Bon alors ma meilleure amie se mariait en fin de semaine et je devais me magner de finir ma robe où j'étais royalement dans la merde. J'avais presque bossé dessus toute la nuit et il ne me restait plus grand chose à faire mise à part un ou deux ourlets. Quelle avait été ma surprise de voir que Domenico voulait m'y accompagner. C'est vrai que je ne m'attendais pas à ça. On y allait en famille, trop chouette. C'est vrai que j'aurai aimé qu'un grand ténébreux me propose de venir avec moi. Enfin, un grand ténébreux. C'est cliché. J'aime pas les clichés sauf quand il s'agit de photographies. Genre, on les voit les blondasses qui sont grandes, élancées et qui sortent avec des sportives. Déjà, je suis petite, rousse, survoltée et je sais que je suis bonne. Vite fait. J'en ai vu des plus belles. Comme par exemple, mes mannequins. Mais ce sont des vraies salopes ou des anorexiques, parfois les deux. Assise en tailleur sur le sol, je me piquai le doigt faire tomber une tâche de sang à côté du tissus de la robe. Bon, la robe est rouge mais quand même. C'est pas trop cool une goutte de sang sur le tissus. Non, ça fait tâche. C'est le cas de le dire.

Une fois que j'eus fini ma création, je poussais un cri de victoire avant de me relever et de la passer. C'était pas trop moche. Je souriais presque avant de me raviser et de la retirer pour mettre un tee-shirt et un jeans. Faut que j'aille montrer ma robe à Domenico pour qu'il me dise ce qu'il en pense. C'est vrai que cela ne serait pas trop mal. Je décidai donc de me rendre à son nouvel appartement où il avait emménagé avec ma cousine – comme le monde est petit – deux autres personnes que je ne connaissais pas. Bref, mais j'allais apprendre à les connaître. Pourquoi pas toute de suite ? Embarquant la boite de cookies que j'avais fait plus tôt dans la journée, ainsi que mes lunettes de soleil et sortir sans mon chien. Snoopy pourrait tenir quelques heures sans moi, je n'allais pas y passer la nuit. Ah moins qu'un beau surfeur à moitié nu ne vienne m'ouvrir la porte.

Je crois que je suis clairement en signe de manque sexuel. C'est fâcheux surtout quand on n'a pas baisé depuis deux ans. Mais je peux encore contrôler mes hormones. Du moins, je pense. Enfin quand je constate qu'une majorité de la population masculine est considéré comme repoussante, il n'y a aucun problème là-dessus. Je passais une main dans mes cheveux avant de pénétrer dans le hall de l'immeuble. Très chic d'ailleurs. Bande de riches. Mais bon quand on est à quatre en colocation, c'est normal. Je soupirai avant de taper le digicode et pénétrer dans l'ascenseur. Je n'aime pas du tout, les ascenseurs. Je suis un peu claustro, je crois. Une fois le bip de fin de montée entendue, je descendis pour chercher l'appartement (dont j'avais noté le numéro sur ma main) avant de sonner, la hausse de la robe dans le dos et la boite de cookies dans la main, lunettes toujours sur le nez. Quand la porte s'ouvrit, j'enchaînai rapidement sans regarder mon interlocuteur essayant de me séparer de mes rayban. « Hé Dom, mon chou, j'ai apporté la... » Mes yeux se posèrent sur mon interlocuteur. Oh mon dieu. C'est qui celui-là ? Il est... Je me tais, je me tais. « Oh mon dieu, mon chou. Tu es un crime pour mes hormones. Désolée, je suis Amélia. Dom est là ? »
Abrutie !

Le hasard fait parfois bien les choses. C'est vrai que si je n'avais pas bougé mon cul jusque chez Dom pour lui montrer ma robe, je ne serai pas tombée sur cette étrange créature qu'est visiblement son nouveau colocataire. Un blond aux allures de surfeur avec un visage fin qui aurait fait qu'on se pâmerait pour un sourire. Le genre de garçons qui devait faire tomber les filles. Je le regardai par-dessus mes ray-ban en le détaillant. Ma chasteté renforcée faisait que mes hormones jouaient au yoyo ces temps-ci à cause de plein de choses. Premièrement, le fait que mes amis mâles sont tous des canons mais la plupart sont casés ou pensent que je n'ai que douze ans d'âge mental. Ou alors que je ne suis qu'une gosse, ce qui est faux. Mais comment le montrer quand cela semble bien ancré dans la tête de certains ? Je laissais donc tomber pour me concentrer sur mon travail et voir si je n'avais pas quelque chose à faire. Ma meilleure amie se mariait bientôt, j'étais nerveuse à sa place. Quoique me doutant du caractère de Emi tête en l'air, elle devait être sur le pied de guerre. Tout le monde avait été convié à la noce, du moins, dans mon entourage. Est-ce que ce superbe Apollon y allait aussi ? Je lui poserai sans doute la question. Quand il m'annonça que Dom était sorti, je me rembrugnis parce que j'aurais bien aimé avoir son avis sur la robe. « excuse moi mais je dois aller cracher un truc. » Pourquoi est-ce que j'ai des images salaces dans la tête, vous pouvez me le dire ? Je le regarde avec des yeux horrifiés avant de le voir tourner les talons. Oh my god mais c'est quoi ce cul ? C'est officiel, il vient de m'assassiner. Clairement. Je vais mourir. Il se retourne alors pour me lancer une vague excuse. « C'est pas grave chéri, je m'en remettrais. » Je lui lance ça avant de lui faire un petit sourire tandis qu'il disparaît dans les bas fonds de son appartement.

