Depuis quelques jours déjà, je ne pouvais arrêter d’y penser. A ce jour où je reverrai enfin ma moitié, j’ai toujours su au fond de moi, qu’on allait se revoir, que quoiqu’il arrive, le destin allait nous réunir à nouveau. On a après tout partagé le même ventre, on a le même sang, et personne ne peut changer cela. Je ne pourrai oublier la conversation que j’ai eue avec Théa, une organisatrice que j’ai contactée pour organiser mon mariage, ni l’immense joie que j’ai pu ressentir quand j’ai appris qu’elle connaissait un certain Maël, Maël Sanchez ? Vous imaginez ? Il est apparemment l’un de ses clients, on peut dire que c’est une très belle coïncidence. Je ne pouvais la laisser partir après cela, et donc au bout de quelques minutes passées à la harceler pour avoir un quelconque moyen de le contacter, j’ai pu avoir son adresse. Il habite à Crocker Amazon. Je n’ai donc qu’à aller chez lui, mais il va falloir que je trouve le meilleur moment pour le faire, un mardi ? Un dimanche ? Un samedi ? Je ne savais pas quand je pourrai le voir, et bizarrement j’étais un peu stressée, non en fait très stressée. Qu’est ce que je pourrai bien lui dire si je le revois ? Est-ce qu’il me reconnaîtra ? Enfin bien sûr, on est jumeaux, et puis je n’ai pas eu recours à la chirurgie esthétique, il n’y a que ma couleur de cheveux qui change, je les teins assez souvent. Enfin bref, c’est plutôt lui qui devrait être stressé non ? C’est lui qui m’a abandonné, en me disant que je comprendrai après. C’est vrai que je comprends un peu mieux avec du recul, mais je suis toujours aussi blessée. Je me demande à quoi il peut bien ressembler à 27 ans, ce qu’il est devenu, ce qu’il fait maintenant, à quoi ressemble sa compagne.. toutes ces questions sans réponses, que je me suis posée maintes fois. J’ai un peu de mal à croire que c’est mon jumeau, je connais après tout rien de son présent, pour faire court je ne connais rien de lui. C’est assez triste oui, mais je compte bien y remédier, je ne vais pas laisser le temps passer, je ne veux pas qu’on se revoit à 60 ans, quand on sera tous les deux ridés, je ne veux pas passer plus de temps séparée de lui. Ce qui me chagrine le plus, c’est le fait qu’il n’ait même pas chercher à me revoir.. Aurait-il oublié le fait qu’il avait une jumelle ? Peu importe, moi je n’ai oublié ce détail, et je veux l’avoir dans ma vie.
Sept heures du matin, j’avais les yeux bien ouverts, en fait j’avais peu dormi, on est dimanche et c’est le jour où j’ai décidé de faire le grand pas. Celui d’aller chez mon jumeau pour lui rendre une petite visite. Un dimanche matin, tout le monde dort j’imagine ou alors ils s’apprêtent à faire leur jogging avant d’aller prendre un brunch. C’est pas grave si je le réveille, au moins, c’est sûr qu’il sera chez lui. Je finis donc par me lever de mon lit, je pris une douche rapide, il m’aura fallu presque une bonne demie heure pour m’occuper convenablement de ma coiffure. Je me devais d’être irréprochable aux yeux de mon jumeau. Je pris ensuite un bon grand verre de chocolat chaud, un petit peu de make up, je m’habillais rapidement et je pris mon sac et mes clés juste avant de sortir. Me voilà en route pour aller voir mon frère. Je finis par arriver après quelques minutes passées à conduire, il n’y avait aucun embouteillage, j’aurais préféré qu'il y'en ait en fait.
Assise dans ma voiture, je pouvais apercevoir sa maison, mais je n’avais pas le courage d’y aller. Faut-il vraiment que je franchisse le pas ? Et si c’était une mauvaise idée de le faire maintenant ? Et s’il ne voulait pas me voir ? Je secouai ma tête un instant. Micah ! arrête ! Allez vas-y, tu peux le faire ! Après quelques minutes passées à essayer de me convaincre d’y aller, je finis par sortir de la voiture. Je me suis retrouvée devant la porte de la maison au bout de quelques secondes de marche. Je respirai un bon coup, mon index qui tremblotait a enfin pu appuyer pour sonner. J’attendais un peu, puis je sonnais une nouvelle fois, et puis une troisième, pour être sûre de le réveiller. Allez Maël.. ouvre moi.
C'était le dernier carton. Maël, une cigarette à la main, constaté avec amertume que son emménagement prenait fin aujourd'hui. Son appartement sur Crocker Amazon n'avait rien à voir avec sa jolie maison sur Hayes Valley. Passer d'une maison familiale chaleureuse à un petit appartement sobre au dernier étage n'avait rien de très réjouissant. Malgré tout, il se sentait mieux ici que la-bas. Même si sa maison lui avait apporté bon nombres de souvenirs heureux, elle lui rappelait aussi le jour où sa petite fille c'était faite tiré dessus et où sa femme avait sauté par la fenêtre dans l'espoir de la sauver elle et leur fille. Écrasant son mégo dans le cendrier prévu à cet effet, Maël sortit du carton ce qu'il contenait : des photos. C'était sans doute ce qui lui faisait plus de mal. Constater que tout ce qu'il lui restait était entassé dans cette boite, réduit dans des cadres. Maël s'assit à même le sol, sortant l'un des cadres en acajou. Le photo représentait une femme sublime, le teint bronzé après avoir passé quelques jours dans le sud de la France. Ses yeux étaient rieurs et son ventre laissait tout dire sur son bonheur. Enceinte de près de 7 mois, elle posait ses mains fines et élégantes sur son large ventre et souriait à la caméra. Maël se souvenait comme si c'était hier d'avoir prit ce cliché, d'avoir ressentit à ce moment là une grande bouffée de bonheur en se sachant être bientôt père.
