Parfois, un visage vous bouleverse. Le contempler vous blesse et vous console.
Rus & Pace
Tu sais, je pourrais jamais assez te remercier
L'écrasante vérité. L'ECRASANTE VERITE. Titre du livre de ma vie, de la sienne, de la notre. Titre du bouquin qui aurait pu illustrer de diverses manières possibles le fond, la forme. Notre fond, notre forme. Niet. Le nec plus ultra du trou noir insondable. La vérité, j'irai la chercher ailleurs. Je suis persuadé qu'elle n'existe pas sur la planète terre. Vérité ? Est-ce que la terre existe ? Mon avis sur la chose est assez équivoque, je sais : inutile. « Mec, racle ton derche de là, j'ai des tas d'trucs à faire ET je te veux pas dans mes pattes » un sourire vient ponctuer ma phrase. Sourry débilos, mon temps est précieux, en plus, ce soir je bosse. Ses yeux viennent se poser sur moi, fusils à pompe d'un aut' genre. De rien. « Est-ce qu'il t'arrive de faire autre chose qu'hiberner ?» Dans ses yeux la lueur massacrante, celle du terrible " Ca te va bien de dire ça ". Exactement, tout me va. Un sourire m'arrache la face tandis que je claque la porte de ma piaule. Dehors, la nuit, pétasse sans coeur a d'jà posé son popotin XL sur le trône qu'elle se dispute sans arrêt avec son frangin soleil. J'aime pas la nuit, je déteste la nuit mais, j'aime le monde de la nuit. Paradoxal, affirmatif. Mes pas foulent le sol, saluent les groupies du silence. Mes pas me ménent là où je suis censé trouver mon bonheur. Un bonheur concentré 99% dans un package grandeur nature. Tirelire féminine au sourire angélique. Yeux de sylphide, parole de donzelle. Chicane assurée. Comme toujours, ma belle à moi, bouteille de tequitoi. Je vais la faire valser sur le zinc avec la grâce d'un maestro. Ma veste se retrouve accrochée, mon pull troqué nonchalement contre une chemise ébène. Idée noire : boire à s'arracher les tripes, pardon, leur donner à boire jusqu'à ce qu'ils s'arrachent les tripes. Ils = les clients du petit pub bidon près d'Russian Hill dans lequel - lorsque je ne vous gave pas de pizzas- je tripote inlassablement des bouteilles d'éthanol pur. My name is Vodka-pomme, le soir, uniquement. « Le patron promet de te mettre à la porte » du char'. Le patron me kiffe comme interdit. Le patron , c'pauv' type bedonnant me vénère, il trouvera pas un mec assez con pour jouer les barmans au noir. NOIR. La couleur du vide dans lequel je brasse. Parfait. Décale maintenant. « Au travail » sans blague, couillon. Je viens pour la glande. « Bro' tu pourrais t'occuper d'un problème ? Un client est venu nous dire qu'une gonzesse vends sa merde dans les toilettes pour filles » Pardon ? Et donc ? C'pas mon biss' « Vas-y, toi ». Je lorgne, gars taille crevette, gars pas couillu : c'est bon, pigé. AU NOIR, l'oeil au beurre que j'vais m'farcir si la nana est accompagnée d'un " protecteur ". Vive Russian Hill sous ces airs de zones résidentielles y'a des pourritures façon moisissures qui collent au bask' : « Tu m'en dois une, du con.» Je lâche un juron, me dirige vers les WC , temple incontesté de la baise et de l'urine. Ca sent la chienne. J'entre, fuck la pancarte : « Ecoutes, ma jolie, ta came tu vas l'écouler ailleurs. On est gentils dans l'coin mais, on accepte moyennement d'se faire mettre » . Attendez, c'une blonde. Attendez, elle est taillée orangina. Qui dit orangina dit naturellement pulpeuse. Génial. Madame me fait face, attendez...« Dafuq ! Ruslana ? » Dafuq bis, je suis juste torché. Ca tombe bien, j'suis au bord de la cuvette.
