Recroquevillée sous ma couette, avec mon Mac sur les genoux. Je venais de me lever, et j’étais censée passer du temps avec Andreas...Une heure plus tard. C’est marrant, tous les deux on n’avait jamais trop trainé ensemble. Pas du tout, même. Enfin jusqu’à ce que je squatte chez Ole en Septembre. Avant ça, les seules fois où je croisais Andreas, c’était parce qu’il était avec Imo et que Imo est ma meilleure amie…Ou alors pace qu’il trainait avec quelqu’un que je connaissais. Enfin bref, on s’entend plutôt bien et tant mieux – je déteste les prises de têtes de toute façon. Ces derniers jours, il demandait souvent après moi, ce que j’avoue avoir trouvé étrange. Mais il se trouve que j’ai fait un mauvais retour de tournée. Trop remontée contre plusieurs de mes proches, trop isolée et d’une certaine façon un peu triste. Pourquoi ? Je n’en savais moi-même pas grand-chose, en réalité. Je craquais, ça pouvait arriver à tout le monde, non ? Peut-être une dépression post-tournée ? Non ça m’avait pris avant la fin de celle-ci. Enfin, maintenant, ça commence à passer. Et justement, Andreas a vraiment été la seule personne présente dans ma vie durant ce temps. A San Francisco, je veux dire, il a littéralement été ma seule relation sociale. Il l’est encore un peu en ce moment. C’est dingue maintenant que j’y pense. Voilà, tout ça pour dire que par la force des choses, on s’est un peu rapproché. Enfin on en est enfin arrivé au stade « amis », sachant qu’on se connaît au moins de vue depuis plus d’un an (et qu’on a vécu sous le même toit pendant deux mois quand-même).
Lorsque le Suédois me proposa de le rejoindre, je dois avouer que l’idée m’enchantait assez. J’avais trop le cafard. Cela faisait plusieurs jours que j’étais dans cet état. Enfin sauf lorsque j’étais chez papa à Phoenix. Il y avait aussi Elliot, mon frère qui était rentré pour me voir, alors forcément je me sentais mieux. Mais mon second retour à San Francisco a été…Comment dire. Horrible. Donc oui j’étais bien heureuse de trouver au moins une personne qui avait du temps à perdre avec moi, vraiment. Je m’habillai en quelques secondes à peine et ne pris même pas la peine de me maquiller, à quoi bon ? Trente minutes plus tard, je me trouvais à sonner sur le porche de la somptueuse demeure de Ole, où Andreas vivait encore. A priori, celui-là n’était pas la ce soir. Je ne vais pas mentir, cela m’arrangeait. Pas vraiment envie de le croiser…
Ma relation avec Ryan? A vrai dire pour le peu qu'on se parle, on s'entend bien. Je pense que cette fille était une de ses personnes qu'on côtoie peu mais qui sont cools. Vous me suivez? Ça ne vous est jamais arrivé? A moi si et avec Ryan aussi. Le genre de personne que tu ne connais pas plus que ça, mais que tu sais que si tu prenais le temps à la connaitre, tu l'adorerais. Et c'était exactement en train de se passer comme cela entre la jolie brune et moi. Ces derniers temps, elle avait l'air de ne pas aller bien, et moi, faut dire je n'avais pas la grande pêche non plus, donc comme on dit, il faut se serrer les coudes dans des moments de faiblesses. Mais sérieusement? J'avais l'impression que j'étais le seul qui me préoccupait de mon amie (désormais je la voyais comme ça, et c'était cool ). Que foutait Ole? Il avait vraiment merdé sur ce coup-là, moi qui pensait qu'il avait un faible pour Amanda... Je m'étais trompé. Après tout, je savais qu'il avait un peu de mal à gérer toutes ces filles, mais ça ne me faisait pas rien vis-à-vis de la brunette. Je n'étais pas concerné par ces histoires de filles, mais ça me faisait de la peine pour Ryan. Je sais très bien qu'elle était une fille qui n'aimait pas qu'on éprouve de la pitié pour elle, mais je trouvais ça vraiment dommage, la pauvre quoi... Je devais être près d'elle, je me sentais obligé, et ça me dérangeait pas.