Maël prit une autre bouffée d'air et sortit un second cadre. Celui-çi lui fit plus mal encore et il retint un sanglot. La photo représentait une petite fille, le teint mate, des cheveux brun brillant au soleil et un petit nez retroussé. La petite tenait fièrement entre ses mains un ballons de basket qui, vu sa taille, était presque aussi gros qu'elle. Maël souri à ce souvenir en repensant à la joie qu'avait ressentit sa petite fille en découvrant son cadeau. Finalement, l'émotion le submergea et il préféra ranger tout ceçi au plus tôt. Avec rage, il envoya un coup de pied dans le carton vide et partit se réfugier sur son balcon. A l'époque, il avait une terrasse et même un petit jardin. Maintenant, il avait tout juste la place de se tenir debout et d'étendre les bras. Finalement, il jeta un coup d'oeil à sa montre : 03h00 du matin. Rien d'étonnant. Maël ne dormait quasiment plus depuis qu'il était entré au service du gouvernement, à tout juste 16 ans. Son sommeil était devenu un luxe. Et même si cela c'était un peu arrangé après sa rencontre avec Lexie, c'était devenu pire après la mort de Joyce, leur fille. Maël observa la ville endormi durant une bonne heure encore avant de refermer la porte du balcon et de partir se mettre au lit. Mais même là, le sommeil ne lui vint que très tard et ce fut une nuit sans rêves.
Finalement, alors qu'il commençait tout juste à émerger, il entendit un échos dans tout l'appartement. Au départ, il crut être entrain de faire un mauvais rêve et reposa sa tête sur l'oreiller. Mais la sonnerie retentit aussitôt. Maël jeta un coup d'oeil au réveil posé près de lui : 07h26. Qui pouvait bien venir le réveiller à une heure aussi matinal ? Immédiatement, il pensa à Lexie, avant de se rendre compte qu'elle ne connaissait pas sa nouvelle d'adresse. Son ex-femme c'était fermé à lui le jour où ils avaient perdu leur fille et depuis que le divorcé avait été prononcé, le silence c'était installé entre eux. Une autre sonnerie retentit et Maël décida enfin de se lever. Par réflexe, il attrapa son arme dans le tiroir de sa commode et le plaqua dans son dos. Il avait toujours peu qu'un de ses anciens démons viennent à nouveau lui rendre une petite visite. En caleçon, Maël s'approcha lentement de la porte. Il colla son oreille à la porte et n'entendis aucuns son. Il regretta à ce moment là de n'avoir pas équipé sa porte d'un oeil afin de s'éviter ce genre de suspens. Il attrapa alors un jean traînant par là et le mit en vitesse puis passa rapidement une chemise resté accroché de la veille. Un indice lui mit la puce à l'oreille, il crut entendre des talons sur le seuil de la porte. C'était donc une femme devant chez lui. Restant tout de même sur ses gardes, il garda son arme dans sa main gauche, prête à dégainer si quelque chose devait arriver. Enfin, Maël ouvrit le porte et le surprise s'empara de lui.
Ces quelques minutes, enfin on va plutôt dire secondes passées à attendre que quelqu’un m’ouvre la porte, le temps m’a paru tellement.. tellement long. Et si je m’étais trompé d’adresse ? ou que Théa m’a tout simplement donné une fausse ? J’ai appris à ne faire confiance à personne, mais qu’est ce que je perds si j’essaie ? Au pire, il y’aura quelqu’un d’autre qui m’ouvrira la porte en râlant et je m’excuserai en disant que je me suis trompée de maison. Je ne vais pas en mourir, par contre, je risque bien d’avoir une crise cardiaque si je vois le visage de mon frère, cela fait tellement longtemps après tout. Après un court instant, que j’ai bien sûr passé à penser à toute chose négative qui pourrait m’arriver, la porte finit enfin par s’ouvrir. Un jeune homme brun, aux yeux bleus perçants se tenait devant moi. C’était bien Maël, je le sentais, je le savais. Une peur, un stress et une très grande confusion, toutes ces émotions se sont soudainement emparées de moi. Que faire ? Lui parler ? ou attendre qu’il me demande qui je suis ? Non, il oserait ? Il doit sûrement m’avoir reconnu, on est jumeaux après tout. Il semblait très surpris d’ailleurs. Bon, il faut que je me ressaisisse, je finis par le fixer, l’air de dire « c’es moi, ta jumelle », mais je ne pu me contrôler, ni contrôler ce qui pouvait sortir de ma bouche.