Si jamais Austin gagnait son match de demain, j’allais le rejoindre à Paris pour… la finale de Roland Garros ? Je n’en avais même aucune idée. Le fait était que si j’allais en France, il me fallait du cash. Et le cash, il fallait le prendre là où il était. J’éteignais mon joint et regardais la lune comme si elle allait m’afficher l’heure. Deux minutes plus tard, j’étais toujours les yeux rivés sur elle. J’étais partie dans de grandes réflexions sur la vie. Enfin sur ma vie, telle qu’elle était aujourd’hui. Je suis en couple, pour la première fois de ma vie. Avec un espèce de sociopathe, le pire. Dans quelle merde je me suis fourrée avec tout ça ? Le pire, en vérité, c’est que j’aime bien William, pour de vrai. Je m’habitue à sa présence, je m’habitue à lui parler comme si on s’aimait vraiment, je m’habitue à ses attentions… Je secouais la tête et attrapais ma veste avant de me ruer dehors. Dans ma tête je faisais défiler tous les endroits de la ville qui étaient susceptibles de me rapporter le plus d’argent ce soir. Sans résultat. Rien n’était suffisant quant à ce que j’espérais vraiment gagner. J’allumais une cigarette pendant que mon portable vibrait dans ma poche. A cette heure, il ne peut s’agir que d’une personne qui a besoin de mes services. Enfin, maintenant, ça pourrait aussi être William. Je regardais le message et sourit : c’est une cliente. Je revenais sur mes pas et partais en direction du nord. J’aime pas ces bars. En entrant à l’intérieur du bar, je prenais deux secondes pour me rassembler : cet endroit était tout ce que je détestais, un amas de corps soulés pour oublier quelques instants leurs fatalité. Des corps gluants, ventousés les uns aux autres… Comment on pouvait de façon volontaire faire ça ? Je ne prenais même pas la peine de m’arrêter au bar, alors que je rêve d’alcool fort à ce moment. Mais en vérité, je veux que ça aille vite. J’ai beaucoup de boulot ce soir. Je me dirigeais la tête baissée vers les toilettes et attendait celle que je devais y retrouver. On a le droit de fumer dans les toilettes ? « C’est toi Ruslana ? » Je hochais la tête, cette fille a l’air déjà très loin, dans un état second. Amsi ej m’en fous, je n’ai pas de conscience en ce qui concerne la drogue, plus elle en voudra, plus je lui en donnerai. Je tendis un sachet qu’elle échangeait contre deux billets que je fourrais dans ma poche. Derrière elle, une autre fille avait reconnu ce qu’il se passait ici. Elle venait vers moi, le regard suppliant. « Tu… aurais quelque chose pour moi ? » Qui aurait pensé que les toilettes d’un bar de Russian Hill allait me faire mon argent de poche de voyage ? Je m’appuyais contre l’évier pour compter mes billets. « Ecoutes, ma jolie, ta came tu vas l'écouler ailleurs. On est gentils dans l'coin mais, on accepte moyennement d'se faire mettre » J’avais presque un sursaut. Merde, un… Merde, Pacey ?! « Dafuq ! Ruslana ? » Je restais incrédule. Je n’avais jamais pensé revoir Pacey. Enfin si bien sur un jour, puisque j’avais gardé contact avec lui depuis… depuis combien de temps, presque six ans. Merde. J’essayais de sourire. J’avais toujours eu envie de le revoir, mais pas là. Pas maintenant. Merde. Difficilement, je dessinais un sourire sur mes lèvres, pour Pacey, j’étais obligée de le faire. J’adorais Pacey. J’adorais Pacey ? Même plus que ça, il fallait le reconnaitre. Parce qu’il avait quelque chose qu’aucun autre n’avait. Ma première fois. Avant que je me transforme en fille sans cœur. Notre première fois à tous les deux. Je restais étonnamment calme. Alors que j’avais vraiment envie de le serrer dans mes bras. Style retrouvailles fougueuses. J’avais envie de reprendre là ou on avait laissé les choses. Mais il s’était écoulé du temps depuis, et j’avais supposément un copain ce qui incluait « on ne fricote pas ailleurs ». Merde. « Pacey… Qu’est-ce que… qu’est-ce que tu fous ici ? Je veux dire… à San Francisco. Tu m’avais rien dit. » je lâchais, doucement. Prends le dans tes bras grosse conne, t’en meurs d’envie. Peut-être même qu’il ne serait pas contre. Ah mais non, parce qu’au départ il est la pour me virer de mon « bureau ».