Ce soir-là j'avais proposé qu'elle vienne à la maison, enfin plutôt qu'elle vienne chez moi et Ole puisque je vivais avec lui depuis un petit moment. Coup de bol, il était absent. Au départ, sur Facebook, j'avais dis Ryan qu'Ole risquait d'être là. J'avais menti. Je savais qu'il serait avec Helle et ça m'arrangeait fortement. Ole avait fait du mal à Ryan et je n'avais pas envie qu'il soit avec nous. Je voulais être seulement avec Miss Wilson. Ça va, la grande maison n'était pas trop sale. A vrai dire ces derniers temps je les avais passé dehors. Depuis ma rupture avec vous-savez-qui et son départ, je faisais un peu n'importe quoi. Je revenais des fois bourré à Richmond District ou alors je ne revenais pas du tout, préférant passer un moment avec une fille. Comme Shell par exemple. Je n’aimais pas trop ce que je faisais, bien que sur le moment je prenais mon pied évidemment. Bref, il fallait que je remette les pendules à l’heure et que je me calme. Oh et j’oubliai, ce week-end j’allais voir Ole et ses potes pour qu’on parle d’Architects. Du moins, l’ancien. Je m’étais finalement décidé à reprendre la chansonnette. Je devais bien m’afficher quand je chantais sous la douche, mais c’était mon domaine, j’aimais ça. Il fallait que je me persuade, que moi sans musique dans la vie, ça ne le faisait pas trop, et j’étais plus que mélancolique.
J’étais sur mon ordinateur portable lorsque l’on sonna à la porte. Je fermai mes pages internet et abaissa le haut du PC. Je me levai et partis jusqu’à la porte d’entrée. « Salut, Ryan ! » Dis-je avec un grand sourire. « Entre ! » Je me décalai pour la laisser entrer.
Cela faisait bien quelques heures que je me trouvais là. En discutant hier, nous pensions sortir nous rafraîchir les idées un moment, mais au final, depuis mon arrivée en fin de matinée, nous n’avions rien fait d’autre que discuter étalés sur les canapés, devant je-ne-sais-quel-programme de télé réalité bien stupide comme on sait si bien les faire ici. Une canette de Coca à la main, mon pc sur les genoux, j’observai Andreas fixer la télé comme si sa vie en dépendait.
« Jersey Shore, t’es sérieux ? »
Le Suédois se tourna vers moi brusquement comme si je l’avais sorti d’une rêverie. Je savais bien qu’il n’était en rien passionné par cette émission, mais le silence commençait à peser, alors il fallait bien que je dise quelque chose. C’était bien étrange. Enfin, il se trouvait qu’à mon arrivée, tout se passait de façon plutôt ordinaire. Nous avions parlé pour ne rien dire, mais au moins on se marrait. Certes après notre discussion de la veille, je me demandais comment allait se passer cette journée, mais au final, nous avions tous les deux fait abstraction de tout ce que nous nous étions dit derrière nos écrans. Et c’était bien mieux ainsi. Cependant, la mine d’Andreas avait changé quasiment d’une minute à l’autre quelque chose comme une heure plus tôt. Ce qui fit que je ne savais plus trop quoi dire. Et tout ceci rendit l’atmosphère plutôt pesante. J’étais à présent en train de regarder des photos de la tournée Européenne, un peu nostalgique. Ainsi que tous les commentaires dont elles faisaient objet. Dieu merci, les gens étaient plutôt gentils me concernant. Enfin, abstraction faite de certaines pré-pubères en chaleur, mais ce n’était certainement pas elles qui m’atteindraient, alors je m’en fichais un peu. Je trouvais même cela assez drôle. Je ris un bon coup avant de me lever en direction de la cuisine.
« Je vais chercher à voire, tu veux quelque chose ? » Silence. « Allooo Andreas !! ».