« Maël ? C’est bien toi hein ? »
J’étais surprise, choquée, émue, triste, en colère, nostalgique.. je ne savais plus du tout ce que je ressentais. J’étais perdue, comme le serait n’importe qui à ma place d’ailleurs. Mes parents n’ont jamais vraiment voulu que je recontacte mon jumeau, ils m’ont dit que le revoir ne ferait que raviver mes blessures les plus profondes, et je crois bien qu’ils avaient raison. Je ne suis pas vraiment masochiste, ma mère enfin celle qui m’a adoptée, m’a toujours semblé parfaite, sans aucun défaut. Je la jalousais presque de la vie parfaite qu’elle menait, mais j’ai finis par m’apercevoir que tout n’était qu’une question d’apparence. D’ailleurs mon père adoptif a une maîtresse, elle le sait très bien, et ça ne lui pose aucun problème. Tout ce qui importe c’est son argent, qu’elle soit en sécurité et qu’elle ne manque de rien financièrement. C’est un peu triste non ? de vivre dans une telle hypocrisie.. D’ailleurs je crois bien qu’ils m’ont en quelque sorte influencé, la preuve, je me suis fiancée rien que pour revoir mon jumeau, j’espérait au fond de moi, qu’il veille sur moi, et qu’il sache d’une manière ou d’une autre que j’allais me marier. Mais il doit sûrement m’avoir oublié, et bien vivre sa vie de son côté, je dois être la seule à culpabiliser autant parce qu’il n’est pas à mes côtés, mais je n’y peux rien, j’ai besoin de lui. Un mariage c’est important non ? Il se doit d’y assister, et de faire en sorte de me parler juste avant, on dit que c’est le plus beau jour d’une femme, et j’imaginerai mal ce jour sans la présence de mon jumeau. J’ai aussi besoin de me rassurer et de penser qu’il vit bien sa vie, qu’il ne manque de rien et que tout va bien pour lui. De cette façon, j’aurai l’esprit tranquille, et je pourrai enfin être soulagée. D’ailleurs il semble être en bonne forme, même si le fait qu’il soit mal réveillé, de mauvaise humeur et fatigué, est assez flagrant. Une autre culpabilité pour moi ? Bon on va dire que c’était pour la bonne cause, c’est bien la seule solution que j’ai trouvé pour être sûre qu’il soit chez lui. Un dimanche tôt le matin, il ne peut qu’être à la maison entrain de dormir. Heureusement que c’est lui qui m’a ouvert, au lieu que ce soit sa compagne ou sa fiancée, parce que je crois qu’il va bientôt se remarier lui aussi, si je ne me trompe pas bien sûr. Dire qu’il s’est déjà marié, et qu’il n’a même pas pensé au fait que sa jumelle n’était pas là. C’est évident qu’il ne tient pas du tout à moi, il doit avoir oublié qu’il avait une sœur, il doit être trop obnubilé par ses propres problèmes. Chose que je peux parfaitement comprendre.. enfin non ! Je suis sûre qu’il n’a même pas cherché à me retrouver, je trouve cela vraiment blessant. Mais on va dire que ce qui importe le plus, c’est que je le retrouve. J’aurai peut-être droit à des explications, enfin peut-être.
Quand vous n'attendez plus rien de la vie, que tout vous semble insipide et sans saveur, la moindre surprise inopiné devient un réel feu d'artifice. Maël avait atteint ce point là. Brisé, dépouillé de tout ce qui lui permettait de tenir la route, il n'attendait plus rien. Mais dernièrement, il avait retrouvé Maël, son meilleur ami d'enfance. Le choc avait été tel que ni l'un ni l'autre n'avait réellement crut que tout ceçi était réel. Maël J. était devenu fou de rage, pas vraiment ce à quoi on peu s'attendre lorsqu'on retrouve une personne perdue de vu depuis tellement longtemps. La conversation entre les deux hommes avait été animé et plutôt grinçante. Alors après ça, Maël ne c'était pas attendu à une autre visite de son passé. Pouvait-il seulement y survivre ? La vie semblait bien plus malicieuse que ce que pensait Maël. Elle était entrain de tout remettre en question et elle pouvait tout changer. Quand Maël avait entre-ouvert la porte, il ne c'était pas attendu à ça. De tous les visages qu'il avait connus dans le passé, celui qu'il avait devant lui était certainement celui qui lui avait le plus manqué. Mais pas une seule seconde il n'avait pensé à ce qu'elle soit là, à ce qu'elle le retrouve. « Maël ? C’est bien toi hein ? », la voix tressaillit légèrement, démontrant la tension émanant de la personne présente devant lui. Les lèvres pincées, le visage ouvert et à la fois emmuré, la jeune femme semblait prête à tomber. Ses jambes tremblaient légèrement sous sa frêle silhouette.
« Micah ... », murmura t'il dans un demi-sommeil. Pourtant, il ne rêvé pas, il en était persuadé. Ce visage, il ne pouvait l'oublier, il n'avait aucun doute quant à la personne se tenant devant lui. Bien sur, la dernière fois qu'il l'avait vu, elle faisait de moitié sa taille actuelle et n'avait pas autant d'assurance, quoi que. La jeune était grande, fine avec un visage démontrant un courage et une fragilité touta à la fois. Elle avait de grand yeux noisette que Maël revoyait souvent en rêve. Dieu qu'elle était belle ! C'était étrange, mais c'est exactement comme ça qu'il l'avait imaginé toutes ces années passé loin d'elle. Il l'avait visualisé comme une femme élégante mais à la fois déluré et intrépide. Il l'avait imaginé avec ce même visage et cette même intensité dans le regard. Aucuns sons ne sortaient de sa bouche, tous deux semblaient perdus, découvrant l'autre, enregistrement le visage de sa moitié. Il avait l'impression d'être plongé 17 ans plus tôt mais avec une sorte d'angoisse parce que la situation le dépassait. Parce qu'il ne savait pas comment agir face à sa soeur jumelle, parce que quelque part, elle l'intimidait. C'était drôle de penser que Maël Sanchez pouvait être intimidé par qui que ce soit. Il n'avait tremblé de personne, avait fait pâlir la plupart des gros bras de ce pays, mais devant Micah, il se sentait comme une enfant pris en faute.
