Aie. Et une aiguille dans le doigt, une. Assise en tailleur dans ma chambre, je regardai les étoffes qui jonchaient le sol avant de me mâchouiller la lèvre. Je regardai la petite perle de sang qui perlait sur mon doigt avant de me sucer le doigt pour empêcher qu'elle ne tombe sur le tissus blanc et très coûteux. Déjà que je n'avais pas beaucoup de commandes parce que c'est la crise mais si en plus, je nique le peu de tissus que j'ai. Je me mis donc à grogner avant de me lever pour attacher mes cheveux avec un crayon et consulter mon calendrier. La robe est pour dans quinze jours. Merde, merde, merde. Ah mais j'ai besoin d'un verre. Non, d'une bouteille. Non plutôt d'un bar entier. Rangeant mon matériel parce que je ne voulais pas Giuliana se blesse avec, je sortis une nouvelle robe que j'avais fait quelques jours auparavant pour l'enfiler avec mes docs martens et ma veste en cuir. Ça jure un peu mais ai-je vraiment le choix ? J'ai toujours eu un style plus ou moins décalé de toute manière. Les gens disent que je suis bizarre mais je ne suis pas bizarre, je suis différente. Et j'emmerde all the people. Finissant de me préparer, je sortis mon téléphone portable pour regarder mes sms, mms, mails, facebook ou twitter et voir que je n'avais rien de nouveau sauf une commande pour... une tenue complète. Les gens savent que je suis chère ou bien... ? Je haussais le sourcil pour finir par ranger mon blackberry dans le sac et balancer le vieux machin miteux sur mon épaule. Je devais aller chercher Seth à l'école. Étant son ancienne babysitter, je continuai d'aller le voir de temps en temps quand j'avais du temps libre. Et j'appréciais le père du môme. Jared. Agréable, très agréable à regarder. Un peu... armoire à glace pour moi quand même. Je me sentais un peu toute microscopique face à lui.

Une fois arrivée à l'école, lunettes de soleil sur le nez et cheveux toujours attachés en n'importe comment, je lissais ma robe d'un tic nerveux. Faire des surprises mais quelle idée. J'allais rebrousser chemin quand je vis le gamin arriver vers moi. « Améliaaaaaaaaaaa. » Oui, c'est comme ça que je m'appelle. Enfin, je crois. Je lui souris avant de me baisser pour lui donner un baiser sur la joue, lui tendant un gâteau. « Tiens et ne le dis pas à ton père. Il me tuerait sinon. » En se dirigeant vers la maison, j'envoyais un texto à Jared pour lui dire que j'avais récupéré le petit. Inutile qu'il ne se déplace. J'avais beau travailler dans la mode, j'aurai toujours un peu de temps pour ce petit bonhomme. A notre rythme, on remonta jusqu'à Russian Hills avant de prendre la clé (que Jared cachait toujours au cas où il la perdrait) et d'entrer précédée de Seth. « On peut regarder les dessins animés ? » Je fronçai les sourcils avant de prendre place sur le canapé. « Non, tu fais tes devoirs. Je ne veux pas me faire tuer par Fever Senior. » Je retirai mes lunettes de soleil ainsi que ma veste avant de me poster derrière le petit pour lui expliquer les formules mathématiques. Je ne savais pas depuis combien de temps nous étions sur son problème mais soudain, j'entendis la clé tourner dans la serrure alors, je me redressai d'un coup avant de sourire comme une idiote et de tourner la tête vers la porte du salon.

D'accord, je roulais vite. Trop vite même, comme à mon habitude. Les flics de San Francisco commençaient à bien me connaître et exploitaient le filon: je signais quelques autographes et il me laissaient repartir. Pas très honnête, mais au moins j'avais toujours mon permis alors que j'aurais du le perdre au moins quatre fois. On avait beau dire, une once de célébrité ne faisait pas de mal de temps à autre, même si je n'étais pas la people number one de toutes les revues à potins.
16h35. Merde. J'étais en retard pour aller chercher Seth à l'école et je détestais cela. On ne savait pas quel pervers pouvait traîner par là et attiser mon petit avec quelques friandises. Cliché ? Absolument pas. Seth adorait les bonbons.