Décidément il s’était envolé sur une toute autre planète. Toujours devant la télévision, il serrait un des petits oreillers qui ornaient le canapé contre lui, l’air complètement perdu. Je ne savais pas où son esprit se trouvait, mais à mon avis il était bien loin. J’attendis sa réponse avant d’ouvrir le réfrigérateur, pensive. J’avais en outre cette impression de prendre mes aises chez un étranger- je ne parlais pas d’Andreas, mais vous savez cette étrange sensation comme lorsque vous vous trouviez chez des inconnus ou des personnes avec qui vous n’êtes pas intimes et qui vous proposent « d’aller vous servir » dans leurs placards. Je ne sais pas vous, mais moi ça me met mal à l’aise. Et dire que j’étais ici chez moi –d’une certaine façon- il y a quelques semaines à peine !
A mon retour, je jetai sa cannette au blond, avant de reprendre place. Je le fixai alors quelques secondes avant de solliciter, avec une mine faussement désinvolte :
J’avais demandé à Ryan de venir passer la journée chez moi (ça me faisait encore bizarre de dire cela, puisqu’à la base je vivais chez Ole). Elle avait accepté et heureusement ! Plus les jours passés, plus je sentais un malaise chez elle. Ça avait le don de m’agacer. J’avais toujours connu Ryan, comme étant une fille de nature joyeuse, et là… Elle sombrait, elle se refermait. Je ne comprenais pas. Au départ, je pensais que c’était à cause d’Ole, ce que je comprenais, mais j’avais l’impression qu’il y avait autre chose. Ne pas pouvoir faire quelque chose, me bouffait. Je détestais ne pas avoir le contrôle et ne pas pouvoir aider. Je me sentais nul, inutile. Mais voyons le bon côté des choses. Cette brune était vraiment une chouette fille. Je ne dis pas ça pour être méchant, mais son côté garçon manqué me plaisait. Ça avait l’air d’être une fille avec qui on ne se prenait pas la tête, le genre de filles qui ne se prenait pas la tête sur le poids qu’elles faisaient, qui ne mettaient pas trois siècles à se préparer se maquiller. En fait… C’était ce genre de filles que je recherchais.
Mon portable vibra. Un message de Shell. Que me voulait-elle ? Depuis que je lui avais dit que je ne ressentais rien pour elle, elle ne me parlait plus alors qu’elle avait dit que nous resterons amis. Bon… Je la comprenais, un peu, mais ça m’agaçait. Ryan et moi étions dans le salon en train de bouffer des cochonneries, devant la télévision. Mon sang ne fit qu’un tour quand je lus le message. BORDEL DE MERDE. Ce n’était pas possible ?! Je relus une bonne dizaine de fois le message. J’en avais marre, merde. Je lui répondis. J’avais oublié encore une fois la capote, je sais. Mais, putain, les filles ne connaissent pas la contraception ? Entre mon ex, puis maintenant elle. Elles se foutaient de ma gueule, je ne voyais pas les choses autrement. Mon humeur changea rapidement. Je faisais tout effacer, bien que déjà, je ne fusse pas le plus grand bavard qui existait dans ce bas monde.
« Allooo Andreas !! » Je sursautai et tournai mon visage vers la jeune femme qui était debout. « Une bière s’il te plait. » J’étais un peu à l’ouest, à la ramasse (plus que je ne l’étais déjà dans mon état habituel) Je me remettais à penser à cette histoire de bébé. Pourquoi avais-je couché avec elle ? J’suis con, ce n’était pas possible. Je me frottai le visage. Je n’en voulais pas de ce bébé de toute façon. Je réagissais un peu trop tard quand Ryan me lança la canette. Elle atterrit alors contre mon torse. « Merci. » Soufflai-je avant de l’ouvrir pour en boire une longue gorgée. Je repris ensuite mon regard de blond complétement paumé avec mes yeux bleus perdus dans le vide. « Bon Andy qu’est-ce qu'il t’arrive ? » Je la regardais hésitant. Devais-je lui dire ? Après tout pourquoi devrais-je lui mentir. Je n’allais pas passer par quatre chemins. « Je crois que je suis dans la grosse merde. Une de mes anciennes conquêtes serait enceinte de moi. » Je posai la canette sur la table basse et passais mes mains sur mon visage (comme fait souvent Sam dans Day in Day Out ->[])