« Ne reste pas dehors... Entre... », réussi t'il à articuler après une longue minute. Il avait imagé ce moment tellement de fois, que maintenant que l'heure était arrivé, il ne savait plus comment réagir. Devait-il la prendre dans ses bras ? Devait-il tout lui dire ? Lui en voulait-elle ? Maël s'éffaca alors pour laisser sa soeur entrer. Fermant la porte derrière eux, il fit quelques pas pour la rejoindre, planté au milieur du salon. Tout était en désordre, mais il s'en foutait. Il n'arrivait pas à détacher son regard de Micah qui se tenait bien droite, l'air visiblement plus déterminé que son frère. « Comment m'as tu retrouvé ? », demanda t'il, visiblement un peu mal à l'aise. Il devait savoir. Il savait que son ancienne vie pouvait resurgir à tout moment et il ne voulait aucunement mélé sa jumelle à ça, pas maintenant qu'il venait de la retrouver.
« Micah ... » Sa voix résonnait dans mon esprit, quelques souvenirs de mon enfance ont soudainement refaits surface, je commençais à remémorer tous les bons moments passés avec lui. Alors c’est vrai ? Je ne rêve pas ? C’est bien Maël mon cher frère qui se tient là devant moi ? J’ai un peu de mal à y croire, j’attendais ce moment depuis tellement d’années déjà, je l’appréhendais. Ce qui me faisait le plus peur, c’était de voir sa réaction quand il me reverra. Sera-t-il enchanté du fait de revoir sa sœur jumelle, qu’il avait pourtant abandonné il y’a dix-sept années de cela ? J’en doutais, cette séparation, c’était un peu son choix. Enfin je ne peux nier ma culpabilité aussi, je n’étais après tout pas contre le fait de me faire adopter par de nouveaux parents, même si cela impliquait le fait d’être loin de Maël. Sinon, j’aurais fermement dis non et je serais restée avec lui pour toujours, mais je pense que j’aurais été plus un fardeau qu’autre chose. Nous étions tous les deux pauvres, orphelins, et surtout seuls. Pour tout vous dire, je n’étais pas le genre de fille débrouillarde, je dépendais beaucoup de mon frère. Le fait d’être adoptée a été plus une bénédiction qu’autre chose pour lui. Alors oui, il avait raison. Maintenant j’ai compris pourquoi il a fait ce choix à ma place. Peu importe, je suis contente de le revoir, et je ferai tout pour ne pas le perdre à nouveau, à moins qu’il ne veuille disparaître de ma vie à nouveau..
« Ne reste pas dehors... Entre... » Je le fixai un instant, avant d’entrer. J’allais enfin découvrir sa demeure, son chez-lui. Là où il habite, où il passe la plupart de son temps, son appartement pourrait m’apprendre beaucoup de choses sur ce qu’il est devenu. Je me retrouvai dans le salon, un salon complètement en désordre, ce qui m’étonnait un peu. Il va bientôt se marier non ? Il doit avoir une femme chez lui ? Alors la maison devrait être déjà bien rangée, à moins qu’il n’habite pas encore avec elle. Mais qu’est ce que je m’en fou, je veux juste lui parler, écouter ses explications, le prendre dans mes bras, le contempler, ça fait tellement longtemps après tout. Je finis par prendre place sur le sofa. Pas très confortable, je dois avouer. Rien à avoir avec le luxe que je peux me permettre dans mon appartement, il a dû avoir la vie dure. Je n’ai vraiment pas de quoi me plaindre, ces années passées séparés, n’ont peut-être pas été si facile pour lui, et pas parce que je n’étais pas là, sûrement des soucis avec sa petite amie ou pour trouver un travail. Enfin je n’en sais rien, il finira bien par me raconter sa vie, quel métier il exerce, peut-être même me montrer des photos de sa fiancée et de ses enfants, enfin s’il en a. Il est bien trop jeune pour être père. Oui, vingt-sept ans, c’est jeune. J’ai le même âge et je ne suis même pas encore mariée.
« Comment m'as tu retrouvé ? » Sa question plutôt logique m’avait quelque peu choquée, enfin c’est après tout normal de demander ça. Après dix-sept ans d’absence, j’ai réussi à le revoir, il doit bien se demander comment j’ai fais. Seulement, ce qui me choquait, c’était le fait qu’au lieu de me prendre dans ses bras, de me dire que je lui ai manqué, d’être ému, il me demande comment je l’ai retrouvé. Il aurait peut-être préféré que je ne le retrouve pas du tout ? Que je le laisse tranquille, vivre sa vie ? Je baissais mon regard un petit instant, l’air sérieuse et déçue, puis je finis par répondre.
« Peu importe comment, le plus important c’est que je t’ai retrouvé non ? Pourquoi me poses-tu une telle question ? Tu ne voulais pas que je te retrouve ? »
Je ne pouvais pas lui dire que c’était Théa qui m’avait donné son adresse, je ne veux pas lui créer de problème.