Parfois, un visage vous bouleverse. Le contempler vous blesse et vous console.
Rus & Pace
Tu sais, je pourrais jamais assez te remercier
Ruslana Williams, un sourire me pète la tronche, étire mes lèvres, Joker risquerait d'être détrôné. Joker, c'un petit joueur, ce sourire, il me fait passer pour un débile de haut vol. J'essaye de garder cet air sévère qui régnait quelques secondes plus tôt, impossible, je suis de la petite league. Ruslana Williams, rien que son nom m'file des palpitations, c'pas la seule chose qu'il me file, ce matricule. Dans ma tête, c'est l'orgie d'images, de sensations. Je m'empourperai presque rien qu'en songeant à ce qu'on a partagé. Ma délicieuse Rus, ma première, hélàs, non unique. Elle a juste donné le coup d'envoi aux festivités. Coupeuse de ruban rouge, inauguration d'un aut' genre. Back quelques années plus tôt, dans les mêmes draps. Back quelques années plus tôt où nous nous découvrions à tâton. Gosh, elle m'a fait découvrir des choses, 'faut dire. Si je la prends dans mes bras ? Je fous un kick à mon autorité ? Je suis là pour quoi d'jà ? La déloger, non ? Bizarrement, je lui trouve un côté bad girl qui m'filerait des envies peu religieuses. Remarquez, on pourrait redéfinir la piété. Moi, elle, l'lavabo. Slow down. Ce que j'fous ici ? San Francisco ? A-t-on avis ? Mes yeux coulent sur elle. Depuis quand on a renoncé à s'envoyer des mails, champions de la flemme. Quelques mois ? Quelques années ? Notez qu'on n'a pas coupé contact, de toute façon, j'pense qu'on est spirituellement liés. Pensée à la con. « J'étudie, mamzelle la refourgueuse de came.» Je tente de me souvenir qui aurait dû répondre à l'autre. Vous savez quand même comment fonctionne le système des messages éléctroniques, n'est-ce pas ? J'vous fais pas de dessins ? De toute manière, j'pue en graph'. Je la braque, du moins, mes iris le fond pour moi : « Je bosse, ici : Barman. A c'que j'vois, toi aussi tu bosses ici , ça fait d'nous des collègues » détendre l'atmosphère. « J'aimerai poursuivre not' flow mais, ici ça sent la pisse et j'ai envie de rendre mon repas d'la veille , tu m'suis ?» Je m'éloigne, je lui fais comprendre que je ne compte pas la lâcher aussi facilement. Les questions concernant son " boulot " absolument gratifiant vont arriver. Désolé, les spectateurs, rien ne sera classé censure. En dehors, mes sinus remercient l'air ambiant, le système d'air conditionné. « Alors, qu'est-ce que tu deviens ? A part évidemment ton petit commerce de proximité ...» Moqueur, je m'appuie sur le mur : « Tu t'en es occupé, Pace ?». Et l'aut' con qui ne lâche pas l'affaire. Mon majeur le salut royalement. Déguste, c'est moi qui gère. Putain, ce qu'elle peut être jolie. Toujours aussi pulpeuse, salace, je laisse mes mirettes s'embraser à la vue de ce qu'elle porte. C'est du grand art.