A cette déclaration, je déglutis. D’accord. Ce que venait de m’annoncer Andreas ne m’enchantait guère. Pas tant l’idée qu’il ait eu une relation avec quelqu’un d’autre –ça c’est sa vie, il en fait ce qu’il veut- mais plutôt pour le principe. Je ne trouvais ça futé ni de sa part à lui, ni de la fille qu’il avait mise enceinte. Il ne me semblait pas qu’il y eut quelconques sentiments dans leur relation, alors oui, pour peu qu’elle veuille garder son gamin, savoir qu’Andreas allait potentiellement se retrouver avec la responsabilité d’un enfant conçu avec une fille qu’il n’aimait pas me rongeait. Encore, à l’époque où c’était arrivé avec Imogen, je trouvais que cela pourrait être difficile à gérer, mais au moins ils s’aimaient. Enfin bref, je me comprends. Après tout il y en a que ça ne dérange pas plus que ça. Je reportai mon attention sur le Suédois. Visiblement, il ne faisait pas partie de ceux-là. Il avait l’air complétement dévasté. En soi, ce n’était pas SI grave que ça. Il n’y avait pas mort d’homme au moins. Enfin quoique…D’accord, j’arrête. Je ne savais pas trop quoi faire, ni quoi dire. J’aurais tant voulu pouvoir l’aider, régler tous ses soucis en un claquement de doigts, ou juste trouver quelque chose à dire qui le ferait se sentir mieux. Après tout il avait tellement été présent pour moi à un moment où j’avais l’impression que le monde s’effondrait autour de moi. Et tout cela pour des raisons –il faut l’admettre- quelque peu stupides. Comparé à ce qu’il était en train de vivre en tout cas. Je me sentais encore dans une phase post-adolescente. Des fois, je n’avais vraiment pas l’impression d’être une adulte, avec des préoccupations d’adultes. Tant pis, au moins je m’assumais telle que j’étais. Dépitée, je m’approchai d’Erwin pour m’asseoir à ses côtés. Je le fixais et avais bien conscience d’une certaine façon de le déstabiliser. Lui fixait le sol.
« C’est heu…Et elle va en faire quoi ? »
Super. Vraiment, bravo Ryan, c’est tout ce que tu trouvais à dire. Je m’en voulais à mort de n’arriver à rien dire, rien faire. Je me sentais complètement inutile. J’aurais pu ne pas être là, ça ne changerait absolument rien à sa situation. Or je me sentais dans l’obligation de trouver une solution. Je ne pouvais pas laisser Andreas seul dans cette situation, ce serait tellement égoïste de ma part. Entre gens paumés de la vie, moi je dis, il faut se serrer les coudes. Et puis, alors que mon esprit tournait à cent à l’heure, je perdis tout contrôle sur mes membres pendant un instant. Quelque chose comme trente secondes où je ne savais plus trop ce qu’il se passait, à part que je venais de coller mes lèvres aux siennes et l’embrassais à présent assez…passionnément ?! Fort heureusement, je revins à la raison assez rapidement. N’importe quoi, je devenais dingue. Andreas ? Je venais d’embrasser Andreas ? Ce n’était juste pas possible. Illogique et incensé. Lui et moi nous…enfin nous n’avions jamais rien éprouvé l’un pour l’autre, il était encore raide dingue d’Imogen qui se trouvait être ma meilleure amie et moi…Mon esprit était préoccupé par d’autres personnes. Et puis…Non, pas possible. Je venais juste de faire la chose la plus dingue et irrespectueuse de ma vie. Pour qui allait-il me prendre à présent ? Ce type était probablement –à ce moment là- l’unique personne au monde à ne pas ignorer mon existence et ma seule relation sociale du moment. Manquerait plus que je le perde lui aussi. Alors je me levai et me surpris à m’éloigner le plus possible de lui en m’agitant :
« Je n’ai rien fait ! Je n’ai rien fait, t’as rien vu, il ne s’est rien passé. Okay ? Non vraiment Andreas, tout va bien, on peut revenir à la normale là. J’ai …rien fait du tout ».
