Une nouvelle soirée, une nouvelle nuit à trainer dehors. Une nouvelle soirée où je voulais boire le plus possible pour ne penser à rien. Je serrais mon blouson en cuir autour de moi, par-dessus mon jean et mon tshirt trop grand. Je sortis du club, dans lequel j’avais déjà dépensé une fortune que je n’avais pas sur mon compte, en vodka. J’étais éméchée certes, mais encore assez valide pour savoir qu’il était temps de rentrer chez moi. Même si j’en n’avais pas envie. Pas envie de rentrer, pas envie de me coucher, pas envie de penser à lui. Pas envie qu’il m’obsède encore et toujours. J’oscillais entre le fait que ça m’énervait ou que ça m’épuisait ; de penser toujours à Khris. Et quand on savait que depuis les trois semaines dernières où nous n’étions plus ensemble, j’avais dormi gros… dix heurs à tout cassé… J’envisageais l’option « épuisement ». Épuisée qu’il ne soit pas là, épuisée de vouloir le voir, épuisée de pleurer pour lui, épuisée de l’aimer… Devant le club, tout le monde se pressait pour allumer sa cigarette avant de retourner à l’intérieur. Je bousculais une ou deux personnes afin de me frayer un chemin dans la rue. Il était près de trois heures du matin. Je marchais dans la rue, repensant aux derniers événements. Non, pas Khris… plutôt Clyde et son accident. J’étais restée avec Tamara à l’hôpital la veille toute l’après-midi. Et puis dans la soirée, j’avais été prise d’une pulsion et j’avais appelé Hadryin. Réentendre sa voix m’avait coupé le souffle quelques secondes. Je repensais à tout ce qu’il s’était passé ces derniers temps, avant qu’il ne « parte » : le Burlesque, le trottoir… Tout ce que j’avais arrêté, finalement… J’avais l’impression que tout ça était à des années lumières de moi. Comme si c’était une autre Frankie qui avait fait tout ça, une fille différente de moi. Que je ne connaissais plus. Pourtant, depuis que Khris m’avait quitté, je savais bien que j’avais repris mes mauvaises habitudes. Et d’accord j’avais ouvert cette agence avec Ciara, mais la prostitution restait encrée dans un coin de mon cerveau. Et n’en sortait jamais. Je ne voulais pas retomber là dedans, mais pourtant, c’était une manière si facile de gagner de l’argent. J’avais arrêté par amour pour Khris et il n’était plus là… Et même si Levanah m’avait dit qu’il m’aimait, j’avais du mal à y croire. Il avait failli me frapper, et maintenant il était Dieu seul sait où… Je devais me résigner et comprendre que toute cette histoire était terminée. Même si devait en crever. La seule idée de vivre sans lui, me donnait juste envie de tuer tout le monde autour de moi. J’allumais une cigarette et recrachais la fumer de la première tirée. Je regardais la fumée s’élevée dans la nuit noir, jusqu’à disparaitre… Je baissais les yeux et reprenais ma route jusqu’à chez moi. En tournant au coin d’une rue, je reconnu l’endroit. J’avais l’habitude de « bosser » là, à l’époque. Je regardais autour de moi, me prenant tous ces souvenirs dans la gueule. Ça me coupait le souffle, comme si on venait de me frapper de toutes ses forces dans le ventre. Je regardais les gens, avant de reconnaitre une silhouette à quelques pas de moi. Je m’approchais… Hadryin. Merde… Je jetais ma cigarette et mis mes mains dans les poches de mon blouson. « Salut… » Had ne savait pas que j’avais changé de vie… Peu importe… « T’es allé voir ton frère ? » Je regardais au loin. J’avais du mal à regarder Hadryin qui me rappelait mon ancienne vie…
