peau provoque un désir difficilement contrôlable. Eh bien, voilà que je touchais le fond. Un seul touché et je me trouvais dans un tel état. De mieux en mieux. Bon dieu dans quoi m’embarquai-je ? Je pouvais toujours faire marche à arrière mais la voix de Katsya retentit dans ma tête me demandant si je comptais fuir toute ma vie. Il était plus aisé de prendre les jambes à son cou que de faire face aux sentiments, matière dans laquelle je n’excellais visiblement pas. Non, je lui avais promis d’aller jusqu’au bout cette fois. Je lui rendis son sourire timide. Il se demandait à coup sûr ce que je faisais là, d’ailleurs sa question restait toujours en suspens dans les airs. « Je…tu n’aurais pas une serviette ? » Premier essai, un échec me dis-je alors qu’il allait chercher ce que je lui avais demandé, me laissant ainsi le temps de mettre mes idées en place. Il me remit ce que j’avais demandé et j’entrepris de me sécher les cheveux, profitant ainsi de cette occasion pour cacher mon visage à sa vue. Je n’avais au grand jamais fait ce que j’étais sur le point d’accomplir et je pouvais d’ores et déjà sentir le rouge me monter aux joues. Dire qu’à l’accoutumée ma figure n’exprimait que ce que je voulais bien montrer, il me faisait perdre tous mes moyens. « Je…je voulais que l’on reparle de ce dont nous avions parlé la dernière fois au sujet de nos sentiments respectifs... » Je peinais à continuer si bien que je me tus et continuai à me sécher les cheveux, évitant soigneusement son regard, ce qui était une véritable première chez moi préférant jauger mon ‘adversaire’.

Elle est là devant moi. Elle me demande une serviette. Directement je vais lui en chercher une. Je ne voulais pas trop la voir dans ses vêtements mouillés mais j'avais pas vraiment grand chose. Bon pas grave, je pris en même temps un t-shirt à moi et un short pour qu'elle se change. Je crois que j'aurais vraiment eu mauvaise conscience si je l'avais laissé comme ça dans mon appartement. Je revenais dan sel salon. je ne savais vraiment pas quoi dire. C'était plus qu'étrange comme situation. Elle sait ce que je ressens pour elle et je sais à peu près ce que elle ressens pour moi. C'est juste que c'est compliqué. J'ai l'impression d'être perdu. Bah je le suis en fait. je passe nerveusement une main dans mes cheveux. J'ai aucune idée quoi dire. Je me sens mal à l'aise là. C'est la première que ça arrive vraiment. Où j'aime vraiment la fille en face de moi. J'avale ma salive. « Lera..je..je sais pas quoi..» Et si je lui disais que je l'aimais et que j'espérais son bonheur au-dessus du mien? Non c'est trop kitch. Je m'approche d'elle. Je la prends dans mes bras, geste qui en tant normal, je n'aurais jamais fait, mais avec elle, ça me semblait tellement naturel. « I love you. lui chuchotai-je à l'oreille. »

Ma tête était vide. Totalement. Tout le beau discours que je m’étais répétée mentalement venait de s’évanouir dans les ténèbres de mon esprit. Je sentais son regard posé sur moi mais n’osai pas relever la tête, sachant très bien ce qu’exprimait mes yeux et le rouge dont s’était teinté mes joues. Je n’aimais pas ça, être embarrassée et ne pas contrôler ce que je montrais. C’était déstabilisant. Habituellement tout était soigneusement maitrisé…oui, habituellement. Je ne savais comment poursuivre et heureusement pour moi il se mit à parler, mais se tut bientôt. Sans doute que lui aussi ne savait que dire, de toute manière lui avait été clair quant à ce qu’il ressentait pour moi. J’étais la seule hésitante. La seule fuyarde. La seule à vouloir prétendre qu'il ne s’était rien passé. Mais cela ne fonctionnait plus désormais. D’ailleurs, en ouvrant un peu cette boite, que j’avais cru à jamais condamnée, je me rendais compte de la force de ce que je ressentais, on eut dit un ouragan. Je ne m’attendais pas à ce que cela en soit à ce point. Ses bras se refermèrent sur moi. Et je me sentis en sécurité. Chose qui ne m’était pas arrivé depuis…Gareth. C’était d’ailleurs ce qui m’avait frappé lorsque j’avais couché pour la première fois avec Hadryin…cette sensation de sécurité et d’habitude, comme si j’y avais toujours eu ma place. Et c’était qui m’avait également poussé à vouloir l’éviter coûte que coûte, peu désireuse de faire face à tout ça. Cela n’avait guère fonctionné d’ailleurs. J’y pensais sans cesse. Encore plus ces derniers temps si bien que j’étais incapable de me concentrer sur ma rencontre de danse qui avait lieu dans moins de deux semaines et le moins que l’on pût dire c’était que mon partenaire et moi étions loin d’être prêts. Tout cela à cause du brun en face de moi qui peuplait toutes mes pensées. Il était temps d’y mettre un terme, d’être honnête et d’avancer. Trois mots. Sept lettres. Dis-les et je suis à toi. C’était la citation qui me convenait le mieux en ce moment précis. Lorsqu’il les dît, je trouvai enfin le courage de planter mes prunelles dans les siennes et me sentant incapable d’en faire autant, j’embrassai ses lèvres avec passion, espérant y faire passer ce que je ressentais tout en passant mes bras autour de son cou. Un véritable baiser d’amoureux. Depuis l’échec de ma dernière relation, je ne me sentais pas la force de prononcer ces mots…D’ailleurs je n’avais jamais cru pouvoir les penser un jour. Maintenant, il fallait du temps de passer de la pensée à la parole.