J'arrivai devant l'école, affolé de ne trouver aucune tête blonde familière. Je roulais au ralenti tout en scrutant chaque gosse susceptible d'être le mien. Bon sang, où était-il ?! La voiture derrière moi klaxonna. C'était une gonzesse que j'avais déjà vu à la sortie de l'école, un peu pimbêche, un peu bourgeoise prude. Le stéréotype de la nana friquée qui organisait des brunchs entre amis ou préparait des dimanches grillades avec les voisins d'en fasse. La mémère qui s'enfonçait dans son quotidien, en bref.
Faisant un doigt d'honneur tout en lui souriant à travers mon rétroviseur intérieur, je sentis mon portable vibrer dans ma poche de pantalon. Amélia, avec Seth. La petite saloparde, je mettais presque uriné dessus à cause d'elle tellement j'avais peur pour mon gosse. Mais tant mieux, cela faisait un bout que je n'avais pas vu son charmant minois de petite dominatrice rousse. Une perle adepte du va-te-faire-foutre. Tout ce que j'adorais.

Je faisais alors demi tour sur le parking de l'école avant d'adresser un dernier sourire hypocrite à la parent d'élève qui m'avait précédemment klaxonné. Bye bye grognasse, j'ai des chats plus intéressants à fouetter.
Dix minutes plus tard, je garais le 4x4 dans la cour de ma grande maison de Russian Hill. J'étais fier de cette baraque, même si j'évitais de le dire: je n'étais pas du genre à péter plus haut que mon cul. Je me contentais d'un faible sourire.

BAM. Portière de la voiture fermée. BIP BIP. Caisse verrouillée. CLAP CLAP CLAP CLAP. Bruit de mes pas sur les escaliers en pierre me menant vers l'entrée. Pour le bruit de la clé, on passera (probablement parce qu'il n'y a pas d'onomatopée pour ce son là). J'appuyais sur la poignée et m'introduisit rapidement dans ma demeure. « Ya quelqu'u... ah ben oui, il y a quelqu'un » dis-je tout en te voyant à quelques mètres de moi, calmement en train de m'attendre. Je m'approche vivement de toi et te choppe la tête afin de te décoiffer comme deux gosses qui se chamaillent. Je finissais par t'administrer un long baiser sur le front tout en te maintenant près de moi. « Putain, à chaque fois que je te vois t'es encore plus canon que la fois d'avant, ça en devient malsain ! »

J'aimais la compagnie de ce gamin. Il était super gentil. C'est vrai que bon, j'ai un peu de mal avec les enfants et je n'en ferai pas ma vocation mais Seth n'est pas un enfant comme les autres. Bien au contraire, c'est quelqu'un qui ne ressemblait en rien à un gamin et c'est ce que je trouvais bien chez lui. Il n'était pas si prude, si innocent pour un enfant. La dernière fois quand je suis venue le chercher à l'école, il était en train de se battre. Mais bon quand tu vois le père, c'est normal. Jared est une montagne de muscles. Ancien boxeur, il ferait pâlir plus d'une demoiselle. A chaque fois que je le voyais, je ne mentirai pas si je disais que je me rinçais l'oeil à chaque fois que le voyais. Bon certes, je ne me vois pas coucher avec lui. Non ça serait trop... enfin non ça ne serait pas bizarre. Monsieur montagne de muscles doit être une bête au lit. Eh oui, j'ai deux ans de chasteté dans les pattes (enfin dans le vagin plutôt) et je suis royalement en manque. Ce n'est pas pour autant que je vais me jeter sur un de mes amis. Quoique. Ah mais fuck alors. Je regardai le petit qui galopait devant moi pour dire à Jared que j'avais son gamin. Il ne devait pas s'inquiéter. Je savais m'occuper des enfants même si je n'ai pas de frères et sœurs. Fille unique mais je comptais faire des petites Amélia Jr qui allaient prendre le monde et assujettir tout le monde.