Etre de retour a San Francisco après autant de temps, c'etait bizarre. Cela faisait tellement longtemps que je n'avais plus sioné les rues de cette ville. J'en avais presque perdu l'habitude. Les differentes rues, les differents secteurs. Tout semblait si lointain, comme s'il s'agissait d'une autre vie, d'un autre monde. Cela faisait presque 3 mois que je n'avais plus vendu mon corps. C'etait vraiment bizarre de reprendre le service des mon retour. Mais bon, les meilleurs sont tout de suite attendu par les clientes. On dirait que j'avais déjà perdu ma modestie mais je veux pas dire que des mon retour, j'etais déjà surchargé. Faut croire qu'il n'y a que moi pour les satisfaire. Ok, faut que j'arrete avec ca. Je marchais tranquillement dans les rues, clopes au bec en allant dans une de mes rues principales. Je me demandais si il y avait quelqu'un d'autre. En fait, j'en avais un peu rien a faire si j'allais me faire de l'argent aujourd'hui ou pas. J'etais allée voir Clyde a l'hopital ce matin. Et également pour inspecter le mien. J'avais eu droit a une attele mais je m'en fichais. Ca n'allait pas m'empecher d'exercer mon metier. De toute facon, pour le moment, le plus important, c'etait mon frere. En le voyant la, couché dans ce lit d'hopital, je m'en voulais tellement d'etre partit comme cela. Je suis qu'un con. Ouais, ca c'etait le cas de le dire. Quelqu'un m'interpela. Je me retournai. Frankie. Que faisait-elle ici? Je me rappellai pas qu'elle bossait dans ce quartier si. Il y a du avoir des changements pendant mon absence. Je lui souris. C'etait cool de la revoir. Elle me demanda si, j'etais allé voir mon frere. J'hochai la tete. « Yup... » Je n'ajoutais rien de plus. Je voulais pas vraiment parler de cela. Clyde etait entre la vie et la mort et moi je ne pouvais absolument rien faire. Je tirais un coup sur ma clope avant de redigerer mon attention sur mon amie. « T'as changé de quartier ou pourquoi t'es la? » Ca m'intriguait vraiment en faite. Va falloir que je me mette a jours.
Ce n’était pas une surprise de croiser Hadryin en ville. Je savais déjà qu’il était de retour, je l’avais appelé la veille. Mais pourtant, le voir comme ça en face de moi… ça me laissait perplexe. Il me rappelait l’époque du Burlesque, le trottoir et toutes ces histoires dans lesquels nous avions tous été mêlés. Enfin, surtout Hadryin d’ailleurs. Hadryin avait ensuite « disparu » et j’avais repris le cours de ma vie en main. J’avais continué de bosser. Petit à petit, je l’avais oublié. Malgré tout ce qui avait pu arriver, j’avais toujours tenu à Had. Il était un ami et quoi qu’on en dise, lui et moi venions du même milieu ; jusqu’à faire le même boulot… Après tout ces mois d’absence, il se trouvait en face de moi, et j’avais l’impression qu’il était toujours le même ; que rien avait changé. Sauf que tout avait changé. J’avais arrêté la prostitution et si la tentation était grande de reprendre, je n’y arrivais pas. Et même, je ne voulais pas céder à cette solution de facilité. L’agence était surement la meilleure excuse que je pouvais trouver pour ne pas retomber là-dedans et ne pas retrouver mes « vieux démons ». J’étais même obligée de reconnaitre que Had faisait plus ou moins partie de cette catégorie, puisque que la première chose qui nous liait était la prostitution… Je lui avais demandé s’il avait vu son frère. A ce moment, j’avais l’impression que c’était la seule chose que je pouvais lui dire. Comme si tout le reste était tabou… Sauf qu’il n’avait vraisemblablement pas envie de parler de Clyde. Ce que je comprenais, au fond… Clyde était dans un sale état, moi-même j’avais du mal à m’appesantir sur le sujet ; il ne méritait pas ça. Tout en tirant sur sa cigarette, Hadryin reportait son attention sur moi. « T'as changé de quartier ou pourquoi t'es la? » Je sortais une cigarette de mon paquet et me tournais vers lui. C’était le moment de dire la vérité, de lui parler de mon « changement de vie » qui n’avait finalement servi à rien puisque Khris était parti… « Ouais, euh… non. J’ai… j’ai arrêté tout ça… le trottoir, je veux dire… » soufflais-je. Je n’avais plus qu’à attendre sa réaction, j’imaginais qu’il allait être surprit. Je penchais ma tête vers lui, ma cigarette entre les lèvres. « T’as du feu ? »