J'en reviens pas. Ses yeux croisent les miens. Je me perds dedans. Je deviens un vide totale. Je me sens transplanter. Je me suis jamais sentie aussi bien. En fait, si, j'ai juste pas voulu me dire que c'était ça. Dérapages après dérapages. Le premier à Hawaii. Et j'avais pas regretté. J'en avais été incapable parce que déjà à ce moment-là, il y avait quelque chose qui me tirait vers elle. Il m'avait juste fallu du temps pour vraiment savoir ce que c'était que cette chose que j'avais pour elle. Je me rends compte que je l'avais repoussé quand j'avais le plus besoins d'elle. C'est là que j'avais remarqué qu'en fait, je l'aimais, que j'avais ce sentiment pour elle, ce sentiment qui me faisait tellement peur. J'avais peur de me lier, de me lier et d'être déçu par la suite. Déçu ou même de la faire souffrir elle. Elle m'embrasse. Je suffoque. Je réponds. Je frôle la syncope. je ne contrôle plus rien. Nos langues s'entremêlent rapidement. La passion monte à son maximum mais je ne veux pas ruiner ce moment. Ce moment de bonheur qui pourrait s'éclater à tout moment. Doucement, je recule. Je caressa sa joue du bout de mes doigts et lui souris. « Est-ce que ça veut dire que..?» Question complètement débile je sais, mais je devais être sûr. Je devais être sûr de ce que ça voulait dire. je ne voulais pas me faire des faux espoirs. Pas une deuxième fois.

Ce baiser était plein de promesses. Promesses auxquelles je voulais croire. Après tout cela ne pouvait pas me faire de mal…quoique si. J’avais peur. J’étais terrifiée. Ma précédente et seule expérience du couple me restait encore en travers de la gorge. Je ne m’en étais pas encore remise. M'en remettrais-je un jour d'ailleurs ? Cette nouvelle relation serait-elle un moyen de me refaire une santé ? Peut-être. Je n’en savais fichtre rien. Finalement la question fatidique. Sommes-nous ensembles ou non ? Allons-nous être un ‘nous’, un ‘ensemble’ ? Il attendait une confirmation de ma part. La décision la plus difficile que j’eus prendre ces dernières années. Elle impliquait tellement de choses. Etais-je réellement prête pour ce changement radical ? J’avais depuis longtemps évité que mon ‘je’ devienne un ‘nous’ mais il était temps d’y mettre terme. De reprendre ma vie où elle s’était arrêtée. J’en étais certaine bien que je fusse terrorisée. Passant ma main sur la sienne posée sur ma joue, je lui souris tendrement. « Oui, je crois bien. » Je me perdis une nouvelle fois dans ses prunelles, lui souriant toujours. Je n’arrivais pas à croire que j’étais officiellement en couple. Moi. Couple. Qui l’eût cru ? Certainement pas moi. J’étais prête à me lancer dans cette aventure avec Hadryin…personne que je détestais il y a quelques semaines seulement. La frontière entre l’amour et la haine était si mince, je m’en rendais compte désormais. Comme pour me ramener sur terre, j’éternuai. Cela m’apprendrait à rester sous la pluie. « Bon je ferais mieux de prendre une douche dans l’immédiat, il serait con de tomber malade ! » dis-je en prenant le t-shirt et le short qu’il avait apporté. Alors que je m’apprêtai à sortir de la pièce, voyant qu’il ne bougeait pas, je me retournai vers lui « Bon tu viens ou tu comptes rester là, à m’attendre ? » Je lâchai un petit rire puis continuai mon chemin. J’étais en couple. Waouw.

Je n’en revenais toujours pas d’être là, dans mon appartement avec Lera dans mes bras. Pour moi, c’était juste impossible qu’une telle fille finisse avec moi. Hadryin le prostitué –bon ok pour elle je comptais arrêter- en couple avec Lera. Haha j’avais presque envie d’en rire tellement c’était invraisemblable. Mais cependant, je n’étais pas entrain de rêver. C’était bien et bel la réalité. J’étais ici, elle était là et nous étions ensemble. Mon regard croisa le sien. Mes yeux étaient rivés dans les siens. Je m’y perdais. Je suffoquais presque de bonheur en ce moment précis. C’était juste. Il n’y avait même de mots pour décrire ma situation actuelle. Mon cœur battait la chamade. Je me perdais dans ses yeux et je n’avais qu’une envie : la garder à mes côtés à jamais. Doucement, elle se retira de mes bras. Non j’voulais pas, enfin si, j’étais plutôt pour vu qu’elle avait l’intention de prendre une douche. Je ne voulais vraiment pas qu’elle tombe malade parce qu’elle m’a attendu sous la pluie. Je restais là dans le salon. Je ne savais pas trop quoi faire, si je devais venir avec elle ou non. Tout ça, c’était complètement nouveau pour moi. J’attendais debout au plein milieu du salon que la jeune blonde me dise quoi faire. Je devais surement avoir l’air complètement con ; mais bon c’était aussi mon état naturel alors ça changeait pas grand-chose à d’habitude. Son petit rire me fit sourire. Cette fille avait le don de me rendre toute chose. Je pourrais même finir par devenir niais. Elle partit en direction de la salle de bain et moi je la suivais (tel un petit chien). Même je ne réalisais pas encore vraiment que j’étais en couple en ce moment, je sais que cette fille, cette blonde, je l’aimais, et plus que tout. Je ne sais même pas ce qui m’a attiré vers elle. Tout ? oui surement, cette fille, elle est elle, et c’est ce que j’aime. Par contre, je ne veux plus jamais la revoir triste. J’ai encore les images d’elle entrain de pleurer dans ma tête. Je ne veux plus jamais que cela arrive.