Il me fallait quelques minutes pour reprendre mes esprits. Et savoir comment j’allais réagir. Ce que j’allais faire maintenant que je me trouvais devant Pacey. Il était là devant moi et à cet instant, je détestais l’idée d’être en couple. Et puis je me disais que finalement il ne le savait pas et personne ne le saurait. Si… William le saurait, le connaissant, je devais m’en douter. Je regardais Pacey en face de moi. Je me rendais compte qu’il m’avait manqué. Et qu’est-ce qu’il se serait passé si j’étais restée près de lui à l’époque ? Impossible de le savoir, mais je ne serais surement pas devenue celle que j’étais aujourd’hui : dealeuse… Je restais appuyée contre le lavabo les bras croisés contre ma poitrine. « J'étudie, mamzelle la refourgueuse de came.» Un large sourire se dessinait alors sur mon visage. Je baissais les yeux deux secondes avant de relever la tête vers lui. Je penchais la tête en l’écoutant. « Je bosse, ici : Barman. A c'que j'vois, toi aussi tu bosses ici , ça fait d'nous des collègues » Pas mal. « J'aimerai poursuivre not' flow mais, ici ça sent la pisse et j'ai envie de rendre mon repas d'la veille , tu m'suis ?» Et puis il s’en va. Et comme transportée, je le suivais. Je n’avais pas envie de le perdre de vue. C’était comme si j’essayais de rattraper les années qu’on avait perdu. J’aurais vraiment du rester là-bas. Mais après tout, maintenant c’était lui qui était là, pas vrai ? Alors on allait pouvoir tout reprendre là où les choses s’étaient arrêtées ? J’en savais rien. Mais en fait, je ne me posais pas vraiment la question à cet instant. En dehors des toilettes, je m’attendais à tout, à ce qu’il me dise que maintenant je devais dégager ou carrément à tout le contraire. « Alors, qu'est-ce que tu deviens ? A part évidemment ton petit commerce de proximité ...» J’allais répondre quand un mec s’interposait entre nous. Pacey lui répondit avec son majeur, je ne pu m’empêcher de lâcher un rire. Il avait changé. En bien. Il me zieutait de haut en bas et je le laissais faire en espérant être toujours à son gout. Enfin, je pouvais répondre à sa question. Je m’appuyais de profil à coté de lui contre le mur. « Je t’attendais. Je savais que j’allais trop te manquer et que tu finirais par me rejoindre. » je lançais en riant. « Alors en attendant, je m’occupe. La drogue paie bien, et comme je pars bientôt, il me fallait de l’argent de poche, tu comprends. » j’ajoutais. Je le fixais et ça me rappelait tout ce qu’il y avait eu entre nous. Et tout ce qu’il n’y avait pas eu, aussi.
Parfois, un visage vous bouleverse. Le contempler vous blesse et vous console.
Rus & Pace
Tu sais, je pourrais jamais assez te remercier
Je ne rêve pas, ne fantasme pas éveillé. C'bien elle, c'bien moi, nous deux, adossés à un mur cradas dans un bar cradas, entourés de gens cradas. Comme au bon vieux temps. Le bon vieux temps, il me manque celui-là. Je ne déroge pas du foutu sourire enjoué, sourire qui vient étirer mes lèvres, leur donner une forme flippante. Sourire qui apparait et qui n'veut plus s'tirer. Sourire qui me décrédibilise , à mes yeux, aux siens ? Sa réponse , elle m'assassine. M'attendre ? Bien, elle joue, elle flirt. J'ai dix sept ans, tout à coup. Je suis émoustillé, maladroit. Je passe ma main dans sa chevelure, laisse mes lèvres se déposer au creux de son cou. Mon nez humer son parfum, j'ai la tête qui tourne, chaud partout. Fiévreux, je perds le controle. J'ai vingt quatre ans à nouveau. Je m'esclaffe, je veux partir en courant parce que Pace est en mode, parce que ça me fait un quelque chose special d'être si proche et à la fois si loin d'elle. Je passe une main sur mon visage frottant au passage mes yeux. Et puis, dans son speech, j'attrape une information qui m'étonne. Les retrouvailles seront écourtées, elle part ? Merde, elle part où ? Réfreiner sa curiosité ou aller façon tête de buffle ? « Bien sûr. Tu t'fais d'jà la malle et, pour aller où, Rus ? » Piqué. Besoin de savoir. Parce que, c'est vrai, je m'imaginais déjà lui compter fleurette, l'inviter à se balader, baiser, vendre sa came, manger une glace...mais, elle se carapate, easy. Trop facile, je trouve. Trop tôt, aussi. Je dois retourner bosser mais, mes yeux, ils sont à elle, entiers. J'attends la réponse, je fais l'poisson rouge. Moue, blême. « Ton argent d'poche, j'espère que tu sais qu'il est sale ?» Le mien aussi, dixit celui qui travaille au noir dans un bar russe, mafieux ? Maybe, j'veux pas savoir. Pour vrai ? Je comprends queds. Se faire des thunes d'une manière si peu honnête c'est à des kilomètres de ce qu'on m'a inculqué au Kans'. Pour elle, ça n'a pas l'air de l'ébranler. Tant pis, dans une pulsion venue de nulle part, j'attrape sa main, l'obligeant à me suivre. Nos mains s'imbriquent, fusionnent, j'aime son toucher. J'aime ce qu'elle représente pour moi. J'aime l'état dans lequel elle me met. J'aime les embardées que je ressens, là, tout d'suite alors que je la mène au comptoir. « Mec, t'as eu l'temps de draguer ? » halluciné l'collègue commence à me courir. Je snobe, pas envie d'expliquer à ce QI d'huître le pourquoi du comment j'ai pu faire. Je laisse un client passer sa commande, je le sers tout en ne quittant pas Williams du regard. J'attends encore sa réponse, pourquoi partir ? L'goût amer pointe et moi, j'pige plus rien. Elle quitte San Francisco à cause d'un aut' gars ? Jaloux ? N'importe quoi. « Tu m'as manqué » aveux destructif, ma gorge saigne. Ca m'a sacrément coûté mais au moins, c'est chier. C'est ça, la merde buccale. Nouveau concept.