« Ouais, euh… non. J’ai… j’ai arrêté tout ça… le trottoir, je veux dire… » Je ne m'attendais pas specialement a cette reponses de sa part. C'etait etrange. Je n'avais jamais pensé a arreter. Pour moi, le trottoir, c'etait toute ma vie, toute mon existence. Même pendant les 5 derniers mois ou j'avais arrete, l'idée d'arreter ne m'etais jamais venu. Elle devait surement avoir ses raisons, mais arretez le prostitution. Je ne comprenais vraiment pas. C'est quasiment insensée. Je ne repondis pas lui donnant mon feu quand elle me le demanda. Je tirais sur ma clope, regardant l'horizon. Il ne faisait pas trop froid en ce mois de mi-avril. Un silence s'installa entre nous. J'en revenais vraiment pas de ce que Frankie m'avait annoncé. C'etait comme si une bombe venait de me tomber dessus. J'avais toujours vecu comme bon me semble. Mais putain Frankie quoi. De toutes les filles que je connaissais, c'est elle que j'aurais le moins imaginé arreter. Elle etait tres bonne. Et j'en avais pu faire l'expérience quand j'avais eu un petit problème en bas. Gosh, ca semblait y a tellement longtemps. Bref. « pourquoi ?» C'etait la seule chose qui me venait a l'esprit.
HJ ; sorry si c'est court, c'est un peu galere sur mon phone.
Debout face à Hadryin, je devais bien avouer que j’étais un peu perplexe. Surtout en sachant qu’il ne savait pas ce qu’il s’était passé dans ma vie depuis son départ précipité. Il ne savait pas que j’avais arrêté de faire le trottoir, encore moins pourquoi je l’avais fait. Et il me connaissait assez bien pour savoir que je n’étais pas du genre à me caser. Ça avait été un choc pour moi de me rendre compte que j’étais capable de ça, je me demandais comment pouvait réagir ce qui me connaissait. Là plupart l’avait bien pris, mis à part Julie, mais ça c’était une autre histoire. Mais Hadryin n’était pas comme les autres, et je ne savais pas comment je pouvais lui annoncer que j’avais arrêté la prostitution parce que j’étais tombée amoureuse. Surtout quand on voyait où j’en étais aujourd’hui : Khris m’avait quitté, j’avais arrêté, j’avais changé de vie pour lui, et tout ça pour rien. Je m’en voulais, mais en même temps, je ne pouvais pas m’empêcher de me dire que ce n’était pas plus mal d’avoir arrêté de me détruire… Je m’étais rendue compte que lui annoncer que j’avais arrêté de faire le trottoir l’avait laissé surpris. Je le comprenais d’ailleurs assez bien. Je m’appuyais contre le mur, en tirant sur ma cigarette, attendant une réaction de sa part. Je m’attendais à n’importe quelle réaction, d’ailleurs. D’un certain point de vue, j’avais travaillé pour lui à l’époque du Burlesque, c’était comme s’il avait été mon boss et je lui annonçais de but en blanc que tout ça, c’était fini pour moi… Surtout qu’il savait que j’étais « compétente » puis que je lui avais rendu service à une époque, et que donc je n’avais aucune vraie raison de tout stopper. « pourquoi ? » lâcha-t-il au bout de quelques minutes de réflexion. Je ne voulais pas lui mentir, mais je ne savais pas comment dire les choses sans passer pour une conne puisque Khris m’avais finalement quitté. « Je m’étais… mise avec quelqu’un… et il m’avait demandé d’arrêter. Et je l’avais fait… » soufflais-je. J’avais conscience que c’était stupide et j’attendais une remontrance de la part de Hadryin. Je tournais la tête vers lui, attendant sa réaction à ce que je venais de dire.