« Est-ce que tu te rends compte que cela fait maintenant dix-sept qu’on ne s’est pas revu ? Et c’est la première question que tu me poses ? »
Je ne pouvais me contrôler, je ne pensais pas ressentir de la colère en le revoyant, mais je dois l'avoir enfoui durant toutes ces années, je crois. Oui, je lui en voulais de ne pas avoir cherché à me contacter, de ne pas faire d’effort. Je baissais mon regard une seconde fois, serrant bien mes poings, je tremblotais un peu, j’avais les larmes aux yeux, mais je faisais de mon mieux pour les retenir. Je ne veux pas paraître si fragile et faible à ses yeux, je veux qu’il pense que je suis forte, alors non je ne pleurerai pas. Je levai alors ma tête, tout en regardant bien en haut, histoire de faire disparaître un peu ses larmes pathétiques qui s’apprêtait à sortir. Je le fixai ensuite du regard, attendant patiemment une réaction de sa part. J’étais curieuse de voir comment il allait se défendre, quelle excuse il pouvait bien avoir pour m’avoir abandonné ainsi.
Si on lui avait dit que Micah, sa soeur jumelle, allait venir frapper à sa porte et venir s'asseoir dans son salon, Maël n'en n'aurait pas crut un mot. C'était, en effet, assez improbable à croire. Dix sept longues années c'étaient écoulées depuis la dernière fois où ils c'étaient vus. Depuis le jour où Maël l'avait vu disparaître dans cette voiture et agiter la main dans sa direction en guise de au revoir. A l'époque, Maël avait voulu croire à un simple au revoir et non un adieu. Mais il avait cite comprit qu'il ne reverrait pas de si tôt sa soeur. Après tout, elle avait été adopté, elle avait une famille maintenant, des parents à aimer, des anniversaire à fêter... Souvent, Maël avait imaginé ce qu'elle faisait dans sa nouvelle maison. Avait-elle des amis à l'école ? Jouait t'elle du piano comme en avait souvent rêvé ? Montait-elle à cheval ? Pensait-elle encore à lui ? Tant de questions qui n'avait jamais trouvé de réponse. Il avait encore passé deux ans à l'orphelinat après le départ de Micah, mais rien n'était plus pareil. Tout semblait vide et sans saveur sans la bonne humeur à toute épreuve de Micah, sans ses éclats de rire au moment des repas ou ses nombreuses blagues pour remonter le moral de toute la troupe. Oui, rien n'avait plus été pareil quand Micah avait quitté San Jose et encore moins quand Maël c'était enfouit deux ans plus tard... Micah avait-elle était tenu au courant ? La directrice l'avait-elle appelé pour lui apprendre la nouvelle ?
Micah était entré et un long silence s'installe entre les deux jeunes gens. Maël était assez gêné de recevoir sa jumelle dans un tel moment et surtout dans un tel désordre. Maël n'avait jamais été très disposé au rangement et ça, depuis tout petit. C'était Lexie qui s'occupait de la maison autrefois, lui se contentait de faire les repas et la vaisselle. Maintenant qu'il était célibataire et divorcé, il se laissait un peu aller. La plupart du temps, il ne mangeait même pas dans son appartement, préférant s'acheter un sandwich ou commander un pizza. En réalité, il venait surtout ici pour dormir et ressasser ses vieux souvenirs. « Peu importe comment, le plus important c’est que je t’ai retrouvé non ? Pourquoi me poses-tu une telle question ? Tu ne voulais pas que je te retrouve ? », lui demanda t'elle, soudain sur la défensive. Maël passa alors une main à l'arrière de son crâne, perdant pied. Elle était assise sur le canapé, son regard braqué sur lui. Il n'avait pas pensé être réveillé de la sorte mais la suite risquait d’être encore plus compliqué que tout le reste. Visiblement, Micah ne semblait pas décidé à lui donner le nom de son informateur. Maël soupira, fermant la porte. Il acctiona alors l’interrupteur, la pièce passant subitement de l'obscurité à la lumière. Micah était encore plus troublante en pleine lumière. Sa peau semblait briller tandis que ses yeux, eux, vacillaient légèrement sous le coup de l'émotion sans doute. « Si, bien sur que si, c'est juste que... C'est un peu compliqué, c'est tout », dit-il en passant près d'elle, se rendant dans la cuisine afin de tirer une cigarette de son nouveau paquet. Une fois à ses lèvres, il regarda sa soeur.
« Est-ce que tu te rends compte que cela fait maintenant dix-sept qu’on ne s’est pas revu ? Et c’est la première question que tu me poses ? », Maël c'était attendu à ce genre de réaction. Son meilleur ami lui avait posé la même question lors de leurs retrouvailles improvisées. Comment leur dire ? Comment expliquer un tel silence depuis tout ce temps ? Maël tira une autre latte de sa cigarette, croissant les bras sur sa poitrine. « C'est la première, oui. Je crois que c'est le premier truc à dire après tout ce temps. Que veux tu entendre Micah ? Que tu m'as manqué ? Oui, chaque jours, mais comme je te l'ai dis, c'est compliqué », termina t'il, affrontant son regard. Il n'avait pas envie de plier sous ses reproches. Il savait qu'elle lui en voulait et peut être qu'elle ne lui pardonnerait jamais d'avoir disparu sans laisser de traces, mais il préférait affronter sa colère que de la savoir en danger. Il avait déjà perdu sa fille, il n'avait pas envie de perdre sa jumelle maintenant. « Je me répète peut être, mais comment a tu eu mon adresse ? », s'enquit il. Était-ce Maël ? Après tout, ils étaient amis dans le temps et peut être avait-il gardé contact avec Micah, à défaut de Maël ?