Pacey était devant moi. Il était là. Le Kansas était venu jusqu'à moi. Arrête un peu, Rus, il n’est pas là pour toi, il étudie. Ouais, mais il est là quand même, alors ta gueule. Laissez-moi le regarder, juste une petite minute. Je le revoyais à cette période, celle où nous avions perdus notre innocence ensemble. Je me rendais compte en le voyant devant moi qu’il m’avait manqué, et surtout qu’il était resté dans ma tête tout ce temps, même si ce n’était pas conscient ; il était là. « Bien sûr. Tu t'fais d'jà la malle et, pour aller où, Rus ? » Je souriais mais ne répondais pas pour autant… Et de toute façon, il ne me laisse pas tant que ça le temps de répondre « Ton argent d'poche, j'espère que tu sais qu'il est sale ?» Je fermais les yeux et gardais mon sourire placardé sur mon visage. Oui je le savais. Je l’avais toujours su. J’étais tombée dans la vente de drogue en arrivant ici, parce que personne ne se méfiait d’une blondinette comme moi, tout le monde l’avait vite compris et c’était comme ça que j’étais tombée là dedans a à peine 17 ans. Supposant que ce n’était pas le fait d’avoir été élevée par des junkies-prostituées qui m’avaient foutu là-dedans bien avant. Je me foutais complètement que mon argent soit sale du moment que j’en avais. C’était tout ce qui comptait : ne pas retrouver cette vie de squat que j’avais vécue à New York. C’était Pace qui attrapait ma main qui me sortait de mes pensées. Je le suivrai les yeux fermés. Le revoir après 6 ans ne changeait rien. Il m’entrainait jusqu’au comptoir, en passant derrière. Je m’appuyais en posant mon menton dans la paume de ma main tout en observant Pacey. Je voyais son collègue qui lui parlait en me regardant, déduction : on parle de moi. Je n’arrivais pas à le lâcher du regard pour une raison qui me restait inconnue. Je le regardais servir un client et puis il revenait vers moi. Mon regard l’avait suivi. Il se plantait devant moi et je fondais. « Tu m'as manqué » Mon sourire se dissipait un peu face à la soudaineté de cette phrase que je n’attendais pas. Putain, toi aussi tu m’as manqué. Mais je ne le dirais pas, évidemment. Trop de fierté dans une aussi petite blonde. « Je vais te manquer encore quelques jours : je vais à Paris retrouver un copain. » J’aurais pu juste dire que c’était mon coloc, mais j’aimais bien laisser ce petit suspense. « Mais je reviendrai, puisque t’es là. » je souriais doucement. Je donnais un coup de menton en direction de son collègue qui lui avait parlé plus tôt. « Il a un problème lui ? » je demandais doucement.
Parfois, un visage vous bouleverse. Le contempler vous blesse et vous console.