Je continuais a tirer sur ma cigarette, appuyé contre ce mur. J'ecoutais Frankie. J'en revenais pas. Arreter pour quelqu'un. Pour moi, c'etait insensé. Comment on pouvait faire cela? Je regardais dans la vide. C'etait notre travail, notre mode de vie et elle avait tout arrete pour quelqu'un. Je serais incapable de faire cela. De toute facon, je n'ai aucune autre competence donc faut bien que je vive. Mais plus, j'impregnais les paroles de Frankie et plus je repensais a cette periode ou j'avais eu le problème. Est-ce que j'aurais pu arreter pour Deidre? Je ne pense pas. De toute facon, ce n'etait vraiment pas comme si il y avait eu quelque chose. J'avais ete amoureuse d'elle, certes, mais cela n'avait jamais rien abouti. Moi j'avais fini en prison, elle etait partie et l'histoire s'arretait la. Puis moi j'avais disparu. Je ne dis rien, fumant silencieusement la cigarette. Je la jette sur le trottoir comme je jetais les souvenirs de mon esprit. Je soupirais. « Ca ne te manque pas? Toute cette vie?»
J’attendais la suite de cette conversation avec Hadryin. Je trouvais cette situation tellement surréaliste, de me retrouver une nouvelle fois dans la rue avec lui. Ce bond dans le passé que je venais de faire ce soir… en fait, je crois que ça me faisait du bon. Pendant quelques secondes, je redevenais l’ancienne Frankie, celle qui ne connaissait pas Khris et qui n’était pas amoureuse, celle qui ne s’attachait à personne, celle qui vivait au jour le jour. J’avais lâché mon « info » maintenant, il savait que je n’étais plus une prostituée, même si c’était un bien grand mot : je resterai toujours au fond de moi « la pute suédoise de San Francisco » quoi que je puisse faire. Hadryin semblait mettre quelques temps à réaliser ce que je lui avais dit. Déjà apprendre que moi, Frankie Ainsworth, j’avais arrêté le tapin était une nouvelle. Mais que j’avais fait ça par « amour » c’était encore autre chose. Surtout quand on voyait où ça m’avait mené… Je le regardais jeter sa cigarette, pendant que je tirais sur la mienne. « Ca ne te manque pas? Toute cette vie? » Je haussais les épaules. Est-ce que ça me manquait ? En fait, avant ce soir, je n’y avais jamais pensé : avant j’avais Khris, ensuite j’avais le manque de Khris ; qui m’occupait l’esprit. Ce soir, il n’y avait rien. Juste Had et moi ; et notre vie délabrée qu’on avait en commun. « Je sais pas… Même si ça me manque… c’est trop compliqué maintenant : je pourrais plus recommencer… » Je savais que ce n’était pas facile à expliquer, expliquer quoi ? Juste que je ne supportais plus qu’un autre que Khris me touche. Alors qu’il m’était impossible de retourner dans la rue…
Je ne recommencerai pas. J'ai presque envie de rire. Si seulement, elle pouvait. J'aurais vraiment voulu retrouver les choses comme elles etaient, mais je sais que c'etait impossible. Ce n'est pas en partant cinq mois sans rien dire et sans donner de nouvelles que j'allais retrouver ma ville inchangée. Cette "fuite". Oui appelons la comme cela. Parce que j'ai fuis. J'ai échappé aux problèmes. Il n'y en avait pas de concrets mais j'avais besoin de partir alors j'ai fuis. Je suis parti, et j'ai voyagé a travers les Etats-Unis et je suis allé rendre visite a mon paternel. Cependant, au fond, mon coeur s'est toujours trouvé a SF, dans cette grande ville californienne. Ma maison. Je n'aurais jamais du partir. C'etait tellement autre chose. J'avais l'impression de devoir recommencer a zero. De repartir de rien. Nouvelle vie avec