Le bras de Dante était posé sur mon ventre et je devais avouer que j'en adorais le contact. Ça faisait quoi? Trois jours qu'on avait pas dormis ensemble. Ses répétitions avec le groupe se terminaient de plus en plus tard et pourtant je devais faire avec. Ma première journée chez VOGUE ayant été exhaustive, je m'étais endormie comme une masse ce soir là au point même où quand le téléphone retentit il fallait que ce soit Dante qui me le fasse remarquer en grognant tel un homme des cavernes. J'attrappais alors mon iPhone qui était posé sur la table de nuit tout en me passant une main sur le visage. Je ne pus identifier l'émetteur de l'appel tant la lumière de ce téléphone de merde m'éblouissais. Tout ce que je savais c'est que les coups de fils à presque deux heures du mat' c'était mauvais signe. D'une petite voix, je répondis.

- Mr. Renton, si c'est vous... Je n'ai pas encore finis de shooter toutes les filles aujourd'hui, les maquilleuses et les coiffeuses étaient très en retard, je ne vous parle même pas des robes... Je vous promets de finir demain... ou plutôt tout à l'heure.

La voix tremblante de mon amie répondit. Jordane. Je fus soulager que ce ne fus pas mon boss au passage, passons. Jordane était sur le point de craquer, on l'entendait au son de sa voix. Ces derniers temps, je n'avais pas vraiment assuré en tant qu'amie et je n'avais pas très bien saisis la raison de la fraîche rupture entre Duke et Joe. J'avais essayé de me renseigner auprès de Dante et de Caliel mais bon, dans le groupe, ils ne parlent pas de ces choses là il paraît. Mouais... ça reste à voir. Mon cerveau était au ralentis et c'était trop d"informations pour ma petite tête. Foiré? Foiré quoi? Moins vite.

- Attend, attend... De quoi tu me parles là?

Je jetais un coup d'oeil au radio-réveil posé sur la table de nuit avant de passer mes doigts dans mes cheveux et de me redresser. J'avais peur de ce qu'elle allais m’annoncer. J’espérais qu'elle n'ai pas fait de connerie, car vous savez, impossible n'est pas Jordane. Si ça se trouve, elle m'appelait de haut du pont du Golden Gates, allez savoir, j'étais en panique. J'avais perdu assez de personnes dans ma vie. Dans un sanglot, celle que je considérait aujourd'hui comme mon autre meilleure amie, ma moitié, mon épaule sur laquelle pleurer, m'expliqua ce qu'il lui étais arrivé, et vous savez quoi? J'avais eu raison de m'inquiéter.

- T'es où!? Comment ça transférée? Où ça?

Cette fois, c'est la Constance paniquée qui s'était exprimée. Instinctivement je me levais de lit et sortis de la chambre car il fallait savoir que Dante ignorait tout de mon passé et des problèmes que j'avais autrefois rencontré avec les forces de l'ordre. Je me mis à faire les cents pas dans le couloir tot en chuchottant.

- Tu n'iras nulle part.. Calme toi, je te promets... Je vais te faire sortir de là; Ok? Tu n'as rien foiré ma belle.

Je ne savais pas par où commencer? Ariadna savais peut-être quoi faire elle qui était toujours dans le milieu. Je ne pouvais pas laisser faire ça. Je ne pouvais pas la laisser se faire enfermer. Après ce qu'elle avait fait pour moi quand j'étais en mode zombie après m'être fait larguer par Dante, c'était inconcevable. Une boule se forma dans ma gorge et les larmes m'aveuglaient, cependant il était hors de question qu'elle sache que j'allais craquer. Je devais rester forte, pour elle. J'inspirais avant de continuer.

- Tu vas rentrer à la maison et t'occuper d'Adam, tu retournas travailler au zoo et Duke et toi... vous allez vous remettre ensemble. Ça va s'arranger...

Je ne parvenais même pas à me convaincre moi-même, tout ce que je voulais, c'est me réveiller.

Le fait qu'elle prenne aussi bien la chose avait le don de me foutre hors de moi, il fallait l'avouer. Toute en continuant les cents pas, je haussais alors le ton, sans me soucier de Dante ou de Paulina.