Rus & Pace
Tu sais, je pourrais jamais assez te remercier
J'attends et puis, je déguste. Rien, une infime partie de rien. Une partie conséquente, tout d'même. Devinez qui vient de se recevoir une branlée monstre ? Pacey Skinner, je parle d'ma caboche à la troisième personne, en esperant oublier qu'il n'y a pas eu de " moi aussi, tu m'as manqué ". Niet. C'tout elle ça, plus couillu qu'un mâle, trop pour une femelle. Sa fierté, elle devrait s'assoir dessus, juste de temps à autre, ça risquerait pas de la tuer et puis, elle remonterait dans l'estime des gens. Je souffle, elle n'a vraiment pas changé. Incroyable, futée, dérangée. Castratrice, ce détail, décidement, je l'avais enfoui. Un sourire revient en force, je vais ENCORE faire semblant de laisser passer sa réplique alors que, pour vrai : je ne l'oublierai pas de si tôt. Gardée dans un coin de ma putain de mémoire, prête à être relarguée dans l'genre bombe H à la moindre occasion. Tu m'as manqué et tu risques encore de le faire puisque tu t'casses rejoindre ton aut' moitié à Paris, laisse-moi en rire et au passage : rire de moi même. J'ai toujours été un Rebelle aux idées romantiques, désolé, pour ma défense,j'invoquerai un environnement familial particulièrement suspect et des expériences amoureuses particulièrement foireuses, à l'image de celle que j'ai eu avec Williams. Je suis prêt à re-foirer, apparement. Peut être que je l'ai toujours été. En tout cas : ça craint. « Paris c'moche, j'y suis allé l'an dernier » Mytho, immense mytho, ça aussi, par exemple, ça m'arrache un rictus. Derrière le zinc, je me sens bien, je lui fais face et ça, c'est assez spéciale comme sensation. J'ai l'impression d'être derrière un bureau à passer un entretient. Dis, Ruslana, tu m'files ton coeur, j'en prendrai soin. Juré. « Oh mais trop d'honneur, Rus'. Je serai la raison de ton retour » qu'est-ce qu'il ne faudrait pas entendre de sa bouche, éloquence réincarnée d'moins, incarnée. J'ai bien envie de jouer la fouine. De toute' j'en sais d'jà beaucoup à son sujet, vérité : elle en sait autant sur l'mien.« Lui, oublie. C'un chieur, un trouduc. Il a un problème parce que j'arrive toujours à charmer l'assistance ce qu'il n'arrive pas à faire, tsé...» je me rapproche : «il a des problèmes de phallus » on lui décoche des regards, il arque un sourcil, pauvre débile. Je ris, cette situation est exceptionnelle. Je te pock Ruslana. « Et donc, il est comment ton copain ?» question substantielle. Après tout, il doit avoir un truc singulier qui attire Ruslana, non ? « Pas que ça m'intéresse mais, j'essaye de meubler...»Je vais finir avec l'Oscar du menteur. Sérieusement, j'vais aussi rafler l'Oscar du mec limite jaloux, l'Oscar du farfouilleur, l'Oscar de l'indiscret. En tout QUATRE récompenses, Dieu, comme je suis bon. Mentir, ça aussi, c'un concept.
Je ne comprenais pas vraiment pourquoi ça me faisait cet effet là de le revoir. C’était un peu comme si j’avais pris une drogue euphorique. Alors que finalement, j’avais juste retrouvé un ami. Puisque nous ne pouvions être que ça. J’étais accoudée au comptoir, Pacey en face de moi, avec une furieuse envie d’envoyer tout le reste chier et de ne laisser que lui et moi. Histoire de plus avoir à culpabiliser d’être bien avec lui, là maintenant, au lieu d’avoir envie d’être avec mon petit ami. J’aimais bien William pour de vrai, parce que je commençais à m’habituer à lui et à sa façon d’être, mais là, à cet instant, je devais bien avouer qu’il n’existait plus. « Paris c'moche, j'y suis allé l'an dernier » Je souriais. J’en savais rien, je n’avais jamais foutu les pieds en dehors de l’Amérique, j’étais incapable de dire ce qu’il y avait derrière l’océan. Paris restait un endroit mythique, et je n’aurais sans doute plus jamais l’occasion d’y aller. Rejoindre Austin là-bas était une opportunité que je ne pouvais pas laisser passer. « Oh mais trop d'honneur, Rus'. Je serai la