Je laissai un rire nerveux s’échapper. Bien que je ne trouvai absolument rien de drôle à la situation. Au contraire. Et puis je cachai mon visage derrière mes mains et marmonnai à moi-même
« Oh mon dieu, c’est pas possible, c’est PAS possible ».
J’avais l’impression d’être sous cinquante mille projecteurs et exposée au regard accusateur de milliers de personnes. Je me sentais un peu seule dans ma connerie aussi. Et puis voilà. Comment ruiner ses liens sociaux en deux minutes, épisode 3. Bravo Ryan !
Effectivement, je n’éprouvais aucun sentiment face à Shell. Je la trouvais mignonne, gentille, marrante et… C’était tout ? Oui. En y réfléchissant, je n’aurais pas dû jouer avec elle. Je n’aurais pas dû jouer au jeu « tu me cherches, tu vas me trouver » avec la blonde. Parce que oui, elle m’avait allumé. Peut-être pas en face à face, mais elle m’avait déjà cherché sur facebook avec ses sous-entendus quand j’étais encore en couple. Ça m’amusait mais je m’étais pas tout de suite pris au jeu. Mais quand ma relation avec l’autre avait dégénéré, j’avais finalement joué le jeu. Par moment, je passais la nuit chez elle dans son petit lit et nous dormions tous les deux, dans les bras de l’autre. Je n’aurais pas dû aller plus loin que ça. Voilà où j’en étais maintenant. Elle était enceinte de moi, peut-être d’Ole (mais ça m’étonnerait fortement) et j’avais perdu en elle une amie. On ne se parlait plus, et je sais qu’elle ne reviendrait pas vers moi. Elle m’avait promis. Je savais très bien qu’elle ne tiendrait pas sa promesse. J’espère que quand l’enfant naîtra, je n’aurais pas de problèmes avec. Je lui avais clairement dit que je ne voulais pas l’enfant, que je ne l’aurais pas sous ma responsabilité, après si elle niait ce fait, je pouvais toujours ressortir mes sms que je venais de lui envoyer, en preuve.
« C’est heu…Et elle va en faire quoi ? »
Je regardais la belle brune, sans répondre dans l’immédiat. Après un demi-soupir je lâchais « Elle veut le garder. » En même temps je n’avais jamais vu de femmes qui voulaient avorter. Il n’y avait qu’à repenser à Imogen… Même étant faible elle n’avait pas voulu avorter. Au final elle avait perdu le bébé, enfin… Notre bébé. Sérieusement des fois, j'en avais vraiment le ras l'cul des filles. Je comprenais que tuer un petit être, pouvait faire du mal, je comprenais cela. Tuer une personne était pour moi affreux, mais fallait être réaliste. Ce n'était qu'un tas de cellules à cet âge - comme le disait Ole - un tas de cellules qui n'avait pas de cerveau, qui ne pensait pas, agissait pas... Ce n'était donc pas si dramatique que ça.
Je crois que tout s'est déroulé trop vite pour moi à cet instant. Ryan était pourtant debout devant moi il y avait encore un instant et voilà que... Voilà qu'elle était en train de m'embrasser sur les lèvres. Wouah. C'était dingue. Je la laissais faire, plus choqué qu'autre chose et gênée elle recula rapidement en s'excusant.
« Je n’ai rien fait ! Je n’ai rien fait, t’as rien vu, il ne s’est rien passé. Okay ? Non vraiment Andreas, tout va bien, on peut revenir à la normale là. J’ai …rien fait du tout ».
Je la regardai s'agiter, encore légèrement sur le cul parce ce qu'il venait de se passer. Honnêtement, je n'aurais cru penser me faire embrasser par Ryan Wilson, un jour. Pas que ça m'avait déplu.. Mais c'était bizarre.
« Oh mon dieu, c’est pas possible, c’est PAS possible ».