- De quoi tu parles Jordane? Payer pour quoi? Arrête. T'es une vraie loque, qu'est-ce qui t'arrive? Où est passée la Jordane qui m'a traîné de force au Brésil, ou est celle qui ferais n'importe quoi pour son fils? T'as vraiment l'intention de le laisser passer son premier Noel sans toi? C'est pas toi. Tu n'es qu'une pâle copie de la fille dans le film là, avec son vampire, c'est pathétique. Réveilles-toi, la Terre continue de tourner! T'es une battante. Je sais que tu as le coeur brisé, que plus les jours passent, plus tu te sens crever mais tu te dois de tenir debout pour ceux qui t'entourent...

Je fermais les yeux afin de reprendre mon souffle et de continuer.

- Arrête de lire ce que tu vois dans les magasines et partout ailleurs... Il ne s'est remit avec personne. Je vis avec eux 12h/24, je le saurais si c'était le cas et je l'aurai étripé...

J'étais parfaitement au courant de ce qui se disais partout sur internet depuis qu'ils avaient rompu et on me posait souvent la question. Celà dit, je ne savais pas quoi répondre, parce que d'une, c'est leur vie et que pour rien au monde, je dévoilerais quoi que ce soit aux paparazzis et de deux, je ne connaissais même pas la vraie raison.

- Même si tu as l'impression que tu n'y arrivera pas... Jordane, s'il-te-plait... Bas toi.

Tout à fait consciente de la vanité de mes bonnes paroles, je lâchais un léger soupir. Je savais pertinemment qu'elle ne m'écouterai pas, elle n'écoutera personne.

J'étais abasourdie par la tranquillité de mon amie. Le terme état végétatif était plus exact. Il m'arrivait même de me demander si elle n'était pas ivre ou droguée... La fille qui était au bout du fil, n'avait rien avoir avec la tornade rousse que j'avais toujours côtoyé. C'était devenu une chiffe mole!

- Ouais, ouais, ouais... Je sais. Tu es désolée, il est désolé, je suis désolé, on est tous désolé. Je sais que ça fait mal, ok? Mais tu verras qu'après la pénombre, le jour finit toujours par arrivé et tout rentrera dans l'ordre.

Je n'avais jamais été douée pour remonter le moral des gens ni rien de tout ça. En fait, j'étais une sorte d'amie indigne qui ne savait que vous faire des câlins et vous dire que ça va aller en sachant pertinemment que c'était faux. Je n'avais pas les mots. Ma maladresse pris le dessus sur moi et je perdis en un quart de seconde le peu de sang froid que je m'étais forcée de garder depuis le début de cette conversation.

- Je vais t'appeler Jordane que tu le veuilles ou non. Que tu t'appelles comme ça ou non, j'en ai rien à faire. Je te connais. Changer de nom ou quoi, ne te changera pas, Jordane. Ne fait pas celle qui s'en fiche et qui veut aller en taule la tête haute, pas avec moi. T'essayes même pas de te battre. Tu baisses les bras. Tu te serais rendue si ils ne t'avaient pas choppé la main dans le sac. C'est même peut-être ce que tu espérais en recommençant le cambriolage, te faire attraper parce que la vie sans ton petit ami est si difficile. Arrête. T'as rien vu de la vie et tu souhaites être enfermée? T'es carrément tordue et torturée... C'est pas héroïque ça, c'est tragique.

Si il fallait que je prenne ce ton pour qu'elle ouvre les yeux, je le ferai. C'est comme ça que les amis agissent, non? Peut-importe. Je voulais qu'elle réalise l'ampleur de sa connerie...

- Si je te mets la main dessus Jordane Iver ou autre, je te botterais le cul jusqu'à ce que tu me supplies d'arrêter... Jusqu'à ce que tu réalise que la vie continue. Que tu as des amis, une famille présente et que tu ne peux pas gâcher tout ça. Ne soit pas si égoïste, ne fait pas comme si tu n'allais manquer à personne. Comme si tu n'est pas une grosse perte...