raison de ton retour » Je jouais avec une mèche de mes cheveux et puis je me penchais vers lui. « Eh bien moi, j’y suis jamais allée. Alors c’est l’occasion. » Et puis je décide de lui dire la vérité plutôt qu’il croie que je vais retrouver mon mec là-bas. « J’en profite, je vais retrouver mon coloc, c’est lui qui me paye le voyage. » Petit silence. « Mon copain reste ici. » BIM. Je coulais mon regard vers lui, ça y est c’était dit. Après quoi on avait jeté un regard à son collègue qui avait décidé de rester les yeux fixement sur nous. « Lui, oublie. C'un chieur, un trouduc. Il a un problème parce que j'arrive toujours à charmer l'assistance ce qu'il n'arrive pas à faire, tsé… il a des problèmes de phallus » J’éclatais de rire et je faisais un petit coucou à son compère. Et puis Pacey attirait une nouvelle fois mon attention sur autre chose. « Et donc, il est comment ton copain ?» Je faisais une moue, parler de William ? Pas une bonne idée. « Pas que ça m'intéresse mais, j'essaye de meubler...» Je posais mes coudes sur le comptoir et j’appuyais mon menton dans la paume de mes deux mains. « Sale menteur, je suis sure que tu as envie de savoir. Il est grand, beau et médecin. » Et il tue des gens, mais ça c’est un détail que je peux t’épargner, Pace. Ah et aussi, il est plus le mec qui me tient en otage que mon copain, mais c’est le deuxième détail que je ne développerai pas. Je glissais le long du comptoir jusqu’au collègue de Pacey qui n’avait apparemment pas bougé. « Puisque tu fais rien, toi, tu me servirais pas une vodka ? » je lâchais doucement. Et puis je regardais Pace un peu plus loin, il attirait mon regard d’une manière incontrôlable, j’essaie de rattraper presque six ans d’absence de regard, en dix minutes. Deal que j’y arrive.
Parfois, un visage vous bouleverse. Le contempler vous blesse et vous console.
Rus & Pace
Tu sais, je pourrais jamais assez te remercier
Je suis un rubixcube dans ses délicates mains, elle me retourne, me bouge dans tous les sens, me malaxe, me fous une forme que je n'aime pas, de rubix j'passe à baballe, elle tue ses nerfs, elle flirt et moi, je m'en contente. Tiraillé par la fraicheur qu'elle m'apporte. Etonnant, on rembobine quelques heures plus tôt lorsque je sommais l'couillon qui squatte mon appartement de racler son ass, lorsque je débarquai dans l'bar prêt à servir d'la Vodka toute la nuit, prêt à faire mon travail sans qu'on vienne pomper mon air. Prêt à envoyer bouler cet idiot de collègue , prêt à sévir et servir, point. Avant que Ruslana, ma poupée Russe ne vienne égayer ma soirée, lui foutre une torgnole monstre, jouer les séisme de magnitude 9 sur l'échelle de Richter. Je ne l'avais pas vu venir, je me suis sacrément fait tringler. Evidemment, le gars qu'elle va visiter à Paris, ce n'est qu'un ami, comme moi, moi je ne suis qu'un ami, n'est-ce pas ? Un mec lambda, qu'elle se trimballe au nom d'un truc qu'on a vécu à deux y'a d'ça des plombes. Plombée, mon humeur. J'en apprends des choses, aujourd'hui, pourtant je n'ai absolument rien demandé. Du moins, au destin, j'entends. Ma main passe négligemment dans ma chevelure, essayant de discipliner l'indomptable. Gosh, je manque d'air. C'est son effet ? Je n'espère pas. Je crois que c'est l'effet " Il est grand, beau, médecin " et non pas : petit, moche, mécanicien. J'aurai eu mes chances, dans c'cas là. Actuellement : je suis à 65 % de mes capacités dragues alors que ce toubib de mes deux est à 99% des siennes. Je suis OUTSIDER. Si on était dans Koh Lanta, je me ferai bouffer par un serpent au fin fond de la jungle tellement la poisse sait qui je suis. Pouilleux, unfortunate. Dément, je pense comme un perdant. Il faut que je me ressaissise , je suis un winner doublé d'un warrior, en somme : un combattant ninja. Pensée blonde : oubliez ce que je viens de dire. Je souris, je la regarde importuner l'aut' bras cassé, j'ai envie de rire de lui, comme ça