« C'est la première, oui. Je crois que c'est le premier truc à dire après tout ce temps. Que veux tu entendre Micah ? Que tu m'as manqué ? Oui, chaque jours, mais comme je te l'ai dis, c'est compliqué » chaque mot prononcé, était comme un coup de couteau pour moi, un peu comme s’il avait plusieurs petites lames et qu’il était le seul à pouvoir les enfoncer au plus profond de mon cœur. Ah je lui manquais chaque jour ? Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai bien du mal à y croire. Si je lui manquais comme il m’a manqué, il serait déjà parti à ma recherche, il ne m’aurait pas abandonné, je suis sûre que si je n’étais pas apparue dans sa vie aujourd’hui, il se serait sûrement débrouillé pour m’effacer complètement de son esprit. Micah n'existerait plus pour lui. Je ne sais pas comment il fait pour être aussi froid, pour mettre de côté tous ses sentiments. En fait, il n’a pas bien changé, le Maël que je connaissais n’était pas vraiment chaleureux ou sociable avec les autres, loin de là, mais en ma présence, il se comportait un peu autrement. Maintenant qu’on ne s’est plus revu après tout ce temps, j’ai l’impression de n’être qu’une connaissance pour lui, il me parle d’un ton si calme et froid à la fois. Mais peut-être, oui peut-être que je lui ai manqué comme il le prétend, je ne suis après tout plus aussi douée lorsqu’il s’agit de deviner ce qui se cache dans son âme. Il avait certes beaucoup changé, plus grand, plus ténébreux, mais je pouvais toujours reconnaître mon cher frère, celui qui avait l’habitude de me protéger mais aussi celui qui avait rompu sa promesse, celle de ne jamais se séparer de moi, celui qui m’a regardé partir sans dire un mot, celui qui n’a même pas cherché à me contacter après dix-sept longues années d’absence. Comment suis-je supposée rester calme, quand l’une des personnes à qui je tiens le plus s’en fout en fait complètement de moi ? Je me sentais encore une fois profondément blessée. Je venais de raviver les bons comme les mauvais souvenirs, rien qu’en le fixant du regard. En me plongeant dans ses yeux bleus.
« Ce que je veux entendre ? Je ne sais pas moi, que tu es content de me revoir par exemple ? Que tu m’avais cherché partout sans me retrouver ? Que tu avais fais des p****** d’efforts pour me revoir ? ou je ne sais pas, m’expliquer pourquoi tu n’avais jamais cherché à me retrouver ? »
Je suis une personne assez polie oui, et qui peut parfaitement contrôler sa colère, mais je ne sais pas ce qui m’arrive. Je crois bien qu’il est le seul à pouvoir me mettre hors de moi juste avec ces quelques paroles, je crois bien que peu importe sa réponse, je lui en voudrais quand même. J’ai besoin d’exprimer cette colère que j’ai dû enfouir au fond de moi durant dix-sept ans. « Je me répète peut être, mais comment a tu eu mon adresse ? » oh mon dieu, réveillez moi. Comment peut-il oser me redemander ça ? Je me levais, puis je soupirai un instant tout en souriant ironiquement durant quelques secondes, puis je finis par répondre l’air assez révoltée.
« Je ne te le dirai pas. Mais tu sais, tu peux directement me demander de partir aussi hein ? Ou peut-être que tu penses déjà à changer d’adresse pour me fuir ? »
Je ne veux pas le perdre oui, mais s’il veut vivre loin de moi, je ne peux l’en empêcher. Je ne peux après tout pas l’obliger à rester à mes côtés, à jouer son rôle de frère, de jumeau. Je finis ensuite par me rasseoir sur le sofa, tout en fermant les yeux et en me tenant la tête, je soupirai une nouvelle fois. J’étais.. fatiguée, exténuée.. mais je m'étais enfin calmée.
« Je.. je n’en peux plus. Pourquoi est ce que tout ne peut pas redevenir comme avant ? A l’époque de l’orphelinat ? On était pauvres oui, mais heureux au moins. »
Le manque. Mot qui signifie a quel point vous vous sentez petit, misérable. Mot qui prend tout son sens lorsque vous vous retrouvez seul, errant sans but à la recherche d'un idéal. Maël connaissait très bien cette sensation. Il savait mieux que quiconque ce qu'on pouvait ressentir quand une personne chère vous êtiez enlevé, quand cette personne disparais de votre ligne d'horizon et que vous vous sentez plus seul que jamais. Maël savait à quel point le manque pouvait être un frein, une vrai faiblesse. Quand il était devenu cet être abject, ce tueur sans froid ni larme, il c'était purgé de tout cette tendresse. Il avait enfoui en lui tout ce qu'il ressentait, tous ces souvenirs qui lui donnait le sourire, parce que c'était trop dangereux. Trop d'agents, tout comme lui, avaient payer cher cette affection qu'il avait pour quelqu'un. Aimer une frère ou une soeur, un enfant, une femme ... Tout ceci était interdis, tout ceçi n'était qu'une vaste illusion du passé. Parfois, quand Maël se posait pour réfléchir, il en venait même à se demander si il existait bien des personne comme Micah ou Maël Johnson. Existait-elle vraiment, cette jumelle belle à en crever qui agitait sa main avant de disparaître au loin ? Son ancienne vie, cet orphelinat, tout ça, c'était arrivé pour de vrai ? A force, Maël confondait réalité et imagination, passé et présent. C'était si confus, qu'il avait manqué de devenir fou, fou de rage, fou de douleur, fou de tout ce que cette foutue agence avait fait de lui.