Elle avait l'air complètement paniqué. Elle bougeait dans tous les sens, rigolait nerveusement alors que moi je restais assis sans bouger, en la contemplant, silencieusement. La situation m'amusait au fond. Pourquoi avait-elle fait ça? Je lui parlais que j'étais dans la merde à cause d'une histoire de sexe, de gamins et elle, ce qu'elle trouvait à faire était de m'embrasser. C'était vraiment étrange. Je me demandais ce qu'elle avait bien pu penser à cet instant-là. « Pourquoi as-tu fait cela...? » Gros blanc. Oké, je n'aurais pas dû lui poser cette question. Je me levai en m'avançant vers elle. Je lui pris ses deux bras dans mes mains pour essayer de la contrôler, de la calmer pour qu'elle évite de s'agiter dans tous les sens. Et... Je penchai mon visage vers le sein pour sceller mes lèvres aux siennes. D'accooooord. Ce n'était pas prévu, non plus. En fait, je crois que mon instinct me jouait des tours aussi, ou alors je n'assumais pas le fait que j'avais aimé qu'elle m'embrasse. Bon sang, Andreas arrête de te poser dix mille questions et assume ce que tu es en train de faire. J'étais donc en train de l'embrasser. Embrasser Ryan, oui.
Je m'en voulais c'était certain. Jamais je n'aurais cru faire ça un jour, encore moins avec Andreas. Bon sang, mais qu'est-ce qui venait de me prendre? Je ne voulais surtout pas qu'il me prenne pour ce genre de fille à sauter sur tout ce qui bouge. Parce que je n'étais pas ce genre de fille. Oui mais alors pourquoi je venais de l'embrasser? Bonne question. Si quelqu'un pouvait me fournir une réponse valable, ce serait bien aussi. Mais je n'en avais pas. Personne n'en avait. Soit. Réfléchissons. Je regardais Andreas, il était désespéré, il avait une gestuelle de mec complètement paumé, mais tellement bien dessiné. Je déraillais? Non je constatais. D'accord, il n'était pas moche. Pas du tout même. Il faisait clairement partie de la catégorie A+ de mecs dont toute fille normalement constituée se retournerait sur leur chemin. Mais ça, je l'avais toujours pensé. Parce que c'était un fait. Mais jamais je n'avais vu en Andreas plus qu'un ami. Je ne le voyais toujours pas comme ça enfin c'était beaucoup trop...étrange? Inapproprié? Inapproprié. J'en sais rien c'était juste Andreas, l'ex de ma meilleure amie, ex-coloc, un des meilleurs amis à Ole, je ne vois pas ce qu'on aurait à foutre ensemble.
"Non franchement Andy, j'en sais rien du tout", je conclus après un long moment de silence.
Visiblement, je continuais de bouger dans tous les sens sans trop m'en rendre compte. Je ne réalisai mon agitation qu'une fois que mon compagnon d'infortune -sur tous les plans, c'était le cas de le dire- vint à moi pour me "maîtriser" en quelque sorte en serrant fort mes bras le long de mon corps. En même temps, j'étais toute frêle, à mon avis, ce ne fut pas bien compliqué pour lui. Le seul truc qui m'échappa fut la suite. Une nouvelle fois, je n'eus pas le temps de réaliser ce qu'il m'arrivait que je sentis les lèvres d'Andreas se déposer sur les miennes. Il venait de me rendre la pareille à mon geste. Et de façon pour le moins...Déterminée. Ce à quoi bizarrement je ne tardai pas à répondre. Bon sang, je me demande toujours ce qu'il nous arrivait tous les deux. Je me disais que c'était probablement le fait qu'on soit dans une période de notre vie où tout allait de travers, où l'un comme l'autre étions totalement perdus. De ce fait, nos esprits étaient juste un peu déstabilisés et nous faisaient faire de bien étranges choses. Tout ceci allait se finir très bientôt et nous n'en reparlerions plus. Quoique...à ce moment précis, je ne savais pas s'il fallait que j'en rie ou que je m'enfuie en courant et disparaisse de la vie d'Erwin. En fait, ce n'étais pas réellement que je ne savais pas. Mais plutôt que mon cerveau n'était plus en mesure de produire une réflexion digne de ce nom. Il ne produisait plus rien du tout à cet instant, je dois le reconnaître. Avouez quand-même que la situation était plus que troublante! Je crois que le pire dans tout ça était que...Bon n'allons pas jusqu'à dire que j'y prenais plaisir parce que ce qui se déroulait était carrément déplacé, en revanche, je n'avais pas encore envie de m'enfuir en courant, voilà, présentons plutôt les choses comme cela. Je finis par me défaire de son étreinte - toujours un peu troublée.