J'en profite alors pour retirer mes lunettes de soleil que je rangeais dans mon sac à mains après avoir posée la robe par terre. J'en profitai pour essayer de m'arranger un peu. Non pas que je sois en mode laidron non plus. Enfin, presque mais on ne sait jamais. Je me frottais les yeux pour me redonner un peu plus d'énergie. Je suis fatiguée. Je relève alors la tête pour rencontrer les yeux de mon interlocuteur alors revenu de sa folle course dans la salle de bains. Son brushing est toujours impeccable. Damnit mais comment fait-il ça ? « Cesses donc de t'excuser mon chou minet. Je ne vais pas te manger. Aromatisé à quoi ? Je déteste ceux à la pâte d'amandes ou la liqueur. L'un me faisant vomir et l'autre me rendant saoule trop vite. » Je lui sers donc la main en m'attardant dessus, mon regard fixé dans le sien, toujours souriante. « Lucan. Quel joli nom. Et je suis un peu comme la grande sœur de Domenico. On va ensembles au mariage de ma meilleure amie et j'voulais venir lui montrer ma robe. » Je finis par dégager ma main de la sienne. « Dis moi mon petit sucre d'orge est-ce que je pourrais recueillir ton avis sur cette robe ? Comme ça j'attendrais mon ami. Je serai pas chiante. Je peux me faire petite comme une souris. On me surnommait Minnie à l'école. Enfin, non on m’appelait Amy mais c'est pareil non ? » Je lui fis un sourire de toutes mes dents avant de prendre ma robe et de rentrer de toute manière. C'était une question rhétorique. Au fond, il n'avait pas réellement le choix.

Quel bel homme. Agréable à regarder et avec suffisamment de conversation. C'est rare de frapper à une porte et de tomber sur un homme pareil. Je le fixai sans à priori parce que je ne suis pas une nana qui fait de chichi. Déjà quand j'étais petite, alors que mon frère essayait de me faire apprendre la politesse, il pouvait toujours essayer. Je n'obéis qu'à moi-même et si mes manières ne plaisent pas c'est du pareil au même. L'avis des gens, mais qu'importe. Nous n'avons qu'une vie. Les gens qui font des préchi-précha, on parle trop, on s'excuse mais à quoi ça sert ? A rien. Déjà à l'université, je les voyais les fausses mijaurées qui passaient leurs temps à s'excuser, à rougir et à en faire des tonnes. Autant foncer dans le tas. Quand il me répondit liqueur, je fronçais les sourcils et le nez avant de faire une grimace. « Ce genre de chocolats ne devrait même pas être mis en vente sauf les soirs de St Valentin. Attends mais tu t'empiffres et en plus, tu te bourres la gueule. Deux en un. J'adooore. Mais en dehors, non. Au placard. Tu t'es brossé les dents ? Le goût reste souvent après et ça donne des nausées. » Je lui fais un sourire avant d'éclater de rire. Je finis par passer une main sur mon visage.

Cette robe m'avait quand même prise toute la nuit. Mais au fond, elle avait beau être complexe (et dire que l'idée m'est venue en mangeant un cheeseburger), elle est magnifique. Sans doute l'une de mes plus belles créations. Je n'ai que vingt trois ans et c'est un petit peu normal que chaque robe soit de plus en plus belle. Je donnais beaucoup d'énergie et de temps, faute d'avoir un homme. Imaginez le jour où j'aurais enfin quelqu'un, je sens que le pauvre garçon sera comblé. Ou pas hein. Je ne suis pas une experte en matière d'amour même si j'ai regardé Bridget Jones et Hitch. Non, non, c'est une notion trop vaste et trop complexe qu'on ne peut pas maîtriser avec un simple claquement de doigt. Et puis honnêtement, je ne crois pas aux contes de fées. Étrange quand une fille possède une ligne de vêtements qui s'appellent Fairytale's godmother.