un seul détail inchangé et en verite, c'est celui que je preferai. Je ne comprenais pas comment Frankie avait pu arreter tout cela par amour. Cette chose, c'etait nous. Elle faisait partie de nous. L'arreter etait comme mourir a moitie. Nous perdions une partie de nous-meme. Je sais qu'un jour, tout ceci sera termine et que je devrais. Seulement, pour le moment, je ne veux pas. Je veux continuer avec cela. Je ne pourrais pas jeter tout cela. Je soupire, passant une main dans mes cheveux. Peut-etre que c'est juste les femmes. Je ne sais pas. Leur cerveau fonctionne pas vraiment comme le notre. Heureusement... Mon dieu, vous imaginez si cela etait le cas. La catastrophe que ca ferait. Je leve les yeux vers le ciel. On peut y voir les etoiles. Il n'y a pas un seul nuage. Il fait beau.« Si tu veux, tu peux. Je suis prêt a t'aider pour te remettre sur le marché. Puis, c'est toujours bien d'avoir de la bonne concurrence. dis-je en rigolant. »
Est-ce que je croyais moi-même à ce que je venais de dire à Hadryin ? Pas vraiment, j’essayais surtout de me convaincre moi-même que je ne pourrais pas recommencer à travailler la nuit. Masi je savais que j’aurais très bien pu retomber là dedans à la moindre occasion. Alors je savais que je devais me forcer moi même à croire ce que je disais : la prostitution c’était fini pour moi. C’était derrière moi tout ça, j’avais changé. Bien sur que j’avais changé, j’étais tombée amoureuse, d’accord ça n’avait pas marché, mais aujourd’hui, j’aimais encore trop Khris, quoi que je puisse faire, pour pouvoir reprendre ma vie d’avant. Cette vie qui nous avait réuni Hadryin et moi. Parce que nous étions pareils, tellement semblables, jusque dans notre boulot. J’eus un léger sourire à cette pensée. Oui c’était ça, semblables jusque dans notre boulot. Et lui seul pouvait savoir ce que ça faisait de vivre comme nous le faisions, du moins comme je l’avais fait jusqu’à ces derniers mois. Je n’avais jamais fait la différence entre le fait qu’Hadryin était un garçon et moi une fille, et ce à cause de notre métier. Mais peut-être que là différence était là : j’avais arrêté et pas lui. C’était peut-être ça… Il me tira de mes pensées. « Si tu veux, tu peux. Je suis prêt a t'aider pour te remettre sur le marché. Puis, c'est toujours bien d'avoir de la bonne concurrence. » J’étais incapable de répondre. Parce que la vérité, c’était que j’hésitais vraiment à dire oui. A tout reprendre. Après tout, je n’avais plus rien à perdre maintenant ; Khris et moi, c’était fini. Plus rien ne me retenait. Et lorsque qu’Hadryin parlait de concurrence, j’eus un large sourire. Bien sur que ça me tentait. Comme un retour d’adrénaline dans mes veines. L’envie de retrouver cette vie sans responsabilités. Sans attaches. Sans rien d’autre que le souci d’être bien payée pour le « bon boulot » effectué. Merde, pourquoi il avait fallu que je le croise ? Pourquoi il avait fallu que j’hésite, il l’avait forcement remarqué. Il fallait que je réponde un truc, vite. « Ouais ? Tu ferais ça ? » Je m’étonnais moi-même, mais qu’est-ce que je foutais, là ?! « Je veux dire… laisse tomber. C’est sympa, mais je me suis lancée dans autre chose ; j’ai vraiment changé, je t’assure… » Je savais que j’étais tout sauf convaincante. Mais je ne voulais pas craquer. Retomber dans la prostitution brisait le dernier espoir que j’avais de retrouver Khris un jour. Et malgré moi, je me rattachais à cet espoir comme à la vie. je ne voulais pas tout laisser tomber.