au moins, il fera aut' chose de ses deux mains qu'astiquer son manche. Vulgaire, pardonnez-moi, c'est le coup : " grand, beau, médecin ". Ca me traumatise, j'accroche son regard, message télépathique , mademoiselle Williams voudriez-vous me prendre dans vos bras ? Je me sens fondre comme un glaçon dans un verre de whisky bon marché. Dégeulasse est la sensation, je ne vous la souhaite pas. Inutile de préciser : sa castration est réussi. TROIS ADJECTIFS PUISSANTS, retenez-les bien : Grand - Beau - Médecin. Je suis grand, je suis beau, je suis indécis. Il s'appelle comment ce supermec ? « Dis donc, tu as décroché le gros lot » du coup, t'en as rien à faire d'la consolation que je pourrai représenter ? «Sers-m'en une, aussi, pendant que tu y es » je crache au compère. Besoin de noyer mon spleen dans l'alcool russe, c'est peut être l'seul truc sibérien que je pourrai jamais toucher des lèvres : « Tu te souviens de ce concours idiot de shot qu'on avait fait ? Et bien, pareil. Celui qui en boit le moins en devra une au vainqueur ». J'avais gagné, à l'époque. Et j'avais réussi à obtenir un baiser. Parfois, il faut juste être roublard. Être futé en utilisant l'éthanol, ça aussi c'est un concept.
Pourquoi ? Pourquoi j'ai parlé de William en ces termes ? Pourquoi j'avais eu besoin de vanter ses mérites ? Comme si j'avais besoin de justifier pourquoi j'avais choisi William. Pourquoi c'était lui et pas un autre… Pourquoi je devais faire ça à Pacey ? Je me détestais, mais je savais que je ne pouvais pas faire autrement… Pourtant il me connaissait, assez pour savoir que je n'étais pas du genre à me mettre en couple, mais peut-être pas assez pour savoir que William était le premier avec qui j'essayais cet exploit. Peut-être que Pacey se doutait que j'avais eu un tas de mecs depuis lui, mais pas qu'il restait toujours gravé dans la mémoire. Flashback : lui et moi. Chez lui, dans son lit. Seize ans. Mes cheveux qui chatouillent son cou. Un rayon de soleil qui me réveille. Putain Ruslana, arrête tes conneries. Je secouais la tête et reportais mon attention sur Pacey qui m'avait rejoins au bout du comptoir. Comment je pourrais qualifier la relation qu'on avait eu ? On avait été loin d'être un couple, mais tout aussi loin de l'amitié. L'amitié… ça restait le truc que je savais le plus non envisageable avec Pacey. « Dis donc, tu as décroché le gros lot » Je souriais. « Je sais pas, tu crois ? » Arrête ça, Ruslana. Tu t'aventures en terrain dangereux. Deux verres de vodkas se posaient alors entre nous, nous séparant. Il y aura toujours un truc pour nous séparer finalement, pas vrai ? « Tu te souviens de ce concours idiot de shot qu'on avait fait ? Et bien, pareil. Celui qui en boit le moins en devra une au vainqueur » Je souriais. Je me souvenais. Tellement bien. C'était peut-être même là que tout avait commencé. Après la vodka de trop. La vodka qui disait « embrasse moi, je me fous du reste et des conséquences » Lèvres contre lèvres et le reste disparaît. Dieu seul savait à quel point c'était ce que je voulais à cet instant. J'étais prête à jouer. Mais maintenant… les données de bases étaient différentes. Six ans s'étaient écoulés, j'avais un copain ce qui supposément devait me retenir. Mais je me rendais dangereusement compte que je contrôlais plus rien. Plus rien ne me retenait. Après tout, je n'avais jamais eu de conscience… J'attrapais mon verre et le buvais cul-sec sans lâcher du regard Pacey tout du long. « D'accord. On joue. Mais je veux savoir à l'avance ce que devra le perdant. » Je fus un signe au collègue de mon ami pour qui amène la bouteille. « Je vais la garder. » Je remplie une nouvelle fois mon verre et puis je regarde Pace. « Comme tu peux le remarquer, je me suis améliorée. Je ne perds jamais deux fois. » Je montrais son verre d'un coup de menton. « Allez, arrête de me mater et bois. La partie a commencée. » Tu peux me gagner si tu joues bien.