J'étais beau en train embrasser Ryan Wilson depuis quelques secondes, j'avais l'impression que ça durait au moins depuis cinq minutes. Heureusement, la jolie brune se laissa totalement faire, et y mit du sien dans le baiser. C’était tout de même assez gênant en y repensait. De s’embrasser comme ça, alors que nous deux… Eh bien, je ne pensais même pas qu’un « nous » soit possible entre nous deux. Effectivement, je pensais aussi que nous devions être paumés tous les deux pour réagir de la sorte. J’avais été lâché par Imogen, et Ryan par Ole. Comme de vieilles chaussettes. Cependant, moi je remontais la pente calmement, gentiment. J’espérais que ce fut aussi le cas pour la mignonne Wilson, bien que des fois je doutais… J’avais beau passer du temps avec elle, à essayer de la faire sourire, j’avais l’impression que sa bonne humeur retombait de temps en temps. Je ne disais pas qu’il fallait qu’elle soit souriante, joyeuse tous les jours, toutes les heures, mais je n’aimais pas la voir toute triste, déprimée. J’avais vraiment l’impression qu’on l’avait laissé tomber. Que j’étais le seul à prendre soin d’elle. Je m’étais d’ailleurs bien rapproché de la jeune femme ces dernières semaines. En même temps, heureusement, sinon j’aurais été encore moins capable de l’embrasser et elle m’aurait sans doute giflé et se serait tirer en courant.
Elle rompit notre doux contact, je la laissai faire en souriant faiblement. La question, la putain de question que j’avais redoutée arriva. « Je te retourne ta question, Andreas. » Dit-elle sérieusement. A vrai dire, euh, je ne savais pas mieux qu’elle. Je l’observais lentement du haut de mon 1m85. « Eh bien… » Je ne voulais absolument pas qu’elle pense que je l’avais embrassé pour ensuite l’amener dans mon lit. 1. Ce n’était pas mon style (bien que ça me soit déjà arrivé). 2. J’étais trop respectueux envers Ryan, pour faire cela. 3. Ouais, non, ça ne se faisait pas. Doucement, je pris le bras de la jeune femme pour la faire venir s’asseoir à mes côtés sur le sofa. J’étais gêné, et Ryan l’était aussi, ça se voyait. J’osai prendre une de ses mains pour la caresser. « J’en avais envie, on va dire. Ça te va comme réponse ? » Grosse réponse de merde, je n’en doutais pas. Je levai les yeux au ciel. Andreas trouve autre chose à dire, parce que là c’était minable. Je me suis mis alors à penser si, ça pouvait marcher entre nous. On ne sait jamais. Je baissai mon regard bleu sur elle, et souris. Ryan était le type de fille qui me faisait vibrer (mais ça j’avais dû déjà le dire). Elle était moins féminine que l’autre, certes… Mais je n’en avais rien à faire. Je n’étais pas si compliqué que ça en filles. Du moment, qu’elle ne me pomperait pas l’air, qu’elle ne me volait pas ma joie de vivre avec ses problèmes comme ELLE avait fait, je n’étais pas si exigent que ça en matière de filles. Et je ne pouvais pas dire, que Ryan ne me plaisait pas, je me mentirais à moi-même. « Tu… Ouais, en fait, ça m’a plu quand tu m’as embrassé alors… J’ai voulu recommencer. »
Je devais reconnaître que la situation devenait bien trop étrange pour moi. Andreas venait de me faire asseoir sur le canapé à côté de lui pour...M'expliquer que ça lui avait plu que je l'embrasse et qu'il a voulu recommencer ? Il débloquait. Ça ne pouvait qu'être ça, de toute façon. À moins que...Non. Non nous étions tellement étrangers l'un à l'autre qu'il nous était tout simplement impossible d'éprouver quelqu'un chose l'un pour l'autre. N'importe quel être un minimum rationnel dirait la même chose. Pourtant, il fallait bien avouer que Andreas ressemblait un peu dangereusement à cette représentation du type idéal que je me faisais. Enfin idéal pour moi, c'est-à-dire, pas du tout la notion de l'homme parfait du commun des mortels (cela dit, tant mieux). Autant physiquement que du point de vue de la personnalité : il était gentil, facile à vivre, pas trop pesant, compréhensif, à l'écoute, attentionné...Autant de qualités qui ne pouvaient me laisser indifférente, qu'on se le dise. Je pensais réellement qu'il n'en avait que faire de moi. Je regardais, un peu sonnée, ma main dans la sienne, sans pour autant réaliser ce qu'il m'arrivait.
