Vendredi 25 novembre, on pourrait le définir comme un jour comme les autres. Certains vont travailler, d’autres en cours et d’autre restent à la maison à rien faire. Puis, y a les gens comme moi et Sonic qui ont passé les fêtes à l’hôpital, qui depuis plusieurs jours n’ont pas dormi et qui au final sont tout aussi perdu que la personne qu’ils vont visiter. C’était absolument moi. Depuis mardi, je rendais visite à Evelyn. 9h – 19h étaient les visites. Je restais parfois jusqu’à 22h pour lui parler. Sonic était la aussi. Mais il ne parlait pas. Zombie tout autant qu’Evelyn. Pas moyen de lui parler. Les infirmières ne me viraient pas. Encore heureux, je voulais passer le plus de temps possible avec ma sœur. J’étais consciente du fait qu’Eve n’avait aucun souvenir de ma présence, mais lui parler, lui dire à quel point je m’en voulais de na pas avoir été assez là pour elle, que je regrettais toutes nos disputes, qu’elle me manquait énormément. Puis je lui parlais aussi de moi, de New York, de ma relation avec Logann, et à quel point je voulais qu’elle fonctionne. Maintenant, vous allez dire : autant parler à un psy que de parler à quelqu’un qui peut ni vous répondre ni vous entendre. Non, je trouvais que c’était mieux de parler à Evelyn, de me confier en elle tel un journal. Je me sentais bien à passer mes journées à l’hôpital, à la regarder avec serein, à espérer qu’elle se réveille. Au final, je déprimais quand même alors que je me suis dis que je serais forte, et aujourd’hui n’était vraiment pas mon jours. J’allais voir Andreas pour lui parler. Ouais super ! La joie et en plus à l’hôpital. Comment faire remonter les souvenirs ! Seulement, je ne quitterais pas l’hôpital. C’était comme cela. 9h-19h, mes horaires à l’hôpital et s’il voulait me voir, fallait qu’il se plie aux conditions et la seule que je posais était l’hôpital. Donc première raison pour déprimer encore plus. Et, je m’étais retrouvée nez à nez avec Robbyn ce matin en arrivant. Great. C’était génial. Awkward moment. La conversation n’avait pas été plus que « salut » « salut » « ça va ? » « Ouais et toi ? » « ca va. » « …bon bah euh je te laisse.. » Je ne vous dis pas la conversation de malade. C’était les seuls mots qu’on avait échangé depuis que bah depuis que je sortis de Bellevue et que j’ai commencé à être une bitch. Personnellement, je voulais m’excuser mais ce n’était peut-être pas le bon moment. Et de toute façon, Robbyn et moi, ça faisait longtemps que c’était fini. On n’a peut-être jamais vraiment été ami et c’est mieux comme ça. Chacun sa vie. Chacun ses distances. Bref après la vue de Robbyn, je n’étais pas au top de la forme. Il était environ 12h50 quand je descendis dans le petit café au rez de l’hôpital. Je commandais un café latte et pris place à la fenêtre. J’attendais Andreas. Je regardais par la fenêtre, pensante. Je ne savais pas quoi penser de cette rencontre. La dernière qu’on s’était vu, c’était pour mettre fin à notre relation. La dernière fois, j’avais perdu le bébé. Fallait que j’arrête de penser à ça. Comme on m’avait dit à l’hôpital. Il faut mettre les souvenirs douloureux de coter sans jamais les oublier. Donc j’attendais là, silencieusement buvant mon café. Il ne faisait pas très froid aujourd’hui. J’étais seulement vêtue d’un petit pull gris en cashmere, d’un slim indigo et de mes bottes noires. Je ne ressemblais pas vraiment à grand-chose niveau physique. Mes cheveux étaient lâchés, je m’étais maquillée un peu à l’arrache. Je ne savais même pas pourquoi je l’avais fais. Bref, il était un peu après 13h lorsque je vis Andreas arrivé. Rien. Aucune expression ne s’afficha sur mon visage. Même pas un sourire. Terne et vide.