Quand Lucan me donne son approbation pour la robe, je passais à ses côtés avant d'accrocher son regard. « En même temps, ce n'est pas comme si tu avais le choix. » Il savait que j'avais raison. J'ai toujours de la chance pour imposer mes volontés qui font que les gens me cèdent facilement. Etait-ce parce que je donnais l'impression d'avoir douze ans ? Je ne sais pas. J'entrai donc dans l'appartement avant de partir en exploration pour trouver la salle de bains. Mais avant de m'y engouffrer, je penche la tête. « Un thé, ça sera parfait. » Pas d'alcool, j'allais déjà me prendre une bonne cuite. Je retirai le plus de vêtements que j'avais sur moi avant de mettre la robe en soie rouge et de lier les cordons dans le dos. Relevant mes cheveux, je sortis un peu hésitante quand même avant de me mettre derrière lui. « Alors ? Demandai-je avec un petit sourire timide. Bon, je dois refaire quelques finitions mais globalement, tu en penses quoi ? » Montrer mes créations à un parfait inconnu (sexy en plus), check !

Donc c'est quoi l'adage de grand-mère déjà ? « Le hasard fait bien les choses » ? C'est vrai parce que j'aurai dit 'non' à Domenico, je ne serai pas venue chez lui et je n'aurai pas rencontré ce charmant jeune homme qui s'appelle... comment il s'appelle déjà ? Cherchons vaguement dans ma mémoire qui tricote. Ah oui, Lucan. Très beau, très charmant Lucan. Un peu de charme anglais bien que selon son accent, je me doute qu'il est bel et bien américain. Quel dommage ! Je n'ai absolument aucune sympathie pour les Américains et c'est d'ailleurs pour ça que je me casse dans mon pays d'origine après le mariage. Ouais, je prends la fuite. Mais bon, j'ai fait pas mal de conneries. Surtout de 'tomber amoureuse' de Jared. Tomber amoureux ? Ça ne m'est jamais arrivé et je dois dire que ce n'est pas prêt d'être mon cas. Enfin, on ne sait pas. Peut être que ce beau blond est l'homme de ma vie ? Ou peut être pas. Qu'est-ce que ces vieilles moches de Parques m'ont concocté ? Seul l'avenir me le dira. Je peux finir sous un bus à tout moment. J'avouerai que ça me ferait bien chier. Déjà, je ne dois pas très bien rendre en crêpe (quoique j'suis canon mais...) et puis, j'ai encore des grands projets pour moi-même d'ici quelques temps.

Puis, je rentre doucement avant de passer à côté de lui et de lui lancer une boutade. Bon ça, il ne s'en offusque pas. « Bof, tu sais au pire tu pourrais me voir comme un laidron et ça serait un supplice. Imagine Susan Boyle en train de te montrer un corset. J'en ai la chair de poule tellement c'est excitant. » Je regarde un moment l'appartement avant de faire les gros yeux. « Eh beh, vous vivez dans un palace. Je sens que je vais venir squatter plus souvent moi. » Je pars en riant en exploration pour trouver la salle de bains et y entrer pour me changer. Je reste pantoise devant la splendeur des lieux. Je vais venir vivre ici. Quoique non. Mon appartement avec Giuliana est superbe aussi donc pourquoi je partirais ? Et puis avec Mister sex symbol blond, j'aurai plutôt envie de mettre fin à mes deux ans de chasteté. Ne t'emballes pas ma fille, reste calme et garde tes hormones bien bas.

Je décide finalement de sortir en évitant de me casser la gueule. Ouais ça serait bien. Et je me plante devant lui avec angoisse. J'avais peur que cela ne plaise pas. C'est vrai que j'avais faite cette robe après avoir regardé un Disney (la belle au bois dormant) et bien que ne croyant pas à leurs fadaises, j'avais imaginé Maléfice avec cette robe. Le rouge va bien au teint vert. « T'as fait des défilés de mode ? J'm'en doutais au fond, tu es le genre de mecs qui doit aimer regarder les jolies filles. Et tu as raison. Pourquoi s'en priver ? Si un jour ça t'intéresse, fais moi signe. Je vois des mannequins à longueur de temps. » J'éclate de rire avant de passer une mèche de cheveux derrière mon oreille et me sentir rougir. « En fait, elle sera magnifique parce que j'ai aussi fait sa robe. Je suis styliste. Pour ma propre franchise, Fairytale's godmother. Merci, ça me touche beaucoup ce que tu dis. » Je me place à côté de lui, attrapant ma tasse avant de boire une gorgée. « Bon, tu veux qu'on fasse quoi ? Vu que je m'impose un peu. Si Dom rentre pas, on peut se faire une soirée télé avec un truc qu'on aura commander et ho... » Je venais de me souvenir que j'avais amené des cookies. « Attends deux minutes là. » Je me précipite dans la salle de bains avant de retirer ma robe et remettre mes vêtements pour attraper la boite en métal et la ramener dans la cuisine. « J'ai fait des gâteaux. Des cookies. Si t'en veux un. Et ils ne sont pas à la liqueur. » Je lui rends son clin d'oeil avant d'en prendre un et de le mettre dans ma bouche, la tasse à la main avant de partir faire la visite de l'appartement.