J'etais plus qu'heureux lorsqu'elle me demanda si je ferais ca pour elle. Bien sure que je le ferais. Frankie est mon amie et je l'aiderai reprendre ce metier. Un sourire s'afficha sur mes levres. Seulement, il se dissipa rapidement. Elle avait donc vraiment changé. Il n'y avait plus aucun retour en arriere. J'etais voué a la regarder passer a autre chose, laissant derrière elle toute une ere, toute une vie. Je soupire. J'aurais tellement voulu pouvoir faire comme elle passer a autre chose. Seulement, je savais que c'etait impossible. Je m'ecartais du mur, me mettant face a mon amie. Je la regardais. Elle n'avait pas changé psychiquement. Elle etait toujours la même. Il n'y avait donc juste son mode de vie qui avait terminé. Tout le monde change au fur et a mesure. Même moi j'ai changé. La prison ca change tout le monde, même le plus mechant des criminels, et encore je n'avais pas commis un crime enorme. Juste detournement de fond et prostitution. J'avoue que vu comme ca, ca fait le mec qui veut pas payer de taxes, mais avec la partie legale du Burlesque, nous avions tout de même beaucoup de revenue et tout etait en ordre fiscalement. Seulement, les autorites ne faisaient qu'attention aux choses illegales. Je me demande si le Burlesque existe toujours. J'irais voir un de ses jours. Je suis sur que cela pourrait etre drole de retourner sur les lieux de mon arrestation. J'haussais les epaules, chassant les vieux souvenirs de ma memoire et retourna mon attention sur la blonde en face de moi. « Donc je peux oublier de te faire changer d'avis. Dis-je en riant. »
J’étais réellement à deux doigts de céder. De dire oui et de tout reprendre comme avant. Je me souvenais du Burlesque, des nuits dans la rue… Tout ça me revenait en mémoire comme pour me dire « c’est ce que tu es, tu peux pas changer. » Mais je refusais de céder. Pourtant… Hadryin et moi avions toujours fait une bonne équipe. Je l’avais aidé autant que j’avais pu à gérer la partie cachée du Burlesque. On s’était toujours bien entendu dans ce domaine, mais si le reste du temps c’était assez électrique entre nous. Une véritable vague de nostalgie m’envahissait ce soir. Parce que le revoir me donnait presque vraiment envie de redevenir Frankie la prostituée. Au fond, je ne m’étais jamais plainte de ma condition. Si Khris n’était pas entré dans ma vie, ce soir, j’aurais toujours été la même. Et bien sur maintenant je détestais celle que j’avais été, parce que je savais qu’autre chose était possible, parce que je venais de me lancer dans cette boite avec Ciara, parce que j’avais aimé Khris et que tout était allé très vite. Mais au fond de moi, je restais toujours cette petite blonde qui arpentait les rues en attendant ces clients. Je savais que je n’oublierai jamais cette période de ma vie, qu’elle serait toujours ancrée en moi. C’était pour ça que j’avais toujours pensé que Khris ne voyait en moi qu’une pute qu’il avait réussi à débaucher, sans me douter quand fait il m’aimait, juste ça. Je reportais mon attention sur Hadryin et je me disais soudainement que s’il n’était pas parti, je n’aurais jamais changé, parce qu’il ne m’aurait sans doute pas laissé faire. Et ça me faisait sourire. On avait beau s’engueuler la plupart du temps, je crois qu’Hadryin et moi, on était amis au fond. « Donc je peux oublier de te faire changer d'avis. » Je souriais en même temps que lui. je fermais les yeux une seconde, puis je le fixais à nouveau. « Tu peux… Je dis pas jamais, mais pour le moment, c’est plus moi. Qui sait, j’y reviendrai peut-être finalement. Tu seras le premier au courant, si ça arrive. » lançais-je en riant.