« Ce que je veux entendre ? Je ne sais pas moi, que tu es content de me revoir par exemple ? Que tu m’avais cherché partout sans me retrouver ? Que tu avais fais des p****** d’efforts pour me revoir ? Ou je ne sais pas, m’expliquer pourquoi tu n’avais jamais cherché à me retrouver ? », dit-elle, le souffle coupé sous la pression de sa voix étranglé. C'était la première fois qu'il voyais sa soeur, devenue une adulte vrai semblablement, se tenir de la sorte. Hurler, dire des gros mots et surtout, affronter avec colère le regard froid de son jumeau. Maël sentait toute sa détresse, toute sa colère transpercer son corps à coup de lame. Sa cigarette c'était presque entièrement consumer et il profita de cette excuse pour s'éloigner, jetant le mégot. Droite comme un i, Micah ne bougeait pas d'un pouce, limite prête à se jeter sur lui pour le forcer à répondre. Mais Maël était entraîné pour ça, pour ne jamais craquer, pour endurer chaque brûlures, morsures ou entailles sans lâcher un seul mot. Bien sur, là, il ne s'agissait pas d'un agent ennemi, mais bien de sa soeur jumelle. Pourtant, dans son regard, Maël pouvait voir le même genre de menace et c'était assez déroutant. « Je n'ai jamais cherché à te retrouver Micah », dit-il simplement, laissant tomber cette nouvelle comme un verre qui se briserait à même le sol en milliers de morceau. Ce qu'il lut sur le visage de sa soeur à ce moment là était pire que tout, pire que n'importe quelle torture. Mais maintenant qu'elle était là, il devait lui dire la vérité, du moins une partie. « Je ne l'ai pas fait parce que je tenais trop à toi pour t'impliquer dans ma vie et pour te faire du mal. Mais sache que je ne t'ai jamais oublié », dit-il, cherchant à prouver à sa soeur qu'il n'était pas l'ordure qu'elle pensait si secrètement, sans doute.
« Je ne te le dirai pas. Mais tu sais, tu peux directement me demander de partir aussi hein ? Ou peut-être que tu penses déjà à changer d’adresse pour me fuir ? ». Visiblement, les dernières paroles de Maël n'avait pas trouvé le réconfort espéré. Toujours sur la défensive, Micah ne cherchait pas à lui trouver d'excuses mais répondait avec encore plus de hargne. Il se doutait bien que rien de tout ça n'était facile à digérer. « Ne sois pas ridicule Cally. Reste », dit-il, la voix étrangement douce à présent. Sans faire attention, il venait de l'appeler par son second prénom. Il l'avait toujours surnommé comme ça, trouvant son second prénom à la fois étrange et beau. Avec adresse, Maël fit quelques pas dans sa direction et tandis ses bras vers elle. Ses pieds glissèrent sur le sol et Maël franchit le dernier mêtre qui les séparés. Avec douceur, il serra sa soeur dans ses bras, sentant pour la première fois son coeur résonner dans sa poitrine. « Je.. je n’en peux plus. Pourquoi est ce que tout ne peut pas redevenir comme avant ? A l’époque de l’orphelinat ? On était pauvres oui, mais heureux au moins. ». Avec soulagement, Maël constata que Micah semblait plus détendu à présent. Sa voix trahissait une envie de pleurer à chaude larme mais il sentait sa résistance, fière, comme toujours. « Si je pouvais, je ferais tout pour revenir à ce moment là et t’empêcher de partir avec les Santos ... J'ai fais de mauvais choix tu sais ... Mais toi, tu étais la seule chose qui m'as empêché de sombrer, sois en sur ... », dit-il, se livrant pour la première fois et laissant tomber sa carapace devant celle qui avait toujours prit son partis.