Une fois à la maison, je tannais Seth de faire ses devoirs. Je ne tenais pas à ce que Jared m'étrangle. Non, je voulais qu'il me fasse autre chose. Oké, je dois arrêter de penser à ça et je me servis dans le frigo (en voyant qu'il ne restait pas grand chose) pour prendre une bière et me l'ouvrir. J'avais soif. Non pas qu'il faisait chaud mais enfin, si, un peu. Je levai les yeux au ciel tandis que le rejeton me demandait les dessins animés. Faudrait que je demande à Jared s'il a le câble. Il pourra regarder Gormiti après le problème de mathématiques hyper compliqué qu'ils lui ont posé. Les professeurs de primaire sont tous des sadiques. J'aurai du faire ça. Enfin donner des ordres à des mannequins anorexiques ce n'est pas mal non plus. Je passais une mèche derrière mon oreille avant de relire le truc et de ne rien y comprendre. « On demandera à ton père. Tu sais moi et les maths si cela ne concerne pas les vêtements, je suis noyée. » Il leva ses yeux très expressifs vers moi et je soupirai. « J'étais nulle en maths. » Il se mit à rire et je lui donnais une petite tape derrière le sommet du crâne avant d'entendre la serrure et les pas de Jared qui résonnèrent dans tout l'appartement. « Oui, on est là. » Je lui souris tandis qu'il décoiffa mes cheveux. « Hééééé, arrêtes. » Puis le pris également dans mes bras en riant légèrement quand il déposa un baiser sur mon front. « Pourtant, je ne change pas. » Je relevai la tête vers lui afin de mieux le regarder. « Malsain ? Comment ça ? » Je me dégageai en me rappelant que Seth était toujours là avant de passer une main dans mes cheveux en rougissant et lui intimer de ranger ses affaires. « Tu peux aller jouer dans ta chambre. Papa viendra faire ton devoir de maths avec toi plus tard. »

Faire diversion, envoyer l'enfant au loin. Je pris place sur le rebord de la table avant de croiser mes jambes avant de reprendre ma bière pour en boire une gorgée. « Alors monsieur tout en muscles, comment c'est passé ta journée ? Je me suis dit que tu ne m'en voudrais pas d'aller chercher le petit. Et ça fait tellement longtemps que je ne t'ai pas vu que tu commençais à me manquer. C'est frustrant. » Je secouai la tête pour mieux rire comme une enfant bien que je n'en étais plus une depuis longtemps. D'un geste de la main, je détachai mes cheveux avant de me poser le crayon à mes côtés.

« Malsain dans la mesure où il ne faut pas abuser des bonnes choses, ma chère ! » te dis-je alors que tu te défaisais de mon étreinte. Tu sentais bon. Je ne pouvais dire avec exactitude la composition de ton parfum, mais il rappelait l'été et s'accordait parfaitement avec le soleil, au dehors.
D'un geste vif, je réceptionnais Seth qui fonçait sur moi. Il avait lâché ses cahiers si brusquement qu'il fit tomber quelques stylos dans sa course, mais peu importait: voir son sourire resplendir alors que je le prenais dans mes bras était la seule chose qui m'importait. En vérité, rien ne m'était plus cher que lui, pas même ma propre vie. Moi, dire des banalités ? Peut-être, mais les mots n'importaient pas, l'essentiel était ce que je ressentais, là, au fond de moi. Indescriptible.

« Tu peux aller jouer dans ta chambre. Papa viendra faire ton devoir de maths avec toi plus tard. » Seth ramassa hâtivement ses affaires et s'enfuit dans sa chambre sans un mot. Techniquement, j'étais nul en maths. Même très nul en maths. Avoir arrêté l'école à seize ans me donnait un bon alibi, non ? « Ouais on verra les maths... » dis-je en faisant une grimace ironique.