J'avais fini par comprendre qu'au départ, c'était parce que Ole lui avait demandé de « s'occuper de moi », lorsqu'il avait déguerpi de San Francisco juste avant mon retour de Suède. Il avait peut-être mauvaise conscience, ou un peu pitié de moi, j'en savais rien. Ce que je sais, c'est que ça m'avait tellement foutue en rogne...S'il pensait se racheter en envoyant quelqu'un « s'occuper de moi » alors que je n'en avais juste pas besoin, il se fourrait le doigt dans l'oeil. Oui, sur le coup, ça m'avait mise hors de moi. Et la présence du Suédois dans ma vie ne m'enchantait guère. D'abord parce que je voulais être seule et que je pouvais très bien me démerder toute seule. Et ensuite parce que savoir quelqu'un près de soi juste par pitié, ou parce qu'on l'y a obligé c'est juste...Horrible à assumer. Alors très souvent je faisais semblant d'être occupée pour l'éviter. Et puis, ça s'est dégradé et j'ai fini par me dire « pourquoi pas ? ». Après quoi...Je ne sais pas, on a tellement passé de temps ensemble, et tous les deux, nous nous sommes découvert tellement de choses en commun. Et dans un sens il y avait une certaine compatibilité qui faisait qu'on pouvait passer plusieurs heures dans un périmètre très restreint sans en avoir marre l'un de l'autre. C'était bien étrange, mais ça me plaisait bien. Dans le sens où ça me poussait à croire que je n'étais pas si détestable que ça. Le vide laissé par Ole m'avait beaucoup plus perturbée que je ne l'imaginais. Et je n'avais même plus l'épaule d'Imogen sur laquelle je pouvais pleurer. Alors un peu par défaut, il me restait Andreas. Au fond, je crois bien que c'est sur lui qu'à reposé une grande partie de ma « guérison ».
Voilà, Andreas Sjunesson et Ryan Wilson se trouvaient donc installés sur le même canapé, à quelques centimètres l'un de l'autre et se fixaient du regard un peu bêtement. Rien n'était supposé les unir un jour et pourtant ils venaient d'échanger des baisers plutôt passionnés quelques instants plutôt. Et à présent ils se trouvaient dans un état un peu second. Oui en ce qui me concernait du moins, l'état second... . Incompréhension.
« Ouais...T'avais envie ...D'accord. »
C'est tout ce que je parvins à articuler à cet instant précis. Et puis...Je me levai brusquement et me dirigeai vers l'entrée.
« En fait je crois qu'il vaut mieux que je m'en aille. Salut ! »
Et je quittai la demeure à la hâte. J'avais agi tellement lâchement...Mais tant pis.
A ce moment-là j'étais encore très loin de me douter que là se trouvais le déclenchement d'un "nous". Un vrai cette fois-ci.
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). Que foutait Ole? Il avait vraiment merdé sur ce coup-là, moi qui pensait qu'il avait un faible pour Amanda... Je m'étais trompé. Après tout, je savais qu'il avait un peu de mal à gérer toutes ces filles, mais ça ne me faisait pas rien vis-à-vis de la brunette. Je n'étais pas concerné par ces histoires de filles, mais ça me faisait de la peine pour Ryan. Je sais très bien qu'elle était une fille qui n'aimait pas qu'on éprouve de la pitié pour elle, mais je trouvais ça vraiment dommage, la pauvre quoi... Je devais être près d'elle, je me sentais obligé, et ça me dérangeait pas.