« Je n'ai jamais cherché à te retrouver Micah » cela ne m’étonnait guère. Après avoir vu la froideur avec laquelle il m’avait accueilli, et l’absence de tout sentiment, je dirai même de chaleur humaine, rien n’émanait en lui. On aurait dis un mort, et cela m’effrayait beaucoup. Il avait bien changé, on dirait que son passé y est pour quelque chose. Je me demande bien ce qu’il a dû endurer pour devenir cette personne qu’il est maintenant. Il semblait plongé dans un état second, un peu comme s’il n’était plus vraiment de ce monde, ou alors qu’il n’est devenu qu’une sorte de machine. Je me sentais si mal pour lui, et aussi coupable, coupable pour avoir eut une meilleure vie que la sienne, j’ai été élevé par une bonne famille, bien entourée, et je ne manquais d’absolument rien. Cela ne devait sûrement pas être son cas. Mon propre frère, mon jumeau, et pourtant on a eut des vies tellement différentes, je me sens maintenant à la fois si proche et si loin de lui. Je lui en voulais, et je m’en voulais aussi. Pourquoi ne pourrions pas avoir une vie de jumeaux normaux ? Pourquoi devoir endurer toute cette souffrance ? Cette séparation a été très dure a vivre pour moi. « Je ne l'ai pas fait parce que je tenais trop à toi pour t'impliquer dans ma vie et pour te faire du mal. Mais sache que je ne t'ai jamais oublié » Ce qu’il disait n’avait aucun sens pour moi. Il m’avait déjà fais du mal en m’écartant de sa vie, en faisant de moi une étrangère, en faisant comme si je n’existais pas. A chaque fois qu’il fallait que je dépasse une épreuve difficile, je pensais à lui, j’espérais qu’il soit là, pour m’encourager et me dire que tout ira bien. Je suis peut-être égoïste à ne penser qu’à moi-même, mais j’aime mon frère, et je veux qu’il fasse partie de ma vie. Seulement j’ai plus l’impression de le forcer qu’autre chose. Je n’aurai jamais pensé que nos retrouvailles se passeraient de cette façon. Je m’attendais à ce qu’il soit content de me voir, ému même. Mais en fait non. Il était plus froid que jamais, et ma venue ne semblait pas lui faire plus plaisir qu’un café quotidien, qu’il aurait l’habitude de prendre tous les matins. Serait-il si doué que ça pour cacher ses sentiments ? Ou est ce qu’il m’a tout simplement oublié et rayé de sa vie ?
« Ne sois pas ridicule Cally. Reste » Cally ? Cela fait une éternité que j’ai pas entendu quelqu’un m’appeler par ce prénom, en fait il était le seul à le faire. Il disait toujours que j’avais un beau second prénom. Je suis bien d’accord en fait. Le ton qu’il avait utilisé pour me demander de rester, m’a quelque peu rassuré. Il était plus doux, il s’était même rapproché de moi pour me serrer dans ses bras. Soudain, toute cette colère avait disparue, il est le seul à avoir ce don, à pouvoir m’apaiser rien qu’avec un simple câlin. J’avais une folle envie de me laisser aller et pleurer, mais j’ai résisté. Je ne veux pas me montrer faible. « Si je pouvais, je ferais tout pour revenir à ce moment là et t’empêcher de partir avec les Santos ... J'ai fais de mauvais choix tu sais ... Mais toi, tu étais la seule chose qui m'as empêché de sombrer, sois en sur ... » Suis-je entrain d’halluciner ou est-ce qu’il commence vraiment à me montrer ce qu’il ressent ? Je préfère largement ce Maël, le fait qu’il soit un peu plus chaleureux m’a soulagé. Je pensais vraiment qu’il avait perdu tout son côté humain, tout ce qui faisait de lui un frère. Il y’avait tout de même beaucoup de questions qui se posaient dans ma tête, qu’est ce qu’il a bien pu faire durant toutes ces années ? Qu’est ce qui aurait bien pu me faire plus de mal que son absence ? Et puis pourquoi est ce qu’il pensait à sombrer ? Je me sens si mal pour lui, il a souffert tant que ça ? Je ne pouvais imaginer ce qu’il avait enduré, mais je sentais déjà sa peine. Je finis par quitter ses bras, même si j’aurais aimé y rester un peu plus longtemps. Puis d’un air inquiet, je me suis enfin décidée à répliquer.
« Mais dis moi, qu’est ce que tu me caches ? Qu’est ce qui a pu se passer durant ces dix-sept longues années ? S’il te plait. Je suis ta sœur, j’ai le droit de savoir. Qu’est ce qui a bien pu te faire penser à sombrer ? »
Je finis par m’asseoir à nouveau sur le sofa. Histoire de reprendre un peu mes esprits, je l’invitais d’ailleurs à en faire de même. On sera plus posés, et il pourra me raconter son passé. Il faut que je sois bien préparée à l’écouter, enfin s’il veut bien se livrer à moi. Je finis par lui tenir fermement la main, et d'un regard insistant, je m'adressais à lui une seconde fois.
« Je ne veux plus que tu souffres, je ne veux plus voir cette expression sur ton visage. Rien ni personne ne me séparera de toi maintenant. Allez, raconte-moi s’il te plait. »
Je venais de faire de mon mieux pour le convaincre de parler, je sais qu’il n’est pas vraiment du genre bavard, mais j’espère qu’il fera au moins une petite exception pour sa jumelle. Je ne sais pas vraiment ce qui lui est arrivé, mais je suis sûre que c’est quelque chose qui va énormément me surprendre. Je m’en veux tellement de ne pas avoir pu être là pour lui, de ne pas l’avoir cherché plus tôt. Je lui en veux aussi, m’éloigner pour me protéger ? Quelle mauvaise idée. Peu importe le risque que j’aurai couru, si je suis avec mon jumeau, je sais que tout ira bien. Avec lui, je me sens en sécurité au moins. J’ai hâte de découvrir la vérité, même s’il ne me dit rien, je finirai par mener ma propre enquête pour tout savoir. Je veux être là pour lui maintenant, et le faire de mon mieux pour le protéger ou au moins le soutenir. Je ne veux pas qu’il se sente seul. Je suis sa seule famille, - à moins qu’il n’ait des enfants ou autre – enfin peu importe, il doit bien avoir besoin de moi, tout comme j’ai besoin de lui.