Alors que tu t'asseyais sur le bord de la table, bière en main, je ne pus m'empêcher de te dévorer du regard. Je rêve ou... si. Tu étais vraiment une belle femme, et je ne pensais absolument pas cela parce que je n'avais pas eu de relation sexuelle depuis plusieurs semaines. Je t'avais toujours trouvé très belle mais assise ainsi avec ta bière en cette belle journée de mars, tu avais quelque chose de plus désirable. Comme si tu faisais exprès d'adopter cette attitude à mon égard.

« Alors monsieur tout en muscles, comment s'est passée ta journée ? Je me suis dit que tu ne m'en voudrais pas d'aller chercher le petit. Et ça fait tellement longtemps que je ne t'ai pas vu que tu commençais à me manquer. C'est frustrant. » Je reportais mon attention sur ton joli visage alors que j'avais préalablement détourné mon regard vers la baie vitrée. La vue était imprenable de Russian Hill. Un point stratégique de la ville pour les amateurs de belles choses dans mon genre. « J'ai passé une journée en compagnie de vieux cons tellement riches qu'ils pensent tout obtenir avec de l'argent. Sauf que je suis coach, pas pute, du coup j'ai pris un malin plaisir à les faire bien transpirer... puis une jolie rouquine m'a fait la peur de ma vie en kidnappant mon fils. Et vous, ma chère, hormis votre frustration à mon égard ? » dis-je en me faufilant dans la cuisine afin de me prendre une bière dans le réfrigérateur, de la décapsuler puis de revenir rapidement m'assoir sur une chaise à côté de toi.
Je portai mes lèvres au goulot de la bouteille en verre et me désaltéra du breuvage qu'elle contenait. La mousse bulla sur ma langue si agréablement que je basculai ma tête en arrière et fermai les yeux afin d'en profiter d'autant plus. « Au fait, je vais avoir besoin de tes services... » te lâchais-je tout en restant dans cette position décontractée, entre la sieste improvisée et le sommeil simulé.

Je le regardai excédée. Et voilà que ça recommence. Il fallait que je reste dans mes retranchements parce que la dernière dispute était encore omniprésente dans mon esprit. C'est pour ça que je devais prendre du recul. Je souris cependant à sa remarque bien que je demeurais profondément blessée. C'est vrai que c'était la première fois qu'on se prenne la tête autant. Du coup, j'étais venue dans l'espoir d'arranger les choses. Je suis bien partie pour essayer d'y voir clair. Est-ce que j'étais amoureuse de Jared ? La réponse s'est avérée négative. Est-ce que j'étais attirée par Jared ? Bingo. Je ne devais m'en prendre qu'à moi-même. C'est vrai qu'il n'avait pas tord, je me suis faite un film toute seule. J'ai l'habitude malheureusement. Je ne suis pas le genre de films dont on tombe amoureux mais plutôt la bonne copine. Depuis que j'ai brisé le cœur de Rory, je me suis attelée à rester une garce psycho rigide et à mettre un point d'honneur à toutes relations charnelles. Non pas que je pensais que j'irai brûler en Enfer si je me laissais aller à des plaisirs sexuels mais plutôt parce que je n'y voyais pas l'intérêt. J'ai même oublié la sensation que j'ai éprouvé en couchant avec un homme. Triste ma vie, c'est un fait.

Je les regarde attendrie sans pour autant décrocher un mot. Je n'en avais pas envie mais je profitai d'un moment pour envoyer Seth coucher. J'avais une petite idée en tête mais elle ne concernait pas Jared au-dessus (ou en-dessous) de moi. Le fait qu'il ait préféré coucher avec cette femme plutôt que de céder à mes avances avait profondément meurtri mon ego. On pourra dire merci à Gossip Girl qui m'avait fait perdre un bon ami. J'adoptai un air plutôt détaché en lui demandant comment c'était passé sa journée. Je lui souriais cependant avant de prendre une nouvelle gorgée de bière. Pourquoi je bois moi ? Je ne supporte pas l'alcool. « Très bonne journée. J'ai fait une robe et je dois voir pour me trouver des associés. » Je soupirai avant de passer une main sur mon visage fatigué. « On doit parler je pense. » Ma voix se fit plus froide que d'habitude, plus sévère. « Besoin de moi pour... ? J'suis plus babysitter tu sais. »

Instantanément, ma position devint plus rigide et moins décontractée. Mon regard se posa sur toi de la manière la plus neutre possible. Je voûtai légèrement mon dos afin que ma carrure paraisse sur la défensive. Cette ficelle de boxeur me permettait de mon appréhender tes paroles. Comme si j'allais parer aussi bien tes mots que je parais les coups. « Je sais bien que tu n'es plus babysitter, je voulais te commander un costume trois pièce pour le mois prochain, Seth donne un concert avec son orchestre. Mais passons, on verra ça plus tard. » Je gardais mes mains croisées sur mes genoux alors que je ne quittais pas ton visage du regard. J'aimais que mon interlocuteur sente ma présence lorsque je lui parlais, comme une mise à nu. « On doit parler » répétais-je tout en laissant le silence de la pièce engloutir avidement ma phrase.

Je détournai mon regard dans le vide, pensif. J'avais vraiment foiré avec Amélia et sa jalousie n'avait fait qu'envenimer les choses. En fait, j'avais été beaucoup trop con. Nos sous-entendus -salaces ou non- n'avaient été qu'un jeu pour moi, une farce pré-pubère. Il y avait en moi une part d'enfant qui luttait contre l'énorme tas de merde qui s'était amassé dans ma vie. Comme un refus de l'âge adulte, soudain et brutal. Comme... comme si mon changement radical de vie à San Francisco avait tenté de me replonger dans une innocence que je n'avais plus.

Le ton froid et distant que tu employais me glaça les os. Je n'aimais pas cette situation, mais je tenais beaucoup trop à toi pour laisser les choses tel quel. Si j'avais été poète, j'aurais probablement déballé tout mon arsenal de lyrisme en stock. Mais je ne l'étais pas. Si j'avais été chanteur, j'aurais fait claquer les octaves pour te demander pardon. Mais je ne l'étais pas. Je n'étais qu'un boxeur, alors, à quoi bon ? J'avais appris à garder l'émotion à l'intérieur et lorsque j'osais libérer quelques bribes de ce torrent sentimental, c'était pour déboiter des épaules ou exploser des phalanges. Alors que devais-je faire ? Administrer un high kick à mon lampadaire ? Pas très expressif et métaphoriquement trop poussé. Je devais juste dire les choses telles qu'elles étaient, sans détour. « Je voulais pas que ça se passe comme ça. Ça me fait chier. » Niveau tact, j'avais déjà fait mieux, mais que dire d'autre ? Larmoyer des heures en lui hurlant de me pardonner ? Pour les larmes non, pour les excuses oui. Il me fallait encore quelques minutes. Quelques unes de tes paroles amères, quelques silences.

Mon côté Peter Pan s'envolait graduellement depuis que tu étais dans la même pièce que moi. Au placard le petit garçon sauvage qui ne voulait pas grandir. J'approchais de la trentaine et il n'y avait plus de place pour aucun enfant perdu cherchant des noises à un quelconque capitaine Crochet. Peut-être était-ce le fait d'être père célibataire qui m'avait rendu ainsi. Peut-être que Seth m'avait redonné ce souffle de jeunesse que mon ex femme m'avait arraché. Sans doute.

« Mais c'est bien que tu sois là, que tu sois revenue. Les conflits à des milliers de kilomètres d'intervalle non merci. Autant miser sur l'honnêteté en live, face à face. » Des banalités qui avaient besoin d'être dites. Quitte à tout remettre à plat, j'aimais que les choses soient faites dignement, humainement, et même si cela signifiait m'en prendre plein la gueule. Peut-être étais-je masochiste, après tout. J'aimais voir les gens en colère, car cela signifiait qu'ils déversaient tout. Qu'ils se mettaient à nu, qu'ils faisaient peau neuve, comme un nouveau départ. Peut-être était-ce d'ailleurs pour cela que je passais mon temps à frappe légalement les gens plutôt que de leur dire à quel point je pouvais les aimer.